Le règne de la chaleur | Ft. Green

Le règne de la chaleur

Green & Annie

« Il y a combien de céréale dans mon bol ? »

Plus de trois cents trente-sept en tout, je les ai comptés sur la table... Du coup, c'est embêtant, je ne peux plus les manger parce qu'une table ce n'est jamais vraiment propre. Il est hors de question que j'attrape quelque chose, ce serait, manquer de bon sens que de ne pas mettre les céréales à la poubelle. Bon et puis, je me servirai de nouveau un bol de céréale parce que mine de rien j'ai faim. J'attrape la boite de céréale et observe ces derniers tomber dans mon bol, on dirait une chute d'eau avec un peu d'imagination. Mon ventre gronde, c'est le matin, c'est normal après tout. J'attrape la bouteille de lait, parce que j'aime le lait, c'est bon pour les os il paraît. Bouteille toujours en main, j'observe mon bol.... « Je me demande il y a combien de céréale dans mon bol cette fois ? » Trois cents seize petites graines en tout, je les ai comptées sur la table. Ah ! J'ai faim...
Il est cinq heures du matin quand je quitte mon petit chez moi, pas tout à fait petit... Puisque c'est quand même un manoir plutôt imposant, pas autant que celui des Cross, toutefois... Mais déjà trop grand pour moi. Et puis, il y a trop de marche chez moi, un peu près deux cents quatre-vingt-douze marches en tout, dans tout le manoir. Oh merde ! Je viens d'oublier de compter une marche en descendant celle de l'entrée, c'est une véritablement horreur, un terrifiant malheur, il faut que je recommence à redescendre les marches depuis le début. Un, deux, trois... vingt-cinq. Voilà, c'est bien mieux comme ça, c'est déjà plus agréable pour débuter une matinée pleine de bonheur. « Madame ? » Oh Alfred, c'est mon majordome, il est vraiment très gentil, il travaille pour les Wayne depuis très longtemps... Non, je rigole pour le prénom, lui c'est Tristepan de Montmartre, par contre c'est vraiment mon majeur d'homme. J'ai beau ne pas vouloir de ses services comme de l'argent que mes parents ont laissé derrière moi, lui fait en sorte que l'héritage ne tombe pas entre de mauvaises mains, si ce n'est que les miens.

Foutu vieil homme, pourquoi il ne se trouve pas une bonne vieille centenaire comme lui afin de refaire sa vie avec, hein ? Il doit être amoureux de moi, je crois... Sinon, il ne me collerait pas autant. Je dois probablement être amoureuse de lui pour le laisser me coller. « Où allez-vous Madame ? » J'observe le ciel un moment, il va faire encore très chaud aujourd'hui. J'entre dans la voiture et observe De Montmartre. « The Dark Descent, mon amoureux ». Il se redresse intrigué avant de rajouter un « Madame ? ». Mes écouteurs déjà dans mes oreilles, il referme la porte voyant que j'étais déjà plus avec lui et s'en va faire le tour du véhicule pour monter côté chauffeur. Je n'aime pas aller au Dark Descent, ça me rappelle que ma famille est toujours sur mon dos pour que je reste fidèle à Croix. Ce n'est tellement pas intéressant d'être un méchant, tu n'as même pas le droit de faire des blagues au chef sans risquer de te faire torturer.
C'est long trois heures de route, bah mon manoir se trouve en Espagne, en même temps... Mais quand même. Toute cette consommation d'essence pour au final perdre autant de temps sur les routes... Quel enfer les routes d'ailleurs, c'est un véritable cauchemar : Trystepan ne veut pas faire demi-tour, j'ai manqué de compter une ligne blanche qui défilait sur le sol. Mon crâne va exploser s'il ne fait pas demi-tour lui dis-je et ce méchant m'a répondu qu'il laverait la voiture après... Bouh, vilain ! « Je divorce, Trystepan ! » Dis-je d'une bouille boudeuse. Je m'ennuie tellement j'en suis à ma cinquante-sixième partie d'échec contre l'ordinateur de son plus haut niveau et je gagne toujours de la même manière contre cette machine incapable de comprendre l'anticipation... Foutu probabilité inutile. Voir l'océan me donne le sourire, ça veut dire qu'on arrive bientôt à Sarzeau et que je vais enfin pouvoir sortir du véhicule...

