Couché les émotions ! Couché !

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 Couché les émotions ! Couché !

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Solitaire | Patpatpatpatpatpat
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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyJeu 22 Juil 2021 - 10:37

Il ne s’est pas senti aussi calme depuis des années, comme si les fantômes avaient été une chance dans sa vie de retrouver du sens. D’une façon où d’une autre, d’avoir à nouveau un but, une utilité dans le monde. Quelque chose auquel se raccrocher : ni des gens, ça meurt les gens, ni des relations, ça meurt les gens, ni lui même, parce que quand les gens, ça meurt, tu… il ne finit pas sa phrase parce qu’il n’a pas réussi à faire face au fait qu’il avait torturé une adolescente et s’était caché derrière des excuses trop petites pour le laver de toute responsabilité. Il gratte négligemment une vieille cicatrice sur son avant bras, s’essuie les paumes des mains sur le bureau. Il a tout préparé, toutes les runes qui existent, tous les dessins, toutes les langues, les incantations, détruire les fantômes ou les comprendre, il a juste eu besoin d’Allen, parce qu’Allen a du pouvoir. Comme de par hasard, comme ça tombe bien Simje que tu aies b e s o i n d’Allen. Il a bien reçu son SMS doux, comme s’il ne lui en voulait pas de la dernière fois ; est-ce que ça s’est su pour Orpheo ? C’est pas dit, c’est putain de pas dit parce que c’est une organisation de non-dit, d’amours-propres à sauver et de relations plus complexes que l’univers. Mais putain si ça s’est su, si ça s’est su… L’anxiété lui claque à la gueule comme un élastique qu’on aurait subitement relâché. Il a beau se dire que si ça s’était su, il ne serait pas là… il s’ébroue. La salle est petite, une cinquantaine de chaises, un bureau, un tableau électronique responsif, des polycopiés dans un coin, et Allen qui entre un quart d’heures avant tout le monde. Putain putain putain putain putain putain putain. Putain. Est-ce que les choses changent un jour est-ce que je ne peux pas être calme être normal pas stressé juste à ma place pour une fois ou c’est trop demandé est-ce qu’Allen est condamné to shake me to my core à chaque fois qu’il entre dans une pièce ? Il était plein de résolutions avant ça, lui dire la vérité platement et passer à autre chose, et la vérité c’était, en fait je suis tombé amoureux de toi, alors c’était compliqué à gérer pour moi, parce que je ne suis pas fait pour ressentir ça, pas câblé pour, ça a fait un peu disjoncter quelques fusibles mais c’est ok maintenant et ensuite y’a eu plein de gens morts et après j’ai fait de la merde, wohlah, de la merde et après, j’ai nettoyé les layers de ma vie, couche par couche, d’abord la surface de ma planète jusqu’au centre — non c’est pas vrai le centre j’y suis pas arrivé mais c’est trop ancien maintenant, je peux plus balayer les cendres de cette époque là elles sont comme du sucre dans du lait, là, mais dissoutes et introuvables — mais voilà t’as compris, et maintenant je suis re-là, pas plus solide nianiania ce qui vous rend plus fort ne vous tue pas, ou l’inverse, un truc comme ça, je sais plus, je sais plus parce que tu viens de rentrer Allen et maintenant j’ai tout oublié.

Il relisse les ourlets de sa chemise bleu, passe ses paumes sur son jean noir, ses yeux sans couleur fouillant le garçon qui vient d’entrer.

« Merci d’être venu. »

En vrai il a envie de vomir.

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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyJeu 22 Juil 2021 - 11:54

« Simje ».

C’est le nom qui s’est affiché sur mon téléphone en début de semaine. Comme un fantôme, à tel point que j’ai bien cru avoir affaire à une tentative de hameçonnage, avant de comprendre que les charlatan n’ont pas que ça à faire que de plonger dans la vie privée des gens. Y’a eu des mots mis bouts à bouts et d’après Phil, je suis devenu aussi blanc que mes documents. « J’espère que tu prends soin de toi. ». J’ignore pourquoi ces mots m’ont touché plus que de mesure. Sans doute parce que dans l’année qui s’est écoulée entre ce SMS et notre dernière rencontre, il ne s’est rien passé. Je suis retourné dans mon train-train quotidien, les choses ont été faciles parfois, complexes à d’autres. Son visage me revenait en pleine poire à chaque fois qu’un document tombait sur mon bureau avec une demande d’expédition dans un grotte runée. Je ne sais même plus si j’ai commencé à perdre espoir ou si c’est juste devenu normal, de ne plus se parler. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’un aussi long silence s’abattait entre nous.
Chacun dans sa vie.

