if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?

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 if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?

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MessageSujet: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMar 23 Fév 2021 - 21:34

Il a jamais eu aussi peur.
Pourtant il aurait dû, il a eu des millions d’occasion de crever de détresse, à moitié mort à l’arrière d’une voiture, se vidant de son sang, l’hémoglobine dans ses poumons qu’il tousse et crache, par exemple. Mais pas du tout.

Pas du tout, c’est maintenant.

Fébrile, il détale dans les rues de Berlin. Il déteste cette ville, maintenant. Son t-shirt est trempé d’humeur rouge qui grapille du terrain jusqu’à son torse, poisse l’élastique de son caleçon. On se retourne devant lui dans la rue.
Il force un taxi à s’arrêter, siffle une adresse, sa voix lui semble totalement étrangère, comme si un inconnu prenait des décisions à sa place. Pourtant les humains noirs ont été si clairs, si sûrs d’eux. Ah, les petites merdes, songe-t-il, à croire qu’ils pourraient l’avoir ! Eux ! Des h u m a i n s !

Qu’Allen réussisse à le tuer, d’accord, un jour sûrement, mais un groupscule d’humains noirs ?

Mais alors qu’ils tentaient de le torturer, il a entendu bien, si bien, si fort une adresse qu’il connait, qu’il connait douloureusement dans ces tripes, le studio Berlinois dans lequel Anja se rendait parfois, avant, quand ils étaient encore ensemble, recevoir des gens ou en torturer d’autres, pioncer quand une affaire tournait mal. Les pensées roulent dans son cerveau alors que la berline se rapproche. Il n’a pas la patience d’attendre que la voiture s’arrête et descend avant, le chauffeur lui hurle quelque chose et sort de la voiture. Le .39mm que lui pointe Green au front le convainc de la fermer.

Pas morte, pas morte, sois pas morte, sois pas là en fait, sois safe, il se plie en deux dans le hall de l’immeuble, l’envie de vomir. Il croise dans les escaliers une des meufs du groupe terroriste, il reconnaît bien son visage, mais il a pas le temps de réagir qu’elle est téléportée ailleurs.

Son entraînement prend le relais, il se coule comme une ombre dans la montée d’escalier, lévitant pour aller plus vite sans bruit ni impact — souvent, c’est le sol qui est runé.
Il prend sur lui, sur sa douleur — sa peur surtout, s’il était honnête, se téléporte à l’intérieur du studio.

Rien n’explose, rien ne lui saute à la gueule, rien de sa magique que ça, rien, rien, rien que Green Soul, même pas 30 ans, ses drames en bandoulières qui, les yeux plein de larmes et de gros sanglots rauques de gamin qui souffle, la voix cassée en deux :

— Anja.

Le nom plus prononcé depuis si longtemps, esquivé, repoussé comme on repousse une couette trop chaude, une pensée trop aiguisée, un destin qu'on n'arrive définitivement pas à semer. Deux syllabes trop lourdes qui font couler les lèvres et ravaler les émotions, quatre lettres pour les courageux, les intimes, ceux qui savent et puis les non-initiés aussi, un prénom pour faire du sens dans une vie qui n'en fait pas, qui n'en fait plus depuis longtemps.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMar 23 Fév 2021 - 22:37

Elle n’avait pas eu envie de rentrer à la maison. La maison. Le foyer qu’elle avait partagé avec Green. Son corps sentait encore trop le goût de Red, sa langue, ses mains, ses dents. Ça lui paraissait trop étranger de se glisser dans son lit, son grand lit vide qu’elle avait trop longtemps partagé avec Green.
Alors elle avait profité d’une planque vide pour venir écrire sa lettre à son ancien amant. Une lettre qu’il ne lirait jamais, remplie à la fois d’amour et de haine, de toutes ces choses qu’elle était pourtant incapable d’exprimer, qui ne glissaient que sous une plume qui ne serait jamais lue par personne. Puis la sorcière s’était endormie sur le matelas qui traînait, sans drap, serrant contre son corps nu la couverture rêche qu’elle avait trouvée dans une armoire.

À son réveil, elle avait remis la robe noire jetée en boule dans un coin de la pièce. Un coup d’œil dans le reflet de la fenêtre, sur ses longs cheveux blonds, ses yeux délavés et cette robe qui désormais ne lui semblait plus aussi séduisante, plus aussi belle. Sur le bureau dans un coin, une enveloppe avec le prénom de Green. Sans adresse, sans ville, sans pays.
Où était-il ?
Anja attrapa la lettre et la glissa dans la poche de son manteau qui l’attendait, pendu dans l’entrée. Elle irait rejoindre toutes les autres. Celles pour sa mère, celles pour Elaïa. Les autres qu’elle avait écrites pour Green.
Combien de mot avait-elle laissé derrière elle depuis toutes ces années ? Des petits cailloux blancs comme le petit poucet. La grande faiblesse de la reine, du papier et de l’encre bleue, noire, rouge. Tous ses sentiments étalés en deux dimensions pour déserté sa tête.

La sorcière noire frotta ses tempes avant de se découvrir dans la petite cuisine de la temple et d’ouvrir quelques placards dans lesquels elle y découvrit du café soluble et une tasse relativement sobre. C’était bien les gens de Rosenrot, ça. Garder une planque sans drap, mais toujours avec de quoi se faire sa dose de caféine.
Peut-être que si elle fouillait, elle trouverait de quoi se retourner la tête et une s’aérer les poumons ?
L’écran de son téléphone lui indiquait 9h, soit bien trop tôt pour abandonner son esprit. La cheffe de Rosenrot avait une montagne de boulot qui l’attendait sur son bureau. C’était d’ailleurs sûrement la preuve que l’organisation noire était l’antre du démon : trop d’administratif, de dossiers, de papiers à gérer.
Son nez retomba dans son café à cette perspective. 9h déjà, ça risquait de jaser à Rosenrot. Si même leur reine ne respectait plus ses horaires, on risquait de dire qu’elle lâchait le bateau, qu’elle les abandonnait, que tout était fini. Et c’était la porte ouverte aux putsch les moins subtils. Allen Soul rêvait de lui voler sa place depuis tant d’années.

Le café lui brûla la langue alors qu’elle imagina la suite de sa journée dans sa tête. Se passer la tête sous l’eau, attraper un taxi. Si la circulation était de son côté, elle serait dans son bureau à 9h30 pour se changer avec les habits qu’elle gardait toujours dans un coin de son bureau.
Soupir. La perspective de cette journée ne l’amusait guère.

Elle avalait une autre gorgée de café lorsqu’un bruit dans la pièce d’à côté la fit sursauter, sauter sur ses pieds, scannant la pièce dans laquelle elle était à la recherche d’un couteau à planter dans le corps de l’intrus qui venait troubler sa matinée.

– Anja.

Son cœur s’arrêta alors que ses yeux cessaient de fouiller l’espace. La dernière fois qu’elle avait entendu cette voix, c’était dans un rêve. Un rêve tristement douloureux.

– Green ?

Anja sortit de la cuisine pour rejoindre le hall d’où provenait la voix. Il était là, saignait trop, du rouge partout sur ses habits. L’homme qu’elle avait tellement voulu effacer de sa vie et qui surgissait, se téléportait, toujours au bon moment, toujours au pire moment.
Ne cesserait-il jamais de hanter son cœur ?
Son cœur qui battait un peu trop fort, un peu trop vite sous le coup de la peur de le voir dans cet état et du plaisir de le revoir, même après Red.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMer 24 Fév 2021 - 9:50

Elle vient, elle est là et il la regarde sans la voire. Un filet de sueur entre ses omoplates, son front trempé et ses cheveux trop longs devant ses yeux qui gênent, la situation imparfaite et rouge, son sang qui trempe son bassin, tout ce qu’il devrait dire mais ne peut pas parce que c’est Green.

