Une journée comme une autre. Un matin comme un autre, ou le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest, et ou les oiseaux chantent et volent dans le ciel. Sauf que bon, il allait pleuvoir... et je n'étais pas fan de la pluie. Le miroir ce matin reflétait quelque chose de plus triste que d'habitude, l'automne arrive, mes matin se refroidissent, et les humeurs se détériorent. J'étais fatiguée. J'étais rentrée d'Amérique du Sud avec une sensation qui me collait à la peau : celle d'être constamment en danger. Apres tout, je n'avais pas vécu des choses habituelles... quoi qu'il en soit j'étais sur le qui vive. Je ne me sentais en sécurité seulement en présence de mon époux. Mais aujourd'hui je m'étais dis : et si tu décidais de te calmer ? Apres tout tu n'est pas seule, tu as des personnes qui t'entourent et tout le monde n'est pas... comme elle ? Enfin je veux dire, on peut faire confiance à la plupart des gens. Avant je le faisais facilement... j'étais trop naïve ? Sûrement... j'ai mis 54 ans à apprendre tout ça.
Cormag était partie plus tôt, et j'étais sur le devant de la porte quand j'eu ce réflexe d'attraper le parapluie. C'était un parapluie que j'avais acheté sous un coup de tête, noir rayé de blanc, avec quelques dentelles sur le contour. J'aimais bien, cela me donnait un style encore plus sage et savante, ce que je ne suis pas évidement... enfin je ne pense pas l'être. Quoi qu'il en soit, il se mis à légèrement pleuvoir en sortant de l'immeuble. Quelques goutte formant une bruine légère et délicate qui se posait sur les sols, les parapluies et les habits des quelques courageux qui se baladaient ou allaient au travail sans protection. Finalement il faisait bon, du coup j'entrepris mon voyage à pied. Cela me fera arriver quelques minutes après 9h mais qu'importe, hier j'avais réussis à finir des dossiers et j'étais rentrée plus tard que prévu -évidement bien avant Cormag....
Sur le chemin je pris des gâteaux dans un petit magasin. Au final, c'était un bon exercice pour faire partir cette sensation d'insécurité. Et même si cela des fois le faisait douter, je pris un petit plaisir à acheter des gâteaux, des biscuits à la confiture de fraise. Je les adore... en arrivant en Allemagne je n'aimais pas grand chose de leur nourriture, j'avais pris l'habitude de manger au restaurant, ou de faire des choses simple -faut pas pousser je suis nulle en cuisine....- et puis je pris plaisir à goûter des choses ou quand on m'invitait... et puis un jour, une collègue apporta des gâteaux : des petits sablés fourrés à la confiture de fraise. La révélation ! Des Spitzbuben ! Je les aime. Je les adore !
Je m'en pris deux sur le chemin, en en gardant pour la secrétaire et pour Cormag, et puis qui voudra bien en prendre... même si je n'avais pas forcément envie d'en donner à n'importe qui non plus.
Ils étaient bons !
Le bureau apparut au loin. Il avait l'air triste sous ce ciel gris... et puis les vitres n'étais pas aussi brillantes que d'habitude. La gourmandise appela ma main et celle ci se glissa dans le sac et sortir un autre gâteau. Décidément, j'étais très nulle pour retenir mes pulsions... mais ils étaient tellement bon ! Et op, voila que j'en avais mangé trois au lieu de deux. Le sucre glace s'était répandu un peu partout sur mon manteau et sur mes mains. Arrivé au feu, celui ci passa au rouge pour les piétons. Je cala mon parapluie entre ma tête et mon épaule et m'épousseta les parties attaquées par les miettes et la farine. Une fois le feu au vert, je faillis faire tomber dans une flaque le beau paquet de gâteau en carton recyclé en me faisant emporter par le flot de passants traversant la route.
La pluie s'intensifia lorsque je poussai les portes d'entrée du QG. "C'était moins une ! L'homme à l'accueille me sourit et reteint la porte pour que je puisse fermer mon parapluie et le déposer dans les compartiments à dispositions.

-Danke Friedrich !

Il me sourit et inclina la tête.

-Bonne journée madame Porter.

Le hall était frais, et le dallage étais jonché de petites flaques d'eau et de gouttelettes qui traçaient dès chemins des habitués. La plupart allaient vers l'ascenseur...
Un homme me donna des dossiers à l'accueil.

-Les relevés de ce mois ci madame, et les documents qui doivent être signés par Monsieur Scrimgeour.

-Merci !

Je pris quelques secondes pour regarder. Rien de très intéressant, c'était surtout de la paperasse administrative.
Une voix à ma gauche me fis tourner la tête. C'était un homme d'âge indéterminé qui essayait de rentrer... et d'aller aux archives ? Bon, apparement elles étaient fermées. Je le regarde et essaye de déterminer qui il est.

-Dis moi Tom, qui est l'homme la bas ?

-C'est un certain Monsieur Aonghus et il désire accéder aux archives pour y chercher des informations, madame. Il est la depuis déjà un quart d'heure et essaye d'y rentrer.

-Il est d'Orphéo ?

-Oui madame, selon ce qu'il dit il vient d'un autre QG.

-Et pourquoi il ne peut pas y aller ?

-Il n'a pas d'autorisation, elles ont été fermés temporairement à toutes personnes ne portant pas d'autorisation pour les protéger des potentiels vols et des sorciers noirs.

-Je vois...

"Eli, va l'aider, ça ne peut être que bénéfique..."
Non. J'avais y travail.
"Bouge toi, et puis il a l'air mignon...". Des fois, je haïssais ce genre de pensées. Bon ! Grande dame que je suis je vais aller aider l'inconnu...
Je m'approche de l'homme, et plongea mon regard dans celui de la réceptionniste. Elle me fixa.

-Nina, tout va bien ?

-Oui madame Porter, mais cet homme désire entrer aux archives et il n'a aucun référents, ni aucunes autorisations.

-Et bien, si je signe il peut rentrer non ?

-Oui, si votre signature apparaît dans le registre cela rentrera dans l'ordre.

Je pris le papier et y déposa ma signature. Je me tourne alors vers l'homme. Sa tête me disait quelque chose...

-Elizabeth Porter, enchantée ! Je vous montre les archives ?

Sylvester était prodigieusement agacé. Il se maîtrisait d'ailleurs difficilement pour ne pas mettre une claque à la femme devant lui qui l'empêchait d'accéder à ce qu'il voulait. Claque qui aurait sans doute envoyé ladite femme contre un mur étant donné la force surhumaine de l'exorciste. Cependant, même si l'envie ne lui manquait pas, le quarantenaire n'ignorait pas les conséquences désastreuses que pourraient avoir son geste sur les relations entre Orpheo Londres et Orpheo Berlin et, dans un premier temps, le risque accru de se faire traverser par plusieurs balle de la part de gardes qui se baladaient dans l'immeuble.
Donc il restait là, les poings serrés, bouillonnant devant l'idiote qui lui refusait l'accès aux archives.

En temps normal, l'homme aurait tourné les talons, se seraient installé dans un hôtel confortable - au frais d'Orpheo, il ne fallait sans dire - et aurait activé ses contacts à Londres pour obtenir une accréditation suffisante. Le problème c'est que là, il n'avait pas le temps. Il avait pris le premier avion de la journée et devait prendre le dernier de retour pour Londres afin de pouvoir assurer une mission le lendemain. En pleine guerre contre les sorciers noirs, ils ne pouvaient pas vraiment manquer à ses devoirs.
En vérité, ce jour de congé aurait dû lui servir au repos. Sylvester rentrait d'une mission compliquée - où il avait d'ailleurs perdu un collègue - dans le sud de la France. Orpheo lui avait donc aménagé un jour de repos réglementaire, pour se soulager de ses blessures - physiques et mentales - subies au cours de ladite précédente mission. Et l'homme aurait donc dû être cloué au lit afin de reprendre des forces raisonnablement.
Sauf que voilà, lors de sa mission française, il avait appris des nouvelles informations sur la captivité de son apprenti, Louis, qui l'avaient conduit à Berlin. Il n'avait donc pas hésité à faire fi des conseils du département de santé d'Orpheo et à sauter dans le premier avion pour la capitale allemande.
Et voilà qu'à présent il se retrouvait bloqué devant une incapable qui ne voulait pas le laisser passer sous prétexte qu'il risquait de les voler.

