De retour dans son pays natal, bonne ou mauvaise nouvelle?

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 De retour dans son pays natal, bonne ou mauvaise nouvelle?

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Admin | Don't waste my precious time
EMPLOIS/LOISIRS : Solitaire en quête de raison
LOCALISATION : Japon
CITATION DU PERSONNAGE : La vie est un conte, l'amour est une vie

MESSAGES : 2984
DATE D'INSCRIPTION : 04/05/2010

Niveau du personnage
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Niveau: 8 - Reconnu
Ren Takahata
Ren Takahata
Admin | Don't waste my precious time
MessageSujet: De retour dans son pays natal, bonne ou mauvaise nouvelle?   De retour dans son pays natal, bonne ou mauvaise nouvelle? EmptyJeu 10 Nov 2011 - 21:04

Alors d'accord,
que rien ne gâche ta vie.


Une journée presque lumineuse. Cette matinée s'annonçait pourtant aussi belle que toutes les autres. Froide, mais tranquille. J'avais déjà prévu toute ma journée. Le matin, mes cours commenceraient puis je passerai mon après-midi à la maison, tranquillement posé sur mon canapé, patientant tandis que Miyaki se préparera pour sortir. Puis, nous passerons un peu de temps ensemble. Enfin, je terminerai ma journée par corriger quelques copies. Et la nuit parviendra. C'est si joliment dit. Et c'est toujours lorsque le programme est bien construit qu'il faut qu'un élément déclencheur vienne faire irruption dans ce petit Eden créé par la conscience.

Ce matin encore, je me réveillais avec un furieux mal de tête. Mais ce n'est pas encore l'élément déclencheur demandé. Passons. Ce mal de tête m'empêcha de profiter de mes dernières minutes de sommeil. Minutes qui auraient pu m'être précieuses pour l'avancement de la journée. Un verre de café s'imposa alors, aussi clair que de l'eau de roche. Je me préparai avec lenteur, mais soignant tous mes gestes. Le désordre n'avait pas sa place, et je tâchais de limiter mes déplacements au maximum. Un doliprane plus tard, je suis sorti de ma maison, prêt à me diriger vers la voiture. Miyaki en avait profité pour s'être levée et ne manqua pas un de mes baisers d'au revoir. Après tout, je n'en avais que pour quelques heures. Puis, nous serons à nouveau ensemble. Ce que je pensais. La journée allait s'avérer bien plus longue que je ne le pensais.

Mon arrivée à l'orphelinat, ma rencontre matinale avec Takeji, les cours qui commencent paisiblement, tout allait bien. Comme à mon habitude, je gardais mon téléphone allumé dans la poche gauche arrière de mon jean, en mode silencieux. Étrangement, durant le cours de métamorphose dédié aux adolescents, quelqu'un s'amusa à m'appeler. Je n'y prêtais guère attention au début, mais lorsque le vibreur commença à s'affoler, je ne pus m'empêcher de jeter un regard furtif, néanmoins commenté par les élèves. L'appel venait de mon père. Devrais-je sans doute parler des appels. Sept, pour être exact. Ni plus, ni moins. Cependant, le cours m'empêchait de pouvoir faire quoique ce soit. Ce fut donc durant les vingt dernière minutes que je dus me concentrer avec attention pour éviter de me mélanger les pinceaux. Heureusement, il s'agissait là d'un cours théorique, et je n'avais pas grande difficulté à montrer les erreurs des élèves. Fin du cours, la sonnerie retentit. Les élèves s'éloignent rapidement, délaissant la classe. Je remarque alors que mon père m'a laissé un message. Je fronce les sourcils d'un air inquiet. Ce n'est pas dans son habitude de m'assaillir de cette manière. Mes doigts pianotent avec agilité sur les touches du téléphone, puis me connectent à ma messagerie vocale. Le message est en japonais.