Il voudrait que ça soit ok, que tout soit ok, là.

Il ne peut rien faire pour que ça le soit pourtant, il ne peut rien dire pour que ça le soit non plus.
Il ne peut rien faire pour que tout disparaisse, il ne peut rien dire que pour ça soit parti non plus.

Il a peur que tout se casse la gueule en direct, qu’il la perde sous ses yeux. Heureusement que son instinct de survie prend le relais, le remorque en entier alors qu’il attrape Anja à bras le corps — qu’elle le plante si elle ne le croit plus, si elle ne le sait plus.

Lui, il sait toujours.

Il se téléporte au bas du bâtiment, latté par la fièvre et la douleur. Sa magie se rebiffent d’être à deux pour un tel saut mais ses jambes ne se dérobent pas sur le pavé.

Les vitres de l’appartement explosent à ce moment là, soufflées net.

Il lâche sa reine, sa dame, sa femme, la mère de sa fille, celle qui lui a fait tant de mal, posé tant de chaînes. Ah, la loyauté.
L’absurdité.

Il presse une paume dans son bas ventre ; sa main ressortira par son dos qu’il n’en sera pas étonné. Pas le temps d’être hagard, il a croisé l’autre dans les escaliers, ils doivent surveiller du déroulement des opérations non ? Il voudrait léviter et les emporter en sécurité mais sa magie s’est éteinte, sûrement coulée par le flot qui s’écoule de lui. Il prend une poignée de secondes pour regarder autour de lui, la rue berlinoise pas si fréquentée, les yeux d’Anja qui prennent des couleurs inconnues dans le désordre du monde.

Il a besoin de s’asseoir mais se tend, contracte ses muscles aussi fort qu’il peut pour rester droit, le cerveau en ébullition à la recherche d’une idée, mais ça ne vient pas, et puis, et puis il se souvient des rêves de son ex-reine, son ex-dame, son ex-femme. Il sait qu’il aurait pas dû y être mais il est de toutes les lisières, de touts les horizons, de toutes les frontières. Red qui la baise, déformé par le spectre de son inconscient, pas Red comme un fantasme, mais Red comme une colère, une punition — à qui ?
S’en était-elle seulement souvenue le matin ?

Il la gifle.

Il la gifle de sa main rouge ; les yeux pleins de larmes subitement, Greeni soudainement très son âge, très blessé, très à bout, au bout de ses moyens et de sa fuite, seul, seul, seul.

Il la gifle secoue la tête, deux gouttes d’eau sur le pavé, ne dit rien de plus à part :

— Humains noirs. Faut qu’on se tire de là.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMer 24 Fév 2021 - 10:26

Qu’est-ce qu’il faisait là, dans cet état ? Anja regarda le sang qui gouttait sur le parquet, les blessures béantes, les yeux affolés. Elle aurait aimé se précipiter sur lui, l’attraper, le soulager de son propre poids et venir le soigner.
Mais une seule question lui venait en tête.

– Elaïa ?

L’avait-il seulement entendue ?
Il l’attrapa et elle le laissa faire parce que la scène qui se déroulait sous ses yeux était trop épouvantable pour pouvoir faire autrement. Green Soul, l’indestructible Green Soul, celui qu’elle avait tellement haï, tellement aimé aussi, Green Soul massacré et troué de toutes parts. Inconcevable. Inimaginable pour elle qui, lorsqu’on l’évoquait, disait qu’on pouvait bien le scalper de la tête au pied puis laisser sa tête décapitée sur un pic, ça ne lui ferait ni chaud, ni froid.
Parce que c’était impossible que cela arrive. Parce qu’il était indestructible.

Une téléportation rapide plus tard et ils se retrouveraient tous les deux en bas de l’immeuble. Elle n’eut pas le temps de penser au froid de février qui se glissait sous sa robe, entre ses cuisses, là où elle n’avait plus de culotte, abandonnée en lambeaux au manoir Soul, que déjà l’appartement dans son dos explosait.
Celui-là, elle ne l’avait pas vu venir.
L’appartement explosa et avec son manteau, la lettre glissée dans la poche et la preuve de son intimité avec Redwan. Qui explosa jusque dans sa tête et lui tapa les tempes.

Mais la sorcière noire ne laissa pas les émotions la subjuguer. Il y avait trop à gérer autour d’elle et son entraînement reprit immédiatement le dessus. Elle avait fait une erreur dans cet appartement – laquelle ? –, mais elle y réfléchirait plus tard, son esprit analysant déjà la rue, le manque d’arme sur elle et l’état de Green qui risquait de s’écrouler au moindre coup de vent et donc de ne pas être très utile en cas de combat.
Green qui était encore debout alors qui devrait s’écrouler. Green qui leva une main qui vint gifler la joue d’Anja, comme ça.

Elle aurait eu mille fois le temps de l’arrêter. Le geste était alourdi par les blessures, le manque de sang dans le corps de son ancien compagnon. Mille fois. Elle ne bougea pas, accueillant le geste sans faire un commentaire, comprenant dans la violence de l’idée – pas dans la violence de l’acte en soi, une gifle n’était rien en comparaison d’un véritable coup porté au combat – qu’il savait.
Pour Redwan, pour la chair entre sa chair.
Comment avait-il su, comment avait-il compris ? Il savait toujours ce genre de choses, encore une fois trop relié à elle malgré la distance, impossible de lui cacher quoi que ce soit. Il avait compris pour Elaïa, il était évident qu’il comprendrait pour Redwan.
Pas un instant elle ne regretta. Ni le contact de la main sur sa joue, ni ce qui se battait dans les yeux de Green. Elle avait souffert de son départ, de son abandon. C’était à son tour de comprendre la douleur de voir l’autre partir.

– Humains noirs. Faut qu’on se tire de là.

Elle hocha la tête, jetant un coup d’œil à la rue presque déserte et au trou béant dans le ventre du sorcier. Le manoir des Soul n’était pas si loin, dix minutes tout au plus s’ils couraient. Là-bas, personne n’oserait se frotter à eux. Même les humains noirs n’étaient pas assez fous pour rentrer dans le nid de guêpe qu’était la maison d’une des familles noires les plus réputées et les plus entraînées.
Mais Green n’était pas en état de courir et le temps pressait. Elle attrapa son bras afin de le tirer sur son dos, son poids la faisant un instant vaciller. Mais sa force de guerrière, renforcée par son pouvoir qui faisait légèrement léviter son ancien amant pour alléger le poids sur son dos la fit tenir bon.
Tournant à droite dans une rue déserte, la cheffe de Rosenrot commença alors à courir, courir pour sa vie et celle de Green. Était-ce vraiment une bonne idée de retourner dans l’ancien foyer de l’homme alors que son propre père avait comme unique but désormais de tuer son fils ? Elle n’en avait aucune idée, elle ne réfléchit pas alors qu’elle allait toujours plus vite, l’odeur du sang dans son nez et la fraîcheur des pavés sous ses pieds nus.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMer 24 Fév 2021 - 10:55

Elle se laisse faire ; il la regarde se laisser faire et n’ajoute rien. Pourquoi continue-t-elle ne le punir, tu n’auras pas de fille, Green, tu ne parles pas assez, tu ne me dis pas assez que tu m’aimes, Green, tu ne seras pas père, Green, tu ne m’aimes pas assez, Green.

Je baise ton frère, Green.

Mais le ressenti du passé l’a lâché quand il a pu dormir avec Elaïa, jouer avec Elaïa, la regarder surfer, regarder Bleu et sa fille et il ne s’était jamais lassé de regarder ça. Même sans en faire partie, il avait cessé de détester Anja jusqu’alors ; une querelle futile. Pourquoi baises-tu mon frère, enfin ?

Pourquoi Redwan l’avait fait ?

Sous-fifre, pensa-t-il, amer.

