Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]

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 Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]

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MessageSujet: Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]   Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence] EmptySam 21 Avr 2012 - 16:50

Hawaï, Bombay...

Qu'est-ce que je fous ici ? On crève de chaud. Y a des voitures, des éléphants, des vaches blanches et des saris partout. Mais c'est joli. C'est très joli. Je suis en formation pour rentrer dans la police magique depuis plus d'un mois, et on m'envoie en mission supervisée afin de localiser une jeune femme ayant provoqué de nombreux accidents, notamment en Russie. Aucune information ne pouvait dire si cela avait été volontaire, ou si la personne recherchée était totalement dépassée par ses pouvoirs. Il fallait la retrouver, et la mettre hors d'était de nuire. Ensuite Orpheo pourrait l'aider ou bien la mettre sous les verrous si c'était une criminelle. Mon rôle, en tant que stagiaire, est uniquement de la localiser.

Je suis habillé d'un t-shirt et d'un pantalon blancs tout les deux. J'ai vraiment trop chaud. Et puis Hayley me manque. Je suis ici depuis bien une semaine. A peine remis du décalage horaire. Et je ne chôme pas. On n'a su me donner qu'une vague description. Type caucasien, cheveux blondes, la vingtaine tout au plus. Merci bien les enfants, je suis super avancé. Bon vous me direz, en Inde, c'est plutôt repérable. Sauf si elle se cache parmis un groupe de touristes. Est-ce qu'elle sait qu'elle est recherchée ? Elle doit s'en douter au moins. Je sais depuis tout petit qu'on ne fait pas usage massif de magie sans s'attirer les foudres d'Orpheo. Normal. Sincèrement, je connais beaucoup d'innocents, et je sais qu'ils seraient vraiment terrifiés s'ils connaissaient l'usage de la magie. C'est pourquoi je suis pour le Secret.
Mais ce n'est pas le sujet. Je vais vous avouer que j'ai super envie de monter à dos d'éléphant. Je suppose que la vue doit être géniale d'en haut. Mais bon, comme je ne suis pas censé faire du tourisme, on repassera. Par contre, vraiment, un petit rafraichissemment de ne ferait pas de mal.

J'avance un peu plus dans la grande avenue, et paie quelques roupies à un marchand ambulant une cannette d'un genre d'orangina. J'en avale plusieurs grandes lampées, et tout à coup, j'ai une révélation. Oui, une vraie de vraie. Je viens de croiser deux yeux bleus. Et une mèche de cheveux blonds qui dépasse d'un voile de sari brun et doré. Soit j'ai trop de chance, soit je suis un abruti. Soit les deux. Ma cannette à la main, je traverse la rue en courant, mes sandales claquent sur le sol, je lance ma télékinésie devant moi, d'un trait, la sacoche de la silhouette tombe, je la ramasse, une foulée, je tape sur son épaule :


-Excusez moi mademoiselle, mais vous avez fait tomber votre sacoche !

Si c'est elle, c'était vraiment nul comme technique d'approche. Si c'est pas elle, c'est franchement nul aussi. Je lui tends sa sacoche comme un abruti, la reardant intensément dans les yeux. Non je ne me trahis pas. Je suis un boulet. Et puis d'abord, je fais ce que je veux. Je suis un gentil. Un gentil policier. Et puis je lui veux pas de mal dans le fond. Si c'est pas elle je l'inviterais à manger un morceau pour me faire pardonner.

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MessageSujet: Re: Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]   Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence] EmptyMer 2 Mai 2012 - 22:45

- On est à Bombay bien sûr !

Le vieil homme regardait Ambre avec des yeux ronds. Merde. Elle commençait déjà à se faire remarquer... Elle venait de se faire réveiller, secouée avec douceur par cet homme, assise à la terrasse d'un café, au bord d'une avenue assez fréquentée. Elle n'était pas surprise, non ! Quand on avait un don pareil, il fallait s'attendre à se retrouver n'importe où n'importe quand. La veille encore, elle était en Corée du Nord, poursuivie par une troupe de militaires complètement timbrés. Elle avait fini par trouver une petite grotte cachée par des broussailles, où elle s'était réfugiée, et où elle avait fini par s'endormir. Enfin, quand elle disait la veille... ce n'était pas si sûr...

- Merci ! Et euh... quel jour sommes-nous déjà ?
- Le 1er mai 2012, répondit le vieil indien, l'air de plus en plus étonné. Et... il est 14h23, pour être précis continua-t-il d'un air hésitant.

Ouf ! C'était le bon jour ! Les sauts dans le temps étaient toujours un peu contraignants... Ambre le remercia puis se leva et s'avança dans la rue. Elle vit au passage son reflet dans la vitrine d'un magasin d'électronique. Oui, avec les haillons qu'elle portait, pas étonnant que les gens la regardent bizarrement. Il fallait qu'elle se trouve de nouveaux vêtements. Elle fouilla dans les poches de sa veste. Pas grand chose. Quelques plantes séchées enveloppées dans des bouts de tissus, un briquet à silex, une gourde en peau, vide, un gros poignard solide, une chaîne et quelques aiguilles à lancer toujours utiles... Sa main effleura une surface douce et tiède... de la fourrure. L'hermine blessée qu'elle avait recueilli et soignée en Russie l'avait donc suivie jusque là. Il faudrait qu'elle attendre de remonter au Nord pour la relâcher, ici elle de survivrait pas.
Enfin, elle sortit de sa poche un bel insigne en or qu'elle avait dérobé à un soldat nord-coréen. Ça devait pouvoir se revendre, et puis de toute façon il fallait qu'elle s'en débarrasse, si jamais on la trouvait avec un objet pareil en sa possession, elle risquait de se retrouver dans une salle de torture sans avoir le temps de s'expliquer. Elle chercha rapidement du regard quelqu'un qui soit susceptible de lui racheter sans poser trop de questions, et finit par trouver un marchand ambulant qui se dirigeait vers elle. Parfait. Le genre d'escroc prêt à toutes les arnaques, capable d'écouler rapidement cette marchandise compromettante. Elle l'aborda, négocia rapidement avec lui en hindi, lui expliqua - avec le couteau bien en évidence - que si jamais il disait qui le lui avait vendu elle le tuerait de ses propres mains, et repartit avec une somme raisonnable, c'est-à-dire un petit tiers de la valeur véritable de l'objet.
Elle entra immédiatement dans une petite boutique de vêtements traditionnels, et ressortit quelques instants plus tard enveloppée dans un sari brun et or, portant une sacoche en bandoulière où elle avait mis ses vieux habits et tous ses objets, parmi lesquels l'hermine dormait paisiblement. Elle observa une nouvelle fois son reflet dans la vitrine de la boutique. C'était beaucoup mieux. Elle ne ressemblait pas encore à une véritable indienne, mais c'était déjà ça. La couleur des yeux, elle n'y pouvait rien, et pour se teindre les cheveux, elle verrait plus tard.
Bien. Maintenant il fallait qu'elle trouve un endroit pour dormir. Elle regarda des deux côtés de la rue, et finit par apercevoir l'enseigne d'un petit hôtel, manifestement assez bon marché. Elle se dirigea dans cette direction en marchant d'un bon pas. Elle passa devant le marchand ambulant, occupé à vendre elle ne savait quoi à un groupe de touristes, de l'autre côté de la rue. Elle fit encore quelques mètres...
Sa sacoche se décrocha et tomba par terre. Presque aussitôt, elle sentit une main lui tapoter l'épaule.

-Excusez moi mademoiselle, mais vous avez fait tomber votre sacoche !

Elle se retourna. Un jeune homme brun et frisé à la peau claire, habillé tout en blanc, le regardait en souriant. Ambre le dévisagea, cherchant instinctivement les points faibles sur le corps de l'étranger : yeux, mâchoire, gorge, carotide, cage thoracique, parties intimes, genoux...
Ambre avait un très mauvais pressentiment. Cet homme était magique, elle en était certaine car il dégageait cette aura si particulière... Et de toute façon sa sacoche n'était certainement pas tombé toute seule. Un télékinésiste peut-être... Il ne l'avait certainement pas abordé par hasard. Il devait savoir qu'elle aussi était magique, ou du moins s'en douter.
Elle choisit de réagir comme une personne normale. Il valait mieux être prudente...

Oh ! Merci beaucoup, j'avais pas vu qu'elle était tombée !

Elle prit la sacoche des mains du jeune homme, le remercia une dernière fois, se retourna et reprit son chemin, prête à réagir, tous ses sens en alerte...
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MessageSujet: Re: Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]   Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence] EmptyVen 29 Juin 2012 - 22:48

Vous savez, je ne crois pas qu'il y ait de bonnes ou de mauvaises situations...


Visiblement, la jeune femme n'a pas l'air de vouloir s'attarder avec moi. Pourquoi ? Je suis mignon pourtant ? Peut-être qu'elle se méfie de quelque chose. Maligne ! J'adore ses grands yeux bleus et son air plus ou moins effarouché, sauvage, qui viens de loin. Elle a un quelque chose de mes sœurs, je ne saurais pas dire quoi. Peut-être qu'elles me manquent juste, tout simplement. Peut-être que je suis un gros connard d'être parti, mais laissons ça de côté s'il vous plait. Pour l'instant, je conserve ma bonne humeur habituelle, l'angoisse de perdre la cible en plus, bien entendu. Allez, je suis avenant, je suis gentil (oui, oui très zentil), je suis tout à fait capable de la retenir encore un peu avec moi. En fait j'ai beaucoup, beaucoup de mal à me dire qu'elle est très dangereuse et que je dois la faire rapatrier pour un interrogatoire. J'ai plus tendance à me dire que c'est une fille avec qui je dois sympathiser pour faire copain-copine. Je suis étrange. Mais ça peut marcher !! C'est pour quoi je lui adresse un sourire radieux (naturel, chez moi, je ne sais pas faire un petit sourire, sauf quand je suis contrarié) et étant donné que je suis plutôt mauvais acteur, c'est franc. Et je réponds :



-Derien ! Dites-moi, vous parlez hindi ? Parce que moi pas du tout, et je suis un peu paumé ici...



Je ne sais pas ce que ça laisse sous entendre, mais dans tous les cas, ça la fera rester un petit peu plus en ma compagnie. J'adore ses yeux. J'espère que l'enfant (ou les !) que j'aurais avec Hayley en aura des comme ça. Ce qui est possible vu qu'Hayley les a verts. Enfin je crois. Ecoutez, la génétique, ça remonte à loin dans mon cerveau. Et je crois que le sujet n'est pas là. Disons que si je pouvais inviter l'inconnue à boire un thé glacé dans un petit bar au frais et faire plus ample connaissance avec elle, ce serait cool. Ma mission prendrait déjà une tournure positive. Pas que je doute de mes capacités et que j'aie tendance à être un boulet, mais un peu quand même. Une fois localisée durablement, de plus doués que moi pourront s'en charger. Mais j'ai dans l'idée que si je lui avance l'idée d'un entretien avec Orpheo de manière diplomatique avant, ce sera plus cool pour elle, et gratifiant pour moi dans le rapport de mission. Parce que je ne fais pas ça uniquement pour moi, mais aussi parce que j'aime les choses bien faites et que tout le monde soit content. Mais ce n'est pas toujours possible.