« Ren, tu dois immédiatement rentrer au Japon. Ta mère est aux urgences, elle a eu un accident de voiture. Un camion l'a éjecté de la voie routière. Les médecins ignorent si elle a des chances de s'en sortir. »

En écoutant ce message, mes yeux s'ouvrent avec horreur. « Il n'est pas sérieux ». Voilà la première chose qui me passa par la tête. Mon doigt nota la réécoute. Le message paru une seconde fois. La voix de mon père était courte, palpitante, il semblait essoufflé et visiblement effrayé. Je doute de la mise en scène. Il n'est pas de ce genre. Je manque de tomber à la renverse, chamboulé par les événements. Mon bureau me soutient, et je prends appui sur ce dernier. Il me faut bien trois bonnes minutes pour reprendre mon souffle. Forcément, ce n'est pas possible. Inconcevable. Et les cours qui reprennent d'ici cinq minutes. Je dois me dépêcher. Mes mains blanchissent au contact du bois du bureau. Je serre si fort ce matériau qu'il décide de m'enfoncer une écharde dans la main. Il faut que j'aille voir la directrice. Tout de suite.

Je passe par les classes de Takeji, croisent certains élèves de mon futur cours qui n'aura probablement pas lieu et file dans le bureau de la directrice. J'ai conscience de demander beaucoup de congés en ce moment pour pouvoir surveiller la grossesse de ma copine, mais aujourd'hui est un jour spécial. J'entre après avoir frappé quelques secondes, persuadé de trouver la vieille femme penchée sur son bureau. Me voyant parvenir le visage effrayé, la discussion tourne rapidement en ma faveur. Effrayé, oui je le suis. La mort de ma mère ne signifie pas seulement la mort d'un membre de ma famille, il signifie aussi l'avenir de la grande entreprise de cosmétiques. La fin de ma petite vie tranquille. Je ne veux pas que cela s'arrête. J'ai encore trop de choses à accomplir ici. Alors, oui, j'ai peur. C'est sans doute la plus grande peur de ma vie qui, je l'espère, sera la dernière.

Je croise de nouveau quelques élèves dans les couloirs, leur annonçant que je n'assurerai pas mes cours aujourd'hui pour cause familiale. Je descend aussitôt de l'orphelinat, démarre la voiture en trombe, manquant de caler, puis fonce droit vers la maison. Je dois au moins annoncer l'affreuse nouvelle à Miyaki, qu'elle ne s'imagine rien en ne me voyant pas revenir. Malheureusement, je n'ai pas la chance de tomber sur elle le jour J car elle dort. Sans attendre, je rédige une brève excuse, expliquant l'état de ma mère. J'ai beau ne pas accorder beaucoup d'importance à cette mère, elle reste tout de même un membre de la famille et je suis par-là même touché par son accident. J ne ressens pas de la pitié, juste une profonde tristesse et un stress sans faille. Le Japon et l'Ecosse ne sont pas deux pays proches, et j'en aurai pour de nombreuses heures avant d'arriver à destination. Probablement douze pour être exact. Ce qui me fait arriver à Kyoto aux environs de neuf heures du matin. Je vais être mort de fatigue. Autant dormir dans l'avion. En plein après midi... je déteste les changements d'heures.

Le premier avion à destination de Kyoto part de Glasgow à midi. Pour moi, ça rallonge un peu le trajet, mais pas de grand chose. Et puis, l'aéroport de Glasgow est un aéroport international, je pourrais donc aller plus loin. C'est une fois dans l'avion, envolé depuis quelques minutes qu'un gêne s'installe progressivement en moi. Mêlé à un doute insupportable. Mon attention se concentre sur ma mère avant tout, mais je songe aussi à Miyaki qui se réveillera, patientant sans voir le mot. Je soupire et en profite pour me reposer. Je n'ai pas cherché à trouver des places en première classe, trop pressé de partir pour pouvoir revenir. Ça me stresse de laisser ma copine en Ecosse, tandis que je n'y suis pas. Difficile de dormir lorsqu'on pense à plein de choses.

L'arrivée à Kyoto se fait aux environs de neuf heures trente du matin. Lorsque je sors de ce dernier, il fait si froid qu'une écharpe n'est pas de trop. Je demande à un taxi de m'emmener directement à l'hôpital. Je n'ai pris aucun bagage particulier, si ce n'est un sac avec le matériel de survie. Dont je ne détaillerai pas le contenu. Lorsque je pose mes pieds devant l'hôpital, une véritable bouffée d'angoisse me submerge. Je paye le chauffeur qui s'éloigne, me laissant face à ce bâtiment trop blanc pour moi. Il est bientôt onze heures. Un bref appel à mon père m'indique la chambre et l'étage où se situe ma mère. Il n'en faut pas plus pour m'effrayer. Je prends l'ascenseur et parvient devant la fameuse chambre. Je soupire puis toque et entre. Trois personnes m'apparaissent. J'en connais deux. Mon père et le sous directeur de l'entreprise. Le troisième m'est inconnu. Mon père s'approche pour me prendre dans ses bras. Je me laisse faire, sans broncher. D'une voix enrouée, presque faible, je demande :

-Comment va maman ?
-Les médecins l'ont plongés dans le coma, mais ils ignorent pour combien de temps.
-Cela dépendra de sa force mentale.
Termine le sous-directeur.