Puis il se fit emporter par Anja, forte et ancrée dans l’action alors que tout dérapait. Mais ce n’est pas parce que le monde devait flou et fade qu’il avait perdu la raison, et il pila net, s’accrocha aux limbes de sa conscience, le sang aux lèvres.

— Non.

Supplication.
Il haleta, et, pour la première fois depuis Chloé, une grimace de souffrance physique déferla sur son visage. Qu’il était douloureux de mourir bon sang ! Mais Anja respirait encore — lui aussi s’en sortirait. C’était ça, la vie. Saigner, souffrir, rester. Il l’avait compris des années avant, il était celui qui partait, pas qui crevait, il pouvait pas, il pouvait pas se le permettre, Elaïa, Elaïa, Elaïa. N’est-ce pas ?

Se convaincre.

Se convaincre et parler :

— Pas là-bas.

Déglutir du fer.

— Si j’y vais je suis mort.

Mais si tu restes dans la rue, Green, tu es mort, aussi, n’est-ce pas ?
Il referme une main autour du poignet d’Anja, s’y tiens, serre fort, la détresse ; est-elle en train de se jouer de lui, d’apporter sa tête à Allen Soul pour lui montrer qu’elle a toujours le pouvoir ? Le traîner à l’abattoir pour prouver qu’elle n’en a rien à foutre ; est-ce une manigance géante, Red, les humains noir, la torture ?

Il passe la langue sur une de ses molaires manquante, n’y trouve rien que du sang et une gencive à vif. Qui arrachait encore des dents, sérieusement ?

Est-elle en train de le trahir ?

— Anja, redit-il.

Sa conscience se fait flottante, étroite ; il n’y a plus beaucoup de place pour penser, pour dire, pour vivre. A la lisière de la vie il se trouve encore là, hébété d'y être, humain, humain, humain, humain.
Green & Anja.
Qui l'eut cru ?

— S’il te plaît.

S’il te plaît ne me tue pas, s’il te plaît, pars et laisse-moi mais ne me tue pas. Il n’est plus père, plus amant, plus fils, il est lui en entier au moment de crever, déchu. Un Lucifer qu'on aurait puni des enfers et traîné sur terre pour avoir été trop bon, trop ambitieux, puis trop amoureux de sa belle, trop fou. Plus de couronne, plus de bague.

Il a froid en entier, bien sûr qu'il a froid.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMer 24 Fév 2021 - 11:38

La scène était surprenante. Une femme dont la robe révélait parfois le galbe d’une fesse, pied nu dans la rue, supportant le poids d’un homme plus musclé, plus lourd, plus grand et au comble de l’agonie. Le sang était désormais presque partout sur le corps d’Anja, tellement qu’il aurait été difficile de dire si, vraiment, elle non plus ne saignait pas. Sa joue où était maquillée en rouge la trace de la main de Green, ses cheveux, ses bras qui se maculaient peu à peu.
Une image tout droit sortie d’un film apocalyptique.

– Non.

La voix de Green était étouffée par la lourdeur du sang sur sa langue. Si Anja entendit, elle ne l’écouta pas. Il était fou. Des humains noirs – depuis quand des humains noirs s’attaquaient à eux, Orpheo ce n’était pas suffisant ? – étaient à leur poursuite et vu le traitement qu’ils avaient fait subir à l’homme et la bombe dans l’appartement, ils n’étaient pas là pour rigoler.
Fallait pas rester là.
Fallait pas crever sur le trottoir.
Où était Elaïa ? Était-elle en sécurité ? Allait-elle attendre pendant des jours le retour de son père dans une maison isolée sans personne pour la sauver ? Green avait-il réfléchi à ça, à une solution pour qu’elle ne soit pas toute seule, abandonnée elle aussi.
Il fuyait beaucoup, ne réfléchissait jamais aux conséquences. Alors il n’avait pas le droit de faire subir à leur fille ce qu’il avait fait subir à Anja. Même avec la meilleure excuse du monde, la mort.

– Pas là-bas.

Elle serra les dents un peu plus fort, ne s’arrêta pas.

– Si j’y vais, je suis mort.

Et s’il restait là, à découvert, ils étaient morts tous les deux. Alors c’était quoi la solution ? Rester ici, à se mettre des claques, mais sans parler, surtout ne pas dire à voix haute ce qu’on reprochait à l’autre ? Attendre et crever ? Roméo et Juliette maudits, histoires de merde et hémoglobine sur les pavés.

– Anja.

Ça lui faisait quoi de prononcer ce nom ? Ce nom tant de fois dit, rouler sur sa langue. Anja la cheffe, Anja qu’il haïssait, Anja qu’il aimait, Anja la mère de leur enfant, Anja qui l’avait trahi, Anja à qui on ne pouvait jamais pardonner, Anja toujours les reproches, Anja la sorcière noire, Anja la faible, Anja la forte, Anja dans ses rêves.

– S’il te plaît.

La colère dans les veines de la dame de l’échiquier de verre. Le manoir n’était plus si loin. Allen n’était même pas à la maison, de quoi avait-il peur ? De Redwan ? C’était une blague. L’aîné des Soul le détestait peut-être assez pour baiser sa reine, mais n’irait sans doute pas jusqu’à l’achever. Pas si Anja le couvrait.
Elle grinça des dents et, au dernier moment, pivota sur la gauche, s’enfonçant dans une allée de Berlin qu’elle ne connaissait jamais. Des grandes résidences s’élançaient dans le ciel, avec des vitres immenses derrière lesquelles des humains jouaient des simulacres de vies heureuses. Sans doute qu’ils avaient aussi leurs cadavres planqués dans des placards, des veines tailladées, des boîtes de médicaments et des factures de psy.
Mais au moins ils étaient ensemble.
Anja marcha sur l’herbe des jardins. Le sang qui gouttait derrière eux serait moins visible ainsi. Elle choisit une maison un peu à l’écart et devant laquelle aucune voiture n’était garée. Pas le temps de tergiverser. Elle posa sa main sur une vitre, forçant la poignée à se tourner d’elle-même grâce à son pouvoir. Puis elle pénétra dans le lieu, posa Green sur le canapé en cuir qui trônait au milieu de la pièce – les humains qui vivaient là auraient de la peine à le ravoir avec tout ce sang –, puis traça une rune de protection contre les carreaux. Grossière, elle ne résisterait pas longtemps.

La sorcière se pencha ensuite sur le corps, commença à déchirer des bandes de tissu dans les rideaux du salon, stoppant l’hémorragie, dessinant également des runes de soin sur les bouts de peau épargnés de Green.
Ça ne serait jamais suffisant.
Pas pour continuer à fuir.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMer 24 Fév 2021 - 16:47

Les humains noirs auraient qu’à l’apprendre : il en faut plus pour tuer un sorcier noir, il en faut plus pour tuer un Soul, il en faut plus pour tuer un père. Il se demande brièvement pourquoi elle le sauve, du coup, puisqu’ils quittent la route jusqu’au manoir pour débarquer chez des inconnus. Il ne fait plus partie de son organisation, il s’est barré, a pris sa fille.

Par amour ?

Ou pire,
bien
pire,
par habitude ?

Il est posé sur un canapé, véritable corps passif à la dérive. Pas de morphine pour les braves, juste cette douleur entêtante dans son crâne, broyant toutes les phrases entières qu’il aurait eu l’audace de cumuler. Pas fait pour souffrir autant un homme, pas fait du tout. Anja s’affaire à le sauver alors qu’il reste étalé, une toux vient le faire cracher du temps mais c’est le silence qui le choque le plus, pas de son si ce n’est la jeune femme qui déchire, entoure, trace, sauve. Voit-elle les lèvres grossières et béantes du trou dans son ventre ? Des morceaux de chair, épais, vulgaire.

