Si le temps s'était tu.
Si nos âges s'étaient stoppé.
Si la Terre avait arrêté de tourner.
Alors peut-être que tu serais resté.

Cette nuit encore je pense à eux. Tous les gens à qui je mettais attaché, tous ces gens qui brisent nos liens, qui peu à peu arrachent mon coeur. Maman est déjà partie et ça m'a fait tellement mal... Alors pourquoi ai-je continué à aimé ? Pourquoi n'ai-je pas écouter la douleur sourde qui me broyait le ventre ? Je savais que j'aurais mieux fait de mourir. Mourir avec Maman. Au moins comme ça j'aurais arrêté de souffrir. Arrêté de voir les gens partir. M'abandonner.

Je me sens si seule.
Si lasse.
Comme si j'avais 80 ans.
Alors que je n'en ai que 6.

Dehors la pluie éclate en même temps que les larmes de mon coeur. Mais mes joues elles, restent sèche. J'ai déjà trop pleuré, je ne veux plus. Tout ce que je veux, c'est arrêté de penser. M'enfoncer dans mon lit et disparaître entre ses draps. Peut-être y retrouverais-je tout ce que j'ai perdu ? Probablement pas. J'ai l'impression que tous ces départ sont des adieux définitif. Des non-dit pour ne pas me faire de la peine. Mais ça m'en fait encore plus qu'on soit partit sans me dire au revoir. Sans penser à moi. Maman, Ange, Luka... Dans mon lit je ferme les yeux. Et pour la première fois, je m'enfonce dans les ténèbres, volontairement.

Dans un Monde.
Entre deux Mondes.
Celui des rêves.
Et celui des vivants.

L'endroit où j'arrive me surprends... ce n'est pas le rêve de quelqu'un. Pour la première fois je suis arrivée dans un lieu qui m'appartient. Cela n'est jamais arrivé auparavant. Enfin, pas depuis la mort de Maman. C'est un paysage fantastique qui m'entoure, étrangement cela me rappelle l'île aux oiseau de l'histoire de mon chevalier pégase. Je crie son nom. Et l'écho semble me répondre.

-QUI ES-TU ????

Est-ce bien des mots que j'ai entendu ? L'espoir me fait délirer. Je n'y crois pas, je n'y crois plus. J'avance dans une forêt tropicale, seule. Oui, je suis seule. Personne ne m'a répondu. Je délire. Et comme pour confirmer mes pensée, le ciel ouvre d'un coup ses écluses.

Mon coeur pleut.
Mon rêve saigne.
Tu te souviens Ange ?
Le ciel pleurait aussi dans notre grotte...

Je continue d'avancer. Plus loin, je vois une plage, la mer et une silhouette. Mais là encore je dois rêver. Un rêve dans un rêve... Ange ne peut pas être là. Ce n'est pas possible. Il est partit trop loin, trop vite. Et je n'ai pas le pouvoir de l'amener ici. Je n'ai même pas le pouvoir d'aider les gens dans leurs rêves... comment le pourrais-je ? La pluie me mouille les cheveux, étendant ses torrents sur mes joues. Larme et goutte d'eau sont confondues, étalée sur mon visage et dans mon esprit. Mais malgré tout, je continue à avancer vers l'ombre tremblante du bout de ma forêt, du bout de mon rêve. J'ai peur qu'elle ne s'efface si jamais j'accélérais.

- Ange ?

Ma voix n'est plus que murmure dans le vent. Je tremble. J'ai froid. J'ai peur. Je crois que je ne suis plus seule...

Et le contact de tes bras.
Contre mon petit corps.
C'est comme un bandage.
Sur mon coeur qui saigne.

Les larmes coulent encore sur mon visage quand j'atteins Ange et qu'il me soulève dans ses bras. Mais ce sont des larmes de bonheur, plus de malheur. Je n'arrive pas à y croire et pourtant, il est là. Pour de vrai. De vrai dans un rêve. La réalité se mélange à la fiction. Est-ce vraiment lui face à moi ou un simple tour de mon inconscient ? Etrangement, j'ai envie de faire confiance à mes pouvoirs. Je ne me pose pas de question et me laisse m'envoler avec mon ange dans les airs. Jusqu'à ce qu'il me dépose sur un nuage.