Sinon à part ça j'ai aussi conscience d'être en plein milieu d'une rue indienne bondée, étouffante de châleur et de cris en face d'une jeune femme qu'il ne faut surtout pas laisser filer. Oui je sais, on a quand même l'impression que je fais du tourisme et que je tiens juste à me faire des amis de vacances. Mais en vrai je bosse, en vrai. Cette pensée m'arrache un nouveau sourire en direction de l'inconnue.

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Ambre Esyll
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MessageSujet: Re: Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]   Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence] EmptyVen 12 Oct 2012 - 21:22


-De rien ! Dites-moi, vous parlez hindi ? Parce que moi pas du tout, et je suis un peu paumé ici...

Ambre se retourna lentement, et dévisagea le jeune homme, qui souriait innocemment. Un très beau sourire. Elle aimait voir les gens sourire comme ça. Sauf que si franc que soit ce sourire, quelque chose n'allait pas. D'abord, il était magique, ça elle en était sûre. D'un autre côté il ne paraissait pas très dangereux... du moins certainement pas plus qu'elle... mais il ne faillait jamais se fier aux apparence, d'autant plus qu'il n'était pas forcément tout seul, alors méfiance... Et il avait quelque chose derrière la tête, c'était une évidence. Mais quoi ? Ambre réfléchit à toute vitesse. Il fallait qu'elle sache. Ce n'était peut-être qu'un très mauvais dragueur, mais elle n'y croyait pas. Elle devait en apprendre plus...
Ambre lui rendit un sourire tout aussi éclatant.

« Oui, je me débrouille pas trop mal en hindi ! Si tu veux je peux t'aider. On va boire un verre ? Je connais un bon endroit pas très loin... »

Puis sans attendre de réponse, elle lui prit la main et l'entraîna dans un taxi qu'elle héla au passage. Assise avec le jeune homme sur la banquette arrière, elle adressa quelques mots en hindi au chauffeur, qui acquiesça et se mit en route. Le trajet à travers les petites rues de Mumbay dura à peine quelques minutes, pendant lesquelles peu de paroles furent échangées. Le jeune homme était encore choqué d'avoir été embarqué sans ménagement. Bien sûr, Ambre ne connaissait aucun endroit où aller, elle avait seulement dit au chauffeur de les emmener dans un restaurant local, et de tourner le plus souvent possible. Ainsi, s'il avait été accompagné, il ne l'était plus désormais...
Ils s'arrêtèrent donc devant une petite cantine traditionnelle, le long d'une rue peu fréquentée. Ambre offrit au chauffeur les derniers roupies qu'il lui restait, et entraîna son compagnon à l'intérieur de l'échoppe, où ils s'assirent à une table, sous le regard un peu surpris des autres personnes présentes, peu habituées à voir des étrangers dans cette partie de la ville. Un serveur arriva. Ambre le salua avec familiarité, comme si elle le connaissait depuis longtemps... il fallait bien conserver les apparences. L'indien rigola devant ce qu'il prenait sûrement pour une maladresse de langage, et elle lui commanda deux bols de riz et une carafe d'eau.

« C'est mon ami qui paye ! » ajouta-t-elle en Anglais avec un grand sourire. »

Le serveur sembla comprendre ce qu'elle manigançait et lui rendit son sourire d'un air entendu avant de s'en aller donner la commande. Ambre se retourna vers le jeune homme, en ayant l'air le plus naturel possible.

« Tu verras c'est excellent ici. Au fait, moi c'est Ambre. Ambre Esyll - elle ne voyait pas de raison de lui mentir sur son nom. Et toi, tu t'appelles comment ? Et qu'est-ce que tu fais ici ? Du... tourisme ? »

Maintenant, elle ne pensait plus qu'il représentait un danger. En effet, quoi qu'il ait eu derrière la tête, à présent il paraissait aussi paumé qu'il l'avait dit...
Ambre se détendit, et laissa son regard aller à sa guise, vers les gens, assis à leur table, vers la fenêtre donnant sur la ruelle déserte, vers le visage du jeune homme assis en face d'elle...
L'Inde était un pays si étrange ! Même en pleine capitale, les habitants était extrêmement attachés à leur culture. Elle se souvint d'un livre que son père lui avait fait lire, qui racontait l'histoire de l'Inde : la colonisation par les Anglais, puis l'indépendance, avec les grandes marches historiques... mais l'occident était revenu corrompre cette société si belle. Elle le voyait dans les grandes avenues, les larges enseignes au néon, les tours immenses qui s'élevaient dans le centre de Bombay, la pollution engendrée par les transports, les industries en plein essor...

Tu seras l'Ambre de la Nature...

Oui, tout le reste n'avait aucune importance. Elle passait trop de temps à simplement vouloir survivre, à marcher dans la forêt, simplement pour rester en mouvement, à fuir les militaires et les autorités, à s'alarmer devant chaque personne magique qu'elle croisait... Mais elle ne devait pas perdre de vue son objectif. Ils construisaient des tours, des usines ? Alors à elle de les détruire, de leur faire comprendre que la beauté ne se trouve pas dans le béton, la fumée noire, ni dans le visage gonflé d'orgueil des grands gourous de l'argent, mais dans les arbres, les rivières, dans le sourire simple mais si éclatant des indiens... Et dans le mouvement simple et régulier du rouet qui tourne sans fin...

Gandhi l'avait compris, lui...

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Could you believe the same old story, yeah, it never bores me though I've heard it all before...


Ah, elle parle hindi. Avantage pour moi. Ou pour elle. Enfin j'en sais rien. Elle ne ressemble pas trop à une criminelle...D'ailleurs, même Orpheo a déclaré qu'ils ne savaient pas si elle était réellement une meurtrière. Découvrir ça, c'est ma mission, et je ne dois pas me faire berner par les apparence. Du sérieux, Zach, du sérieux, arrête de faire le bouffon !
Dur dur, toutefois, parce qu'être un bouffon...C'est un peu ma nature. Allez, tout va bien se passer.

Sans que j'ai le temps de rien dire, elle me prend par le bras, appelle un taxi tout en me disant qu'elle connait un super endroit pour boire un verre ? Elle me drague ? Hm, je crois pas. Elle a l'air folle. Une vraie furie. Ça tombe bien, je suis fou. Et qui d'autre mieux qu'un fou peut comprendre une folle ? Je vous laisse deviner la réponse parce que c'était une question rhétorique. Et elle s'empresse de me jeter sans ménagement sur la banquette arrière. En fait, j'ai presque l'impression de me faire enlever. Bon, n’exagérons pas, elle a l'air sympathique et tout et tout. Je suis un boudin. Je sais pas pourquoi j'ai pensé ça. Comme toujours me direz-vous. Je ne sais toujours pas à qui je parle dans ma tête, ça va finir par devenir embêtant !


-Héhé, dis-je nerveusement comme un con.

J'avais envie de dire héhé. J'ai le droit. Fuck off. Boudin ! Bref. J'ai envie de dire un truc à ma jeune compagne, mais j'ai oublié quoi. L'âge, que voulez-vous. Ah oui, si, je voulais répondre oui à sa proposition de boire un verre, mais maintenant, ça me semble légèrement déplacé étant donné que nous sommes déjà sur le chemin. Le taxi s'arrête devant un petit bouiboui traditionnel qui a l'air sympathique. Je souris et dit à la jeune femme :


-Ça a l'air cool ici ! C'est la première fois que je viens en Inde !

Oui je lui raconte ma vie, et alors ? Je vous pouet, je vous bouse et je vous merde, même si je ne sais pas qui vous êtes, créatures qui hantez mon esprit. Moi je vais manger dans un restaurant indien avec une supposée criminelle fort sympathique. Alors pouic. Pouic, pouic, et repouic.
Nous nous asseyons, et je souris niaisement, comme c'est mon habitude de le faire quand la situation dans laquelle je me trouve me plait. J'adresse ce sourire à la fille qui est en train de baragouiner en hindi avant d'ajouter en hindi que c'est moi qui paye. Si j'étais en train de boire de l'eau je lui aurais tout recraché dessus. C'est bien moi, ça, traquer une personne et finir par devoir lui payer un restau. Je suis nul, nul, nul. Ou pas. En fait, je suis moi. J'esquisse une grimace amusée et réplique :


-Ah ouais d'accord. Direct. Bon ok. Je suis galant. Je suis obligé donc.

Elle m'adresse un sourire radieux. C'est un truc de fille. Faire un chier un mec et en être totalement satisfaite. J'aime bien, c'est marrant. Hayley fait ça aussi. En fait, les femmes, c'est une secte. Celle que j'ai devant moi me déclare que la nourriture est excellente. Je n'en doute pas, je suis sure qu'elle a de bon goûts. Elle se présente. Ambre Esyll. Très joli nom, j'aime bien les sonorités, je ne sais pas d'où ça vient, ça fait vaguement français non ? Puis elle me demande mon nom, et ce que je fais ici. Bon. Vous l'aurez voulu, bande de palourdes.

-Enchanté, Ambre. C'est de quelle origine tob nom ? Moi c'est Zacharia, Creed, mais si tu préfères, tu peux m'appeler Zach ! Et ici, je te cherche. Enfin je te cherchais. Parce que je t'ai trouvée.

Bah quoi ? Autant jouer franc jeu non ? Tout cette conversation peut très bien se passer, elle n'est pas forcément une psychopathe. Avant de passer moi-même pour un désaxé, je précise :


-Mais pas parce que je te veux du mal hein ! De toute façon j'ai pas le droit. Pis c'est pas mon job. Pis j'ai pas envie. Enfin bref, je veux juste te parler.


Je souris de manière débile. C'est pas de l'hypocrisie, je suis juste un peu crispé parce que j'aimerais bien qu'elle me croie et qu'on puisse discuter à propos de ses accusations et tout et tout. Moi je sais que ça peut-être très intéressant, psychopathe ou pas. Je suis fou ? Meu non. Juste un peu...Perché ? Pis si ma technique marche pas bah Orpheo se démerdera. Mais ce serait dommage quand même.

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Le jeune homme accepta de payer avec une grimace amusée qui signifiait à peu près "C'est bien moi, ça, traquer une personne et finir par devoir lui payer un restau."

« Ah ouais d'accord. Direct. Bon ok. Je suis galant. Je suis obligé donc. »

Ambre lui rendit un sourire insolent. De toute façon il n'avait pas le choix s'il ne voulait pas se mettre tous les gens du restaurant à dos. Elle se sentait bien, désormais. Elle contrôlait parfaitement la situation. Bon. Maintenant peut-être était-il temps d'apprendre ce qu'il lui voulait.

« Enchanté, Ambre. C'est de quelle origine ton nom ? Moi c'est Zacharia, Creed, mais si tu préfères, tu peux m'appeler Zach ! Et ici, je te cherche. Enfin je te cherchais. Parce que je t'ai trouvée. »

Rien de bien nouveau, se dit-elle en jaugeant calmement l'homme assis en face d'elle. Seulement ses craintes se trouvaient-elles confirmées. Ils avaient fini par la retrouver, elle ne savait comment. Mais ce "Zach" était bien étrange. Il semblait incapable d'ordonner ses pensées, celles-ci jaillissant en paroles de l'espèce de capharnaüm qui devait lui servir d'esprit. A moins que ses questions ne soient un stratagème pour détourner son attention. Mais elle n'y croyait pas.