Il fait chaud, j'ai cru que j'allais fondre... Je transpire comme un bœuf, bien que je ne sais pas si ces bêtes transpirent comme nous. Je ne l'ai jamais vraiment vu pour le confirmer, mais c'est peut-être vrai. Je retire ma chemise et marche à l'air libre ayant que mon soutif pour soutenir et cacher ses seins trop gros pour rester comprimés sous ce soutif... Foutu vieil homme qui m'empêche de libérer mes seins pris en otage par ce soutien-gorge. Ah oui, j'ai aussi un capuchon qui recouvre mon visage, parce que je n'aime pas que mon visage soit si ouvertement dévoilé, on dirait que je suis toute nue sinon... Ah ah, bien que je ne sois clairement pas pudique. Rah... J'ai chaud, je crame. J'espère que le QG à la clim, j'espère que je pourrais empiler des verres... Oh ! J'espère aussi que Dorian n'est pas là, son silence est trop tristounet. Parce qu'il est silencieux et très fermé au niveau du visage, du coup moi ça me donne envie de lui dessiner un sourire au feutre noir indélébile sur les joues. « Il fait chauuuuud... » Dis-je en train à l'intérieur de The Dark Descent. « Pourquoi ? Je meurs ! Ah ! »
« Madame, non ! » Crache ce vieux pot de colle, lorsque je tente d'enlever mon pantalon avec ma culotte.

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Bien sûr qu'il était gavé de devoir allé en France. Bien sûr qu'il n'en avait pas envie. Bien sûr qu'il était sur les nerfs. Sa vie avait tourné au ralenti pendant quatre ans, rien à dire ni à faire, une vie installée rythmée entre les entraînements et les missions. Rien de passionnant à vrai dire, mais tout d'occupant et surtout, rien de chiant.
Puis il avait retrouvé Anja et ça lui avait retourné le crâne, puis il y avait eu Bleu et maintenant la France. Il ne fallait pas se cacher, il n'aimait pas Dorian. Il n'appréciait strictement rien dans sa personne jusqu'à haïr sa diction.
Une diction pourtant, ce n'est pas commun. Et pourtant. Il lui faisait penser à un lézard qui sifflait entre ses dents, vicieux mais toujours pas mort. Mais bon, on lui demandait de venir, il rappliquait. Il avait quitté à regret son chez lui. Il n'avait pas pu s'empêcher de traîner les couloirs proches des appartements de sa supérieure sans savoir s'il voulait la croiser ou pas.
Il était quand même reparti un peu dessus de ne pas l'avoir aperçue.

Bref. Il était arrivé en France, puis dans le bureau de Dorian. Mission de routine.
Tout ça pour ça, sérieusement.
Il souffle en sortant de l'antre privée avant de retourner au bar, l'air tranquille, l'envie surtout de se remplir le ventre d'alcool pour ne pas aller se jeter. C'est toujours utile de noyer ses nerfs et ses sens. On se croirait dans un autre monde et puis ça aide, c'est tout. Bleu le sait, Silver le sait, tout le monde le sait.
Il va pour s'asseoir quand une jeune femme arrive. Green s'en fou usuellement des autres, surtout les autres de Croix. Il fait ses missions sans se méfier. Personne ne devrait vouloir l'assassiner pour trois raisons.
La première assez évidente, c'est un fils de Soul. On ne touche pas à cette famille sans être certain de mourir.
La seconde, personne ne sait vraiment qui il est, encore moins qu'il s'est tapé Anja, encore encore moins qu'il a une fille.
La dernière, Green n'a aucune ambition. On ne tue pas les gens qui ne peuvent ni vous nuire ni prendre votre place mais qui promettent une vengeance sans nom.