-Myaw ? Que fais-tu là ?

Je pourrais te dire que je rêve. Je pourrais te dire que je t'attendais. Je pourrais te dire que tu me manques. Je pourrais te dire que je voulais te voir. Je pourrais te dire que je dors. Je pourrais te dire que la vie sans toi c'est comme un gâteau sans chantilly. Je pourrais te dire que loin de toi c'est pas drôle. Je pourrais te dire que j'aimerais entendre une autre de tes histoires. Je pourrais te dire que c'est le hasard qui nous a amené ici. Tout les deux.

Mais c'est faux.
Le hasard n'y est pour rien.
Si nous sommes là.
Tous les deux.

- C'est parce que je t'aime.

Je tends ma main vers lui, glissant mes petits doigts d'enfants entre les siens plus dur, plus fort. Je me sens protégée ainsi. Je n'ai pas peur de tomber de mon petit nuage. D'ailleurs, je me demande quel goût il a ce nuage. Quand j'étais petite, j'avais posé la question à ma Maman une fois. Elle m'avait dit que les nuages avaient le même goût que la barbapapa.

Je tends ma deuxième main.
Récoltant un bout de nuage.
Que je porte.
Sur le bout de ma langue.

Il fond doucement, un peu comme un flocon. Ca a bien le goût de la barbapapa. Je souris, ma Maman avait raison. Encore une fois. Parce qu'elle avait toujours raison. Les parents savent tout, pas vrai ? Réaliser qu'elle m'a dit la vérité à propos des nuages me donne l'impression qu'elle est là, tout près. M'enveloppant de façon immatérielle de son doux manteau de chaleur. Maman, Ange... il ne manque plus qu'une personne partie sans me dire au revoir pour que le rêve soit complet. Je regarde autour de moi partout, mais je ne la vois pas. Jouerait-elle à cache-cache avec les nuages ?

- Où est Luka ?

Mais je sais qu'au fond de moi ma question n'a pas de réponse...

Wir ham uns, wir kommen nirgendwo an, wir sid Traümer !

Sans qu'il s'en rende vraiment compte, les petits doigts de Myaw vinrent se mêler aux siens. Sa main était rose, douce, innocence, et légèrement tremblante. Il se demanda une seconde comment il avait fait pour l'abandonner au reste cruel du monde, cette petite main qu'il affectionnait tant, mais ses souvenirs le devancèrent. Quand la lettre de Luka était arrivée entre ses mains, il n'avait pensé à rien d'autre qu'à elle. Qu'à celle qu'il avait perdu. Les autres étaient devenus invisibles pour un temps, il fallait qu'il la récupère, et que tout rentre dans l'ordre. Car sans Luka, tout s'arrêtait, ce n'était plus possible, tout était différent. La rage l'avait enveloppé. Et c'était tout. Il était parti. Maintenant qu'il voyait l'enfant qu'il aimait le plus au monde, ses yeux suppliants, son visage d'ange, il se trouvait désemparé, sans savoir quoi faire.

Parce que je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Ces mots résonèrent mélodieusement aux oreilles d'Ange. Mélodieusement, mais également lui apportant un vent de frayeur. Comment avait-il pu l'abandonner ? Lui en voulait-elle de son petit coeur d'enfant ? Il avait peur. Sa princesse était seule à présent. Et sa plus grande terreur aurait été qu'elle lui en veuille. Il caressa les petits doigts chauds et doux, les observa avec tendresse, puis porta son regard chocolat dans celui, noisette de la petite. Il la regardait avec inquiétude, terreur, amour et tant de choses inexprimables. Ange resta longtemps dans les yeux profonds et innocents de celle qui, actuellement, occuppait son esprit tout entier. Luka l'avait abandonné, il pouvait bien accorder une nuit à une princesse en détresse qui avait besoin de son aide non ? Même s'il était un prince blesssé à l'orgeuil et au coeur.