« Mes parents étaient d'origine française. Ils étaient bretons, pour être plus précise, mais je suppose que tu connais bien cette partie du monde...
Moi je ne suis pas née en bretagne. Je viens de Russie. Mais je suppose que tu sais déjà tout ça...

Alors, comme ça Orphéo a retrouvé ma trace ? Je m'attendais à ce que ces... assassins - elle cracha presque ce mot - m'envoient quelqu'un de disons... plus intimidant. »


Il n'y avait qu'une organisation magique qui puisse être à sa recherche. Les criminels d'Orphéo, ceux qui avaient tué son père. Elle lança un regard noir à l'homme en face d'elle. Zacharia Creed était-il un assassin ? Il n'en avait pas l'air. Ambre plongea quand même la main dans sa sacoche et la referma sur petite pique en métal, les yeux fixés sur la carotide du jeune homme. Au cas où.

Celui-ci avait du remarquer son geste, car il s'empressa de répondre :

« Mais pas parce que je te veux du mal hein ! De toute façon j'ai pas le droit. Pis c'est pas mon job. Pis j'ai pas envie. Enfin bref, je veux juste te parler. »

Malgré elle, Ambre se détendit un peu, mais elle ne retira pas la main de son sac ni ne diminua son attention, prête à bondir au moindre signe.

« Et alors, lâcha-t-elle d'une voix encore menaçante. Ils envoient des débutants pour faire du repérage, maintenant ? Que me veulent-ils ? M'emprisonner ou me tuer comme mon père ? »

A la seule pensée du sort de son père, la colère la reprit. Chez les innocents, les américains se croyaient maîtres du monde, mais parmi les personnes magiques, c'étaient les Anglais et leurs chiens d'Orphéo. Ne pouvaient-ils pas simplement faire leur foutue guerre contre les sorciers noirs et laisser le reste du monde monde en paix !

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Hey, you, what's a good girl like you doing in this crazy world ?

France. Bretagne. Never been there. La France je connais, d'accord, Paris, tout ça. Mais c'est tout ce qu'un pauvre canadien tel que moi sait. Les croissants, les baguettes. La Bretagne...Ça fait penser à Grande-Bretagne...C'est peut-être au Nord ? Ça ne me coute rien de lui demander, de toute façon. Mais elle n'est pas née là bas, d'après ses dires. Elle vient de Russie. Donc elle est russo-française. C'est comme ça qu'on dit ? J'en sais rien. Bwef. Elle n'a pas l'air spécialement contente tout à coup. Mais ça peut se comprendre, car d'après les renseignements que j'ai eu, les exorcistes qui l'ont neutralisée la première fois ont tué l'homme qui était avec elle. Vu comme elle a l'air d'insister sur le mot "assassins" je suppose qu'il n'était pas qu'un simple associé. Un ami ? Son copain ? Je pince les lèvres dans une moue désemparée. Bien qu'Orpheo soit une organisation très importante et que j'admire globalement, je sais que certains de ses agents ont des agissements peu éthiques et irréfléchis. Preuve que la règlementation de l'Ordre est à revoir, mais bon, je ne suis pas là pour ça, maintenant, tout de suite, lorsque je serais entré dans la Police Magique, et que j'aurais plus d'influence -hum- dans quelques années, éventuellement...Je serais en mesure de faire changer les choses, vraiment. Bon, je peux toujours râler à mon niveau hein, et je ne m'en prive pas, ne vous en faites pas. Et si vous ne voulez pas croire qu'un jour le petit Zacharia Creed, le clown de service, fera partie de la Police Magique...Eh bien je vous bouse. Je vous merde même. J'en suis capable. Les laitues de la ferme des Campbell croient en moi. Vos gueules, je parle à Ambre.


-Eh bien...Commencé-je, gêné, Je ne savais pas ça. Tout ce que je sais, c'est que tu as provoqué une catastrophe et que l'homme avec toi a été tué...Enfin bref, la directrice d'Orpheo Londres-Paris a décrété que les exorcistes envoyés sur place avaient agi de manière irréfléchie et dans l'urgence, bref, elle a confié le dossier à quelqu'un d'autre, et comme je suis juste en formation -oui je suis tout petit mignon et innocent- j'ai été chargé de te retrouver et de te parler pour comprendre ce qui s'est réellement passé, car rien ne nous permet d'affirmer que ce qu'il s'est passé était un acte de terrorisme au nom d'une quelconque organisation...Je suis juste là pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé, et rapporter les informations à mes...Supérieurs ?


Est-ce que je peux dire qu'ils sont mes supérieurs alors que je ne suis qu'en formation ? Je sais pas. Le plus important ce n'est absolument pas ça. C'est Ambre. Elle a l'air énervée. Je sais bien qu'Orpheo n'est pas tout blanc, c'est ce qu'a toujours dit mon père, mais là, elle a l'air d'en avoir pâti. Vraiment. Beaucoup. Surtout qu'elle devient agressive. Verbalement. Et je n'en doute pas qu'elle puisse en venir à la violence physique si je lui fais quoi que ce soit. Elle a l'air déterminée. Ils ont tué...Son père. Normal. On critique la violence des sorciers noirs mais des fois certains exorcistes se mettent carrément à leur niveau. Je ne sais pas quoi dire. Je n'ai jamais perdu personne, moi. J'ai presque fui mes parents. Pour rien. Pour de la merde, parce que j'étais un enfant gâté. Ouais. J'ai honte. Bon, cette fugue a tracé une grande partie de ma vie mais...Je m'en veux vis à vis de mes parents. J'étais heureux avec eux, et je suis parti, comme ça, sans explications. Fuck. Je suis con. Ambre, elle, a perdu son père. Pour toujours. Je me sens ridicule. Ok, elle ne sait pas que j'ai fugué à l'âge de douze ans juste pour sortir de la routine. Mais quand même. Je me sens un peu mal là.

-Ils veulent juste comprendre ce qui s'est passé, dis-je timidement. T'emprisonner si tu as fait quelque chose de mal...Et si tout ça n'était qu'un accident ou je ne sais quoi...Je ne sais pas. Mais ils veulent...Se rattraper dirais-je. Oui, je sais, on ne rattrape pas ce genre de choses. Mais...Bref, ne me tue pas s'il te plait.

Ouais c'était nul comme fin de phrase, mais ta gueule voix de ma tête, et maintenant la ferme, Zach, laisse la jeune fille parler. Je me sens tellement triste pour elle. Tellement dégouté de la bêtise des autres. Est-ce que parce que je suis un humain, je serais capable de faire ça moi aussi ? Dites moi que non, s'il vous plait.

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A ses paroles, le jeune homme regarda Ambre d'un air hésitant. Peut-être avait-il remarqué sa main dans son sac, sa manière de fixer sa gorge avec insistance...
Zach resta longtemps silencieux, avant de se décider à parler.

Un débutant, c'était bien ça. Un simple stagiaire envoyé en reconnaissance.

Quelqu'un dont la mort n'aurait pas beaucoup d'importance pour eux si jamais je décidais de le tuer... pensa-t-elle aussitôt avec dégoût. Ils n'ont même pas pris la peine de lui dire tout ce qu'ils savent sur moi.

Quand elle lui apprit que l'homme qu'Orphéo avait tué était son père, elle vit passer dans son regard un mélange de peur, de honte et de pitié. Voyant sa fureur, il eut un moment de recul, avant de se mettre parler très vite, comme pour essayer de la calmer avant qu'elle ne bondisse sur lui. Mais ses paroles ne firent qu'accroître sa colère.

« Se rattraper ? » Même s'ils comprenaient enfin qu'elle n'y pouvait rien, comment pourraient-ils la laisser en liberté ? Si elle rentrait avec Zach pour se présenter devant eux, la laisseraient-ils seulement repartir ? Non, elle ne viendrait pas. Alors ils lui enverraient de nouveaux hommes pour la ramener, elle les tuerait encore une fois et ils pourraient enfin la qualifier de terroriste. Et de toute façon... elle en était déjà une, en quelque sorte. Elle repensa à cette usine de Bornéo. Son pouvoir n'y était pour rien, cette fois-là...

Mais la dernière phrase du jeune homme suffit à la calmer. Il semblait tellement sincère. Non, elle n'allait pas le tuer. Sa haine était dirigée contre Orphéo, pas contre lui. Il n'était qu'un pion dans leur jeu, une pièce de moindre importance, qu'ils n'hésitaient pas à mettre en danger. Elle eut soudain un élan de pitié pour Zacharia Creed.

Il est s'est pris dans leur toile et il ne s'en rend même pas compte. Arrivera-t-il jamais à en sortir ?

Elle le fixa droit dans les yeux.

« Je ne te ferai rien, tu as ma parole. Mais je n'irai pas non plus me rend... »

Ambre s'interrompit. Un fourmillement avait envahi ses bras, incontrôlable. Quelque chose n'allait pas.
Elle releva la tête, tous les sens en alerte. Pourtant, il ne semblait rien y avoir d'anormal. La rue au dehors était calme. A l'intérieur du restaurant, deux tables en plus de la leur étaient occupées par des clients, tous indiens. Ils étaient cinq en tout ; les deux premiers terminaient leur repas, et les trois autres attendaient qu'on les serve. Le serveur à qui elle avait parlé en arrivant entra par la porte de la cuisine, portant un plateau argenté sur lequel était posé un bol de riz et une sorte de bombe aérosol. Il se dirigea vers la table où étaient assis les trois indiens. Ambre fronça les sourcils. Pourquoi un seul bol pour trois ? Et que fait là ce pulvérisateur ? Son regard se fixa sur main cachée sous le plateau...

« Non ! »

Elle se leva d'un bond. Mais elle ne fut pas assez rapide. L'homme attrapa l'aérosol et laissa tomber le plateau, dévoilant le briquet qu'il tenait dans son autre main. Dans une vision d'horreur, Ambre vit la flamme jaillir de la bombe pour venir entourer le visage des trois indiens. L'homme renversa la table d'un coup de pied, et les malheureuses victimes tombèrent par terre, le visage et les vêtements en feu. Les deux autres personnes subirent le même sort horrible avant que Ambre ne se jette sur le serveur en criant. Il se tourna vers elle avec un regard fou, en déversant un jet continu de flammes. Mais la fureur qui alimentait son don la rendait invulnérable. Elle renversa l'homme sur le dos, et passant ses bras autour de sa tête, lui brisa la nuque d'un seul mouvement.
Mais elle avait à peine eu le temps de se relever que la porte du restaurant s'ouvrit à la volée. Une dizaine d'hommes en uniforme armés de pistolets entrèrent dans la salle, découvrant avec horreur le carnage. L'un d'eux pointa Ambre et Zach du doigt.

« Ce sont eux ! Tirez ! »

Ambre réagit au quart de tour. En quelques bonds, elle avait rejoint le jeune homme qui s'était précipitamment levé de sa chaise, et se plaça entre lui et les nouveaux venus. La première salve l'atteignit de plein fouet. Bloquées par son don, les balles tombèrent à ses pieds sans lui faire de mal, mais elle avait le souffle coupé par la force de l'impact. Elle poussa Zach devant elle.

« Vite... Vers... la cuisine ! »

Ils coururent à toute vitesse vers la porte en métal. Mais avant qu'Ambre ait pu entrer dans la pièce, une balle l'atteignit à la cuisse. Elle n'était pas assez concentrée ! Elle tint bon cependant, et claqua la porte derrière elle. D'autres balles s'enfoncèrent dans le métal. Par chance, le battant pouvait se verrouiller de l'intérieur.