En tout cas, quand elle entre dans la pièce, il ne sait pas qui elle est, surtout qu'elle est à moitié à poil mais qu'en même temps elle porte un capuchon. Puis un homme la suit. Sérieusement, quoi. Les sorciers noirs sont parfois des gens trop excentriques, tous fous. Green se demande comment Dorian, si froid, sérieux et implacable laisse ce genre de personne trainer comme bon leur semble dans les parages. Il doit péter un câble, sérieusement.
Le brun voit vaguement l'homme empêcher la femme de se déshabiller, voilà, bienvenue chez les gens chelous. Il a envie de grogner et de dire "mais putain tu te crois où ?" mais il se tait parce qu'il sait qu'il est juste incroyablement grognon. Puis surtout, ici, tout le monde en vient toujours aux mains et après Green explose d'une magie incontrôlable et broie les gens contre les murs. Après il regrette.
Le sang, le bruit, l'agonie.

Green fait signe au serveur d'apporter deux verres. Il a déjà un verre dans le ventre mais comme tous les autres membres de sa famille, il tient bien l'alcool.
N'est-ce pas, Bleu ?
Il ne porte pas son regard sur la jeune femme. Il s'en fou, et Dieu seul sait à quel point il voudrait ne pas s'en foutre. Pas elle n'est pas grande blonde aux yeux bleus, elle n'a pas un port de tête altier, elle n'est pas froide et distance mais brûlante sous ses doigts.
Elle n'est pas Anja.
Avant, personne n'était jamais assez intéressant, assez bien, mais tant pis, le sexe reste le sexe. Maintenant...
Maintenant, tout est différent.

Bref, tout moody qu'il est Green, il voit bien qu'en face de lui le serveur lave ses verres dans un petit bac d'eau. Il le vide d'un coup sec avant de commencer à le reremplir d'eau propre. Il disparait quelques secondes le temps que le bac soit plein, sûrement pour continuer à faire tremper des trucs. Green tire sur son don, fait léviter l'eau comme un cube d'abord puis comme une boule, parce que c'est plus simple pour lui, avant de l'envoyer directement sur la jeune femme. L'eau explose sur elle directement alors que le jeune homme lance, maussade.

- Voilà, comme ça maintenant vous avez frais.

Et Green de descendre son verre.

Le règne de la chaleur

Green & Annie

« J'ai chaud te dis-je ! » M'écriais-je à mon major d'homme qui retenait fermement mon pantalon, qu'il est méchant celui-là. Il veut laisser la chaleur me tuer sans aucune pitié, je veux vivre ! Je veux devenir une mémé et critiquer les jeunes gens devant ma pelote de laine. Ah ! Au secours, la chaleur me fait fondre. Si je deviens une flaque d'eau, comment se passeront mes obsèques ? Serai-je enterrée dans une bouteille d'Evian ? Je me demande combien de bouteille il faudra pour contenir ce liquide que je serais devenue ? Ah ! J'ai trop chaud, je me laisse tomber au sol avant de m'étaler comme une étoile de mer. Essayer de retirer mon pantalon m'a donné encore plus chaud, c'est de ta faute Trystepan, j'ai encore plus chaud. En fait, tu veux me voir fondre, où est donc ton amour pour moi, hein ? « Je divorce, Trystepan ! » Répétais-je à nouveau, le vieil homme soupire. « Ce n'est pas déjà fait, Madame ? » Dit-il d'une voix lasse, mais toujours bienfaisante.
Pourquoi sa voix est bienfaisante d'abord ? Non. Pourquoi m'a-t-il choisi plutôt que sa carrière dans l'ordre de Croix ? Il paraît qu'à l'époque où il était plus jeune, il aurait pu devenir quelqu'un d'important. Pourquoi a-t-il choisi de m'élever à la mort de mes parents, de devenir un simple major d'homme, au lieu d'être un meneur ? Je ne comprendrai jamais la raison qui l'a poussé à s'occuper d'une autiste comme moi, surtout que je ne suis pas des plus faciles. Comment peut-il continuer à me supporter ? Ah ! Que j'aimerais être une lectrice de pensée pour une fois, j'immigrais dans sa tête pour y écouter ce qu'il se démène à garder pour lui. Pourquoi rester cinquante-deux années auprès de moi ? Qu'ai-je de si spécial ou qu'est-ce qu'il croit voir en moi ? « Madame, je vous prie, vous êtes une Wayne, soyez un peu plus présentable ». M'annonce-t-il, combien de fois devrais-je lui dire que je me fiche pas mal de mon image, comme de mon héritage.