Sylvester inspira calmement avant de reprendre, une fois de plus, son argumentation :

- Mais je ne suis pas un sorcier noir ni un vulgaire mercenaire à leur solde chargé de voler des documents. Je suis Sylvester Aonghus, exorciste depuis plus de 25 ans à Londres. Appelez leurs bureaux si vous ne me croyez pas !

La jeune femme devant lui fut intransigeante une énième fois :

- Non monsieur, je ne peux pas vous laisser rentrer si vous n'avez pas d'autorisation ou d'accréditation suffisamment élevée pour ça.

L'homme, agacé, leva les yeux aux ciels en marmonnant quelque chose qui ressemblait grandement à "et mon poing dans ta gueule c'est suffisamment élevé comme accréditation pour toi ?!" et s'apprêtait à tourner les talons lorsqu'une nouvelle venue fit irruption et demanda d'une voix sûre d'elle à la réceptionniste :

-Nina, tout va bien ?

La nouvelle venue devait être importante puisque la fameuse Nina se redressa devant son comptoir.

-Oui madame Porter, mais cet homme désire entrer aux archives et il n'a aucun référents, ni aucunes autorisations.

Sylvester fronça les sourcils. Le nom de "Porter" s'agitait dans son esprit comme des clochettes et lui rappelait vaguement quelque chose. Cependant c'était, somme toute, un nom assez commun et il y avait peu de probabilité pour que le ou la - il ne parvenait pas à se rappeler - Porter qu'il avait connu soit la même personne que la nouvelle venue.
Il se tourna cependant vers la supérieure de la réceptionniste et croisa un regard clair et le sourire maîtrisé d'une personne de haut rang. Cela le perturba encore plus... il était sûr d'avoir déjà croisé ce regard quelque part... Mais où ? Il n'eut pas le temps de réfléchir que déjà la femme d'âge mûre reprenait :

-Et bien, si je signe il peut rentrer non ?

Un sourire triomphant se dessina sur les lèvres de Sylvester. Allait-il pouvoir entrer ?

-Oui, si votre signature apparaît dans le registre cela rentrera dans l'ordre.

D'un geste délicat la femme pris la feuille afin de la signer alors que l'exorciste dans son coin jubilait en jetant un regard immature à la réceptionniste. Puis la nouvelle venue se tourna vers Sylvester et s'adressa directement à lui :

-Elizabeth Porter, enchantée ! Je vous montre les archives ?

Elizabeth ! À présent il se souvenait ! Un grand sourire se dessina alors qu'il l'observait un peu plus attentivement. Evidemment, il aurait dû reconnaître ce corps délicat, mais musclé, ce visage charmant et volontaire, ces grands yeux clairs. Il n'y avait plus de doute possible.

- Elizabeth ! Une chute de rein aussi parfaite ne s'oublie pas facilement... Sylvester Aonghus, Kiev 1992...

Il lui tendit une main puissante. Il se rappelait bien à présent... Sylvester avait 22 ans et était encore un jeune exorciste au début de sa carrière. Il avait été envoyé à Kiev avec la jeune femme de huit ans son aîné, mais diablement séduisante. Et, forcément, ce qui devait arriver, arriva. À peine la mission achevée, il avait glissé dans ses draps - ou était-ce elle qui avait glissé dans les siens ? - et leur relation, bien qu'elle n'eut duré qu'une nuit avait été intense. Il faut dire que Elizabeth savait s'y prendre avec les hommes et que lui-même n'était pas non plus à son coup d'essai.
Il n'y avait pas à dire, ça avait véritablement été une très, très belle nuit...

- Comment refuser une visite des archives avec une si jolie femme ?

Sylvester appuya sa remarque d'un clin d'oeil séducteur.

"Toute démence est un débris d'une chose passée."

Monsieur Marbeau avait raison, sa remarque est assez vraie, je ne pourrais vous mentir elle me touche particulièrement. Mais elle reste moins accessible que la suivante -dont je ne citerai pas la référence...- qui parle à plusieurs millier d'entre nous tous les jours.

"Le passée c'est le passée Darling, ça parasite le présent."

En l'occurrence, non, pas vraiment. Mais c'est une bonne référence quand même ? Hm... bref.
Heureux hasard ? Je ne sais pas, mais quoi qu'il en soit c'était une situation comique.
Je venais de sauver la mise à un homme, oui un truc banal, quelque chose que je prenais à la légère pour augmenter mon karma et autre conneries du genre, enfin pour me donner une bonne conscience et refaire confiance à la vie ! Mais voila que, et bien.... cet homme n'étais pas vraiment n'importe qui. Oh la la... si j'avais su...

-Elizabeth ! une chute de rein aussi parfaite ne s'oublie pas facilement... Sylvester Aonghus, Kiev 1992...

Il me prit la main fermement et la serra avec passion.
Moi, je restais interdite, bloquée sur mon sourire avec un léger haussement de sourcil. On se connaît ? Apparement lui me connaît, vu son sourire -très plaisant entre nous-, mais qu'entendait il pas : chute de rein ? Oh.... ne me dites pas que... "Et bien ça t'apprendra à avoir couché avec des centaines d'homme."Petite tape au front mentale. J'ouvris la bouche. Puis la referma. Je ne savais pas quoi dire. Nan, mais lui avait l'air de savoir quoi dire ! Si vraiment nous avions couché ensemble pourquoi je ne m'en souviens pas ? "Tu ne te souviens de presque aucun homme eli... soit honnête...". Ce qui nous mène à la deuxième info : Kiev ? Tout ce dont je me souviens de Kiev c'est une planque pourrie des une ville triste à mourir, une mission assez emmerdante, sans compter les heures à attendre, les gueulards, les bars peut fréquentables, les rats et... oh... Sylvester avait-il dit....? Nan... c'est pas possible... "Et ainsi le passée revient en première ligne !"

-Comment refuser une visite des archives avec une si jolie femme ?

Je baisse la tête et rigole, un peu honteuse de ne pas l'avoir reconnu de suite. Puis, je le regarde d'un air amusé.

-Tu as pris un petit coup de vieux ! J'ai faillis ne pas te reconnaître...

Ca y est ! Je me souviens. Une des premières missions que j'avais faites en duo. Ce jour là je m'étais promis de ne pas coucher avec mes coéquipiers -homme ou femme...-, mais c'était sans compter son physique, son allure, son charme et bien sûr le temps passé ensemble dans une même pièces. Il avait une puissance remarquable et était particulièrement bon au lit pour son âge... sûrement son don qui ajoute quelque chose de plus excitant. En plus il avait un sourire ravageur. Étant son aîné lors de la mission, je gardais constamment ma froideur naturelle et le sérieux dont je devais faire part pour ne pas me faire marcher dessus. Mais la mission finis... on va dire que j'avais... cédé ?

La réceptionniste était perdue, et nous regardait comme si nous étions des fantômes de l'ancien temps. Certainement qu'en 1992 elle n'était pas née, ou alors elle l'était de peu.

-Et bien ! Peux tu nous ouvrir je te pris ?

-Heu... oui ! Bien sure, suivez moi, bafouillât-elle en cherchant les clés.

Petit sourire et coup d'oeil pour l'exorciste au regard de séducteur.

-Toujours autant de succès envers les femmes à ce que je vois...

Je me mis à suivre la jeune fille avec ce cher Sylvester à mes côtés.
Les portes de l'ascenseurs s'ouvrirent et nous embarquâmes tout les trois jusqu'au sous sol. Une fois arrivé, Nina nous ouvra la porte grillagée puis s'en alla en nous souhaitant une bonne après midi.

-Que viens tu chercher dans les archives ? Elles ne sont pas assez grandes à Londres alors tu te dis que tu viendrai te perdre dans celle-ci ? Ou c'était simplement par ce que je te manquais ?