Puis, après un très court échange, j’ai reçu un mail plus explicatif à propos de ces fantômes. Quels fantômes ? À vrai dire je n’en sais trop rien. Phil s’est juste retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment et mon QG s’est ainsi retrouvé embarqué dans une histoire en Europe. J’ignore si le déploiement d’exorcistes sur ce cas est justifié, mais quoi qu’il en soit je n’ai pas mon mot à dire ; pour une fois, le nom « exorciste » est employé à raison.

L’histoire aurait pu se terminer ici, sans vraiment m’impliquer davantage, mais il semble que Simje en ait décidé autrement, en plus de me faire déplacer jusqu’à Londres. À y réfléchir, il y a de quoi rire. Donner rendez-vous à un directeur outre-Atlantique pour profiter de sa notoriété – ou tout du moins simplement de son réseau, directement dans les locaux d’un autre directeur tout autant sinon plus influent, c’est… Disons-le simplement, ça me met de bonne humeur. À plus forte raison parce qu’il s’agit de lui.

Je délaisse la paperasse et tout le reste à mon co-directeur et atterrit à Londres, au QG. Je ne me lasse décidément jamais d’observer les différents bâtiments d’Orpheo à travers le monde, tous avec leurs petites particularités, emprunts de la culture du pays ou au contraire très discret. Après m’être annoncé à l’accueil, je jette un œil à ma montre. Bon, un peu en avance, peu importe, j’ai profité de ce voyage pour aller directement toquer à la porte de deux-trois gars qui ignorent mes relances incessantes. Les couloirs passent et les incessantes portes menant aux innombrables salles de réunions apparaissent bientôt. Hm. Celle-ci.

J’ouvre la porte et me rend subitement compte que je n’ai absolument pas prévu mon approche. Il est là, en chair et en os, bien présent et je ne sais pas si c’est juste moi ou s’il m’a l’air un peu changé. Forcément, ça fait un an déjà. Il a ses tic qui me reviennent en pleine face et qui me disent que c’est vraiment lui et dans ma tête c’est une holla généralisée qui se produit. Je suis venu pour regarder les runes, voir le spécialiste à l’œuvre et ça aurait pu se faire sans aucun souci mais le spécialiste n’est pas n’importe qui et le privé finira forcément par ressurgir.

« Merci d’être venu. »

J’acquiesce silencieusement et dépose mon ordinateur portable sur la table. Il faudra que je pense à checker mes mails rapidement aussi. Bref. Out of context. Le téléphone saute aussi de ma poche pour aller se poser à côté de l’autre appareil et je tends la main pour la lui serrer, un sourire chaleureux sur le visage :

« Merci de m’avoir recontacté. J’espère que tu vas bien. »

C’est fou comme des phrases bateaux m’ont l’air toujours plus personnelles face à quelqu’un que je connais. Enfin. On pourra parler de tout ça plus tard. Commençons par rester professionnel, après tout, on ne sait jamais comment se finira la partie « personnelle » alors autant s’assurer de finir la partie nécessaire. J’aimerais éviter qu’il me pète la figure comme la dernière fois, surtout dans les locaux d’Orpheo. Enfin, vu son pedigree dans la catégorie des destructions de QG, de n’importe quoi en fait, je m’attends à tout. Les runes c’est dangereux, c’est tout ce que Simje m’a appris.

« Tu peux me refaire un topo sur la situation de ces fantômes ? Ou de ce que tu sais. »

J’ai suivi dans les grandes lignes j’avoue. Y’a juste fallu chercher les noms des gens avec Phil parce qu’il était vraiment déterminé, faire des portraits robots, remonter dans les généalogies, comparer dans les listes des doués. Trop. de. Choses. Jamais j’ai vu le sous-directeur aussi enflammé.
Je regarde à ma droite et à ma gauche. Attends. Ah, le voilà. Quelle salle de réunion ne possède pas de machine à café. Je me dirige vers elle et demande :

« Café ? »

Ou thé. Ou chocolat. Ils font même du chocolat. Va falloir se mettre à la page chez nous. J’ai envie de retirer ma veste.

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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyVen 23 Juil 2021 - 9:19

Il a envie de hurler, mais garde tout dedans. Il écoute posément le coeur d’Allen battre ; si j’étais empathe, aurais-je seulement moins envie de me sortir les yeux de leurs orbites ? Je ne sais pas pourquoi j’imaginais qu’on parlerait perso, qu’il me verrait, qu’on serait… quelque chose. Mais le costume d’Allen s’est soudé à sa peau et il ne doit plus pouvoir desserrer la cravate. Je suis injuste. Putain.