— J’sais pas d’où| | |, d’où| ils sortaient, galère-t-il, comment, c-c-comment

Il s’arrête pour souffler, ses yeux roulent, il voudrait une pause. Ça va être très long, finalement, sans guérisseur pour s’en occuper. Il songe au confort que ça avait que d’être chez Rosenrot, que tous les choix l’ont mené à une vie de pauvreté matérielle.

— Comment ils savaient pour toi - - où

Il s’agrippe au canapé comme il peut, sans force, serre les dents et essaie de respirer comme ça. Il lui semble être une vraie passeoire, percé de mille trous, échoué comme un dauphin sur la plage. Débilité.

— Ils savaient pas p

Il grimace.

— Pas pour nous, que je, que j’étais parti.

Il couve Anja de ses yeux chauds, la douleur reflue un peu, est mise à distance, information traitée qui doit se barrer pour laisser plus de place à ses pauvres mots qui se débattent.

— Ils savaient p-p-pas pour Elaïa, ces abrutis.

Si tu savais, Anja, comme il est fier de sa fille, tout le temps, tous les jours, toutes les heures et toutes les nuits, si tu savais comme c’est tout ce qu’il a et tout ce qui lui manque, si tu savais tout ça…
Mais bien sûr que nous.

Il n’insiste pas ; son esprit divague, repart vers Redwan. Pourquoi lui et pas Cyan ? Et en position de faiblesse, comme pour ce punir, comme pour se prouver que ça peut aller encore pire, il déglutit, avale le sang qui va dégueulasser et tapisser son estomac innocent, il dit :

— Redwan parce | | | que c’est le seul.. que …tu pouvais avoir,

Il sait pas si c'est une question ou pas.
Cyan trop pas comme ça, Cyan amoureux, fou amoureux de Rhyan, Bianco trop fou, Silver trop repoussant, Bleu trop femelle, il ne sait plus rien d’Olive, s’en tape, il n’est qu’inutilité quoi qu’il en soit alors restait Red, toutou Red, joujou Red.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMer 24 Fév 2021 - 22:37

Elle serrait fort les tissus alors que le sang semblait couler toujours plus sur le canapé, sur le parquet, sur les mains d’Anja. Comment pouvait-il encore être en vie après tout ça ? Encore conscient ? Où avait-il trouvé la force de venir la chercher dans cette planque pour la téléporter à l’extérieur avant l’explosion.
Et surtout pourquoi ?

La sorcière se releva, commença à ouvrir les tiroirs à la recherche de quelque chose qui pourrait l’aider à refermer les blessures de cet ancien amant.

– J’sais pas d’où | | |, d’où | ils sortaient, comment, c-c-comment

Elle claqua sa langue contre ses dents. Elle non plus ne savait pas d’où ils venaient. Ni pourquoi ils avaient décidé de s’en prendre à Rosenrot. Voulaient-ils profiter de leur faiblesse pour attaquer là où ça faisait mal ? Il n’y avait bien que les humains noirs pour être capable de faire le travail de leurs ennemis à leur place. Orpheo allait finir par les remercier. C’était des crétins. Des crétins que les sorciers noirs avaient tenté de réduire à l’esclavage et qui avait donc probablement une bonne raison de vouloir se venger, mais des crétins tout de même.
Elle accéléra le rythme, renversa un tiroir de plus dont le contenu se répandit sur le sol.

– Comment ils savaient pour toi - - où

Du coin de l’œil, elle le vit s’accrocher au canapé alors que le sang coulait toujours plus. Sa peau était tellement percée, c’était un travail sans fin, sans vie.

– Ils savaient pas p

Enfin elle découvrit une aiguille et du fil. Elle les attrapa, puis choppa au passage une bouteille de rhum pour désinfecter le matériel. Ça allait piquer.

– Ils savaient p-p-pas pour Elaïa, ces abrutis.

La cheffe de Rosenrot suspendit un instant ses mouvements. Elaïa, Elaïa qui lui revenait dans la tête, encore une fois. Sa fille partout dans le corps, dans le cœur, dans les veines.
Elle interrompit sa question avant même de la poser. Ce n’était pas le moment.

– Redwan parce | | | que c’est le seul.. que ...tu pouvais avoir,

Cracha de sang. Elle n’écouta pas, se concentra sur le fil qui entrait dans l’aiguille, l’alcool qui imbibait un tissu, le tissu qui venait se coller contre la peau. Ça devait piquer atrocement, mais Green était sans doute déjà trop loin sur l’échelle de la douleur pour remarquer cela.

– Ça va piquer un peu.

Elle commença par la blessure la plus béante, sur son ventre. L’aiguille rentrait et sortait, rapidement, comme si la chair n’était qu’un bout de tissu. Surtout ne pas trop conscientiser la peau, la douleur, le sang.

– Je crois que je préfère encore avoir affaire à Orpheo qu'avec c’est crétins.

Rentrer l’aiguille, ressortir. Mécaniquement et avec une rythme certain, rapide, pour ne pas se laisser bercer par l’odeur du sang ou avoir par leurs ennemis qui devaient se rapprocher de plus en plus. Les carreaux de la fenêtre pouvaient exploser à tout moment.

– Redwan, c’était pas pour ça.

Elle serra les dents un peu trop fort, jusqu’à ce que ça fasse mal. Si Green survivait à ça, il ne se souviendrait probablement pas du reste, de leur conversation. Il avait perdu trop de sang, on aurait dit un être complètement ivre. Comment son cerveau pouvait-il encore fonctionner ?

– Mais parce que c’était le seul qui te ressemble assez pour ne pas que ça me dégoûte.

L’aiguille passa à une deuxième blessure, une troisième, combien de point avait-elle déjà effectués ?

– Et parce que je voulais te faire mal.

Le temps des mensonges était terminé. Anja n’avait jamais vraiment voulu l’oublier. Simplement crever le cœur de celui qui avait brisé le sien.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyJeu 25 Fév 2021 - 16:41

Il perd connaissance et il navigue entre deux états, là mais pas là.
Comme depuis sa naissance, à vrai dire, impossible de savoir ce qu’il se trouve derrière ce visage calme, si peu expressif. Des pensées s’arriment à son cerveau, Anja, Anja s’arrime à lui, il a envie de demander, le diamant du pouvoir ne pèse-t-il toujours pas trop lourd autour de ton coeur brisé ?

— Ça va piquer un peu.

Il plonge, les limbes se referment vers lui, il se sent différent avec elle, toujours, pas le même gars, pas le bon gars, comme une imposture permanente ; il ne serait jamais plus le même après Anja il l’avait compris. Son esprit divague entre le passé et le présent, les deux doigts d’Anja dans sa plaie au mission.

Elle dit quelque chose qu’il ne comprend pas, comme si ses mots avaient été prononcés dans un aquarium, un aquarium qui aurait été dans une autre pièce, un parc à poisson un peu trop loin.

Il se sent comme une poupée décousue, complètement déchirée, le coton qui sortirait de tous les côtés. Il attrape une branche, revient à la surface, conscient que s’il se laisse glisser trop loin il n’aura pas la force de revenir et il se faudra mourir.

– Redwan, c’était pas pour ça.

Il se força à relâcher tout son corps, baisser la garde en entier, laisser les runes le guérir, le ramener, son corps s’activait à le garder en vie.

– Mais parce que c’était le seul qui te ressemble assez pour ne pas que ça me dégoûte.

Si’l avait un jour pensé que sa cheffe lui aurait recousu les tripes, il aurait rigolé, jeune et brillant Green, la vingtaine déchue par la mort de Chloé, il aurait rigolé, il aurait été véhément face à ses frères, aurait méprisé Silver, aurait fait une blague pour Bleu. Juste pour Bleu.

Bleu ?

Bleu, Bleu, Bleu, Bleuann.

– Et parce que je voulais te faire mal.