Oui je le cherche. J'aime bien jouer... mais ça vous le savez déjà, et puis cela me fait plaisir de te revoir en vie et en pleine forme, soyons honnête, sans compter son sourire qui est toujours aussi ravageur. Comment ne pas résister ? Et si pour l'heure à suivre je pouvais me permettre de... vagabonder un peu hors de ma vie actuelle ?
Ce serait amusant.

Sylvester se débarrassait rarement de son sourire charmeur et encore moins lorsque c’était devant l’une de ses conquêtes - passé, présente ou potentielle. Il espéra, en voyant les yeux amusés d’Elizabeth, qu’elle n’y était pas tout à fait insensible. La colère en effet avait tout de suite disparu pour laisser place à la plus grande faiblesse de l’exorciste : les femmes.
Ah... Nul doute qu’elles causeraient un jour sa perte. Il s’étonnait d’ailleurs qu’aucune sorcière noire n’ait utilisé cela contre lui. Après tout... il n’aurait pas dit « non » à la jeune Anja von Duisbourg - qu’il n’avait par ailleurs jamais rencontré, mais qu’on disait fort jolie ou même à Natacha Cross de son temps. La nuit aurait volé leurs camps respectifs, mais le matin se relevant, ils auraient bien dû s’affronter et alors Sylvester aurait été sans pitié. Quelle jouissance ! Du sexe suivi d’un combat ! Décidément, cela lui donnait de plus en plus envie de traîner dans les quartiers glauques de Berlin, là où, disait-on, il n’était pas rare de se retrouver face à des sorciers noirs.

-Tu as pris un petit coup de vieux ! J'ai faillis ne pas te reconnaître...

C’est vrai qu’en 25 ans, le temps ne l’avait pas épargné. Des pattes d’oie creusaient la chair autour de ses yeux et quelques mèches grises s’entrelaçaient au brun de sa chevelure. Il n’était plus le même qu’à 22 ans et, pourtant, ne doutait pas de son charme. Ne dit-on pas que le temps améliore les hommes, un peu comme le vin ? Ce n’était pas la jeune Linda, une collègue de 24 ans et son amante du moment qui allait dire le contraire. Et puis avec l’âge vient l’expérience...

- Et encore, tu n’as pas vu certaines de mes améliorations...

Et il accentua sa remarque pleine de sous-entendus d’un clin d’œil.
D’aucun aurait pu le trouver lourd. Certaines, le trouvaient sans doute lourd, d’ailleurs. Pourtant Sylvester était toujours parvenu à ses fins. La seule qui lui avait vraiment résisté était Lily. Avec elle, il avait dû utiliser d’autres moyens qui lui avaient demandé plus de temps. Avec n’importe qu’elle autre femme il aurait sans doute abandonné la conquête, pour se retourner sur une cible plus facile, mais Lily c’était différent.
Lily il avait été amoureux ?
Peut-être.
Lily c’était surtout du passé. Elle avait mis fin à leur relation du jour au lendemain. Parce qu’elle était enceinte ; ça, il ne le savait pas à l’époque, elle ne le lui avait pas dit. Il l’avait appris plusieurs années plus tard. L’enfant était-il de lui ? Il l’ignorait et n’osait pas vraiment poser la question.
Trop de responsabilités.
Il préférait se retourner sur les femmes et leur faire tourner la tête.

-Et bien ! Peux tu nous ouvrir je te pris ?

Plongé dans ses pensées, Sylvester n’avait pas remarqué que Elizabeth s’était tournée vers la jeune réceptionniste qui ne semblait plus savoir où se mettre.

-Heu... oui !

Nina sembla paniqué un instant, cherchant les clés sur son bureau, un sourire béat et quelques coups d’œil qui se voulaient discrets, mais qui étaient flagrant. Entre sa cheffe et l’exorciste, elle paniquait. Sylvester lui sourit, amusé de la voir ainsi déstabilisée, ayant déjà oublié qu’elle lui avait refusé l’accès quelques minutes auparavant. Aussitôt la jeune femme piqua un fard et n’osa plus relever les yeux sur l’exorciste.

-Toujours autant de succès envers les femmes à ce que je vois...

La phrase de sa cheffe acheva d’embarrasser la réceptionniste qui se précipita sur les portes de l’ascenseur pour cacher sa gêne.

- Les jeunes femmes sont trop facilement impressionnables, je préfère celles plus âgées, le challenge est plus intéressant...

Il dit tout cela en dévorant Elizabeth des yeux, puis d’un pas calme rejoignit Nina et l’ascenseur. La réceptionniste, toujours dans tous ses états, n’osait pas décoller les yeux du sol et Sylvester s’en amusait beaucoup. Une fois arrivés au sous-sol, ils sortirent et la jeune femme ouvrit une porte grillagée avant de se tourner vers sa cheffe pour la saluer brièvement, lancé un dernier regard à Sylvester sans rien n’oser dire, puis trottiner rapidement jusqu’à l’ascenseur.

-Que viens tu chercher dans les archives ? Elles ne sont pas assez grandes à Londres alors tu te dis que tu viendrai te perdre dans celle-ci ? Ou c'était simplement par ce que je te manquais ?

La question d’Elizabeth ramena tout de suite Sylvester dans le moment présent et un voile passa dans ses yeux. Il n’était pas ici pour draguer une ancienne conquête ou déstabiliser une jeune réceptionniste. Il ne devait pas oublier sa mission première : Louis.

- Mon apprenti a été enlevé lors de l’attaque de l’orphelinat. J’ai entendu parler d’un dossier qui pourrait m’aider. Celui d’Aleksander Jorgensen, son père. Il est mort à présent, mais j’espère pouvoir y déceler une piste, des anciens amis... N’importe quoi.

Le ton de sa voix avait baissé à présent. Il était concentré sur Louis, son apprenti. Ce jeune homme tellement plein de force et de vigueur. Ce jeune homme sous sa responsabilité. Ce jeune homme qu’il avait perdu.
Sylvester se sentait coupable. Coupable de cet enlèvement, coupable de ne pas l’avoir encore retrouvé.

Mais cet faille ne dura qu’un instant sur le visage de l’exorciste qui releva la tête et recolla son sourire charmeur. La dernière remarque d’Elizabeth ne lui avait pas échappé.

- Pourquoi me poses-tu cette question ? Je te manquais ?

C’était plus facile d’être charmeur qu’irresponsable.

-Et encore, tu n'as pas vu certaines de mes améliorations...

Des améliorations ? Plus de muscles c'est possible ? Je me mis à rire intérieurement, en esquissant un sourire à l'extérieur. Il n'avait pas changé en fait.... et il faisait définitivement de l'effet à cette pauvre Nina...


-Les jeunes femmes sont trop facilement impressionnables, je préfère celles plus âgées, le challenge est plus intéressant...

Je plissais les yeux. Il me cherche, ça c'est sur. Je fis mine de ne pas avoir entendu sa deuxième partie de phrase et répondis à la première partie, tout en détournant de manière maligne son regard, mais en le fixant en coin.

-Ne les sous estimes pas, certaines cachent bien leur jeux.

Nina regardait constamment le sol et avait du mal à se concentrer plus de deux minutes sur ce que je lui avait demandé de faire. Dans un sens je la comprenait, c'était plutôt gênant comme conversation... mais dans un autre cela m'amusait de jouer de nouveau, cela me détendait. Et quoi qu'elle fasse, Nina pourrait tout aussi bien tomber dans les mailles du filet de ce cher Sylvester ce soir....

-Que viens tu chercher dans les archives ? Elles ne sont pas assez grandes à Londres alors tu te dis que tu viendrai te perdre dans celle-ci ? Ou c'était simplement par ce que je te manquais ?

Je m'étais placé devant lui, appuyé sur une table, les bras croisées et je me mis à l'examiner plus attentivement. Il avait des cheveux qui devenaient gris, et des petites rides ici et là sur le visage, le sculptant davantage et lui rajoutant de la finesse. Sa carrure... et bien elle était toujours aussi imposante ! Son regard était profond et vif à la fois, ses yeux brillants...
Après lui avoir posé ma question, un petit voile de sérieux s'abattu sur son visage.

-Mon apprenti a été enlevé lors de l’attaque de l’orphelinat. J’ai entendu parler d’un dossier qui pourrait m’aider. Celui d’Aleksander Jorgensen, son père. Il est mort à présent, mais j’espère pouvoir y déceler une piste, des anciens amis... N’importe quoi.