Avec toute la douceur du monde, Ange s'assit sur le nuage avec Myaw, et la pressa contre son coeur, se torturant l'esprit avec la meilleure manière de répondre à ses questions d'enfant, innocentes et blessantes qui viendraient, il en était sur, lui transpercer la peau et le coeur.
Pour l'instant, la petite était occuppée à gouter un morceau de nuage, qui sembla la ravir. Cette scène arracha un sourire inquiet à l'ange presque déchu qu'il était. Il assit la petite Myaw à cheval sur ses genoux, attendant la quesstion. Qu'elle qu'elle soit, elle serait dure. Elle serait à la mesure de l'enfant qu'il adorait tant et savait exprimer les interrogations profondes des bambins, autant que désarmes les plus vieux. Il avait peur de ses questions, mais savait qu'il devrait s'y plier, être brave, comme il ne l'avait pas été ces derniers temps. Il était demeuré lache et fuyant. Alors il devait redevenir noble et chevaleresque, pour les beaux yeux d'un enfant. Pour son sourire. Ou ses larmes.

Luka. Alors elle ferait partie de la première question. Ange caressa distraitement l'épaule de Myaw, pousant un léger soupir. Il n'attendit pas longtemps avant de se décider à donner à l'enfant sa réponse. Son coeur lui donnerait les mots.
Ses yeux se firent plus graves. Il prit les mains de la petite dans les siens et déclara :

-Luka est avec sa Maman. Luka m'a abandonné pour la retrouver. Et comme je suis un prince, oui, mais surtout un petit garçon encore très jaloux, je suis parti. Pour la retrouver. Car sa Maman, même si c'est une Maman, c'est une sorcière noire. Et si Luka reste avec elle, elle deviendra une méchante sorcière...Et je...Je ne veux pas...

Ange retint les larmes. Elles ne devaient pas venir. Il devait rester un fort chevalier, même s'il s'était montré indigne ces derniers jours. Ces dernières semaines. Ces derniers mois. Il se rapella alors que sa petite princesse avait eu 6 ans quelques semaine auparavant. Il arracha alors un gros bout de nuage, le modela de façon à ce qu'il devienne un gateau aux fraises, chocolat, banane, caramel, nougat, barbe à papa, ananas, pêche, abricot, schtroumpfs et sucre d'orge, et piocha six des plus belles étoiles du ciel qui passaient par là pour en faire des belles bougies bien allumée, puis regarda Myaw avec tendresse, et lui tendant le gateau.

-Joyeux anniversaire princesse, excuse moi du retard.

Il passa une main dans les cheveux de l'enfant, puis la ramena vers le centre du nuage, afin qu'ils puissent partager le gateau tous les deux, et se questionner, se pardonner, se parler. Ange ne pourrait supporter que sa petite protégée lui en veuille. Impossible. Alors il rachèterait sa conduite indigne d'un prince noble et courageux.

Au fond tu sais bien.
Que ce ne sont pas que des mots.
Et que quand je dis que je t'aime.
C'est pour de vrai.

Maman était partie. Mais ça c'était il y a longtemps. Ce n'était pas de sa faute à Maman. Je sais que j'aurais dû garder ça dans ma tête, le noter bien profond dans mon coeur. Que les gens sont pas là pour toujours. Mais quand on a juste 6 ans, on a pas l'esprit assez grand, pour y loger toutes ces choses là. On ne peux que les bercer dans un coin de sa tête et tenter d'oublier. Jusqu'au jour où tout revient nous bousculer. Maman était partie. Mais ça c'était il y a longtemps. Ce n'était pas sa faute à Maman. Mais Luka était partie. Puis Ange était parti. Et ça, je ne comprenais pas. Perchée sur les genoux d'un prince que j'aimais tant, je ne comprenais pas pourquoi il était parti. Laissant sa princesse au donjon. Avec le dragon.

-Luka est avec sa Maman. Luka m'a abandonné pour la retrouver. Et comme je suis un prince, oui, mais surtout un petit garçon encore très jaloux, je suis parti. Pour la retrouver. Car sa Maman, même si c'est une Maman, c'est une sorcière noire. Et si Luka reste avec elle, elle deviendra une méchante sorcière...Et je...Je ne veux pas...