Il n’a pas le pouvoir d’être malheureux — il se serait sûrement plus tard. Pourquoi vouloir qu’il souffre, qu’il soit misérable et malheureux, pourquoi souhaiter ça à ceux qu’on a aimé, pourquoi la vengeance ?
Mais il a toutes les réponses en lui, il pourra, plus tard, rattraper ce moment à la volée et en faire ce qu’il en veut, enfin, ce qu’il en pourra, surtout. Il le racontera peut-être même à Elaïa, et là, ta mère, alors qu’elle me sauvait, me racontait comment elle avait voulu ma douleur.

Sûrement pas, non. Il ouvre la bouche pour dire quelques chose — il a arrêté de tousser au moins. Les mots sont des formes floues baignant dans l’hémoglobine, il ne réussit à en attraper aucune. La souffrance a raison de lui, intolérable, c’est trop, trop, trop.

Il se crispe sur son t-shirt, ferme les doigts sur le tissu, serre l'étoffe gorgée de sang.

Il lâche prise. Ouvre les doigts.
Le vois-tu ouvrir les doigts ? Ses yeux roulent en arrière.
Le vide l'accueille avec un rien sympathique ; toutes les ombres là-bas s'appellent Anja, toutes les lumières Elaïa.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptySam 27 Fév 2021 - 22:35

Green l’entendait-il ? Dans les nuages qui devaient couvrir sa tête, le brouillard dû à la douleur, le flou dans ses yeux, l’hémorragie qui perçait son ventre, dans tout ça, était-il capable de trouver le chemin jusqu’à la voix d’Anja.
Green et Anja.
Anja et Green.
Tellement de douleurs dans cette histoire. De complication de coups dans le vide et d’éclats des mots. Toujours se faire mal, le plus possible, comme s’il était impossible d’aimer sans haïr. Impossible de laisser son cœur ressentir autre chose que de la rage hurlante. Mais il était si facile de crier sur quelqu’un lorsqu’il respirait en face de vous ou lorsque son absence remplissait le vide autour de vous.
Tellement plus dur de haïr une personne en train de se vider de son sang.

Pourtant le sang ne lui avait jamais fait peur. Pas celui de ses victimes lorsqu’elle les écorchait, les démembrait même, parfois. Pas celui de son propre corps blessé. Ou les caillots rouges qui glissaient entre ses jambes une fois par mois. Elle avait vu l’hémoglobine écarlate couler trop de fois dans sa vie, elle l’avait elle-même condamnée à venir crever la peau de ses ennemis. Elle avait vu mourir ses alliés. Des inconnus. Sa fille même, qui mille fois était morte dans ses rêves, qu’elle rêvait parfois retrouvée par Dorian Cross lui faisant subir les pires horreurs, avant qu’elle ait pu la revoir, la serrer dans ses bras, apprendre à l’aimer.
Mais pas Green. Green ne mourrait pas, Green était immortel.
Le même Green qui, sur le canapé devenu rouge par son sang, fermait les yeux et perdait connaissance, sa vie se vidant lentement de ses veines. Anja posa deux doigts sur son poignet, cherchant un pouls qui était immensément faible, une respiration qu’elle entendait à peine. Ses joues restèrent pourtant sèches, autant entraînées que son corps à agir dans le stress, ses mains qui ne tremblaient pas continuant leur travail acharné pour réparer le corps, la petite poupée de chiffon qui mourraient dans une maison de carton.

Qui mourrait.

Et le monde qui s’écroulait sur elle alors que les questions tabassaient sa tête, toujours plus fortes et plus présentes. Elle se rappelait du goût de Red, de la violence de leur échange, de la débilité de ce geste. Débilité, parce que coucher avec l’aîné des Soul, elle le savait, elle l’espérait, ça allait forcément ramener Green.
En vie, dans son lit, dans son corps.
Mais Green mourait sur un canapé.

Et Elaïa. Leur fille peut-être seule dans la nuit, ne se doutant absolument pas de ce qui pouvait arriver à son père, de la vie qui coulait entre les doigts musclés d’une mère qu’elle ne connaissait pas. Qui allait lui annoncer ? Que le père fabuleux qu’il devait être avait sacrifié sa vie pour une mère qu’elle ne connaissait pas ? Pour une femme qu’il aimait trop, ou pas assez, ou surtout mal.
C’était ça, au fond, un amour destructeur. Évidemment que ça allait finir par les détruire.

Alors lorsque la fenêtre explosa derrière elle, déverrouillant sans peine les runes qu’elle avait posées, elle ne bougea pas. À quoi bon se battre pendant que son ancien amant crevait sur un canapé de la même couleur que son sang ?

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptySam 27 Fév 2021 - 22:36

Tu regardes le corps nus à côté du tien. Hier soir, tu t’es mis la tête à l’envers avec une inconnue rencontrée dans un bar. Tu regrettes cette maladresse. Même si tu as apprécié la nuit, la douceur d’une autre peau contre la tienne et la confiance de l’autre dont tu as déjà oublié le nom de t’accueillir dans son lit, tu sais ta maladresse, surtout dans cette ville. Ta ville. Leur ville.
Hier, dans l’ivresse, mille choses auraient pu t’échapper, de tous les camps. Et ce matin encore, tu le sais, la gueule de bois que tu te tapes frappe trop fort dans ta tête pour que tu te concentres totalement sur un combat si tu en rencontres un.

Tu jettes un dernier coup d’œil près de toi avant de quitter le lit, regrettant déjà la douceur des bras de celle à côté de toi et la facilité d’une vie innocente que tu n’as jamais connue autrement que par procuration. Passage rapide sous une douche froide sous laquelle tu profites pour, la bouche grande ouverte sous le pommeau, tu en profites pour avaler un peu d’eau et remettre tes idées en place. Quand tu ressors, l’autre ne s’est toujours pas réveillée – ou peut-être a-t-elle la délicatesse de faire semblant, tout en subtilité, ayant déjà compris que tu ne veux rien de plus.

À l’extérieur, le vent te prend un peu au dépourvu, mais c’est une belle surprise de le sentir aussi présent, aussi tourbillonnant, bateau ivre autour de toi, complice de ton propre réveil. Tu jettes un coup d’œil à ta montre qui indique à peine 9h30 et tu demandes comment tu vas remplir ta journée de vide. C’est beaucoup de temps sans les autres la fuite. Se cacher, certes, mais surtout attendre, sans savoir où tu vas ou où tu es.
Tu marches quelques pas, te dirigeant vers la gare, sans savoir encore où tu iras demain. Pas de but, pas de contact. Peut-être essayé de retrouver ta nièce et ton frère.
Ton frère.
Ton frère.
L’image de ton frère.
Ça explose dans ta poitrine. Ça fait boum si fort que tu perds l’équilibre, t’étalant sur le trottoir sous le regard presque inquiet d’une passante qui te propose une main, cherche à savoir si tu vas bien. Le cœur hurlant dans ta poitrine, tu te relèves en tremblant, tentant de contrôler ton visage dans un sourire qui se veut rassurant, qui chercher surtout à se débarrasser de cette femme.
Green va mal, il a besoin de toi. Tu sens le sang se vider de lui en même temps que les battements de ton cœur, toujours aussi rapide contre tes veines. Tu te débarrasses de l’inconnue et, ignorant ton lien qui tire, tire tellement fort sur toi, tu pars en courant dans l’autre sens, toute ivresse oubliée, le vent se pressant contre ton dos pour aller plus vite.
Encore plus vite.

Quelques minutes seulement plus tard tu te retrouves devant l’IBMM, toute prudence presque oubliée, la retrouvant soudain en apercevant un agent d’Orpheo déjà croisé dans ton passé sortant par les portes principales. Tu as à peine le temps de te glisser derrière un poteau, réalisant que ce n’est vraiment pas le moment de te faire attraper. « Urgence familiale » n’est pas une excuse qui fonctionne très bien dans ce genre de situation.
Tu décides de faire le tour du bâtiment, sentant le lien se tendre encore plus dans ton corps.