Je me mis à rapidement réfléchir. Ce dossier ne me disait rien mais je savais ou il était rangé -dans la partie où sont rangé les personnes décédés cela va de soit...- en espérant qu'il y soit et que les informations qu'il désire s'y trouve. Mais je n'en doutais pas un instant.

-Pourquoi me poses tu cette question... je te manquais ?

Je me redresse, et tout en enlevant mon manteau, je lui répond un mystérieux :

-Qui sait...

Puis, après avoir déposé mon par dessus, je pris le chemin du fond des archives, traversant les casiers bien rangés mais également des étagères ou croulaient des milliers de dossiers. Tous en cours, évidement. Suite à l'attaque s'il y a quatre ans, les enquêtes se sont multipliés et les perquisitions et arrestations sont devenues priorités, les documents eux se sont empilés et maintenant il va falloir que j'embauche quelqu'un pour tout ranger. La personne qui sera chargée de tout remettre en ordre, je la plains, sincèrement...
je pris le registre et chercha une entrée de dossiers au nom de "Jorgensen". Bon, je suppose que sa mort date de y a plus de deux ans, donc son dossier a des chances d'être trouvé rapidement. Alors.... mon doigt parcouru les pages et s'arrêta sur ce cher monsieur.... dossier J2140.3 !

-Commet s'appelle ton apprenti ?

J'avais posé la question par ce que j'étais intéressée et aussi pour combler le silence qui s'était installé, et puis c'est plus sympas de se perdre dans cette salle tout en discutant nan ? Je me tournais vers lui, en attendant sa réponse puis je me dirigea vers l'étagère numéro J2 et ouvrit le tiroir à dossiers. Un bon demi mètre de tiroir sortie. Je mis la main sur le dossier J2140.3 et le feuilleta rapidement.

-Je crois que j'ai trouvé ton cher monsieur Jorgensen, et il y a une boîte à son nom aux archives magiques, des objets personnels trouvés chez lui selon ce qui est marqué.

Je lui tendit le dossier, et m'assis sur la table présente au centre de la pièce. La lumière était pâle et froide, et l'atmosphère faisait glacer dans le dos. Finalement, j'étais bien dans mon donjon de verre... tout la haut... près du soleil.
Je pris mon paquet de gâteau et en sortie un que je tendis à Sylvester.

Sylvester avait toujours été doué au jeu du chat et de la souris. Avec sa force extraordinaire, il avait tout de suite adoré ce jeu qui lui permettait de courir derrière ses petits camarades et de les attraper pour les soulever plutôt que simplement les toucher. Puis, en grandissant, il c’était mis à courir après les femmes. Il avait voulu essayer les hommes, une fois, pour l’expérience, mais c’était vite rendu compte que ce n’était vraiment pas son truc. Non, décidément, l’exorciste était un homme à femme.
Et plus la cible était difficile, plus la victoire était savoureuse.

-Ne les sous-estime pas, certaines cachent bien leur jeu.

Une moue se dessina sur les lèvres de l’homme ; par expérience, bien peu de femmes lui échappaient. Elles étaient trop flattées qu’un homme avec tant d’expérience s’intéresse à elle. Peut-être plus libérée également ; c’était une autre éducation. Alors que les femmes de son âge... C’était autre chose. Surtout quand elles étaient mariées. L’exorciste savait qu’il devrait culpabiliser de s’attaquer ainsi à des femmes prises par le mariage et pourtant... il n’y pouvait rien, c’était son pêché mignon comme d’autres aiment les macarons. Il y avait là un défi supplémentaire ; surpasser le mari plan-plan et son quotidien embarrassant. Sylvester prenait un malin plaisir à les faire crier toute la nuit, certain que les traditionnels missionnaires imposés par leur mariage - sinon, pour quelle autre raison tromperaient-elles leur mari ? - ne valaient rien face à ses techniques.
Car Sylvester était doué. Très doué.

Il prit une certaine malice à demander à son ancienne amante s’il lui avait manqué. Elizabeth rétorqua avec un air mystérieux :

-Qui sait...

Le quarantenaire leva un sourcil surpris. Elizabeth voulait donc jouer ? Pourtant elle avait une alliance à l’annulaire, bien que son nom de famille n’ait pas changé... Qu’est-ce que cela voulait bien dire ?
Elle ne lui laissa pas le temps de poser la question que, déjà, elle s’éloignait parmi les archives, se perdant dans le labyrinthe de dossier échoués là. C’était encore plus le bordel que dans les archives de Londres et pourtant, celles-là n’étaient pas un exemple d’organisation. À croire que la rigueur allemande c’était perdue avec le temps... Qui était le directeur d’Orpheo Allemagne déjà ? Sylvester ne savait plus et, à vrai dire, il s’en fichait un peu. Il n’avait jamais été très friand de connaître les hiérarchies, cela l’ennuyait.
Soudain, la voix de son ancienne partenaire surgit parmi les rayons alors qu’elle revenait avec un lourd registre entre les mains :

- Comment s’appelle ton apprenti ?

En attendant la réponse elle le fixa, avec un peu de curiosité dans les yeux.

- Louis. Louis Jorgensen.

Il repensa au jeune homme blond qu’il avait perdu depuis plusieurs années maintenant déjà. S’il n’y avait pas eu l’attaque de l’orphelinat, Louis aurait terminé sa formation depuis longtemps. Nul doute qu’il serait devenu, à la suite de ça, un brillant exorciste. Peut-être même encore plus brillant que Sylvester ; il était talentueux, sérieux et assidu. Le maître se retrouvait un peu en l’apprenti, raison pour laquelle il avait tout fait pour le pousser à bout. Mais le jeune homme avait tenu bon, surmontant chacune des embûches, se levant tous les jours avant le soleil, assainissant sa vie au maximum, comme le lui demandait Sylvester.
Décidément, Louis le dépassait déjà depuis longtemps. Même auprès des femmes ; il avait cette jolie Carla à qui il était fidèle. Peut-être bien qu’il serait marié en ce moment. Mariage auquel Sylvester aurait sûrement assisté, au même titre que Jérémy, le petit frère de Carla.
Carla et Jérémy, les enfants de Lily.
Jérémy, l’enfant qui était neuf mois après sa rupture avec Lily. Sylvester n’était pas bête et il savait compter. Qui était ce gosse...
Pourquoi la vie était si compliquée ? En tout cas, pour l’instant il devait se focaliser sur sa quête de Louis. Il ne pouvait pas le laisser aux mains des sorciers noirs.

- Je crois que j’ai trouvé ton cher monsieur Jorgensen, et il y a une boîte à son nom aux archives magiques, des objets personnels trouvés chez lui selon ce qui est marqué.

Elizabeth était revenu des étagères et lui tendit un maigre dossier avant d’aller s’asseoir à la table en aluminium qui trônait au centre de la salle. Sylvester se saisit du dossier qu’il lut rapidement avant de le poser sur la table et de commencer à le photographier à l’aide de son téléphone portable. Tout en faisant cela, il demanda :

- Nina avait l’air plutôt impressionnée par toi. Tu as un grade élevé ici ?

La réponse n’intéressait que peu Sylvester - bien qu’il se serait bien glosé de séduire une haut gradée -, mais cela comblait le silence. Et ça faisait si longtemps qu’il n’avait plus vu Elizabeth qu’ils avaient plein de chose à rattraper.
Le sorcier acheva de prendre des photos, referma le dossier et se saisit du gâteau que lui tendait la femme. Cela n’entrait pas dans le cadre de son régime relativement stricte - un corps pareil, ça s’entretient -, mais il pouvait bien se permettre de faire un écart de temps en temps.

- Tu pourrais me conduire aux archives magiques ? Et peut-être qu’après, je pourrais t’inviter à déjeuner ? En toute amitié, évidemment, pour te remercier.

Le sourire qui teintait les lèvres de Sylvester démentait pourtant cette histoire « d’amitié ». Bien sûr qu’il avait une idée derrière la tête. Il avait toujours une idée derrière la tête.