Je salue chaque membre présent, dont le dernier s'avère être un des parents proche de ma mère, puis m'assoie sur une chaise près du lit d'hôpital. La respiration de ma mère est tranquille et régulière, mais un masque apposé sur son nez m'empêche de voir ma quasi totalité de son visage. Elle paraît tellement apaisée qu'on croirait la voir en train de dormir. Je ne prononce aucun mot, aucune parole. Seul le silence me permet de m'exprimer. Mentalement. Si j'avais eu le don de parler à cette mère, je l'aurai fait pour la forcer à se battre pour survivre. Jusqu'au bout. Ma mère redevenait la femme d'avant mes dix huit ans. Une femme que j'admirai avant tout, toujours combative. Un soupir puis une parole.

-Tu penses qu'elle va... s'en sortir ?

Ma voix flancha vers la fin. Une main devant la bouche, mon cerveau refusa d'en entendre davantage, même en réponse à la question posée. Une main se posa sur mon dos, le frottant légèrement. Non. Non. Hors de question. Je ne peux pas. Elle ne peut pas me faire ça. Me recroquevillant légèrement, je respire avec difficulté. Je sais que ce n'est pas une crise d'anxiété. Et cela est vérifié lorsque mon père me chuchote doucement à l'oreille :

-Laisse-toi aller, Ren.

D'un seul coup, comme si un coup m'avait frappé en plein cœur, je me mis à pleurer. Purement et simplement. Sans une hésitation. Un coup si brusque qu'il ne me laissa pas le temps de réagir. Plus rien n'avait d'importance que la vie de ma mère. Je pleurais encore un bon moment, et jusqu'à ce que je me sois calmé, il n'y eut aucun autre bruit que ma respiration haletante. Je ne voulais aucun soutien, et pourtant le bras de mon père dans mon dos suffit à me calmer. Je suis désolé. Je ne peux pas rester ici. C'est trop pour moi. Mes pensées répétées en parole, je sors de la pièce.

Adossé contre le mur, je sèche comme je peux les larmes autour de mes yeux rougis. Je suis heureux que personne n'ait pu me voir ainsi. Personne que je ne connaisse de l'orphelinat. Pas même Miyaki. Il ne faut pas qu'elle sache ce qu'il s'est passé, ni la dose de pleurs qui s'est ensuivi. Jamais je n'ai pleuré ainsi. Comme une madeleine. Mon père sort à son tour de la pièce. Nous discutons un instant ensemble, lui tâchant de me calmer et moi ne supportant pas de parler. Je suis totalement ébranlé. Certainement plus que je n'aurai pu le croire. Je lui demande si je peux rester quelques jours au Japon afin de voir comment la situation évolue. Je pense aller chez ma grand-mère. Elle ne sera pas contre une visite de son petit-fils préféré. Puis, je reviendrais en Écosse. Une fois que cela sera arrangé bien sûr. Mon regard dérive un instant vers le long couloir blanc de l'hôpital. Il va falloir que j'explique tout à Miyaki et à Mystery pour pouvoir gagner quelques jours de plus ici. Je ne peux pas revenir maintenant...

Les téléphones portables sont interdits dans l'enceinte des hôpitaux, et je profite de cette excuse pour sortir me rafraîchir un peu. Mes doigts composent le numéro de Miyaki, puis s'arrêtent quelques secondes plus tard. Il doit être minuit en Écosse. Mauvaise idée, j’appellerai demain.

Trois jours plus tard, je me décide à reprendre le chemin de l'Angleterre. Je ne peux pas abandonner mon travail aux dépens de ma mère. C'est donc terriblement déprimé que je regagne mon pays. J'ignore si ma mère va s'en sortir... un jour.

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