Luka était partie, puis Ange était parti. Moi j'étais la princesse du coeur de Ange, mais Luka c'était sa princesse de tout et pour toujours. Il l'aimait encore plus haut que les montagnes. Plus haut que les nuages. Et plus haut que la Lune. Pourtant c'est haut la Lune. C'est tout au fond de l'Univers, il n'y a pas plus loin. Sauf l'amour. Parce que ça ça peut être encore plus grand. Comme Roméo et Juliette. Ou comme j'aime Maman. L'amour c'est la seule chose au Monde qui puisse dépasser la Lune.

Luka et Ange.
Pourquoi mon coeur a-t-il mal ?
Quand je mélange les noms.
De deux personnes que j'aime tant.

Luka était avec sa Maman et moi je comprenais qu'elle veuille rester avec elle. Moi aussi, si j'avais pu, je serais partie. J'aurais donné les étoiles et le Soleil. Le monde en chocolat. Les océans en sirop d'érable. J'aurais tout fait pour passer cinq minutes avec Maman. Alors moi je comprenais pourquoi Luka était partie. Même si ça avait fait bobo dans le coeur de ceux qui étaient derrière elle. Il ne fallait pas qu'Ange soit triste. Et puis elle reviendrais. Parce qu'elle ne serait pas méchante. Pas possible. En plus dans les contes de fée, les méchants perdent toujours. Elle serait gentille.

- Et si tu la retrouves et qu'elle est heureuse ? Tu sais, une Maman c'est la chose la plus importante au Monde. Plus important qu'un prince ou une princesse. Plus mieux qu'un gâteau au chocolat. Plus doux qu'un bisou sur la joue.

Je regarde Ange fabriqué un gâteau. C'est un gâteau fait de nuages multicolore. Il y a du rouge, du vert, du orange, du rose, du blanc, du bleu, du jaune, du or, du argent, du violet, du coeur, du amour, du mer et du ciel. Il y a tout dans ce gâteau. Et sur le dessus, il y a six étoiles. Six, comme mon âge. Elle brillent les étoiles. Comme si elle cherchait à montrer le chemin à mon coeur qui s'est noyé dans la grenadine. Six petits points de lumière avec cinq branches, deux yeux et un sourire. Ce sont des étoiles vivantes.

-Joyeux anniversaire princesse, excuse moi du retard.

Je souffle les étoiles et cinq d'entre elle s'envolent dans le ciel. Elles vont parcourir le tour de la Terre, visiter les frontières, avant de redescendre sur terre pour tomber dans l'océan et devenir des étoiles de mer. Ces étoiles, ce sont des étoiles filantes, parce qu'elle file, vite, très vite. Mais heureusement elles sont assez lente pour qu'on puisse faire un voeu. Un petit voeu qui se réalisera bientôt. Ou peut-être pas. Il faudra attendre pour voir.

Moi aujourd'hui.
Mon souhait n'est pas d'avoir un cheval à bascule.
Ou un poney rose.
Je veux juste mon Ange et ma Luka.

Une étoile est restée sur le gâteau. Alors, délicatement, je la prends et la glisse dans ma poche. Celle là, je vais la garder avec moi. Comme ça, quand je m'ennuierais d'Ange, j'aurais qu'à la poser contre mon oreille. Et comme c'est une étoile vivante, elle me racontera tous les secrets de la Terre. Même où se cache mon prince. Puis je coupe le gâteau en deux parts exactes. Une pour toi, une pour moi. Pour le prince et la princesse du Royaume Enchanté et Enchanteur. Là où les grenouilles chantent et les étoiles filent. Là où les nuages ont le goût de barbapapa et les rivières en chocolat. Là où les Luka ne partent pas.

- J'espère que t'as fait un voeu.

Luka est partie, puis Ange est parti. Mais ça, j'ai déjà pardonné. Parce que j'ai 6 ans et le coeur assez grande, pour oublier toutes ces choses là...

