The big black cloud and its rainy drops | Sebastian & Luka

The big black cloud and its rainy drops

Sebastian et Luka

« Family is supposed to be a safe havent »

De qui était-ce le plan déjà ? Sebastian se tournait les pouces au manoir des Cross, attendant sans grande patience de voir où l'idée brillante allait les mener. Il avait dû quitter Toronto pour suppléer Dorian et cela ne l'enchantait guère. L'homme n'aimait pas laisser son trône vaquant, même pour occuper celui de son frère. Mohamed, se dit-il, cela devait être son idée ? Un verre à la main, il survolait sans vergogne le bureau familial du chef de Croix. Il ne recherchait rien et ne trouverait rien de toutes façons. Son frère était méticuleux et lui-même était bien trop loyal.

Ses doigts filaient sur le bois avec délectation. Un jour, ce serait l'héritage de Dylan. Mais pour le moment, Dylan était sous ses ordres, sous son aile. Le jeune homme n'avait pas encore la carrure de son père comme Sebastian ne pouvait prétendre avoir celle de son frère. Cependant, l'un comme l'autre se rapprochaient de cet idéal diabolique que représentait le sorcier noir sans doute le plus craint au monde. Le sang est tout, disait son père. Le sang est tout, répéta-t-il à haute voix.

Quittant la pièce, Sebastian se mis à arpenter les couloirs sans but précis. Il avait eu des nouvelles de la mission "Sauver Luka" et n'avait rien à redire dessus. Un sentiment proche de la jalousie s'était immiscé en lui. Il était le sang de Dorian et elle était impure, mais c'était pour cette mêlée que Croix se démenait. L'homme avala une gorgée de whisky et la fit tourner amèrement dans sa bouche. Il songea qu'il aimait bien Luka, mais haïssait ce qu'elle représentait. Et ce paradoxe ne lui était pas étranger. Sebastian vida son verre et décida d'aller se défouler, évacuer cette rage qui l'accompagnait toujours.

(c) DΛNDELION

The big black cloud and its rainy drops

Sebastian et Luka

« Family is supposed to be a safe havent »

Les doigts collés au hublot, je regarde l'avion entamer sa descente et les lumières de Paris Charles de Gaulle devenir de plus en plus vives à travers la nuit noire. Un SMS en vrac à Ian avec des excuses en l'air, Owhen et Maël envoyés à Edimbourg et j'étais partie telle une furie sans en référer à Orpheo. Ou à Louis. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir, j'ai vu rouge tout de suite. J'ai été stupide et j'en paye le prix, voilà tout.

Je n'ai de cesse de relire la lettre m'informant simplement la marche à suivre comme une invitation de soirée. Elle a été déposée là, sur la table, ignorant les débris de la tasse, les tâches de café et de sang. Elle trônait bien en vue quand je suis rentrée de Heathrow après avoir déposé les garçons. Un vulgaire bout de papier comme un affront de plus, résultat de mon inconscience. On ne baise pas avec le chef de Croix en s'en sortant indemne. L'évidence de l'enveloppe a causé l'effondrement dans ce sentiment si fragile de sécurité que j'avais tenté de bâtir dans cet appartement. Déjà ébranlé par la serrure défoncée par un flingue, la bulle qui avait été la mienne a volé en éclat en découvrant la vulnérabilité qui était la mienne et qui me colle maintenant à la peau.

Les roues choquent l'asphalte dans une douceur inaccoutumée et j'attends à peine l'autorisation pour me saisir de mon sac et m'enfuir dans l'aéroport. Je récupère ma valise diplomatique et les clés de la voiture de location. Le temps coule trop vite pour ne pas faire de dégâts. J'enclenche le contact et file à travers la nuit. La radio française évoque un incendie à Londres et passe à la météo de demain. Ciel orageux dans mon cœur. Ce n'est que maintenant que les larmes coulent alors que je trace vers la Bretagne.

Trop tard pour les remords.