Résiste, résiste, résiste.

De l’autre côté du bâtiment, un homme et une femme sont en train de discuter et tu ne doutes pas un instant de leur statut de guérisseur que t’indique leur blouse blanche. La femme éteint soudain sa cigarette en jetant un coup d’œil à son biper avant de se précipiter à l’intérieur.
Très bien. Ça sera donc l’homme.
Tu ne te laisses pas une seconde de plus, t’approche à grand pas et l’assomme d’un crochet. Il est plus grand que toi, apparemment musclé et tu peines un peu à le glisser sur tes épaules. Mais ton empathie qui ressent toujours aussi fort dans tes entrailles t’offre une force insoupçonnée que tu doubles à l’aide de ton pouvoir, forçant le vent qui t’entoure à soulager le poids sur tes épaules.

Quelques mètres plus loin, tu arrives à attraper un taxi, à faire croire au chauffeur que ton ami est bourré, puis lui glisse une adresse.
D’où sort-elle ? Aucune idée, mais ça tape encore plus fort, la voix de ton frère dans tes oreilles, la supplications, la douleur qui t’envahit comme si c’était toi qui était en train de mourir.

Il ne vous faut pas longtemps pour arriver à destination, mais assez tout de même pour que le guérisseur à côté de toi se réveille. Tu glisses aussitôt une lame entre ses côtes et quelques mots dans son oreille.

– Tu bouges, je te vide de tes entrailles.

Il ne dit rien, ce qui t’arrange. Le taxi lui s’arrête bien vite dans un quartier résidentiel et tu lui balances quelques billets – sans doute bien trop pour la course, mais tu n’as pas le temps de compter – et tu sors avec l’homme que tu viens d’enlever, le poussant jusqu’à une maison qui vibre si fort que tu as l’impression de voir flou. De l’autre côté de la vitre, tu aperçois une rune tracée dans le sang – celui de ton frère, celui de ton frère –, mais tu n’essaies même pas de la contourner, laissant ton pouvoir s’appuyer sur le verre et l’exploser.

– Rentre.

Ordre sifflé, la lame entre deux côtes.

À l’intérieur, tout te semble chaotique et ton don prend de plus en plus de place, le doute qu’il est peut-être trop tard, que Green est déjà parti envahissant ton âme.
Ton frère sur le canapé, trop de sang à l’extérieur de son corps, et Anja en couturière, incapable de tourner la tête vers vous et les éclats de vitre éparpillés sur le sol.

– Soigne le.

Deux mots, tu n’as pas le temps de plus. Qui est cet homme ? Aucune idée. Mais ton frère est en train et une fleur pourri dans ta poitrine.

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« Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. »

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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptySam 27 Fév 2021 - 22:36

Berlin.

C’était étrange pour Alec de traîner dans cette ville, la ville de Cormag et de Sam. Tout lui semblait vibrer de la présence de la jeune femme – qui était encore trop présente dans sa tête et dans son corps – alors que la Saint-Valentin datait désormais de presque dix jours. Bien plus que ce que d’autres ne l’avaient déjà marqué dans sa vie. Il aurait dû l’oublier et pourtant son odeur est encore partout, et encore plus dans la capitale allemande, comme s’il s’attendait à la croiser à n’importe quel coin de rue.
Il avait beaucoup hésité à aller à Berlin. Mais il était primordial pour lui de partager et le partage passait aussi par les visites dans d’autres IBMM, des découvertes et des rencontres. Et puis Sam n’avait sans doute aucune raison de traîner là-bas – même si le destin aimait bien jouer avec les nerfs du guérisseur.

Il était arrivé la veille au soir en train et avait envahi son petit Airbnb en se couchant tôt. Les nuits berlinoises seraient pour plus tard, surtout s’il courait le risque de croiser une jeune femme bien trop jeune et apparemment passée maîtresse dans l’art de maquiller sa carte d’identité. Il avait rendez-vous pour le service du matin et il se sentait trop vieux pour courir toute la matinée après le réveil.
5h du matin, déjà à courir dans les couloirs. C’était souvent ainsi en déplacement. Des urgences, se faufiler dans les pas des autres pour comprendre leurs méthodes et leurs façons de faire. Toujours apprendre.
Vers 9h20 les choses se calmèrent et une guérisseuse avec qui il venait d’aller visiter quelques patients lui proposa de prendre un peu l’air à l’extérieur. Elle le faisait beaucoup rire et il avait bien besoin d’air frais, aussi il accepta, et ne se plaignit même pas lorsqu’elle lui souffla la fumée grise de sa cigarette au visage.
Mais à peine trois bouffées plus tard, le biper de l’allemande sonna. Elle y jeta un œil, s’excusa et fila en courant vers une nouvelle urgence. Alec resta un moment, se disant qu’il avait bien le droit à une pause avant de retourner dans la fourmilière germanique. Il vit soudain une femme s’approcher, d’un air déterminé, se demanda si c’était également une guérisseuse en retard pour son boulot car elle courait presque, un air stressé sur le visage. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir plus qu’il vit le poing de l’inconnue se diriger vers lui et après les étoiles.

Beaucoup d’étoiles et de noir.

Lorsqu’il reprit connaissance, il était dans une voiture qui roulait. Son agresseuse balança quelques mots qui ne franchirent pas vraiment la barrière de sa conscience, mais la lame qui chatouillait ses côtes, elle, était très claire. Pas bouger.
Très bien.
Dans quelle galère s’était-il encore embarqué ? Surtout que si son bouclier le rendait insensible au pire pouvoir, ce n’était pas le cas des armes.
Le chauffeur s’arrêta peu de temps après et il comprit que c’était un innocent taxi lorsqu’elle balança à l’homme à l’avant quelques billets au visage avant de forcer Alec à sortir du véhicule. Quartier inconnu, il eut soudain peur pour sa vie, ses pensées s’égarant vers Remy et son sourire, vers Sam et ses yeux, comme si elles étaient égales sous sa chaire.
Mais comment et pourquoi penser à une gamine encore mineure qu’il n’avait vue que deux fois dans sa vie ?
La violence avec laquelle celle qui l’avait enlevé explosa la vitre le fit sursauter. Comme sa voix, à la fois stressée, à fleur de peau, déterminée, crachat sec et sifflant dans son oreille.

– Rentre.

L’allemand rendait le mot encore plus violent et rude. S’il ne comprit pas vraiment ce qu’elle disait dans cette langue qu’il maîtrisait mal, le contexte était assez clair pour qu’il comprenne ce qu’il devait faire et rentre dans l’appartement. Aussitôt il aperçut un homme en train de mourir sur un canapé, et une femme de dos, prostrée à ses côtés, recousant sa peau comme si c’était des vulgaires morceaux de tissus.
Ça puait les sorciers noirs tout ça. Sorciers noirs ou humains noirs d’ailleurs, même histoire.

– Soigne-le.

Encore une fois, si la langue lui échappa, il n’y avait pas mille possibilités. Et ses sens de guérisseurs étaient déjà en train de travailler. C’était une évidence qu’il devait et qu’il allait soigner cet inconnu. Même si c’était la pire ordure. Même si ça avait été Dorian Cross en personne.
Un serment était gravé dans son corps. Ne laisser mourir personne. Pas si c’était en son pouvoir de le sauver.