Louis Jorgensen. Ce jeune homme devait être vraiment important aux yeux de Sylvester. Pour aller fouiner dans les archives d'Orphéo Allemagne, il fallait vraiment que ce soit important. Était-il seulement son apprentie ? Ou alors il était plus que ça.
Qui sait, je n'allais pas embêter Sylvester en posant ce genre de questions.
Un apprenti... et si je décidait d'en prendre un ? Hm... en même temps, je n'allais pas pouvoir lui apprendre grand chose, sur le terrain j'étais rouillée, enfin les runes je les avais plus en tête pour la plupart il aurait fallut que je me les remémore avant de les apprendre, et les technique de combat... j'avoue que le combat au corps a corps n'a jamais été ma spécialité. J'étais plus, élimination rapide et discrète. Après tout, user de mes charmes pour approcher les cible c'était si simple... pour ça j'étais douée.
Je pourrais apprendre à cet apprenti comment négocier, dans la vie d'aujourd'hui, Ca peut nous sauver la peau. Savoir bien parler et aborder les bonnes questions au bon moment, être implacable ou encore avoir constamment les bons arguments. Ça c'est très intéressant. C'était devenu mon dada, mon petit jeu personnel que je pratiquais avec presque tout le monde.
Les bons mots, aux bons moments.
Et le tour était joué !

Sylvester commença à prendre en photo le dossier, grâce à son téléphone portable. C'est assez fou les technologies. J'aurai aimé que mon pouvoir soit lié à la technologie, ça aurait fait un avantage certain face à l'ennemi, connaître les différents réseaux et découvrir où se cachent tout ce beau monde ! Mais faut croire que j'étais née dans le mauvais siècle. Ce genre de pouvoir était rare.
Il prenait donc les photos des pages, on avait presque rien sur ce Louis. Quelques maigres informations sur son passage en Allemagne, il y a certainement plusieurs années déjà.

-Nina avait l’air plutôt impressionnée par toi. Tu as un grade élevé ici ?

Un grade élevé ? C'est moi qui dirige la boutique mon brave ! Avec Cormag évidement. Mon cher et tendre époux.

-Et bien disons que je suis la supérieure de sa supérieure.

Pourquoi ne pas simplement lui dire que je suis sous directrice ? Allez savoir, je trouve ça plus mystérieux, et ça permet de pouvoir relancer la conversation plus tard.
Il reviens vers moi et prit le gâteau que je lui tendait. Il le mangea puis me demanda :

-Tu pourrais me conduire aux archives magiques ? Et peut-être qu’après, je pourrais t’inviter à déjeuner ? En toute amitié, évidemment, pour te remercier.

En toute amitié... évidement ! Vu son sourire, il aurait pu me dire qu'il aurait adorer remettre notre partie de jambes en l'air d'il y a 20 ans, ça aurait été plus simple.
Mais il joue et moi j'aime jouer. Oui, vous m'entendez répéter ça mais.. c'est tellement bon.
Je me lève puis m'approche de lui.

-J'accepte pour le déjeuner ! En tout amitié, évidement...

Puis je passe à côté de lui, assez proche pour l'effleurer, pour me diriger vers les archives magiques.

-Suis moi, je t'y emmène. Fais pas gaffe au bazar, depuis quatre ans, c'est la guerre, et ça n'a pas épargné les archives.

Oui, parce que le nombre de saisis faites et en cours d'être traité par les archivistes, puis les grosses prises et les petites prises, les choses qui sont juste la par hasard ou encore celle qui sont tombé ici on sait pas comment mais elle le sont. Ça aide pas d'avoir le QG des méchants aux portes de la ville, et depuis quatre ans c'est le chaos. Mais depuis quelque temps, j'ai réussis a faire en sorte qu'au moins tout soit bien rangé, les boites sont enfin alignées, juste qu'elles attendent les résultats des enquêtes pour être classées et scellés. Et les enquêtes, elles patinent.
Bref !
Le gardien me voit arriver, il se lève aussitôt et me salut.

-Je souhaite voir la boîte du dossier J2140.3, s'il te plaît !

-Tout de suite madame. Votre signature ici, et déposer votre téléphone et autre appareil électronique ici.

Je signe rapidement et dépose mon téléphone dans la boîte que me tend ne concierge. Nouvelle consigne de sécurité ! Les téléphones, tablettes et autres appareils contenant un appareil photo sont interdits aux scellés, évidement pour éviter toutes fuites potentielles et tout vol d'informations. Je me retourne vers Sylvester et attend sagement qu'il fasse de même.
Le gardien nous ouvre et nous conduit devant la boîte qui nous intéresse. Elle est petite et haut perchée sur l'étagère. Il l'a sort et la dépose alors sur une table en fer tout aussi froide que la pièce, et s'en va en nous saluant une dernière fois.

-A toi l'honneur !

Je m'assis sur la table, assez curieuse de voir ce qu'on allait découvrir dans la boîte à mystère. J'espère qu'il trouvera quelque chose, même si c'est une toute petite information, ça serai super pour lui.
Faut pas croire, c'est un chic type ce Sylvester, aussi doué au lit que dans son travail.

Malgré le charisme et les effluves de séduction du passé que dégageait Elizabeth, Sylvester se concentrait sur le dossier, enregistrant mentalement certaines informations en même temps que son téléphone sauvegardait les détails de sa mémoire. Si les femmes étaient pour l’exorciste une faiblesse, il n’en délaissait pas pour autant son travail qu’il avait appris à aimer. Décidément, l’homme n’était pas du genre à s’installer dans un petit pavillon avec une femme et trois gosses. Il était trop instable, son plus grand et véritable amour étant son boulot... Lily avait sans doute bien fait de rompre avec lui ; il l’aurait forcément déçue à un moment ou un autre.
Mais ce n’était pas le moment de penser à son ex amante. Aussi, Sylvester se focalisa sur les paroles de son ancienne coéquipière :

-Et bien disons que je suis la supérieure de sa supérieure.

Le quarantenaire haussa un sourcil ; ce n’était pas vraiment une réponse très précise. Avec son poste de secrétaire, Nina était relativement au bas de l’échelle ce qui laissait une panoplie assez large de toutes les positions qu’Elizabeth pourrait occuper, de la simple exorciste à la directrice du QG. Même si, cette dernière position était écartée d’office puisque l’australien n’était pas sans savoir que c’était un homme, un certain Cromwell - Cornu - Cormy (Sylvester avait beaucoup de peine avec les noms) qui se tenait à la tête de l’Allemagne. Un homme relativement insupportable par ailleurs, selon les rumeurs qui courait à Londres. Malgré la guerre qui aurait dû réunir - et qui avait su réunir leurs ennemis, par exemple, avec l’alliance entre Rosenrot et Croix - Orpheo était plus divisée que jamais entre Conservateurs et Progressistes. Bien que moins nombreux, les Conservateurs avaient de gros soutiens derrière eux... comme l’Allemagne.
Autant dire que ce chef allemand - Sylvester décida mentalement de l’appeler “Coco de Berlin“ dans sa tête pour se simplifier la vie - n’était pas dans les bonnes grâces du QG londonien et, par conséquent, dans celles de l’océanien.

L’exorciste oublia ses pérégrinations mentales - se disant qu’il découvrait bien à un moment ou un autre la véritable position d’Elizabeth - pour écouter la réponse de la jeune femme à son invitation en tête à tête... en toute amitié.

-J’accepte pour le déjeuner ! En tout amitié, évidement...

En disant cela, son ancienne amante passa à côté de lui, assez proche pour qu’il puisse sentir les effluves de son parfums, légèrement sucré et qui n’avait pas changé depuis toutes ces années. S’il avait été plus jeune, il serait sans doute tombé dans le panneau et l’aurait suivi la langue pendante et le début d’une bosse dans son pantalon. Mais Sylvester avait vieilli et le jeu de la séduction il connaissait sur le bout des doigts. Il se contenta donc de sourire à la charmante dame en la suivant à quelques pas, sans douter de sa capacité à la remettre dans son lit.

-Suis moi, je t’y emmène. Fais pas gaffe au bazar, depuis quatre ans, c’est la guerre, et ça n’a pas épargné les archives.