Depuis ces cinquante dernières années, j'ai à peine toucher à la fortune que j'ai hérité de mes parents et que mes cousins convoitent. Combien de fois ai-je essayé de refiler mon héritage aux autres Wayne, ou membre éloigné de la famille et combien de fois ce majordome s'est interposé ? « Quand je serai morte, envoie ma fortune à des associations de personne dans le besoin. » Il soupire de plus bel avant que soudainement je sursaute sous la fraîcheur qui s'empare de mon corps... De l'eau fraîche. Ah ! Ah ? Aaaah... Mais, ça fait un bien fou, non d'un triton ! Je relève la tête pour observer l'homme qui venait de me sauver la vie d'une mort pathétique... Cela aurait été honteux sur le carnet du légiste la cause du décès : c'est-à-dire, « a fondu comme une glace ». Je me relève, mon regard est dirigé vers le jeune homme, oui il a l'air très jeune... Bien que pour un sorcier l'apparence est plus que trompeuse. Je m'approche alors de lui, le scrute un peu.
« Tu es vraiment un chic type, merci ! » Dis-je alors d'une voix très enjouée et un sourire aux lèvres, un sourire qu'il ne pouvait pas vraiment voir, vu que j'avais encore ma cagoule. Ah, devais-je préciser que j'avais des lunettes de soleil par-dessus ma cagoule... Bah, oui... Sinon, il me voit, s'il voit mes yeux et c'est terrible. « Qui es-tu ? Je ne t'ai jamais vu chez ces serpents avant. » Demandai-je librement, alors que derrière Trystepan soupire à l'entente de ma phrase. Roh, ça va, hein... Si je ne peux rien dire, c'est affligeant. Je dois accepter ma condition de sorcière noire, vu que je n'ai pas le choix, je peux bien parler librement quand même. Déjà que je n'ai pas le droit d'enlever mon pantalon, je suis moins libre qu'une esclave, c'est criminel. J'entends Trystepan chuchoter de remettre mon haut, car je trémousse un peu trop mes seins comprimés dans ce soutif devant le jeune homme. Non. Je refuse de le remettre, je ne veux pas mourir de chaud.

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Elle sursaute un peu, vaguement, comme si ce n'était pas si surprenant. A croire qu'elle n'a pas d'ego, se dit Green, et voilà le brun qui déjà n'était pas très jouasse qui se retrouve en boule, super énervé.
Réagit et tire-toi.
Voilà ce qu'il a envie de lui cracher. Ou alors l'exploser contre le mur, voilà, il l'imagine déjà, le faire éviter jusqu'au plafond et sévir, serrer, laisser son don sortir de son corps et claquer lourdement, fièrement surtout et l'écraser petit à petit. Il l'a déjà fait et se souvient parfaitement du bruit des os qui craquent, l'agonie et surtout les yeux, écrasés contre la peau qui les soutient mais toujours fonctionnel, l'expression d'incompréhension et puis le crâne qui se ratatine sur lui même, perfore le cerveau en souffrance. Et puis la fin.
Redwan, sort de se corps.

- Tu es vraiment un chic type, merci !

Voilà ce qu'elle dit, la fille avec sa cagoule et ses lunettes mais à moitié nue. Alors que son corps affiche un paradoxe, sa esprit à l'air bien malade aussi. Elle est sûrement naïve à se balader ainsi, des lunettes de soleil ça gêne quand on se bat et par ici y'a toujours des émeutes, toujours et tout le temps, les gros soulards de base qui trainent ici comme pour faire couverture face aux événements qui se passent. Peut être que les humains sont vraiment stupides, sûrement, mais peut être aussi que les autorités humaines n'ont pas franchement envie de fourrer le nez dans ce trou à merdes.