Il s’agenouilla aux côté de la blonde, ses mains se posant immédiatement sur les blessures alors qu’elle retirait ses longs doigts des plaies béantes. Le travail de la couturière des peaux n’était pas très bien effectué, mais avait tout de même probablement sauvé la vie de l’homme, le gardant en tout cas en vie assez longtemps pour qu’il arrive.
Mais ce n’était pas terminé.
Rien n’était terminé. Il n’avait pas fini de mourir, mais si proche, si proche, allait-il réussir à le sauver ? Ses mains déjà rouge toujours vibrantes de chaleur contre la peau sanguinolente, il se tourna vers la blonde toujours par terre à ses côtés et ses yeux croisèrent un visage qu’il avait déjà aperçu sur trop d’affiches dans les bureaux d’Orpheo.
Anja von Duisbourg.
Aucun doute possible. La cheffe de Rosenrot en personne était à côté de lui et le rythme d’Alec s’emballa un peu dans ses veines alors qu’elle tourna des yeux de glace dans sa direction. Des yeux de glace pourtant tellement humain en ce moment qu’il comprit que tout ce qui se passait dans cette pièce le dépassait, que tout cela allait trop loin, trop peu de mots pour combler le silence dans la pièce.
L’échange ne dura même pas une seconde, que le guérisseur tournait une fois de plus son attention vers le mourant, conscient de tous les enjeux politiques qui se jouaient, de risquer sa vie sans doute entouré d’une des personnes les plus dangereuses du monde magique, mais de surtout de la faille d’amour énorme qu’il avait pu lire dans son échange muet avec Anja von Duisbourg.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyLun 1 Mar 2021 - 20:07

Il sait qu’elle est là avant de pouvoir formuler cette pensée. Elle est là, c’est tout. Différent de ses frères et soeurs, de son amour, de sa fille. Bleuann et puis c’est tout, toujours, tout le temps, partout. Une ancre belle et bien réelle qui semble vivre dans leur bulle à deux, jamais épargnée.

Il ne revient pas à lui pourtant, noyé dans un océan vermillon, à boire la tasse de son propre sang, l’humeur dans ses yeux et sa bouche et ses poumons ; il se résume à une douleur sans fond. Des limbes.

C’est parce que la douleur devient humainement supportable qu’il revient s’échouer sur les plages de la conscience. Une pensée s’effrite sur le sable ; ça dit, ça dit que personne n’est fait pour frôler la mort plusieurs fois comme ça, encore et encore, sans séquelles physiques trop lourdes, se refaire transpercer le corps mais y retourner — et pourquoi pas après tout, puisqu’il existe des guérisseurs.
Pas fait pour mourir et mourir et mourir encore.

Il s’accroche.

La corde qui le remonte de son puit noir et glacial le tire vite, le décape du confort de l’inconscience. Douleur & souffrance, souffrance & douleur.

Quand enfin il est tiré suffisamment haut pour pouvoir parler, c’est un gargouilli de sang qui sort, il avale, passe sa langue sur sa dent manquante, repart voir un peu dans le puit.

Deuxième vague qui le fait revenir, c’est un inconnu qui déverse sa magie en lui, brun, le visage tout à fait inconnu, large d’épaules, blanc. Tendu. Anja. Les contours de sa dame sont flous, ceux de Bleuann bien plus nets, comme si son cerveau n’avaient pas besoin des yeux pour voir. Il essaie de se réarranger sur le canapé un peu mieux, une position qui lui serait plus favorable que celle-ci. La souffrance lui arrache un grognement haletant, il lève ses yeux chauds vers Alec, le détaille largement — qui en vient à aider, guérir, aimer l’inconnu, le rendre à lui-même ? Quel degré de kindness faut-il pour être cet homme ?

Et puis, la tête pleine de Bleu et de cet amour fraternel qui lui rend tout, il dévisage finalement Anja de ce regard franc, alors qu’un sourire lent naît sur son visage. Des rides froissent son regard de souffrance ; pâle comme la mort ? Plus vraiment. Il laisse ce sourire naître comme une fleur au printemps, timide, délicat, présent. Les souvenirs se brossent et se lissent, les émotions liées au reste aussi. Il lui semble subitement risible de lui en vouloir, toujours, de ne pas la comprendre, jamais. Risible d'avoir gardé accroché ça sous sa langue pour sucer l'amertume un peu tous les jours, abruti de ne plus serrer son corps la nuit. Pourtant, il avait des raisons ; oubliées, maintenant, sûrement. Prenez soin de ceux qui vous traitent bien.

De ceux qui vous sauvent ?

Une toux grasse fait suinter le sang sur ses lèvres.

Walk with me to the end
Stare with me into the abyss
Do you feel like letting go?
I wonder how far down it is

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMar 2 Mar 2021 - 12:15

La fenêtre qui explosa, puis une voix qu’elle n’avait plus entendue depuis longtemps, entre les éclats de verre.

– Rentre.

Bleuann Soul. Évidemment que Bleuann Soul allait venir sauver son frère. À quoi pouvait bien servir une reine lorsque le même sang partageait les veines d’une autre. Bleuann était sa famille, son passé, son futur. Elle était sans doute même dans la vie d’Elaïa. La guerrière qui ne s’était jamais sentie à sa place et qui avait fui Rosenrot quelques mois après Green.
Dans la lourdeur de la pièce, Anja se sentit de trop.

– Soigne le.

Un inconnu s’agenouilla à côté du mourant, ses mains déjà posées sur les plaies et le sang. Où Bleuann avait-elle trouvé cet homme ? De quel côté pouvait-il bien être ? Ça n’avait pas d’importance ; il n’avait pas posé de question, pas hésité, simplement commencé à distiller sa magie dans les trous du corps de Green. Anja tourna son visage vers lui et, l’espace d’un court instant, les yeux se croisèrent. Elle se surprit à se demander ce que le guérisseur pouvait bien penser de ses iris sèches et du sang qui lui collait à la peau. Voyait-il son cœur crevé ou s’arrêtait-il à la surface ? Il n’en laissa rien paraître, déjà de nouveau focalisé sur son patient.

Lentement la vie sembla revenir en Green, à mesure que les failles se refermaient sur sa peau. Le monde qui s’était refermé sur Anja sembla peu à peu s’ouvrir à nouveau, jusqu’à l’air frais qui lui parvint lorsqu’une toux grasse fit monter le sang à ses lèvres alors qu’il semblait revenir à lui.
Le regard de la cheffe de Rosenrot caressa un instant l’écume vermeil sur la bouche de son amant. Une écume qu’elle aurait aimé lécher avec délicatesse. Mais pas devant un inconnu, pas devant Bleuann, pas dans cette situation.
Et le moment reprit vie.

La sorcière blonde se releva et attrapa un bout de verre pour ouvrir une longue estafilade le long de son bras. Puis elle se retourna pour fixer la dernière arrivée droit dans les yeux.

– Sors par derrière avec lui. Fais attention à ne pas laisser de traces derrière vous. Je vais leur faire suivre une fausse piste.

Anja regarda une dernière fois le corps, ce corps qui allongé dans le sang ressemblait tant à un cadavre. Combien de temps avant de le revoir, de le retrouver ? Combien de temps avant Green à nouveau dans sa vie ? Elle songea un instant à la puissance de Redwan en elle et ce moment lui parut appartenir à un passé vague plutôt qu’à la veille.
Green était encore partout en elle.

Puis elle se tourna vers le guérisseur.

– Vous feriez mieux de ne pas rester ici. Des humains noirs peuvent débarquer à tout moment et ils ne sont tendres avec personne.
La fenêtre lui tendait les bras et elle la franchit sans se retourner. Il était étonnant que les humains noirs n’aient pas encore attaqué ; ils devaient se rassembler, élaborer un nouveau plan, celui de la bombe ayant échoué. Mais elle n’allait pas leur laisser ce temps.
Faisant bien attention de laisser des gouttes de sang sur son passage, la sorcière s’enfonça dans les rues en direction de son QG.

Il n’y aurait pas de lettre. Pas cette fois-ci. C’était trop douloureux.