Probablement pour protéger le personnel en cas de problème avec un client...

Ambre le tira la large barre métallique en travers de la porte avant de se retourner vers l'intérieur de la pièce. Elle ne s'attarda pas sur le corps du cuisinier, qui gisait par terre dans une mare de sang, et pressa Zach de continuer.

« Viens ! Il doit y avoir une sortie de service quelque part... »

Ils ne tardèrent pas à la trouver. Au fond de la cuisine, une deuxième porte donnait sur un petit hangar destiné aux livraisons. Ambre brisa d'un coup de pied le cadenas qui le fermait et fit coulisser le lourd panneau métallique.



Quelques instants plus tard, ils courraient à toute allure dans les ruelles sombres de Bombay. Ambre se concentrait de toutes ses forces pour résister à la douleur dans sa cuisse, mais elle n'osait pas s'arrêter. La milice indienne toute entière serait bientôt sur leurs trousses. Malgré tout, elle ralentit l'allure. Elle ne voulait pas montrer au jeune homme qu'elle était aussi essoufflée que lui.

« Alors, avec un pouvoir pareil, même si je n'y peux rien tu crois vraiment qu'Orphéo voudra me laisser en liberté ? » Railla-t-elle.

Elle regarda tout autour d'elle la rue qui s'assombrissait. Ils ne pourraient pas rester dans la ville. Même en se cachant parmi la foule qui envahissait les rues du matin au soir, ils seraient sûrs de se faire attraper tôt ou tard.

« On va devoir quitter Bombay. Il faudra encore marcher toute la nuit, j'en ai peur. En espérant ne pas rencontrer de problèmes sur la route. »





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Brauchst du mich, wenn du am Abgrund stehst ? Springst du? Ich springe mit !

Elle me regarde toujours intensément. Ça fait légèrement peur. Mais elle a des beaux yeux. Mais bon, à bien y réfléchir, c'est une maigre consolation, c'est super flippant quand même. J'ai vraiment peur pour ma vie, à cet instant précis, mais je ne peux rien faire, étant donné qu'aucun indice à part ce regarde ne me permet de savoir si elle va m'attaquer, et si elle m'attaque, par où elle le fera. Et l’assommer à coup de bols de riz télékinésifiés (je sais pas si ça se dit mais je vous emmerde) ne fait définitivement pas partie de mes prérogatives pour cette mission.

Ambre se décide finalement à parler. Et mes épaules se relâchent légèrement. Réflexe de débutant, je sais, mais je suis soulagée. Elle dit qu'elle ne me fera rien, mais affirme qu'elle n'ira pas non plus se rend...Quoi ? Oho, Mademoiselle, je peux savoir ce que tu n'irais pas faire ? Je suppose que c'est te rendre, mais en fait moi je veux juste savoir ce qu'il s'est passé en Russie. Eh. C'est moi...J'essaie de capter son regard, mais elle a détourné les yeux. Elle semble avoir subitement changé d'état d'esprit, même si l'impression d'une bombe prête à exploser à tout moment semble toujours être une bonne image pouvant la caractériser.

Je suis alors son regard. Oui. Ceci est un serveur, mais ensuite ? Je regarde plus attentivement. Eh, il y a un truc bizarre posé sur le plateau. J'ouvre la bouche, fait sortir un son étrange, mais je suis devancée par mon ex-interlocutrice, qui dit, textuellement "non". Non quoi ? Non je ne suis pas un gecko rose à pois verts ? J'avais cru remarquer. Mais je pense que c'est plutôt "non je ne suis pas brune", parce qu'elle est blonde. Ou non quelque chose qui n'a rien à voir.

Effectivement. Elle se lève comme une furie et se jette sur le serveur, mes jambes, par réflexe, me projettent en position debout. Je tremble. Ouais je flippe, je suis une lavette, mais je vous emmerde. Et vous flipperiez aussi si vous aviez trois mecs en train de cramer devant vous et une supposée psychopathe en train de se battre avec le type qui vient de causer ce carnage. Je ne comprends rien. Ambre est toujours en train de hurler en se battant avec ce serveur qui essaie de lui cramer la face sans y arriver, et je reste planté là comme un glandu, sans savoir quoi faire. Deux autres personnes tombent, le restaurant est à présent rempli de morts. Et elle a tué le serveur. Je suis presque soulagé, quand tout à coup, ce qui semble être une escouade de la police de Bombay entre en trombe dans la salle en disant un truc en hindi que je ne comprends pas, mais qui a pas l'air cool. Surement pas du tout en fait, puisque ma compagne se rue vers moi. J'ouvre des yeux immenses et désespérés en voyant la salve de projectiles qui arrive sur nous. On va mourir. J'essaie de pousser Ambre pour la sauver mais...Non. Les balles sont arrêtées par quelque chose d'invisible. Son don, surement. Mais elle ne tiendra pas comme ça éternellement. En plus, là, je panique parce que je ne comprends rien à ma vie en cet instant.
Je suis uniquement secoué lorsque ma compagne me crie de courir vers la cuisine en me poussant.

Alors je cours. Ok. Cuisine. Vrouuuuuuuuuuuuuuum. Miam. Paf. Boum. Brrr. Je suis entré dans la cuisine. Vroum. Héhé. Pourquoi je pense à des petites voitures ? Faut que j'arrête d'y pensé. Je regarde Ambre qui, elle a eu la présence d'esprit de nous barricader. Elle me sort de nouveau de mon état second en me demandant de chercher une porte. Oui une porte. Porte de service. Je hoche la tête, la bouche sèche. Ok, chef. Je cours à sa suite, elle trouve ladite porte et enfonce le cadenas qui la ferme aisément. Elle m'impressionne, j'ai l'impression d'être un chiot naissant aux sens atrophiés en fait.

Un instant plus tard, nous courons dans les rues de la ville. Et c'est là que je remarque qu'Ambre est blessée. Il y a une balle dans sa cuisse. Je la regarde, inquiet, réfléchissant à quoi faire, mais elle n'a d'yeux que pour la route, devant elle.

La jeune femme finit par se tourner vers lui, et me dire d'un ton amer qu'Orpheo ne la laisserait jamais libre avec un tel pouvoir. Gné ? Euh, c'était quoi son pouvoir dans tout ça, j'ai pas compris. Je secoue la tête et demande :


-Ton...Pouvoir ? Attends, dans tout ce qui c'est passé là, tu peux me dire ce qui est relatif à ton pouvoir ?

Je suis complètement abasourdi, la chaleur et le choc m'empêchent de réfléchir convenablement, alors je cours, comme un abruti, conscient d'être essoufflé, mais ne m'arrêtant pas pour autant. Elle me dit qu'il va falloir quitter Bombay. J'hoche la tête, et tombe de nouveau sur sa cuisse, qui perd une importante quantité de sang. Sans vraiment y penser, j'use de ma télékinésie sur elle afin de la poser délicatement sur mon dos, mais pas complètement, afin qu'elle ne pèse pas trop lourd et que, grâce à mon don, je puisse tenir le plus longtemps possible en la portant à moitié grâce à mes muscles, à moitié grâce à ma force psychique.

Et je cours. Je ne parle pas, je cours, droit devant, tout du moins le plus droit devant possible, afin de m'éloigner le plus possible de cette foutue ville. J'ai mal à la gorge, aux poumons, et aux jambes. Mais je cours, putain. Je comprends rien, mais ce que je sais, c'est que j'aimerais mieux qu'elle ne clamse sur mon dos. Et qu'elle ne clamse pas tout court. Pas que la cuisse soit un point vital mais elle risque de perde pas mal de sang. Merci la mission de reconnaissance, Orpheo.

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Zach la regarda sans comprendre

« Ton...Pouvoir ? Attends, dans tout ce qui c'est passé là, tu peux me dire ce qui est relatif à ton pouvoir ? »

Oui, pas étonnant qu'il ne comprenne rien... Il l'avait simplement vue sauter sur un psychopathe et se faire tirer dessus. Elle le regarda droit dans les yeux.

« Tout. »

Elle détourna les yeux pour aller fixer la route devant elle. Ils devaient continuer, ne pas s'arrêter. La milice devait déjà commencer à se déployer. La tête lui tournait de plus en plus. Elle perdait trop de sang...
Soudain, elle se sentit soulevée dans les airs. Elle s'affola et se débattit, avant de comprendre que c'était Zach qui utilisait son don pour la porter sur son dos. Elle s'accrocha à lui avec reconnaissance. La douleur commençait à devenir insupportable.

« Merci... Tu as bien vu le serveur quand on est arrivés, il était parfaitement normal. C'est mon pouvoir qui lui a fait perdre la raison. Je l'ai senti. C'est aussi ce qui a attiré ces militaires.
« C'est comme ça depuis que je suis toute petite. Ma magie agit sans que je puisse la contrôler. Ça peut être tout et n'importe quoi... pour le meilleur ou pour le pire. Trop souvent pour le pire. »


Voilà. Il savait maintenant. Il allait tout raconter à Orphéo, et ils enverraient des gens la chercher, l'empêcher de causer de nouveaux dégâts. Elle les tuerait tous, jusqu'à ce qu'elle se fasse prendre pour de bon. Son instinct de survie lui disait de tuer le jeune homme dès qu'ils seraient en sécurité, mais elle savait qu'elle ne pourrait jamais s'y résoudre. Il était trop gentil pour ça.

« Dirige-toi le plus possible vers le Nord. Nous n'aurons aucune chance par la mer, il faut tenter de rejoindre la forêt. »

Elle fut impressionnée par l'endurance de Zach. Jamais il ne se plaignit, continuant de marcher jusqu'à une heure avancée de la nuit. Arrivés à la limite de la ville, ils continuèrent dans les terres sauvages. Lorsqu'ils quittèrent la route pour s'enfoncer dans la forêt, Ambre remit pied à terre. Le terrain se faisait trop accidenté pour que Zach continue de la porter.

Ils parlèrent peu. Ambre fixait les arbres devant elle, respirant profondément pour oublier la douleur dans sa cuisse. La lueur de la Lune parvenait à peine à percer à travers le feuillage dense, et ils avançaient avec circonspection pour éviter de trébucher. Ambre repoussait ses limites jusque dans leurs plus profonds retranchements, se forçant à avancer malgré la fatigue, la douleur, sa vision qui se troublait.

Enfin, après plusieurs heures interminables, ils s'arrêtèrent. L'aube arrivait, et le ciel couvert d'une fine couche nuageuse s'éclaira peu à peu. Ambre savait qu'ils ne pourraient s'accorder que peu de répit avant de devoir repartir. Elle mit à profit ce temps pour retirer la balle de sa chair. Elle aurait préféré pouvoir faire un feu pour préparer un anesthésique et faire bouillir de l'eau afin de désinfecter la plaie, mais... c'était évidemment hors de question. Alors elle prit une pique de métal dans sa sacoche et s'en servit pour atteindre la balle. Elle aurait pu demander à Zach, mais elle ne voulait pas lui imposer ça ; il semblait déjà exténué par sa longue marche forcée. Elle serra les dents en silence comme elle faisait remonter le morceau de métal du trou béant qu'il avait créé dans son muscle. Puis elle fourra dans la plaie des herbes cicatrisantes et apaisantes qu'elle conservait dans sa sacoche, et banda la blessure avec un bout de tissus. Elle ne pouvait pas recoudre avant d'avoir désinfecté à l'eau chaude.