Bref, le pire, c'est qu'à sa voix, elle a l'air vraiment satisfaite. Putain, qu'est-ce qui tourne pas rond chez elle ? pense Green, un peu au bout de sa vie, complètement au bout du rouleau. Il ne répond pas, demande un autre verre mais une limonade, d'un coup d'oeil vers la bouteille en question. Il s'imagine déjà l'exploser et être victime de représailles. Voilà comment un bon combattant réagit, bien formaté, bien conditionné. Ecoeurant de colère de haine, mélange de liqueurs et de chaleur.

- Qui es-tu ? Je ne t'ai jamais vu chez ses serpents avant.

Il aurait bien répondu qu'elle était étrangère aussi, vu comment elle se permettait de parler, mais Dorian gardait toujours des gens tout à fait improbables avec lui, des zozos stupides. Aucune idée de pourquoi, peut être que c'était à cause de la guerre, il gardait sous le bras de la chair à pâté à sacrifier et à envoyer dans les missions suicidaire où il ne pouvait pas se permettre de ne pas aller. C'était peut être pour ça.
Green pouvait donc se permettre de l'égorger ?

- Trainer ici n'est pas un plaisir, répond-il assez simplement.

Ne pas donner son nom, c'est évident, pourtant il ajoute.

- Tu demandes un nom alors que tu ne proposes pas un visage ?

Allez, distrais-moi tant qu'à faire, semble dire son expression, blasé mais ennuyé, sérieusement ennuyé. Son avion n'est que bien plus tard dans la soirée et terriblement proche d'ici. Avec sa famille et ses missions il avait déjà beaucoup voyager et le tourisme en France ne l'intéressait pas. Tout ce qui touchait à la France, désormais et à cause de Croix lui donnait envie de vomir.
C'est toujours très ironique, les jeux du destins, mettre un entraînement aussi poussé sur un adolescent aussi doué pour mieux lui refiler une âme qui tangue.
Bâteau ivre.

L'homme se rapproche un peu de la femme, chuchote quelque chose que Green ne peut pas comprendre. Pourquoi est-elle suivie, est-elle surveillée, punie ? Et puis elle reste là, les seins débordants de son soutien gorge.
Honnêtement, quand on traine dans les boîtes de nuit berlinoises, puis parisienne, puis hongroise, on se fiche des corps qui défilent. Des seins sont des seins et Green sourit sans pouvoir s'empêcher aux excuses qu'on fournit aux garçons "mais c'est des gars" ou "ils ne peuvent pas s'en empêcher". Quelle blague. Bien sûr que si, ils pouvaient.
Bien sûr que si.
Et elle, elle elle s'en foutait, à moitié nue, un peu dégradée, 100% dégénérée.

Le règne de la chaleur

Green & Annie

« Je préfère me cacher le visage pour ne pas laisser mon âme m'échapper.... »

Je suis une Wayne, que c'est tellement vicieux de me le rappeler... Me rappeler que je n'ai pas le choix que d'être à l'image de la noblesse familiale. Pas le choix que d'être une sorcière digne de ce nom. La famille aimerait que je sois toujours dans mes phases de concentration extrême où je suis alors la sorcière qu'il apprécie tant, qu'il voudrait que je sois en permanence. Mais moi je ne fais pas exprès d'être dans ces états de concentration, ni même d'être cette gamine autiste qui fait plus honte qu'autre chose. Il devrait m'accepter tel que je suis, parce que moi je les accepte tels qu'ils sont. Je suis le chef de la famille après tout, ils n'ont pas vraiment le choix, je les représente... Je les représente si grossièrement, mais ce n'est pas quelque chose qui me choque de toute façon. Je n'ai jamais eu l'impression de me comporter d'une manière étrange, c'est seulement les autres qui sont étranges de trouver que je suis étrange.