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMar 2 Mar 2021 - 12:17

Tu fixes l’homme alors qu’il répare la vie de ton frère. Tu te serais attendu à plus de résistance, plus de question. Mais le guérisseur ne demande rien, il exécute, ou plutôt tout l’inverse, il sauve le condamné.
Tu sens sa magie qui sature l’air. Elle est partout autour de vous. Dans les mains de cet homme, dans le corps de Green et dans le lien qui vous unit. Le soigner lui c’est te soigner toi. Et tu n’as pas besoin d’entendre la toux pour savoir que ça va aller, que le pire a été éviter. Pour l’instant.

Ton ancienne cheffe se relève alors, ses doigts pleins de sang attrapant un bout de verre qui vient percer sa peau déjà rouge. Du sang sur du sang. Tu penses un instant au bonheur que Red pourrait bien avoir dans cette ambiance et ce parfum de mort obscène. Tu admires aussi le regard vif d’Anja. Même si tu n’appartiens plus à Rosenrot, la reine reste une figure d’exemple dans ton esprit. Elle est droite et impassible alors que tu sens les larmes piquer sur tes joues, sous la douleur et le soulagement de voir ton frère revivre.
Tu te demandes si cette femme ne ressent jamais rien ou si elle bloque juste tout. Rien ne semble émaner d’elle en tout cas, même si ton don est certainement un peu brisé par la douleur si forte que tu sens provenir de Green. L’inconnu non plus, ne dégage rien.

– Sors par derrière avec lui. Fais attention à ne pas laisser de traces derrière vous. Je vais leur faire suivre une fausse piste.

Anja a à peine un regard pour Green, comme distraite. Peut-être que ce n’est que la trajectoire d’une poussière qu’elle suit, peut-être aussi que c’est un battement de cœur qui résonne encore du nom de ton frère dans sa poitrine.
Tu ne sais pas.
Elle se tourne ensuite vers le guérisseur et tu te demandes si elle, grande reine de Rosenrot, va prendre le temps de remercier un inconnu pioché au hasard dans la rue.
L’inconnu qui a sauvé le roi.

– Vous feriez mieux de ne pas rester ici. Des humains noirs peuvent débarquer à tout moment et ils ne sont tendres avec personne.

Pas de remerciement, donc, mais peut-être quelque chose qui sonne encore comme plus précieux sortit des lèvres d’Anja. Un avertissement gratuit. Tu t’étonnes que cela puisse venir de ses lèvres.
Les battements du cœur de la reine.

Tu aimerais attraper son regard une dernière fois, lui donner des nouvelles d’Elaïa que tu as vue il y a peu. Une gamine qui grandit à vue d’œil. Elle est calme ta nièce, parfois un peu trop comme Green. Ou comme Anja. Un peu trop froide. Seule l’eau arrive à l’adoucir, à la plonger dans un état d’empathie dans lequel tu te retrouves enfin.
Tu aimerais dire tout ça à sa mère, mais elle est déjà partie.

Alors tu te glisses sous le bras de ton frère. Tu sais que rien n’est terminé. Il faut encore que tu le portes, que tu trouves un moyen de t’enfuir d’ici et de trouver une planque, une énième planque. Peut-être que Cyan pourra t’aider sur ce coup-là ?

Mais avant de franchir la porte, tu prends la peine de te tourner vers celui qui vous a aidés, celui aux mains pleines de sang et aux lèvres vide de questions.

– Merci.

Puis tu sors de cette maison qui respire la mort avec des frissons, en faisant bien attention de laisser le moins de trace possible derrière vous, jusqu’à enfin trouver une voiture quelques mètres plus loin, que tu voles sans trop réfléchir, remerciant les astuces apprises par Mike alors que vous étiez encore plan cul.

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« Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. »

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MessageSujet: Re: if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ?   if i recover ? would you be my comfort ? or would it be over now ? EmptyMar 2 Mar 2021 - 12:19

Alec avait l’impression d’être devant un puits sans fond. Le sorcier amoché sur le canapé était une béance à lui tout seul, aspirant toute la magie avec trop de force. Les plaies n’en finissaient pas de se ressouder, la chair de guérir.
Mais serait-ce suffisant ?
Un sourire qui avait tout l’air d’une grimace éclot sous le masque de sang. L’homme sur le canapé semblait décidé à se battre et à rester en vie. Qu’est-ce qui pouvait motiver un homme si proche de la mort à revenir dans la souffrance et à ne pas se laisser aller ? Ça allait bien plus loin que la magie, de ça, Alec en était persuadé. Il avait souvent eu l’occasion de l’observer, chez beaucoup de cas. À la frontière entre la vie et la mort, tout ne reposait pas uniquement sur les épaules du guérisseur. Il y avait un choix à faire, un chemin à choisir. Tout rebrousser pour revenir dans le monde des vivants, ou se laisser partir.
Qu’est-ce qui pouvait retenir un sorcier noir à la vie ? Était-ce la jeune femme brune qui l’avait enlevé ? Était-ce la reine froide et impressionnante de Rosenrot qui, sous une carapace brute, il en était sûr, tremblait ? Ou était-ce quelqu’un d’autre ?

Les mains plongées dans le sang jusqu’au coude, Alec se dit que cet homme qui ressuscitait sur un canapé avait bien de la chance. Malgré ses choix éthiques qui devaient être discutables – comment aurait-il pu en être autrement étant donné son entourage –, il était entouré de personnes qui l’aimaient assez fort pour le faire remonter à la surface.
Est-ce qu’à sa place, le guérisseur serait revenu ? Y aurait-il eu quelqu’un à son chevet d’assez présent pour qu’il en ait envie ? Le visage de Remy s’imposa un instant dans son esprit, mais il le repoussa.
Remy n’était plus là. Elle ne pourrait plus jamais l’être.

L’homme blessé se mit à tousser du sang, signe qu’il reprenait désormais complètement vie. Le travail était loin d’être terminé, il aurait encore besoin de soin et de beaucoup de repos, mais dans l’absolu, Alec avait tout donné et était vidé. Comme toujours dans ce genre de situation, il sentit l’envie de sucre envahir ses veines.
Il retira ses mains au moment où Anja von Duisbourg se relevait et attrapait un bout de verre pour le planter sans ses veines – pourquoi ?

– Sors par derrière avec lui. Fais attention à ne pas laisser de trace derrière vous. Je vais leur faire suivre une fausse piste.

Elle avait parlé trop vite et trop en allemand pour qu’il comprenne quoi que ce soit. Puis elle se tourna vers lui et ajouta :

– Vous feriez mieux de ne pas rester ici. Des humains noirs peuvent débarquer à tout moment et ils ne sont tendres avec personne.

Une nouvelle fois les mots avaient échappés à Alec. Mais il comprit dans l’empressement de sa voix qu’elle lui conseillait de ne pas s’attarder.
Il la regarda partir puis l’autre femme, celle qui l’avait enlevé glissa le bras de l’homme à demi-inconscient sur son épaule et claudiqua jusqu’à la porte. Avant de quitter la scène surréaliste, elle prit le temps de se tourner vers lui pour dire d’une voix qui vibra encore longtemps après son départ :

– Merci.

Cette fois-ci il avait compris.

Alec regarda une dernière fois l’endroit, le sang sur le canapé, les meubles renversés, les gouttes de sang qui avaient atterri un peu partout, y compris sur les enfants joyeux qui souriaient dans les cadres qui envahissaient la pièce. L’homme sortit alors son portefeuille, vida les quelques billets qui s’y trouvait – c’était bien peu face au chaos, mais il n’avait rien d’autre sur lui et se voyait mal laisser un chèque pour que la police humaine retrouve ensuite ses coordonnées et vienne l’interroger – avant de voler un manteau qui dissimulait ses bras trop rouges.

Direction l’IBMM, mais avant ça il avait bien envie de faire un détour dans une boulangerie…

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