Puis elle s'adossa à un arbre en soupirant. Ils pouvaient bien attendre encore un peu...



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And we wait for something beautiful...

Tout. Bon ok, ça commence bien. Cette fille est claire comme de l'eau de roche. Comme ma bouche se fait sèche, j'évite de poser plus de questions, on verra plus tard. Si on a la possibilité de voir plus tard, toutefois. Si ça se trouve, on va mourir, parce que la police indienne nous aura condamné à mort par écrasement sous les pieds d'un éléphant. Hm, j'extrapole. Bref, comme je suis un grand bavard et un énorme curieux, je meurs d'envie de demander à Ambre le pourquoi du comment. Mais je cours toujours avec plus de difficulté, son poids se faisant ressentir -elle n'est pas grosse, hein, mais essayez de courir à toute vitesse avec une jeune femme sur votre dos, vous verrez si c'est simple, enfin, si vous lisez ça et que vous êtes champion olympique d’haltérophilie, de lancer de marteau ou de je ne sais quelle autre chose, c'est de la triche, ça ne marche pas avec vous- et mon essoufflement également. Je ne fume pas mais je ne suis pas non plus un grand sportif, mes poumons sont donc en feu.

Et tiens donc, avant que je n'aie le temps de demander des précisions à ma nouvelle...Amie ? C'est elle qui m'explique le tout plus clairement. Tout d'abord elle me remercie, ce que je trouve très agréable, au beau milieu de toute cette chaleur et de cet fatigue ingrate. Bande de sales éléments naturels. Je vous hais. Enfin pas tout à fait, si j'étais en train de faire une gentille petite promenade touristique, je ne vous haïrai pas. Donc disons que je ne vous hais pas, je hais les gens à nous trousse, et le fait que vous ne soyez pas plus coopératifs envers Ambre et moi. Vous ne voyez pas que nous sommes les gentils ? Bref, je finis par comprendre que ma nouvelle compagne possède en fait une sorte...Spéciale de magie qui fait que tout et n'importe quoi peut arriver. Bon, ça explique beaucoup de choses. Comme le fait qu'elle ait fait cramer plein de monde et que tout à coup le pays entier se retourne contre nous. Et l'Inde, c'est pas petit comme pays. On est dans la merde.

Je tente de hocher la tête pour lui signifier que "j'aicomprismaisonenparleraplustardsituveuxbienmalangueestentraindesetransformerenjambonsec". Puis elle m'indique d'aller au nord, je tente de hocher la tête une nouvelle fois, mais mon cou me fait affreusement souffrir, alors je prend sur moi et je cours, utilisant de plus en plus la télékinésie pour alléger le poids de la jeune fille, ce qui finira par m'épuiser encore plus, mais bon, j'ai jamais dit que j'étais puissant. Ni intelligent, d'ailleurs ni quoi que ce soit. Non, ce que je fais encore de mieux dans la vie, c'est être un bouffon. Alors ne m'en demandez pas trop à la fois s'il vous plait. Bien que je ne sache toujours pas qui vous êtes. Vous devez être des créatures machiavéliques que le Docteur a coincé dans ma tête en croyant que c'est un monde parallèle. Oui voila, c'est évidemment la seule explication plausible, voyons.

Je cours encore et encore, je crois qu'à tout moment je vais tomber dans la poussière et ne pas me relever. Je finis par dire un truc pour meubler, utilisant le peu de salive qu'il me reste, pour dire un truc con, bien sur, et qui prouve ma stupidité, mais enfin bon, tant pis hein, on est dans la même galère :


-Je meurs.

Non Zach, tu ne meurs pas. Enfin au bout d'un moment peut-être si. Mais bon, j'ai dit ça juste histoire de me plaindre, histoire de détendre un peu l'atmosphère. Ambre s'accroche elle aussi, je le sens bien. Sa douleur doit sans doute être comparable à la mienne. Voire plus importante. Je n'en sais rien en fait je ne me suis jamais pris de balle. Enfant gâté que je suis.

On finit par les semer, je crois, et on entre dans une forêt, je finis par courir plus lentement, puis par marcher. J'ai mal partout. J'espère que Dieu le sait, et qu'il s'en veut à mort de me faire souffrir comme ça. Et puis c'est la nuit. On marche toute la nuit. Quand je reviendrais à la maison, si je reviens à la maison, je mangerai un double cheeseburger, un kebab, trois pizzas, cinq cent gramme de nouilles chinoises, une dizaine de nems et au moins onze plâtrées de pâtes avec du pesto, de la tomate, du basilic, ou encore des tonnes de fromage. Et puis je finirai mon repas par cinquante donuts, dix milk-shake, douze muffin, quarante-huit scones et dix verres de coca même pas light. Voila. Et je ne prendrais pas un gramme parce que j'aurais tout perdu dans ce fichu pays et dans cette fichue forêt. J'ai l'impression de ressembler à un cadavre. Un cadavre collant de sueur. Je sais que j'exagère. Mais pouet. Je pense à Hayley. Je me demande si elle s'inquiètera pour moi.

Et puis je finis par ne plus en pouvoir. Sans un mot, je dépose Ambre, et j'engloutis la moitié de ma bouteille d'eau qui est devenu tiède. Beurk. Mais je la gardraie avec moi, si jamais je peux la remplir à un moment donné, ce serait bien. Ambre ne m'en demande pas, mais je la lui tend, il faut qu'elle boive, il fait vraiment très chaud, alors ce serait bien qu'elle ne souffre pas de déshydratation en plus de blessure par balle.

Mais là elle fait un truc de warrior, un truc que tu vois que dans les films. Elle sort un truc de sa sacoche, et retire la balle. Du sang jaillit. Je grimace. Avant que je n'aie pu lui proposer mon aide, elle fourre des tas d'herbes chelous dans sa plaie. Je ne sais pas quoi dire, je me sens très inutile. Alors je décide de faire une remarque inutile maintenant que c'est fait, mais qui prouve que j'ai quand même un cerveau qui réfléchit à certaines choses, et un don :


-J'aurais pu le faire avec la télékinésie, plus rapide et plus propre, je pense.

Je regard fixement sa blessure. Je suis épuisé, mais raide de partout, je n'arriverai pas à dormir. Même si j'en rêve. Oui, je rêve de prendre une douche, et de m'enfoncer dans un lit moelleux. Je n'arrive même pas à être frustré de ne pas en avoir un sous la main, tellement ça me parait inaccessible. Ambre a bandé sa blessure. Je me demande bien ce qu'on va pouvoir faire. On n'a presque rien sur nous, du moins rien qui puisse nous aider à sortir de ce pays. Y aller à pieds me semble infaisable, elle est éclopée, je suis un gros naze et la frontière la plus proche c'est le Pakistan. Autant dire pas l'endroit le plus sur au monde. Faudrait déjà la passer, cette frontière. Et je ne suis que télékinésiste.

-Et ton don, c'est quoi au fait ? Demandé-je.

On sait jamais, ça pourrait nous être utile. Sinon, j'ai toujours mon portable. Je peux appeler mes supérieurs d'Orpheo pour qu'ils viennent nous chercher. Mais elle va refuser. Elle va se braquer c'est sur. Mais je connais pas non plus trois milliard de personnes qui seraient capables de nous venir en aide. Hayley et Josh sont assez impuissants, et je doute que quelqu'un à l'orphelinat se bouge pour nous, ils vont appeler Orpheo, c'est sur. Si j'appelle, mes parents aussi, mais d'une part, ça ferait bizarre de dire "Allô Papa ? Je suis en Inde, je sais, tu m'as pas vu depuis dix ans parce que j'ai fugué comme un con mais là j'ai de sérieux problèmes, tu peux pas venir m'aider ?". Et d'autre part, lui aussi lancerait Orpheo à mes trousses. Il est assez haut placé, au QG Canadien. Bon quand même. Faut que j'en parle à Ambre. Je vais lui demander ce qu'elle en pense, on sera fixés.


-Ambre, tu penses qu'on va s'en sortir comment ? Je veux dire, je sais que tu n'aimes pas Orpheo mais l'Inde, c'est immense, on est loin de la frontière la plus proche, et devine vers quel pays elle mène ? Le Pakistan. En plus on a pas grand choses sur nous. Alors je suis peut-être une chochotte, hein, mais dis moi si tu penses franchement qu'on peut s'en sortir sans aide, parce que moi je commences à avoir de sérieux doutes...

Il n'y a aucun reproche dans ma voix, seulement les gémissements plaintifs d'un chiot qui n'a rien demandé à personne. Oui je suis un chiot. CHUT. J'espère qu'elle ne va pas s'énerver, parce que le but n'était absolument pas de lui faire des reproches. Je l'aime bien, moi. Je suis même complètement admiratif, mais si elle pouvait me rassurer, ce serait gentil. Même si d'un coté, elle aussi est peut-être totalement flippée, avec sa magie incontrôlable et sa blessure.

-Euh, tu sais, dis-je timidement, Orpheo ne voudra peut-être pas t'enfermer, peut-être qu'ils ont eu des cas comme toi avant et que tout simplement ça ce euh...Ça se soigne ? Il y a des chercheurs en magie tu sais.

Ok, je suis un boulet, Orpheo a tué son père. Mais bon, d'un coté euh...Il y a des cons partout non ? Oh j'en sais rien, c'est trop compliqué pour moi tout ça, j'ai mal à la tête, j'aimerais qu'on soit en sécurité tous les deux avec un thé glacé sous la main pour pouvoir discuter des pingouins en Alaska en jouant au tarot. Même si j'ai du mal à imaginer Ambre jouer au tarot. Passons.

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MessageSujet: Re: Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]   Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence] EmptyMer 2 Oct 2013 - 17:37


« J'aurais pu le faire avec la télékinésie, plus rapide et plus propre, je pense. »

Ambre releva la tête. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé ? Elle le regarda dans les yeux avec étonnement, et sourit. Amusée... et un peu gênée. Quelle idiote ! Bien sûr que ça aurait été plus facile. Plus hygiénique, moins douloureux pour elle, et presque sans effort pour lui. Mais elle était tellement habituée à la solitude que la possibilité que quelqu'un puisse l'aider ne lui venait même pas à l'esprit...

« Tu as raison. Je n'y avais pas pensé... »

Elle baissa lentement les yeux, et fixa le sol devant elle. Un mille-pattes se frayait un chemin entre les feuilles mortes qui recouvraient la terre d'un tapis brunâtre. Il ondulait rapidement, les antennes levées, à la recherche d'un signal, d'une odeur lui indiquant quelque chose à manger... ou la présence d'un prédateur. Il se glissa sous le couvert marron d'une feuille à moitié décomposée. Il resta là quelques instants, invisible, avant de repartir de plus belle. Cette vaste étendue d'humus était son territoire, et il l'arpentait ainsi en solitaire, guidé par la seule pensée qui germerait jamais dans son cerveau primitif : survivre. Soudain, Ambre se sentit très proche de l'animal qui errait à ses pieds. Plus proche même de lui que du jeune homme qui se tenait devant elle, car elle ressemblait plus à cette créature qu'à aucun humain.

Solitaires.