Le chemin jusqu’aux archives n’était pas bien long et, lorsque les deux exorcistes finirent par arriver, le gardien se redressa immédiatement, comme monter sur des ressorts. Décidément, il n’y avait pas de doute à avoir ; Elizabeth avait grimpé bien des échelons durant toutes ces années.

-Je souhaite voir la boîte du dossier J2140.3, s’il te plaît !

Le gardien prit un ton presque solennel en tendant une boîte, le temps que Sylvester se disent qu’il en faisait vraiment trop.

-Tout de suite madame. Votre signature ici, et déposer votre téléphone et autre appareil électronique ici.

Le sorcier sortit à son tour son téléphone pour le poser dans la boîte. Contrairement aux petits jeunes qu’il avait parfois pu voir sur le terrain, cela ne le dérangeait pas d’être séparé de son portable. Même si Sylvester reconnaissait l’aspect pratique de l’objet dans le cadre de son travail - et de ses conquêtes - il était de l’ancienne école. Celle qui se baladait encore avec un crayon et un bout de papier et qui savait utiliser les cabines téléphoniques ou la case mémoire de son cerveau.
Les deux anciens amants suivirent le gardien à l’intérieur jusqu’à la fameuse boîte reposant sur une grande étagère. Leur guide sortit minutieusement la boîte afin de la poser sur une table au centre de la salle puis recula pour les laisser tranquille, non sans esquisser un dernier geste de la tête envers celle qui devait être sa cheffe.

- Et bien, tu me pardonneras l’expression, mais c’est un vrai lèche-cul celui-là !

L’exorciste examina ensuite la petite boîte posée sur la table sans véritablement oser s’approcher. Depuis le début, depuis qu’il avait commencé à chercher son apprenti, ça se terminait toujours pareil ; quand il pensait avoir trouver une piste, cela se terminait en ballon de baudruche. Aussi, appréhendait-il le moment où il ouvrirait cette boîte et le repoussait-il le plus longtemps possible.

-A toi l’honneur !

Elizabeth s’assit à la table alors que l’homme se rapprocha de la boîte et, inévitablement, de la femme. Il s’accroupit à ses côtés, ses muscles supportant aisément ce traitement malgré son âge plus si jeune. Puis, il ouvrit la boîte avec une certaine délicatesse.
Au fond de la boîte résidait une clé et un carnet. Aussitôt, l’exorciste sortit son propre carnet et commença à recopier avec application les passages qui lui semblaient pertinents. Les pages étaient constellées de sortes de gribouillis qu’il identifia immédiatement comme un code. Comment le déchiffrer... ? Ça, il pourrait le découvrir plus tard...
Puis, ayant consciencieusement recopié les symboles, il se saisit de la petite clé avant de se tourner vers l’allemande, plantant ses yeux dans ceux de son ancienne conquête - à moins que ce n’ait été lui la conquête ? - et tenant la clé juste entre eux, alors que leur visage ne se trouvait qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.

- J’ai besoin de cette clé, Elizabeth. Je sais que ce n’est pas du toute dans les procédures, mais j’ai besoin que tu me couvres là-dessus.

Sa main libre monta alors vers le visage de la femme, attrapant une mèche et jouant avec, avec une certaine tendresse.

- S’il te plaît.

J'avais accepté le déjeuner, je l'avais même accompagné jusqu'à la fameuse boîte à mystère. Qu'allait-il me réserver comme surprise encore ?

-Et bien, tu me pardonneras l’expression, mais c’est un vrai lèche-cul celui-là !

Je laisse échapper un petit rire. Tout le monde est lèche cul ici, c'est pour mieux te poignarder dans le dos une fois loin. A mon poste, j'ai appris à ne plus y faire attention. D'ailleurs, heureusement que Dgenna ne l'a jamais été avec moi. Le jour où je l'ai embauché je devais être pas mal inspirée !

-Oh tu sais... à force je ne fais même plus attention.

Non c'est vrai. Même si je connais le nom de chaque employé et leur grade, j'ai arrêté de faire attention à eux outre mesure, car sinon ils peuvent penser que je m'intéresse à eux. Or, je m'intéresse sûrement à leur efficacité et leur travail.
Bien, et si désormais on découvrait ce qu'il se cachait dans ces archives ?

-À toi l'honneur !

Je m'assis sur une table et je le regarde examiner la boîte comme si c'était un trésors étrange et inconnu. Je ne juge pas, j'avoue que si je recherchais des informations depuis des années et que à chaque fois je ne trouvais pas grand chose, j'aurai peur d'ouvrir chaque boîte. Normal, ca se comprend.
Il décide de l'ouvrir au bout d'un petit moment, découvrant ainsi un simple carnet et une clé un peu rouillée. Il sortit son propre carnet et se mit à recopier méticuleusement tout ce qu'il avait été écrit -dessiné ?- par son jeune apprenti. C'était illisible et totalement incompréhensible... Je regardais, quand même curieuse de savoir que ça pouvait être, mais je fus rapidement déçue, car rien de ce que je pouvais lire avait de sens pour moi. Enfin "lire", regarder une œuvre de Picasso aurait le même effet. Je me redresse et remet mes cheveux en place, j'avais quelques mèches rebelles qui s'étaient mise à dire bonjour au monde suite à mon escapade dehors sous la pluie. Sylvester terminait tranquillement de recopier le petit carnet, sagement et toujours aussi sérieusement qu'à l'époque. Il a beau avoir été jeune et insouciant, il n'en restait pas moins toujours très professionnel. C'est ce que n'apprécie chez lui, une rigueur accompagnée de moment d'égarement, plus viril et impulsif.
Je l'imaginerai bien avec des lunettes...
Je me redresse un peu et remarque qu'il a fini. Il prend la clé et le la met devant mon visage, me fixant d'un regard assuré. Je pouvais sentir son souffle tellement il se trouvait proche.

-J’ai besoin de cette clé, Elizabeth. Je sais que ce n’est pas du toute dans les procédures, mais j’ai besoin que tu me couvres là-dessus.

Il a besoin de la clé ? Fallait s'en douter, c'était sur qu'il allait me demander de prendre quelque chose aux archives. Heureusement il a recopier le carnet, déjà il n'y aura pas tout qui va disparaître.
Il fallait donc que je le couvre... en tant que sous-directrice, je devrait refuser catégoriquement, les archives sont les archives et leur but est d'être archivé -bien raisonné Eli...- mais en tant qu'amie, je n'aurai qu'une envie : l'aider.
Et puis, si il prend cette fameuse clé, qu'il découvre quelque chose, ça peut faire avancer toute l'histoire non ? Ce serait un mal pour un bien ! Avouons-le. Et puis il est sérieux...
Il s'avance un peu plus et prend l'une de mes mèches rebelles pour jouer avec. Il est malin... il sait comment m'amadouer, même si il a pas besoins de le faire, je lui aurai dis oui sans tout ce cinéma. En mémoire du bon vieux temps.

-S'il te plaît.

Je sourie, accompagné de mon regard de braise. Et bien bel homme, tu aimerai me demander ce service ? Hm... et bien, soit. Mais ça ne sera pas gratuit.
Je remet en place ma mèche tout en effleurant sa main au passage, et répond.

-Très bien. Mais seulement à deux conditions : d'une, tout ce que tu apprendra sur cette clé, je veux le savoir. Si ça peut faire clore l'enquête et vider l'étagère, ça m'arrangerai. Et de deux...

Le secret dans un morceau de musique, c'est les pauses, les silences... ceux qui te font languir, espérer, rêver.
Je me rapproche encore, nos nez se touchant à peine.

-C'est toi qui offre le restaurant...

Sur ce, je regarde furtivement ma montre et remarque qu'il est déjà bien tard. Cormag doit certainement commencer à se demander si il doit envoyer la moitié de l'armée me chercher à l'appartement. Ne le laissons pas attendre plus longtemps, après tout... il ne se passera rien d'autre ici, n'est ce pas ?
Je me lève et commence à partir.

-Tu passes me prendre a 13h ?

Puis toute pimpante et fière de moi, je m'en vais récupérer mon portable, le sourire au lèvres. Avant de prendre le petit couloir qui ramène à l'ascenseur, je passe la tête par la porte.