Le jeune homme, parce que je suis finalement persuade que son apparence est bel et bien propre à son âge, me répondit avec simplicité. Je l'observe, dans sa gestuelle, sa façon de me regarde, ses légers mimiques... Il me donne l'impression d'avoir en face un adolescent en pleine crise, c'est drôle parce que ça se sent tellement dans ses réponses. Son ton, sa voix, tout... J'empile des verres en face de moi par réflexe, tandis que Trystepan vient m'arracher les verres des mains pour le redonner au serveur. Le gamin rajoute alors le fait que je lui ai demandé un nom sans même lui montrer mon visage. Je retire mon capuchon et rajoute. « Je suis Slenderman ! » Dis-je alors que par illusion mon visage n'avait ni yeux, ni nez, ni bouche. Je remis mon capuchon à la suite et mes lunettes. Ahah. C'est drôle. Il faudra que je la fasse à quelqu'un d'autre qui a beaucoup plus d'humour ceci dit. Parce que c'est bien de rire un peu.

« Du coup, je vais t'appeler ''hey'' ». Dis-je en rassemblant des bouteilles, les plaçant en ligne côte à côte, des bouteilles de la même couleur et de la même taille à chaque fois. Trystepan se demanda à quel moment j'étais passée derrière le bar. Il vient me chercher en s'excusant une nouvelle fois auprès du barman qui récupéra ses bouteilles. J'observais le gamin. « ''Hey'', tu es de Rosenrot, je suppose. On en voit beaucoup défiler en ce moment. » Je m'assois sur un siège juste à côté de lui.

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Green la regarde du coin de l'œil. Il se détend un peu plus, certain qu'au fond il ne craint pas grand chose. Elle n'a pas l'air d'avoir envie de chercher les embrouilles. Elle lui semble juste différente, mais malheureusement pour elle il n'est pas du genre à se faire des amis, encore moins du genre à chercher à comprendre les gens.
Il s'en fiche.
Il sait que le moins d'affection il aura pour les gens, le moins il sera investi. C'est plus pratique. Il est déjà suffisamment enchaîné à Anja comme ça pour ne pas chercher plus loin.

La jeune femme se met à empiler des verres, presque compulsivement. Le barman ne dit rien. Green ne l'a jamais vu et se demande si ce n'est pas un esclave qui aurait acquis un peu plus de liberté mais ça l'étonne. Dorian n'est pas du genre à apprécier la liberté des autres, encore moins à en donner. La famille avant tout, serrée dans son étau, serrée dans ses poings sanglants et fermés jusqu'à en faire blanchir les jointures. Un joli petit clan Cross et Croix, étouffés tous les uns contre les autres sans vraiment d'affection. Juste un sang noircit par la même crasse.
Et toi, Déborah, t'es là pour quoi ?

Elle enlève subitement son capuchon et Green fronce les sourcils face au visage hideux qui lui est présenté, porté sous ses yeux comme une blague. Une blague qui le mettrait vaguement mal à l'aise. Il déteste ne pas comprendre et ne pas maîtriser, lâcher prise n'est pas vraiment son truc à lui.
Son truc à lui c'est rester en retrait jusqu'à ce qu'il soit temps, le temps parfait pour égorger.

- Je suis Slenderman !

Il roule des yeux.

- Fantastique.

Pas très patient mais pas prêt non plus à partir, il se demande un instant à quel moment il est devenu aussi ennuyé, à fleur de peau et sur les nerfs à guetter un moment pour essayer de l'éclater dans un coin, par excès de rage et de frustration.
Il se fait penser à son père qui lâchait sa frustration sur les enfants quand ça n'allait pas comme il voulait dans un domaine totalement extérieur à sa progéniture.

- Du coup, je vais t'appeler ''hey''.

Il soupire et détourne le regard, un peu saoulé. Quel âge elle a, putain, se demande-t-il. Il lui semble que toute innocence est partie. Que c'est trop tard, que c'est fini.
Qu'il restera toujours aigri. Toujours.

- Hey'', tu es de Rosenrot, je suppose. On en voit beaucoup défiler en ce moment.