Ambre, et le mille-pattes. Des solitaires uniquement guidés par la volonté de survivre, voilà ce qu'ils étaient tous les deux. Elle, pourtant, dépassant ce simple instinct, avait décidé de les protéger tous. Tous ces êtres vivants dont la survie n'était plus déterminée par leur simple capacité à trouver de quoi manger et fuir les prédateurs, mais par le bon vouloir d'un système de pouvoir qui dépassait même l'entendement de l'homme en tant qu'individu, réduit qu'il était à l'état de simple rouage, pièce infime de l'immense rouleau compresseur qui tendait à écraser sous son poids la planète toute entière...

Suivant les mouvements de l'animal, ses yeux tombèrent sur les chaussures pleines de boue de son compagnon  de fortune – son ami ? – qui semblait attendre qu'elle relève la tête pour que leurs regards se croisent de nouveau. N'était-il pas lui aussi ce mille-pattes qui se fraye une chemin dans le monde ? Au fond, c'était un pauvre humain solitaire coincé dans cette forêt humide avec une criminelle et un myriapode, poursuivi par toute la milice d'un pays qu'il ne connaissait pas, pour un crime qu'il n'avait pas commis, entraîné par une parfaite inconnue dans une aventure qu'il n'avait pas choisie...

Elle sourit en relevant la tête. Un demi-sourire. Gêné, coupable.

« Zach... je suis vraiment désolée de t'infliger tout ça alors que tu n'as rien demandé. Si je pouvais... »

Mais il avait parlé en même temps, apparemment aussi perdu qu'elle dans ses propres pensées.

« Et ton don c'est quoi ? »

Leurs yeux se rencontrèrent, et le sourire d'Ambre se fit plus chaleureux face à la complicité fugace de ce regard. Elle prit un air énigmatique.

« Les balles de tout-à-l'heure auraient toutes dû me traverser, tu ne crois pas ? »

Son don lui avait rendu un grand service, une fois de plus. A combien d'occasions avait-elle échappé à la mort grâce à lui ? Elle ne les avait pas comptées, mais une chose était sûre : elle ne serait plus de ce monde depuis bien longtemps si elle n'avait pas eu ce don de résistance...

Zach semblait embarrassé par quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Son visage s'était fermé, et il fixait les arbres dans le vide, l'air incertain. Elle attendit patiemment. Si quelque chose devait être dit, autant que ce soit pendant qu'ils étaient tous les deux à l'arrêt, et dans une relative sécurité. Et puis... elle se sentait toujours coupable de l'avoir embarqué dans toute cette histoire...
Enfin, il se décida à parler.

« Ambre, tu penses qu'on va s'en sortir comment ? Je veux dire, je sais que tu n'aimes pas Orpheo mais l'Inde, c'est immense, on est loin de la frontière la plus proche, et devine vers quel pays elle mène ? Le Pakistan. En plus on a pas grand chose sur nous. Alors je suis peut-être une chochotte, hein, mais dis moi si tu penses franchement qu'on peut s'en sortir sans aide, parce que moi je commence à avoir de sérieux doutes... »

Apparemment inquiet de sa réaction – ce qui ne fit qu'accroître son propre sentiment de culpabilité –  il s'empressa d'ajouter :

« Euh, tu sais, Orpheo ne voudra peut-être pas t'enfermer, peut-être qu'ils ont eu des cas comme toi avant et que tout simplement ça se euh... Ça se soigne ? Il y a des chercheurs en magie tu sais. »

Ambre soupira. Ils n'avaient pas vraiment le choix. Elle l'avait mis trop longtemps en danger de toute façon, et refusait de lui faire courir de nouveaux risques. Quand elle était seule, c'était différent, mais là... il était sous sa responsabilité. Car c'était sa responsabilité si elle les avait mis tous les deux dans le pétrin. A elle de les en sortir... même si ça revenait à se livrer à Orphéo.

A moins que...

Il y avait peut-être moyen de retourner la situation à son avantage. C'était un gros risque à prendre, qui lui coûterait probablement sa liberté si elle échouait... mais c'était la seule issue qu'elle voyait. Et dans tous les cas, Zach avait raison : ils ne pouvaient pas rester là à attendre qu'on vienne les chercher pour les jeter en prison.

« Tu as raison. On va avoir besoin d'aide pour s'en sortir... Appelle donc Orphéo pour qu'ils viennent nous tirer de là. J'espère qu'ils ne seront pas trop durs avec moi... »

Elle se retourna pour voir les premiers rayons du soleil percer à travers la canopée. Le chant des oiseaux, auquel elle n'avait pas prêté attention jusque là, redoubla d'intensité. Cette mélodie si pure qui résonnait parmi les arbres silencieux l'emplit d'un optimisme que même sa douleur à la jambe ne parvenait pas à atténuer.

Si tout se passait bien, dans quelques heures elle serait en Europe...

Libre. Libre comme l'air.

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Vivre ou Survivre ?

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MessageSujet: Re: Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]   Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence] EmptySam 26 Oct 2013 - 18:06

On va toujours seul sur la route, je continue coûte que coûte

Ambre baisse la tête à ma remarque sur la télékinésie. Elle dit que j'ai raison. Et elle contemple le sol. Ou le mille pattes. Le putain de milles pattes qui n'a rien demandé à personnes, et qui promène son nombre impressionnant de gambettes sur le sol humide. Je le regarde aussi. Il est amusant. Il a l'air un peu paumé le pauvre. Enfin, il ne l'est peut-être pas, je ne suis pas télépathe avec les animaux. Je regarde Ambre. Ses cheveux blonds et crasseux tombent sur son visage. Alors j'attends qu'elle relève la tête, pour qu'on puisse parler. Peut-être. Ou juste se regarder le blanc des yeux, je ne sais pas. Après tout peut-être qu'elle allait rester indéfiniment comme ça, aussi. Possible.

Mais non. Elle daigne me regarder. Et je lui souris très choupinement. Très. J'en suis sur. Et je me fous que l'adjectif que je viens d'employer n'existe pas. Tout le monde a droit à ses propres néologismes. Je vais le faire revendiquer comme droit fondamental, tiens. Je ne crois pas qu'il y ait de cour constitutionnelle au Royaume Uni. Ou alors on ne peut pas la saisir en tant qu'individu. Je ne crois pas. J'ai oublié. On s'en fout. Enfin, vous surtout. Moi j'aime bien les questions de constitutionnalité. Pas plus que tout au monde, mais un peu.

Ah, elle s'excuse. Je souris. Encore plus adorablement. Vous êtes contents là ? Bien. Moi aussi. Je viens de découvrir qu'Ambre est capable de...Sentiments ? Ouais, p'tèt bien. Enfin, je pose une main sur son épaule.


-T'inquiètes. Tu étais mon aventure de la journée.

Je suis quand même quelqu'un de vachement positif. Je crois. Enfin c'est presque sur. Mais globalement, j'évite de me jeter des fleurs. Du moins pas sérieusement. J'ai des problèmes dans ma têêête. Peut-être que le mille pattes est rentré dedans...

Quoi ?

Hm.

Vous saviez, que les mille pattes n'ont pas mille pattes ? Voila, vous êtes plus cultivés maintenant.
Elle ne finit pas sa phrase. C'est pas grave Ambre. T'y peux rien, j'y peux rien...C'est la vie. Je souris de plus belle. C'est une maladie de sourire tout le temps vous croyez ? Moi j'aime bien.

Ow. Ow. Ow. Cette fille est juste surpuissante. C'est genre un bouclier vivant ? Cool. J'aime, j'adhère.


-Eh bah, t'es une sacrée warrior,
dis-je avec un clin d’œil.

Et je me balance sur mes fesses, un peu comme un enfant impatient, mais c'est juste un tic. Parce que j'attends de voir sa réaction à ma proposition.
Elle soupire. Elle réfléchit. Tout du moins elle semble le faire, mais comme je fais confiance en ses yeux pour me dire qu'elle a quelque chose dedans, je pense qu'elle réfléchit vraiment. Je pense même que cette fille est plus intelligente que moi. C'est presque sur en fait. Oui, bon, ok elle est très intelligente et je suis un gros bouffon. MAIS faites comme si vous ne le saviez pas, afin que je ne meure pas de honte.

Eeeeh. Miracle. Elle accepte. Ceci n'est pas naturel. Je la regarde d'un regard de pigeon palourde biaisé. Je suis suspicieux. Je plisse les yeux. Oui, je sais, je suis un abruti, je ne suis pas supposé penser du mal de ma compagne. Mais bon, faut croire que je suis particulièrement éclairé. Je souris, les lèvres pressées l'une contre l'autre.


-D'accord, je vais essayer d'entrer en contact avec eux. Et, s'il te plait, si tu essaies de fomenter un attentat quand ils seront là, essaie de m'épargner.

Je dessine alors une rune sur le sol, avec un bout de bois trouvé par là. Rapidement, elle s'illumine. Je l'ai réussie, sisitavuweshlafamille. Elle se transforme en un écran qui ressemble un peu à la surface d'un lac et je vois apparaitre Alaina Ling, ma supérieure.

-Apprenti Creed ?

-Miss Ling, je suis avec la jeune femme que vous cherchez, malheureusement il s'avère que son pouvoir est incontrôlable et lui attire énormément d'ennuis...Qui se sont aujourd'hui répercutés sur moi. Et en gros, la police indienne est à nos trousses. Elle accepte de nous suivre pour vous expliquer ses actes, mais nous sommes coincés.

-Je vois, Creed. Je peux vous localiser grâce à la rune. Des renforts arrivent dans un quart d'heure tout au plus, nous allons mobiliser des téléporteurs expérimentés. Ne bougez surtout pas. Et soyez prudent.


Et avant que j'aie eu le temps de dire radiscitrontagadatsoinpouet, ou encore "ouimrslingpasdeproblemejesuisungrandgarçon" son image disparait, et ma rune s'estompe pour ne devenir qu'une vague trace dans le sol. Je soupire, de soulagement ou d'autre chose je ne sais pas très bien. Je regarde Ambre avec un sourire qui se veut encourageant. On est un peu des gros galériens ensemble. J'ai envie de lui faire un gros câlin de "t'en fais pas, la vie c'est cool", mais elle n'a pas l'air super réceptive à ce genre de choses, et puis ce serait bizarre. So weird. Awkward situation, bonsoir. Et si on dansait ? Non mais ta gueule Zach.

-En tout cas, je suis content de t'avoir rencontrée.


Je suis trop un bisounours, je devrais arrêter.

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MessageSujet: Re: Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence]   Moi j'suis carrelleur, on m'demande carreller, j'carrelle [PV Ambre] [TW : Violence] EmptyMar 4 Fév 2014 - 0:28

Et puis une route en croise une autre, et puis une autre et encore une autre ♫


A sa connaissance, personne n'avait jamais tenté une chose pareille. Il fallait bien que ça arrive un jour...

Des téléporteurs. Ça compliquait grandement les choses... Ils ne tardèrent pas à arriver, trois femmes et deux hommes en tenue de combat qui apparurent soudainement de nulle part. Pendant qu'ils récupéraient du déplacement, Ambre les examina du coin de l’œil. Ils portaient chacun un revolver et un poignard à la ceinture, et semblaient tous savoir se battre à la perfection. C'était une équipe d'intervention d'urgence d'Orphéo, et elle aurait beaucoup de mal à leur échapper. Elle commença à regretter d'avoir accepté la proposition de Zach...
Une des femmes, probablement la chef, s'avança. Elle avait la grâce d'un félin : les longs cheveux noirs attachés haut derrière la tête, le regard perçant...