-Tu peux rester la si tu veux, fais comme chez toi !

Ainsi donc, j'allais déjeuner avec Sylvester. C'est Cormag qui va être content... si il le sait un jour. Je ne suis pas du genre cachotière mais dans la vie il faut aussi garder quelques secrets, ca rend les choses plus.... excitantes.
En attendant il fallait que je fasse les comptes et que je mette à jour mes rendez vous pour le prochain mois qui allait s'avéré chargé.
Oh et puis je pense de toute façon que Cormag le saura, il sait presque tout de ma vie. Et un déjeuner ça ne veut rien dire.
Même si c'est avec une ancienne, très ancienne conquête.

-Oh tu sais... à force je ne fais même plus attention.

Sylvester leva un sourcil, légèrement surpris par la remarque légèrement hautaine de son ancienne amante. Décidément, Elizabeth devait avoir grimpé dans la hiérarchie bien plus haut que ce qu’il pensait... et le pouvoir semblait lui être monté à la tête ! Il n’osa cependant rien dire, gardant ses réflexions pour lui-même et préférant se concentrer sur son propre problème : Louis.

-À toi l’honneur !

Une fois le carnet recopié et la clé saisie, il planta son regard mûr dans celui d’Elizabeth, laissant ressortir le charmeur de sa jeunesse. Allait-elle craquer et dire oui ? Le sourire flamboyant qui se dessinait sur ses lèvres paraissait lui accorder ce privilège... à moins que ce ne soit qu’un jeu ?
Elizabeth remis la mèche avec laquelle le sorcier jouait, non sans effleurer la main de l’homme au passage. Homme qui sentit son cœur rater un battement à ce contact.

-Très bien. Mais seulement à deux conditions : d’une, tout ce que tu apprendras sur cette clé, je veux le savoir. Si ça peut faire clore l’enquête et vider l’étagère, ça m’arrangerais. Et de deux...

La voix de l’allemande se fit suave alors que l’australien sentait un frisson remonter lentement le long de son échine. Il n’y avait pas à dire ; malgré son âge, Elizabeth était toujours aussi langoureuse, charmeuse, joueuse... Et Sylvester peinait à résister à tout ce charme ! Elle lui semblait même encore plus aventureuse que dans leur jeunesse, bien plus consciente des faiblesses de cet homme qu’elle connaissait intimement...
Leur nez se touchèrent presque et il cessa de respirer alors que...

-C’est toi qui offre le restaurant...

Toute la tension sexuelle accumulée dans la pièce se souleva d’un coup, libérant les poumons de Sylvester qui devait contrôler à grande peine ses ardeurs et son instinct qui lui disait d’attraper la main délicate devant lui, de l’embrasser, de remonter le long de la peau de Elizabeth, faisant se dresser les poils sous les frissons, jusqu’à arriver à la gorge blanche qui aurait pu mordre avec délectation et alors là...
Perdu dans son imagination Sylvester remarqua à peine que l’objet de ses désirs venait de se lever et se dirigeait vers la sortie.

-Tu passes me prendre à 13h ?

L’exorciste décida de se reprendre, réarrangea ses cheveux déjà parfaitement en place et rangea son carnet dans sa poche, se préparant à repartir.

-Tu peux rester là si tu veux, fais comme chez toi !

Il acquiesça, glissa la clé volée dans la poche intérieure de son blouson et en ressortit une autre de son trousseau de clés - celle du cadenas de son vélo resté à Little Angleton - et la balança dans la boîte. Il préférait se couvrir histoire que son ancienne coéquipière n’ait pas trop de problème si quelqu’un décidait d’ouvrir la boîte.
Il rangea ensuite le tout à sa place avant de ressortir, de signer la feuiller de sortie, de récupérer son portable et de quitter le bâtiment. Il lui restait quelques heures à tirer avant son rendez-vous et il avait bien l’intention d’en profiter...

13h le même jour - QG d’Orpheo Allemagne (Berlin)

Quelques heures plus tard, Sylvester réapparu, changé de pied en cap. Il avait profité du temps à disposition pour acheter un smoking et il tenait une rose rouge - la couleur de la passion - dans sa main. En faisait-il trop ? Sans doute, mais cela avait toujours fonctionné. Il avait, en outre, réservé une table dans le meilleur restaurant de Berlin ; la réservation avait été délicate à placer, mais l’exorciste avait su tirer sur les bonnes ficelles...

Lorsqu’il pénétra dans le QG, c’est une Nina au bord de l’évanouissement qui s’adressa à lui. Décidemment, cet homme... Elle se mit à envier sa supérieure, hésita à glisser son propre numéro à l’exorciste, avant de réaliser qu’ils ne devaient pas jouer dans la même cours... Elle en avait pourtant eu des amants, mais le quinquagénaire au sourire brillant dégageait quelque chose que personne - pas même le top model qu’elle avait vaguement fréquenté plus jeune - ne dégageait. Si bien qu’elle qui n’avait jamais été attiré par les vieux en venait à oublier son âge.. ainsi que la parole. Elle dut s’y reprendre à trois fois pour lui demander ce qu’il voulait.

- Pouvez-vous prévenir Elizabeth Porter de ma présence ?

Evitant la parole, elle hocha la tête avant de décrocher sa patronne pour l’informer de la présence du bel Apollon...

J’arrive à mon bureau et demande à la secrétaire de décaler les rendez-vous de ce début d'après-midi à demain. Je m’'enferme seule dans la salle et ouvre un placard dans une petite pièce annexe. Trois robes y étaient pendues. Je les contemple un instant et prend la plus sobre. Je devais certes me changer mais je ne voulais pas non plus donner l'impression à Sylvester qu'il avait réussi a de nouveau me séduire. Ainsi j’opte pour une robe noire simple assez moulante jusqu'au genoux et des talons rouges assorties à mon rouge à lèvre. Je pose le tout sur la chaise dans l'angle et me remets rapidement au travail, après tout, il me restait du temps avant de me préparer.

13h le même jour - QG d’Orpheo Allemagne (Berlin)

J’étais profondément plongée dans la relecture d'un document administratif que je n'entendais pas les coups sur la porte.
La secrétaire entra.

- Votre rendez-vous du déjeuner vous attend.

Je reflechis un cours instant, le temps de nettoyer ma tête de tous les chiffres que je venais d'étudier avant de tout remettre en place. Sylv, évidemment. Un sourire se pointa aussitôt.

-Dites lui que j'arrive dans un instant. Au passage, apportez cela au bureau de mon époux.

Je me lève et déose dans les bras de la femme d'autre documents. Je me masse le front et prends les vêtements. Je me demande ce que Cormag est en train de faire.

-Quand il faut y aller.

Je me change rapidement et tire ses cheveux en arrière grâce à ma pince en argent sertie d'une assez grosse perle. Je m’admire rapidement dans le miroir.

-Pas mal.

Pas mal, pour une bureaucrate de plus de soixante ans. Je remercie mes gènes de sorcière.
Puis je prend mon sac et marche vers l'ascenseur d'un pas décidé, la tête haute et un sourire sournois de nouveau sur mes lèvres. Pour être honnête, cette distraction me plait beaucoup trop. Je ne sais pas comment cette journée allait finir mais je sais une chose : cela va être amusant.
J’arrive dans le hall des ascenseurs et remarque au loin que ce cher Don Juan avait eu la même idée que moi. Il portait désormais un smoking noir et avait dans sa main une rose rouge. Je lève le sourcil, cela faisait bien des années qu'on ne lm’avait pas dragué de la sorte. Avant d'arriver à son niveau, cette chère Nina vint me glisser deux mots discrètement. J’acquiesce.

-Je m'en occupe, merci.

Puis je regarde droit dans les yeux Sylvester tout en avançant d'un pas décidé et royal.

-Tu es superbe. Dis-je pour le saluer.

Puis après lui avoir souri sincèrement, mes yeux tombent sur la rose. Une simple rose rouge, efficace ce cher sorcier. Au moins, son côté tombeur a des aspects positifs : il sait les petites choses qui font plaisir aux dames de mon genre.

-Ne me dis pas que cette chère Miss Nina a refusé tes avances ? Ou alors cette rose serait pour moi ?

