La tête dans le vague et sans aucun but précis, Clothilde erre dans Little Angleton. Mais comment sa journée a-t-elle débutée ? Revenons quelques heures plus tôt, afin d'en savoir un peu plus...

La mine aussi agréable que les cernes qui trônent sous ces yeux, la demoiselle se réveille avec la grâce d'un ourse mal léché. Bien que sa nuit fut très courte, en raison de sa peur de dormir dû à ses rêves plus qu'étranges sur un passé qu'elle ne connait pas.

Tout aussi lentement que précédemment, Clothilde émerge de son lit et se fait un brin de toilette dans la salle de bain, histoire de ressembler à quelque chose au lieu d'une boule de poil à la pâleur cadavérique.

À peine quelques minutes plus tard, elle en ressort flambante neuve et à la recherche de sa tenue du jour, comme à l'accoutumé. D'un air rêveur et pour ainsi dire hautain, elle attrapa son pull préféré c'est à dire, un en maille épaisse aux manches un rien chauve-souris. Après l'avoir enfilé, elle revêt son slim argenté Zadig & Voltaire puis une paire de repetto pailletées noires.

Après s'être admirée et avoir constatée une fois une de plus sa minceur frôlant la maigreur avec un petit sourire, Clothilde les mains dans les poches, soi d'une allure plus que nonchalante se rend à la Place de Little Angleton.

Nous revoici à tout à l'heure. La tête dans le vague et sans aucun but précis, Clothilde erre dans Little Angleton. Les quelques passants lui redonne de l'espoir et aussi comble son besoin de voir du pays.

Au loin, quelqu'un ressort des badauds, qui lui semble étrangement reconnaissable. Comme si elle le connait depuis des années, aussitôt, ses jambes se mouvent jusqu'à lui sans qu'elle ne le veuille, et sa parole s'amorce, bien moins assurée qu'à l'ordinaire, et quoiqu'un peu bégaillante,

«Je... je... Vous... Je vous connais ?»

-" Je ne pense pas non. C'est peu probable.. "

Ce n'est sans doute pas à quoi elle s'attendait, mais il faut bien s'avouer que c'est peu imaginable que cette demoiselle s'écrit qu'en effet elles possèdent un lien de parenté. Cette pensée a l'effet d'une claque dans le cerveau de Clothilde qui se rend compte à quel point elle a été idiote.

Une petite voix intérieure lui propose de s'excuser. Mais cela ne semble pas lui convenir à cause de sa fierté mal placée qui l'empêche de se montrer navrée si cela la concerne. Certes, ce serait se monter mal polie et ceci entacherait son éducation de parfaite bourgeoise.

Cette résolution fait mouche, et pour faire bonne mesure Clothilde gratifie son interlocutrice d'un sourire doux, puis passe une main dans ses cheveux, comme à l'accoutumée.

«Je suis navrée, mais depuis, je me laisse submergée de par mes souvenirs, et je crois revoir partout des connaissances.»

Sa déclaration, bien que réelle, sonne étrangement aux oreilles de l'orpheline, comme s'il y manque un détail, un point. Au moment où elle allait ajouter un morceau de phrase, ses sourcils se fronçant et son esprit réservé lui fait halte.

Ce n'est pas dans ses habitudes de dévoiler son train de vie et ses moindres soucis à une inconnue, et encore moins son passé brumeux dont elle de presque aucun souvenirs.

Dans un sens, ce serait se délivrer d'un fardeau, raisonne un murmure à son oreille qui l'a laisse déconcerté. Décidément elle est le parfait cliché d'une personne qui pèse le pour et le contre tout en ayant les hallucinations !

Soudainement, après avoir observer avec minutie cette jeune femme, Clothilde doit bien avouer que son don de mime et d'empathe serait approprié pour en savoir un peu plus sur cette énergumène.

Son intuition la pousse à croire qu'elle a elle aussi, subi un traumatisme durant son enfance. Cette pensée lui fait esquisser un sourire, non de bonheur mais à cheval entre la compassion et la tristesse.

Cette phrase sortie de sa bouche comme une flèche d'un carquois : une fois lancée, impossible de l'en arrêté, et si Clothilde aurait pu retourné quelques secondes auparavant pour éviter de commettre cette bourde, elle l'aurait fait sans aucun problème.

«Vous aussi vous avez subi un traumatisme durant votre enfance ?»

Sur un ton moins hautain, la demoiselle continue bien obligée,

«Je suis mime, c'est malgré moi que je l'ai "deviné"»