« Je m'appelle Rota, j'ai pour mission d'assurer votre exfiltration jusqu'à Londres. Bien, inutile de s'attarder ici plus longtemps que nécessaire. Orphéo a affrété un avion privé pour vous faire sortir du pays. On va vous téléporter directement dedans pour éviter de vous faire repérer. »

Sans attendre, un des hommes s'approcha d'Ambre et lui prit le poignet. Elle se sentit aussitôt quitter le sol, pour le regagner une fraction de seconde plus tard, dans l'habitacle d'un petit avion. Ambre se laissa tomber sur un fauteuil, en se tenant la cuisse qui recommençait à saigner.

« Je suis blessée, je me suis pris une balle dans la jambe... Si vous avez quelque chose pour arrêter l'hémorragie, ce n'est pas de refus... »

On sortit une trousse de secours, et quelques minutes plus tard, elle était désinfectée, proprement recousue et bandée. Elle était bien obligée de reconnaître que le système actuel avait ses avantages... qu'elle n'hésiterait pas à mettre à profit pour s'échapper. Feignant de se sentir encore faible, elle demanda à s'allonger. Ils lui laissèrent la banquette où elle s'était assise, juste à derrière la porte. Elle ferma les yeux et ralentit sa respiration, attentive aux bruits qui l'entouraient. Ses "compagnons" ne tardèrent pas à se désintéresser totalement d'elle, attendant l'autorisation de décoller. Quelqu'un sortit, et revint quelques instants plus tard ; Ambre reconnut la voix de Rota.

« On a un créneau de vol dans dix minutes. J'ai vu une troupe de militaires, mais ils ne semblaient pas être là pour vous. »

« Merci. » Dit Ambre sans ouvrir les yeux.

Dix minutes. Il lui restait dix minutes pour agir. Elle savait exactement ce qu'elle devait faire, il ne restait plus qu'à attendre le bon moment... Elle visualisa l'avion: la porte derrière elle, les ailes, les roues... et les personnes présentes, qu'elle entendait parler et s'agiter autour d'elle. Il ne restait plus qu'une personne entre elle et la sortie... si seulement elle pouvait... elle attendit patiemment, jusqu'à ce qu'enfin elle l'entende passer à côté d'elle pour rejoindre les autres qui discutaient plus loin... c'était le moment.

Elle ouvrit les yeux, et se recroquevilla sans bruit, plaçant ses pieds sous elle... Puis elle bondit aussi vite qu'elle put en direction de la porte, restée ouverte. Elle sauta à bas de l'escalier, ignorant la protestation de sa jambe blessée, et courut vers la roue arrière. Elle commençait tout juste à s'engouffrer dans le compartiment du train d'atterrissage pour s'y cacher, quand ils apparurent autour d'elle.
Foutus téléporteurs ! Elle y était presque ! Elle se laissa retomber à terre et se jeta violemment sur l'homme le plus proche d'elle, lui crochetant le pied pour les faire basculer tous les deux. Elle roula sur elle même pour se relever, et prit la fuite. Mais Rota se téléporta aussitôt devant elle pour lui barrer la route. Sans s'arrêter, Ambre mit la main au hasard dans la sacoche qu'elle portait toujours en bandoulière. Son poing se referma sur une boule de fourrure chaude, qui respirait rapidement... Elle n'avait plus le choix. Elle jeta l'hermine au visage de la femme, qui cria en sentant les griffes s'enfoncer dans sa peau. Les hermines étaient connues pour leur férocité...
Inutile de continuer à fuir. Elle utilisa sa vitesse pour donner un puissant coup de pied dans le ventre de son ennemie, toujours au prises avec l'hermine affolée. Rota s'écroula par terre, pliée en deux. Ambre se retourna pour faire face aux trois autres arrivants, suivis de prêt par le dernier qui s'était relevé. Elle évita le premier poing qui jaillissait vers elle, et riposta par une clef de bras qui envoya sa propriétaire au sol. Lui sautant dessus, elle prit une impulsion sur son torse pour bondir sur le deuxième homme, jambes en avant... mais elle n'atteignit jamais sa cible. Bloquée dans son élan, elle s'écroula sur le sol pendant qu'une douleur vive se répandait dans sa boîte crânienne. C'était comme si on lui comprimait le cerveau dans un étau. Elle était incapable de penser, de bouger... Mais il ne fallait pas qu'elle reste là... Elle appela la magie de son don pour bloquer le mal, mais elle ne parvenait pas à se concentrer et la douleur restait insupportable. Elle s'entendit crier comme un animal blessé. Pourtant, elle avait retrouvé un minimum de contrôle. Elle se força à se relever, pour se laisser retomber ventre à terre sur sa sacoche, dans laquelle elle glissa la main. Elle eut à peine le temps d'en ressortir un fil de métal et de le glisser dans sa bouche... qu'on lui attrapait les bras pour les lui menotter dans le dos.

« Tiens-toi tranquille ! »

Elle vit Rota se relever, furieuse, le visage couvert de griffures. Il n'y avait plus de trace de l'hermine, et Ambre regrettait déjà son geste. Elle ne pourrait pas survivre dans ce pays... Mais elle fut détournée de ses pensées par les cris qui retentirent soudain dans l'aérodrome. Elle tourna la tête.  Une troupe de militaires courraient vers eux. Rota cria.

« Allez, ramenez-la dans l'avion, on décolle ! »

Ambre n'attendit pas qu'on la traîne à l'intérieur. Elle détourna le regard en croisant Zach qui se tenait en bas de l'escalier, et s'engouffra par la porte, toujours fermement maintenue par la femme qui la suivait. Tout les autres rentrèrent à sa suite, et on donna l'ordre au pilote de décoller sans plus attendre.  Tout le monde s'installa dans des fauteuils placés face à face. Rota lui lança un regard noir et lui retira sa sacoche pour la jeter plus loin.

« Je me demandais pourquoi on nous avait envoyé à cinq pour vous escorter... Maintenant je comprends mieux ! Tu avais une chance d'être bien accueillie en arrivant. Et tu viens de la perdre ! »

Ambre ignora la remarque. Elle regarda Zach dans les yeux, un peu honteuse.

« Je suis désolée... »

Elle baissa la tête et s'enferma dans le silence. Elle s'était mis dans un beau pétrin... Rota avait raison : si Orphéo avait l'intention de l'aider au départ, c'était sûr qu'ils se montreraient beaucoup plus réticents après ça. Il n'en devenait que plus urgent de trouver une solution. Mais rien ne lui venait à l'esprit ; elle ne pouvait qu'espérer que son pouvoir se déclenche avant qu'ils n'arrivent, et qu'il lui soit favorable... pour une fois.

Le temps s'étira en longueur alors que l'avion entamait son voyage vers l'Angleterre. Le silence régnait dans l'habitacle, pesant. Mais peu à peu, les cinq téléporteurs se détendirent. Ils semblaient penser qu'Ambre ne pourrait rien faire tant qu'ils seraient en vol...  et ils avaient raison. Ils finirent par se lever pour aller discuter près de la porte à l'arrière, laissant Zach et Ambre seuls. Incapable de le regarder, elle ferma les yeux. La solution viendrait peut-être en dormant... et de toute façon elle avait besoin de repos. Elle ne tarda pas à s'endormir.

*

Elle se réveilla des heures plus tard. Elle jeta un regard à l'écran qui indiquait le plan de vol : ils survolaient la Belgique. L'atterrissage serait pour bientôt. Elle regarda autour d'elle : Zacharia dormait profondément sur la banquette d'en face. A l'arrière, les autres s'étaient tus, hormis un vague chuchotement.
Que faire ? Elle pouvait toujours essayer de sauter de l'avion, mais cette fois-ci elle n'avait pas de couverture pour faire parachute comme en Russie, et son don ne suffirait pas à la protéger.

A moins que....

Elle sourit.

*

Elle attendait patiemment.

Dix minutes. Ils survolaient la côte.

Seize minutes. La Manche s'étendait sous leurs pieds...

Dix-neuf minutes. La côte anglaise approchait...

Ambre retira ses poignets des menottes. Elle les avait crochetées quelques instants auparavant grâce au fil de fer qu'elle avait glissé dans sa poche en montant dans l'avion.
Zach dormait encore. Elle se leva, d'abord lentement, puis bondit vers la cabine de pilotage, attrapant sa sacoche au passage. Sitôt entrée, elle prit le pilote par les épaules et le jeta à bas de son siège. Ça lui laisserait le temps d'agir. Elle prit une grande inspiration et tira sans plus attendre le levier de la sortie d'urgence du cockpit, qui s'ouvrit violemment. La différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur créa un courant d'air qui la projeta aussitôt au-dehors. Elle se mit à chuter de plus en plus vite. Bientôt, l'air fut assez chargé en oxygène pour qu'elle puisse reprendre sa respiration. Traversant une couche nuageuse, elle aperçut la terre en-dessous d'elle. Une terre qui se rapprochait bien trop vite à son goût...

Allez, dépêchez-vouuuuus !

Enfin, ils apparurent, juste en-dessous d'elle, au milieu du vide. Ils l'attrapèrent dès qu'elle arriva à leur niveau, et se téléportèrent aussitôt. Ils ne pourraient pas rejoindre l'avion et elle le savait. Se téléporter dans une pièce qui avançait à plus de neuf-cents kilomètres par heure quand on était soi-même en chute libre tenait de l'impossible.
Ils réapparurent tous sur le sol anglais, quelques centaines de mètres en-dessous de l'endroit qu'ils venaient de quitter. Des champs les entouraient, et on pouvait encore voir la mer au Sud. Loin au-dessus de leurs têtes, on entendait faiblement le grondement de l'avion qui continuait sa route...

« MAIS QU'EST-CE QUE TU COMPTAIS FAIRE, PUTAIN ? TU CROIS QUE T'AVAIS PAS DÉJÀ ASSEZ D'ENNUIS COMME CA ? »

Cette fois, Rota était vraiment en colère. Ambre se contenta de la regarder froidement dans les yeux. Zach était là aussi, l'air perdu comme d'habitude. Ambre lui glissa un petit sourire d'excuse. Elle avait pensé qu'il resterait dans l'avion... mais non, ils l'avaient téléporté avec eux.
Rota ne tarda pas à reprendre le contrôle. Même si ses yeux continuaient de lancer des éclairs.

« Bon, on n'est plus loin de toute façon. On va faire le reste nous-mêmes. Sofia et Franck, vous partez les premiers. Rendez-vous dans le hall d'Orphéo. Et je veux deux personnes avec l'autre folle, là... Grégory et Genny, vous vous en occupez. moi je risque de la tuer en route... Je partirai juste après vous avec Zacharia. Allez-y ! »

Ambre regarda les deux premiers disparaître, avant de se faire empoigner par les deux téléporteurs qui l'accompagneraient. Elle se tourna vers Zach et lui sourit à nouveau.
Tout allait se jouer dans les secondes qui suivraient.

« Moi aussi je suis contente de t'avoir rencontrée. Mais l'aventure n'est pas finie Zach ! »

Elle lui adressa un dernier clin d’œil avant de disparaître.