Elle revient plus proche et il sent l'électricité au bout de ses doigts venir le chatouiller. Pas aussi proche voyons, pas aussi proche. Il fait léviter la chaise de la jeune femme, se concentrant sur le poids de la chaise et de son corps à elle pour les soulever et les faire partir plus loin, flottant au milieu de la pièce avant de les déposer bien plus loin du bar. Plus de bruit de verre, plus de bruit d'un souffle à côté du sien.
Bien mieux, bien plus serein.

- Je croyais que les gens de Croix évitaient de traîner avec Rosenrot.

Il sourit alors, cynique, tout plein de ces émotions dont on ne se débarasse pas si facilement avant de siffler, ses dents dévoilées.

- A moins que ça soit l'inverse.

Le règne de la chaleur

Green & Annie

Qui sont les Wayne... Une famille pas très ancienne si on compare avec les Cross, les Grey ou les Mystery. Non, les Wayne sont à peine moderne, beaucoup de mixité entre famille sorcier peu importe qu'elles soient de notoriétés ou non. Les Wayne sont le fruit de nombreux alliance et je ne saurais dire quelle est la lignée la plus importante tant elles sont nombreuses et très peu importantes. Wayne cessera bientôt d'être, lorsque je me marierai. Ah ! Pourquoi devrais-je me marier, je suis tellement l'incarnation de la vie de célibat. Et puis, je ne ferai pas une très bonne femme, je suis nulle en cuisine, je ne fais pas le ménage et je ne veux pas d'enfant. Je me considère encore comme une enfant figurez-vous, je ne suis pas prête à en avoir... Et puis, ça fait mal d'être enceinte on dirait et moi je n'ai pas très envie d'avoir mal d'abord. Pourquoi on devrait souffrir nous ? Alors que les hommes eux ne peuvent se plaindre que de cinq douloureuses minutes d'effort musculaire, quand il ne demande pas à la femme de les chevaucher par fainéantise.

Si le créateur m'entend, j'exige que les hommes aussi souffrent d'une quelconque manière et pas seulement en faisant caca. Ce n'est peut-être pas un bon exemple, il y a très peu d'hommes qui ont des problèmes à ce niveau-là. Hum. En se prenant un coup dans les parties ? Quoi que, on a mal aussi qu'on cela nous arrive aussi. Ah. Mon cerveau vient de faire Pouet, trop d'idées inutiles me traversent l'esprit. C'est bien plus intéressant de constater qu'il y a vingt-huit tables réparties dans la boite, soit cinq tables en moins depuis la dernière fois que je suis venue ?

Ah, que suis-je censée faire ? J'essaye de trouver quelque chose d'amusant à faire, mais je ne suis pas très inspirée aujourd'hui. Il fait trop chaud, la chaleur est trop cruelle avec moi, je ne lui ai rien fait pourtant. Du coup, je suis d'humeur à papoter avec le petit nouveau, mais lui il n'est pas très aimable et pas très polie avec ça. Il m'a éloigné de lui avec son don, bah alors... Je sens mauvaise ? C'est vrai qu'avec la chaleur je transpire beaucoup. Puis, il se met à baragouiner quelques choses que j'entends à peine... Brillant. Tu aurais pu me parler avant de me mettre à l'autre bout de la pièce. Les enfants de nos jours, toujours à frapper avant de réfléchir... Délinquant ! « J'ai faim, ça doit être à cause de la chaleur ! » Dis-je alors que je me rapprochais de nouveau du bar. « Tu ne parles pas beaucoup... tu ne serais pas timide des fois ? » Je le considère un instant avant de rajoute. « Ah et désoler pour ça... » Dis-je avant que sa chaise s'écroule et qu'il se casse la gueule en tombant.

Tandis qu'une matière sombre rongeait lentement les pieds du siège sur lequel il était assis. Rien de méchant, je ne fais que lui rendre la pareille de son impertinence. « Bon et bien je retourne à la voiture madame ! » Annonce Trystepan avant de se volatiliser, bah qu'est-ce qui lui prend à celui-là ?

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