Le ton était léger, je connaissais pertinemment la réponse mais je n’ai pu m'empêcher de tâter le terrain un peu. Voir jusqu'où nous irons.

Elle se faisait attendre, la belle, mais Sylvester était un homme patient et ne broncha pas, se contentant de sourire à la jeune Nina qui passait et repassait nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille. Le jeu en valait la chandelle et, lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent pour dévoiler la sorcière, un sourire décora les lèvres du quinquagénaire. Elle était splendide dans sa robe, assez pour titiller ses hormones et l'homme réalisa qu'il la désirait toujours autant que trente ans auparavant lors de leur planque tous les deux. Elle dégageait quelque chose des très différent de Lily - Sylvester ne pouvait s'empêcher de la comparer à la seule femme qu'il ait jamais aimé -, mais ça l'attirait énormément. La laissant venir, il l'accueillit avec un sourire.

- Tu es superbe.

Terminant les quelques centimètres qui la séparait d'elle, il posa ses lèvres chastement sur sa joue, sa main s'égarant sur son bras. Il aurait bien été cueillir sa bouche plutôt, mais ne désespérait toujours pas de l'issue de la soirée.

- Tu me flattes. Et tu es tout simplement sublime.

Des manières peut-être un peu décalées avec la réalité, mais qui correspondaient bien à leur personnalité. Il aimait en faire trop, et savait que ça lui plairait. Ca ne manqua pas, d'ailleurs, ses yeux tombèrent sur la rose et l'ironie pointa dans sa voix.

- Ne me dis pas que cette chère miss Nina a refusé tes avances ? Ou alors cette rose serait pour moi ?

Derrière son bureau, Nina fut la seule à piquer un fard dans ses dossiers, se rendant compte de la transparence de ses sentiments. Devant sa supérieure qui plus est, supérieure qui avait rendez-vous avec cet homme. L'espace d'un instant, elle se demanda si Cormag était au courant de toute cette histoire et eut même la perfide envie de le mentionner devant elle, martelant bien sur le mot mari. Douce vengeance, mais surtout moyen d'attirer l'attention de bellâtre. Cependant, quelque chose se bloqua en elle ; elle ne jouait pas dans la même cours, il fallait bien qu'elle se désigne.

- Quelle vilaine, taquiner un peu ses employées. La rose est bien à toi, mais pour le dérangement, je ferai envoyer tout un bouquet à la pauvre Nina.

La pauvre Nina qui eut l'impression que la terre s'effondrait sous ses pieds. Sylvester, cependant, ne lui avait pas lancé un seul regard en prononçant ces mots. Il comptait néanmoins bien honorer sa promesse - il n'était pas homme à mentir -, mais c'était surtout pour jouer avec Elizabeth. Se détournant d'elle néanmoins une secondes, il reporta brièvement son attention sur la réceptionniste.

- Auriez-vous l'amabilité de trouver un vase et de porter cette rose sur le bureau de Mrs Porter ?

Déposant la fleur, il revint ensuite entièrement à celle qu'il était venu chercher, lui offrant son bras afin de la proposer de le suivre. À l'extérieur, un taxi les attendait et il la laissa entrer la première avant de la rejoindre sur la banquette arrière, sa cuisse effleurant la sienne. Qu'est-ce que cette robe lui allait bien ! Et il regretta que la route jusqu'au restaurant ne soit pas plus longue pour mieux pouvoir la dévorer du regard. Mais avec un peu de chance...
Arrivés à destination, il lui ouvrit galamment la porte du restaurant chic qu'il avait choisi. La note serait certainement salée, mais il avait dit qu'il invitait ; et Sylvester avait largement les moyens. Même s'il se plaignait souvent que son salaire méritait une augmentation auprès de son ami Kurt, il était peu dépensier et ses finances, au fil des années, avaient beaucoup augmenté. Bien assez pour pouvoir emmener Eli dans ce genre d'endroit.
S'asseyant à la table qu'il avait réservé, il passa rapidement une commande d'une bonne bouteille ; il ne l'aurait jamais admis devant Kurt, mais ses cours en matière de vin avait fini par porter leur fruit. Même si ça l'amusait toujours beaucoup de lui apporter les pires bouteilles trouvables sur terre. Dépliant ensuite sa serviette, il la posa sur ses genoux avant de sourire à celle qui allait partager son déjeuner.

- Je crois que nous avons assez parlé de boulot ce matin. Comment vas-tu depuis tout ce temps ?

Sourire charmeur, toujours fidèle à lui même allant jusqu'au bout de la séduction.

Il me salue avec une bise bien trop lente pour être amicale et sa main me prend le bras. Il ne passe pas par quatre chemin le bougre.

-Tu me flattes. Et tu es tout simplement sublime.

-Oh je t’en prie, répondis-je en balayant l’air pour de mon air le plus dramatique.

Ne suis-je pas une magnifique actrice ? Je m’admire. Et je l'admire aussi, autant en faire pour me séduire en sachant que je suis mariée à un homme qui n'hésitera pas à le brûler. Pas mal. J’apprécie.
Nina rougit en entendant parler d’elle.

-Quelle vilaine, taquiner un peu ses employés. La rose est bien à toi, mais pour le dérangement, je ferai envoyé tout un bouquet pour la pauvre nina.

‘Pauvre’ n’est pas le terme que j'aurai utilisé pour désigner l’héritière de l’une des familles les plus respectées de Berlin. Mais ça, il ne le savait pas. Et puis elle est jeune et elle a été placée ici uniquement car je devais rendre un service à son père.
La il faudrait que je lui apprenne à garder son sang froid face à des sorciers de sa trempe, je la sens transpirer d’ici. Je lance un regard amusé vers ma réceptionniste. Pourquoi pas la tester encore un peu…

-Elle en a de la chance…

Il déposa ensuite la rose sur le comptoir.

- Auriez-vous l'amabilité de trouver un vase et de porter cette rose sur le bureau de Mrs Porter ?

Hate que mon époux la voit.
Puis, toujours dans sa parade de paon en période de séduction, il me tend son bras.
Il était désespérément vieux jeu. Mais ça avait le don de m’arracher un autre sourire. C’était au moins ça de gagner.
Je glisse ma main pour serrer légèrement son avant- bras.

-Je te suis.

Oui oui, j’ai dis ça. Ach, il va me rendre chèvre.
Dans la voiture, je laisse le doute planer, la tension monter. J’attend de voir si une main glisse, une parole questionne ou même s' il va me parler de mon mari. Ainsi je me laisse guider jusqu'à au restaurant - l’un des meilleurs de la capitale probablement.
Nous arrivons au restaurant et le superbe décors du porche nous accueillent. Sylv sort en premier et m’ouvre la porte. Je le suis sagement, admirant la vue d’une salle distinctement décorée. Un serveur me tire une chaise et je m’assois.
Le sorcier prend les choses en main, amuse bouche et bouteilles sont commandés. J’apprécie ne rien faire pour une fois, je laisse mon coté organisatrice psychorigide au vestiaire et joue le rôle de al femme prête à tomber sous son charme.

- Je crois que nous avons assez parlé de boulot ce matin. Comment vas-tu depuis tout ce temps ?

Comment je vais… Si on avait gardé contact toute ses années je pense que j’aurai parlé franchement mais je reste vague. Après tout, si il espère juste coucher avec moi, autant laisser de côté plein de détails ennuyeux.

-Je vais bien merci, comme tu vois, la vie de bureau me réussit pas mal… dis-je en sondant sa réaction. Et toi alors ? Toujours aussi séducteur à ce que je vois ?

Je l’écoute en scrutant la carte.
Le serveur arrive et nous serre un verre.

-Avez-vous fait votre choix ?

Je commande un velouté de potiron accompagné de son émulsion de citron et paprika ainsi que des Knödels revisitée à l’andalouse -me demandez pas ce que ça veut dire... je ne fais que lire une carte moi.
Je regarde rapidement autour, des couples se tiennent la main et la musique et les lumières du restaurant instaurent une ambiance intimiste poussée à l'extrême.
Légèrement too much.
Espérons que ça ne gâche pas le gout du déjeuner.