*

A sa connaissance, personne n'avait jamais tenté une chose pareille. Il fallait bien que ça arrive un jour... Elle avait remarqué la première fois qu'une téléportation mettait quelques secondes à s'effectuer. Alors... que se passerait-il si elle les lâchait avant d'arriver ?

Elle refit instinctivement le geste qu'elle avait répété mentalement pendant toute la dernière demi-heure. Dès qu'elle se sentit quitter le sol, elle tourna les poignets, tordant violemment ceux qui la tenaient et elle se dégagea, plus concentrée que jamais sur son don.
Car elle ignorait tout de ce qui allait se passer.

Toutes les molécules de son corps semblèrent soudain vouloir se séparer, prises d'une frénésie terriblement douloureuse. Mais elle tint bon. Elle se sentit tournoyer sans fin dans un tourbillon de couleurs. Le haut et le bas changeaient sans cesse, et son cœur battait sans plus de régularité. Cela allait-il s'arrêter un jour ? Ou peut-être qu'elle continuerait à tourner comme ça indéfiniment... Mais à peine avait-elle eu cette pensée qu'elle heurta le sol. Malgré tous ses efforts, elle sentit une côte se casser alors qu'elle roulait, dérapait sur ce qui ressemblait à du bitume. Elle finit sa course contre un mur ou elle resta là, tremblante.

« Miss, miss ! Ça va ? Vous m'entendez ? Miss !  »

Un vieil homme apparut dans son champ de vision. Il avait les cheveux blancs, une longue barbe, le visage ridé. Et inquiet. Elle prit la main qu'il lui tendait, et se redressa en grimaçant.

« Vous êtes blessée ? Il faut appeler une ambulance ? Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? Venez chez moi, on pourra au moins essuyer tout ce sang ! »

C'est là qu'elle se rendit compte que sa blessure à la jambe s'était rouverte, en plus des nombreuses plaies superficielles qui sillonnaient sa peau. Toujours tremblante, elle s'appuya sur l'épaule du vieil homme. Il était bien plus robuste qu'il n'en avait l'air. Mais elle ne sentait aucune magie l'entourer, et se laissa guider jusqu'à chez lui, confiante.


*


Enfoncée dans le grand fauteuil confortable, elle soufflait sur son thé en regardant à travers la fenêtre la pluie qui tombait sur la petite ruelle londonienne. Il avait proposé de la garder chez lui pour quelques jours, et elle avait accepté à sa propre surprise, tant son offre et sa gentillesse semblaient sincères.
Arrivés dans le vieil appartement négligé, il lui avait aussitôt apporté de quoi essuyer le sang, et des bandages propres. Elle avait du insister plusieurs fois pour le dissuader d'appeler l'hôpital, prétendant qu'elle était sans-papiers et qu'elle ne voulait pas de problèmes. Il lui avait alors proposé l'hospitalité, avant de lui tendre la main avec un grand sourire.

« Au fait, je m'appelle Maysar. Et vous ?  »

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Vivre ou Survivre ?

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Guidez son destin, tendez-lui la main...

Une clique de cinq agents d'Orpheo finit par rappliquer. Deux femmes, et trois hommes. L'une d'entre elles, l'air strict, ses cheveux noirs tirés en un chignon derrière sa tête s'approche de nous d'un pas décidé. J'essaie de ne pas baisser le regard. J'essaie. Elle nous regarde avec des yeux d'aigle perçants et nous déclare à un débit impressionnant un petit paquet d'informations que j'essaie de digérer instantanément. C'est dur uesh. Apparemment on va se téléporter dans un avion. Chouette. Hibou même. Pouf. Je suis dans un avion. Un joli z'avion. Un jet privé je dirai même. Me demandez pas de reconnaître le modèle, je ne me suis jamais intéressé à l'aviation. Pouic. Je m'en fiche que vous pensiez que je suis un clampin. Je ne suis pas un héros moi. Oui, c'est comme ça. Enfin, on peut quand même dire que j'ai à peu près réussi ma mission non ?

Une main me tape sur l'épaule. Un gars. Un vague gars que j'ai déjà du rencontré, il me dit :


-Pas mal Creed.

Avec un clin d’œil. Je réponds par un sourire gêné. Je ne sais absolument pas quoi lui dire. Pas plus que je ne sais comment on va considérer l'issue de cette mission de REPERAGE que l'on m'a confié. Je n'ai pas fait que repérer. Ambre demande à se faire soigner. J'aimerais lui tenir la main pendant qu'elle se fait recoudre parce que je suis gentil, mais on m’entraîne de force autre part, et de toute façon, je ne sais pas si Ambrouille aurait accepté. Ambrouille, Embrouille, m'voyez. Je suis tellement drôle.
Yekekekekek.
Voilà.
La femme stricte, tellement stricte qu'elle en serait presque un cliché, nommée Rota, me regarde droit dans les yeux, comme si elle espérait me clouer au mur via mes globes oculaires et me dit :


-Mission réussie Creed. Nous considérons que vous n'êtes pas responsable des circonstances particulières qui ont mené à votre rapatriement en urgence.

Ouf.

-Toutefois, vous devrez apprendre la prudence. Enfin, maintenant, nous aurons besoin de vos services pour le rapport que nous allons essayer d'établir sur cette jeune personne.

Oui. Tutafé.

-D'accord, je pense avoir des choses intéressantes à dire sur le sujet d'ailleurs, qui...

-C'est cela, Creed, vous verrez cela à Londres.

Pute. Caca boudin. Ecoute moi quand je parles, zut. j'ai l'impression d'avoir 12 ans et demi. Monde, je te hais, pourquoi t'acharnes-tu sur moi ??? Je suis triste, je suis gentil et les autres sont méchants. Bref, j'obtempère, et je rejoins Ambre, qui s'est faite soigner. Elle est recroquevillée sur elle même. Qu'est-ce qu'elle fiche ? Euh ?
POUF. Partie. Je reste là comme deux ronds de flanc -jamais compris cette expression mais je la trouve drôle-. Je me fais bousculer successivement par tous les membres du commando avant de réaliser que ma charmante compagne de galère a décidé de s'enfuir. TETE DE PUTAIN DE MULE DE MERDE. Elle a décidé de ruiner ma carrière. Non, évidemment elle ne pense pas à ça, juste à sa liberté transcendante ou je ne sais quoi, mais tout de même, ce n'est pas gentil.

Je sors également hors de l'appareil, donc, histoire de ne pas trop ressembler à une moule séchée. Oui parce qu'une moule séchée c'est passif et c'est nul. Voilà. C'est tout caca. Je crois que vous avez compris, on va s'arrêter là.

D'un coté c'est pas comme si sortir de l'avion changeait grand chose à la situation ainsi qu'à mon statut de lamellibranche ambulant. Oui ça existe. C'est moi. Bref. Je regarde comme un con Ambre se battre contre les téléporteurs d'Orpheo, et je suis un peu scotché car je ne sais pas quoi faire, pas qui aider, et puis merde elle se bat comme une furie la gamine (bon ok on a pas tant d'écart que ça)...

Attendez, elle vient de lâcher une fouine au visage de Rota ? Quewat ? Je vois l'animal griffer l'exorciste et filer entre mes jambes. Je sais pas si c'était une fouine. C'était peut-être un furet. J'entends des cris. Je suis atone.
On menotte Ambre. Rota hurle. Je crois que ma nouvelle pote compromet sérieusement ses chances d'être prise au sérieux par Orpheo quand elle dira "c'est un accident qui fait que j'ai tué des exorcistes".

Ça remonte dans l'avion. Donc je suis le mouvement, je remonte dans l'avion. Ma vie est une suite d'échecs cuisants. Bou-hou-hou. Je regarde l'Embrouille sur pattes, consterné. Je suis sur que j'ai un air de pigeon. Elle a l'air vaguement gênée. Elle s'excuse. Si on était dans un cartoon je la giflerai. Je me contente de lui pincer la joue avec un peu trop de vigueur en affirmant :


-Gniiii.

Rota me regarde bizarrement. J'ai envie de lui tirer la langue. J'évite. Saleté de bonne femme. Saleté d'Ambre. Je la fusille gentiment du regard. Oui je suis la seule personne au monde capable de faire la nuance. Ouais. Cherchez même pas vous pouvez pas test.
STOP ZACHARIA.

Ambre se positionne sur une banquette et s'endort rapidement. Je la regarde. Je la regarde encore et encore, attendant de savoir si elle va mettre le feu à l'avion ou transformer Rota en lévrier afghan mais rien, je crois qu'elle dort vraiment. Je finis par m'endormir aussi.

...

-RATTRAPEZ LA !!

Gnu. Ça réveille des hurlements comme ça. J'aime pas. C'est moche.

-Émerge, Creed.

Keuwa ? Je suis encore tout engourdi qu'un sale rollmops me tire le bras et me fais subir une téléportation douloureuse... Je me retrouve sur le sol anglais... Mais putain... J'ai mal à la tête... Il se passe quoiiii... SOMEONE EXPLAINS PLS !
Je titube, on me rattrape sans ménagement. Je comprends rien. J'essaie de rassembler les morceaux. Rota hurle. Rota, ma tête stp. Pls. Help. Si ma tête pouvait envoyer des signaux ça donnerait ça. Ambre me regarde avec un regard qui ressemble à de la pitié. Je sais RHO. J'aurais pas du dormir. Mais je pense que si j'étais métamorphe je serais un paresseux. Alors voilà. On ne déconne pas avec la nature. Mes pensées sont tellement décousues...

Bon ok, faut se rendre à l'évidence, Ambre a encore déconné. Je soupire, et lève les yeux au ciel en clignant très fort pour me réveiller, ce qui doit me donner un air de demeuré complet et définitif. Mais je pense que Rota ici présente me prend déjà pour un débile et Alaina Ling pour un tocard alors comme ça... Ma carrière à Orpheo commence tellement bien... Papa et Maman vont être tellement fiers... Je retiens un petit rire.

Rota donne des ordres, Ambre se fait prendre les deux bras par deux des téléporteurs, et je balbutie :


-Euh... Au revoir... T'as mon numéro... Bah non... Enfin... On s'appelle. Bah non du coup. Hrm. Bah si tu ne finis pas en prison faudra essayer de prendre un verre un de ces jours.

Et cette réplique détruit à jamais ma réputation qui se retrouve donc morte-née, et me colle à jamais l'étiquette de "débile profond" sur le front. A moins qu'elle ne se rajoute simplement à "abruti fini". Je-ne-sais-pas. Toujours est-il qu'Ambre m'affirme qu'elle a été contente de me rencontrer... Et que l'aventure n'est pas finie. Avant de disparaître.   Ok. Secrètement, je croise les doigts, espérant qu'elle va bien s'en sortir... Je demanderai à Mrs Ling si je peux suivre le dossier. Sioupléééé.

-En avant, Creed, arrêtez de bailler aux corneilles, c'est assez insupportable. déclare sèchement Rota.

Bailler aux corneilles, j'aime bien cette expression. Comme si je baillais en levant la tête pour voir des oiseaux voler. Ce qui est une très bonne occupation selon moi. N'en déplaise à Rota-la-pimbêche. Farewell, Ambre. J'espère que ça ira. Essaie de pas mourir, ce serait cool, m'vois-tu.

FIN

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