(c) DΛNDELION

The big black cloud and its rainy drops

Sebastian et Luka

« Family is supposed to be a safe havent »

Le matin pointait le bout de son nez, imperturbable, quand Sebastian arrêta l'entraînement. Ses muscles lui tiraient et il n'avait pas rattraper le sommeil manquant dû au décalage horaire. La tête lourde et le corps en sueur, le sorcier noir se glissa sous la douche non sans avoir regardé auparavant son téléphone. Un message lui indiquait que Luka avait été aperçue à Charles de Gaulle. Le sourire qui étira ses lèvres n'avait rien de malsain. Quelque chose en lui se réjouissait sincèrement de revoir la jeune femme. Elle avait toujours été un challenge et, bien que rebuté de prime abord par son sang mêlé, Sebastian n'était pas du genre à se détourner de la famille. Peut-être était-ce la raison du dilemme qui continuait de l'habiter ?

Sebastian secoua la tête pour chasser les images de son fils. Luka n'était pas Nolan. Luka n'était presque pas humaine. Mêlée, oui, un peu, mais pas cinquante-cinquante et enfant d'esclave. La frimousse qui s'imposa néanmoins dans son esprit lui arracha un autre sourire. Sebastian tiqua et repris un visage de marbre tandis que l'eau commençait à couler. Il médita sérieusement sur la marche à suivre, sans parvenir pour autant à un plan précis. Luka arriverait, et ce serait la merde, quoi qu'il arrive. Il la connaissait trop bien pour savoir que cela ne se passerait pas tranquillement comme sur des roulettes.

Quand il sorti de la douche, gouttant sur le sol sans aucune considération pour l'esclave qui viendrait nettoyer derrière lui, l'homme eu un moment de panique. Tout puissant qu'il pouvait être, à la tête du deuxième plus grand QG de Croix, frère de Dorian Cross, Sebastian avait parfois ce qu'il appelait des "ruptures" pour ne pas blesser son ego. Le départ de Dorian lorsqu'il était enfant l'avait traumatisé à tel point qu'il souffrait encore de crises d'angoisse et de la peur de l'abandon. C'était peut-être aussi pour cela qu'il s'était attaché malgré lui à Luka. Enervé contre lui-même, Sebastian noua une serviette autour de son bassin et se jeta sur son lit pour profiter de quelques heures de sommeil. Nul doute que Luka n'arriverait pas de sitôt. Elle ne toquerait pas tout de suite à la porte du manoir.

(c) DΛNDELION

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Sebastian et Luka

« Family is supposed to be a safe havent »

La voiture redémarre près une courte pause à Questember. J'ai sorti mon téléphone, regardé la messagerie. Ian ne m'a pas répondu. Il n'a pas réagit. Ca m'a foutu les nerfs. Je n'ai pas eu le courage de prévenir Louis et Ian reste silencieux. J'ai mal au cœur parce que c'est ma faute. Je continue ma route, les larmes toujours prêtes à débarquer, au moindre virage de travers. Cette route, je l'ai arpentée longtemps, avec Maman. C'était elle qui conduisait, dans cette Mustang qu'elle aimait tant et qui me foutait la gerbe. A croire que c'était si facile, à l'époque, d'oublier d'où je venais et d'abandonner mes amis.

Une heure passe encore et je me gare en bordure de forêt. Nous ne sommes pas à Sarzeau, il serait con de débarquer telle une fleur toute guillerette. Je dois réfléchir un peu, essayer de trouver cette solution qui m'échappe toujours. Je n'en vois pas. Je n'en vois toujours pas, même après quatre cents kilomètres de route, pas moyen de trouver une issue joyeuse à ce drama en cours. Si je n'y vais pas, trop de risques pour Carla. Si j'y vais... Je frissonne en claquant la porte. Je n'ai pas oublié. Je me rappelle parfaitement de ce passé sale et séduisant. Je me rappelle que je ne suis pas humaine et que je peux être sorcière.

J'ouvre le coffre et la valise à l'intérieur. Un pincement me serre le cœur. Entre les autres armes, le sabre que m'a offert Jonathan se distingue par sa grâce. J'attrape mon desert eagle et le calle dans son holster sur ma cuisse et passe un kevlar. Le sabre vient dans mon dos et je referme le coffre. Dans un geste automatique, j'appuie sur la clé de la voiture qui clignote et rabat ses rétros. La forêt m'aspire alors que dans mes oreilles bat un rythme sombre et froid. J'ai peur et je déteste ça.

(c) DΛNDELION