Le plus douloureux n'étais pas son départ.
C'était de le voir si triste.
Que même les nuages.
En pleuraient...

Je ne me rends jamais compte de l'effet qu'auront mes questions avant de les avoir poser. Parfois les gens rient. D'autrefois ils se fâchent. Et parfois ils tournent la tête et dans leurs yeux brillent des larmes. Je n'arrive pas à mesurer les conséquences de mes mots. Je ne calcule rien, ne sais rien. Tout ce que je fais, c'est demander. Parce que je suis une enfant curieuse. Très curieuse. Moi j'aimerais tout comprendre du Monde, même si souvent on me dit "tu comprendras quand tu seras plus grande". Alors bon, j'attends. Et quand je serais grande, je saurais tout. Alors je n'aurais plus besoin de poser de question et je vivrais dans mon palais avec Ange.

Même que souvent.
Nos enfants viendront nous voir.
Pour nous poser 1001 questions.
Au goût de gélatine.

Mais à présent, c'est moi qui pose les questions. Et ma question elle doit avoir un goût amer, un goût de légume. Pas très bon. Car j'ai l'impression qu'Ange fait la grimace. Que mon prince n'aime pas ma demande. Et le ciel tout entier s'accorde à lui, car voilà que les nuages se mettent à pleuvoir. C'est tellement triste un nuage qui pleure. Même si c'est grâce aux nuages qu'Ange et moi on s'est retrouvé tous les deux dans une grotte, un jour. Mais c'était il y a longtemps, tellement longtemps.... J'avais encore 5 ans.

-Dans ce cas là elle aura envie de me donner ce que je désirerai le plus au monde.

Je me sens un peu perdue face aux mots d'Ange. Je ne comprends pas trop ce qu'il pourrait alors désirer et que Luka pourrait lui donner. Ca doit être un truc pour les plus grands. J'ai six ans, mais pas toutes mes dents. Surtout pas mes dents de sagesse. Je crois que ça ne s'appelle pas "dent de sagesse" pour rien. La preuve, c'est que les grands qui les ont. Mais après certains les arrachent en se plaignant que ça fasse mal. Normal, on arrache pas la sagesse comme ça. Et puis ce sont les dentistes, ils sont méchants. Une fois j'ai dû y aller pour soigner une carrie. Mais ça m'a fait trop mal. En plus à la fin le Monsieur il m'a donné une brosse à dent. Une brosse à dent quoi ! Au moins mon médecin il me donne une sucette. C'est plus meilleur.

I want some candies.
Tant pis pour mes dents.
Si j'ai trop mal.
J'appelerais une fée.

Le ciel noir autour de nous se teinte soudain de rouge. Deux joyaux tombent du ciel et l'un d'entre eux se transforme en cheval. Ses ailes sont si longue que si elles se tendaient bien, elles pourraient toucher la Lune. Et il est d'une beauté telle qu'Ange ouvre les bras pour rétablir la paix avant de me serrer contre son coeur. Son coeur qui fait "Pom-pom-pom". J'aime ce bruit. Il me rassure. Et j'espère qu'il ne cessera jamais. Comme quand j'entends sa voix me dire "oui". Oui il a bien fait son voeu. Quoi comme voeu ? Je ne demanderais même pas, je ne veux pas savoir. Si je savais, alors le voeu ne pourrait pas se réaliser. Il y a des règles à ne pas casser. Des promesses à ne pas briser. Car leurs conséquences pourraient être... terrible.

Dans le Monde des enfants.
Tu peux faire tout ce que tu veux.
Sauf briser les règles essentielles.
Comme raconter ton voeu.

On est conduit par le cheval jusqu'à un bout de glace. Un cheval, des chevaux. Je ne sais pas pourquoi je me rappelle de cette règle qu'aujourd'hui. Tout ce que je sais, c'est que quand j'étais petite, je disais tout le temps de chevals. Je sais maintenant que j'avais faux. Mais dans le Monde des rêves, dire "chevals" ou "chevaux", ça n'a pas d'importance. Les mots ici sont... différent j'ai l'impression. Peut-être que ce n'est qu'une impression. Mais ce qui est sûr en tout cas, c'est que le Monde des rêves est merveilleux.

Le Monde des rêves.
Là où nait notre imagination.
Là où on imagine le pire.
Comme le meilleur.

On arrive alors sur une banquise ou se trouve des pingouins dans leur costume sans cravate. Commence alors une mythique bataille de boule de purée rose, d chose à paillettes et de sucre glace. Ange et moi nous sommes les héros, c'est forcément nous qui allons gagner. Mais je n'ai pas envie d'écraser les pauvres pingouins. Alors je lève le bras pour faire arrêter la bagarre.

- La guerre c'est mal. Faisons la paix.

La pingouins nous sourient alors et agitent leur pattes pour nous dire au revoir. Puis il se téléportent, car tout le monde sait que les pingouins se téléportent et ne volent pas. Et moi, de mon côté, je prends la main d'Ange afin de l'amener au bord de l'Océan, puis je retiens ma respiration avant de sauter dans l'eau. Sans lâcher la main d'Ange.

Plouf.
Nous voilà tombés.
Dans l'eau.
Glacée.

Dansl'eau, des dauphins nous attendent. Si on s'accroche à leurs ailerons, ils nous emmèneront à l'autre bout du Monde. Comme je le sais ? Et bien... je le sais, c'est tout. C'est un rêve alors voilà. D'ailleurs dans les rêves on peut respirer et parler sous l'eau. C'est magique, non ? D'ailleurs, je vais tester la parole sous-marine dès maintenant. Parce que quand on sera accrochés au dauphins, ça sera plus dur de parler. Logique. Ils vont trop vites.

- Dis Ange... Tu ne me laisseras pas, hein ? Tu ne mourras pas comme ma Maman ?

Parce que si tout le Monde veut mourir, autant alors, me laisser mourir avec eux...

Tu sais sans toi.
Le monde devient plus fade.
Il perd ses couleurs.
D'antan.

Je m'accroche aux lèvres d'Ange, de peur de tomber loin de lui, de peur que le rêve se brise et me laisse toute seule, échouée sur les rochers. Je lui ai posé une question, la question qui me hante depuis longtemps. La question que j'ai envie de poser à tout le monde avant de créer des liens avec eux. Car moi, je n'ai plus envie de voir mourir personne. Et surtout pas Ange avec qui je veux me marier et avoir autant d'enfant que j'ai de doigts de pied. Dix.

-Je te promets, Myaw. Je ne mourrai pas. Tu imagines ? Quand je rejoindrai ta maman elle serait fachée contre moi de t'avoir laissée.

Ange a promis et Ange ne ment pas. Pas à moi parce que je suis une princesse, sa princesse. Et lui mon prince. Est-ce qu'un prince a déjà mentit à une princesse dans un conte de fée ? Non, jamais. Ca c'est le rôle de la sorcière, de la vilaine sorcière qui a enlevé Luka. Mais on la libérera, on se mariera et on aura beaucoup d'enfant. Parce que de toute façon, les contes de fée commencent tous de la même façon. Par "il était une fois".

Et ils finissent tous pareils.
A vivre heureux.
Avec beaucoup d'enfants.
Pour très longtemps.

Les dauphins nous ont conduits jusque dans un repère secret avec pleins de couleurs, de poissons, d'endroit pour jouer. Des milliers de bulles multicolores ont éclaté à mon visage et mon prince me fait tournoyer dans l'eau aussi légère que l'air. Je me rends bien compte qu'on vit nos derniers instant ensemble, que le rêve va bientôt se clore et qu'on sera séparé, réveillé chacun de notre côté. Alors je m'accroche à mon prince très fort, pose ma petite tête contre son torse si grand pour moi et respire bien fort son parfum.

- Ange, tu sais, je crois que mademoiselle Artissa c'est la n'amoureuse de Takeji. Et toi t'es mon n'amoureux à moi, pas vrai ?

Je pose un bisou sur la joue de mon n'amoureux à moi avant de fermer les yeux. Je suis un petit peu fatiguée maintenant...