« Merci de m’avoir recontacté. J’espère que tu vas bien. »

Il voit les failles des mots et pas les douceurs, les rebords, il sent sous ses pieds les cailloux qui blessent et pas l’eau de l’océan qui lui lèche les jambes. Simje ne sera pas heureux tant qu’il ne sera pas capable de lâcher l’affaire. De prendre ce qu’il y a. Mais il n’a pas dit est-ce que tu vas bien il a dit qu’il espérait que ça soit le cas et c’est différent, je suis content qu’il soit là mais je sais maintenant pourquoi il n’y a pas été pendant longtemps. Pendant si, longtemps. Si longtemps.

« Tu peux me refaire un topo sur la situation de ces fantômes ? Ou de ce que tu sais. »

Je hoche la tête, me coule en entier là où j’appartiens, sort des papiers. J’espère qu’il est prêt à recevoir tout ça ; c’est comme le Sri Lanka, je culpabilise déjà.
Mais il a appris à se choisir, des fois. Alors bon.

« Café ? »

Le polonais hoche la tête, oui, café, bien sûr, café. Café clair pour le flatter de souvenirs injustes ou café noir pour enterrer ses doutes. Au choix.

« Je vais faire un topo avec les autres aussi, je ne suis pas sûr que ça soit, ehm, pertinent que je… que je te dise ce que tu vas réentendre dans quelques minutes. »

Simje n’a jamais été de ceux impressionnés par quoi que ce soit, à bégayer ou à s’enfoncer face à quelqu’un mais de ceux angoissés quoi qu’il en soit, débordés par ce qui est. Restless little man. Allez un peu de courage mec quand t’étais avec Ian dans les charniers t’en manquais pas, si ?… Si totalement, et le loup a pris le dessus et t’as rien eu à faire parce qu’il tuait tout le monde et toi t’avais juste à rester en vie. Juste à rester en vie. Marrant comme le « juste » parfois paraît de trop. Vivre c’est déjà… enfin, faut des bonnes raisons quoi. Il touche la rune à la base de ses cheveux qui l’épuise ; celle qui empêche quiconque de lire dans sa tête. Il pourra le justifier que dans une assemblée de cinquante personnes il ne préfère absolument pas prendre le risque ; Allen, s’il le remarque pourra le prendre comme un manque de confiance en lui.
Ce qui n’est pas totalement faux, il a été dans sa tête un jour, il a extrait ce qu’il voulait de son crâne. Mais Simje a surtout peu confiance en lui-même, a penser des choses inappropriée et pas très vrai que son anxiété galopante lui colle au front. Il se saisit de la tasse de café.

En fait je voulais te dire ce qu’il s’est passé parce que tu mérites une explication et que t’es quand même venu avec toutes tes morales à deux balles me chercher à Detroit mais t’es venu quand même quand personne d’autre ne l’a fait et je sais pas si je suis reconnaissant ou si je suis en colère et je sais surtout pas pourquoi je laisse pas tomber l’affaire.

En fait j’voulais te dire que j’étais pas sûr que tu viennes parce que j’ai somehow extorqué des informations à Sloane Carver qui m’a avoué que Cormag Scrimetamère était responsable de ça et je suis pas sûre d’avoir la force de pas lui faire éclater le crâne tout à l’heure.

En fait j’voulais te dire que j’étais amoureux de toi avant et que c’était ça qui m’a fait devenir très con et voilà regarde comment je mets ça au passé, au passé, past, fucking, tense.


Évidement il ne dit rien. Couché les émotions ! Couché !

« Les autres seront là d’une minute à l’autre de toute façon. Ton sous directeur, celui qui a assisté à tout ça, sera de la partie ? »

Il se sent faible d'avoir éprouvé autant d'amour pour Allen, et ça ne fait aucun sens. Pas qu'il ne trouve pas que Allen ne soit pas digne d'amour (n'était-il toujours pas marié ? avec des enfants ? quel cliché) et au contraire, mais que lui, ait pu éprouver des sentiments pour l'autre, était dégradant, comme s'il aurait dû savoir, enfin, que c'était absurde.

absurde était le terme.

Pièce de théâtre en trois actes qui ne mène nulle part.

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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyVen 23 Juil 2021 - 11:35

« Peut-être que je ne sais pas trop par où commencer. »

Durant ces deux ou trois premières minutes, la suite de mes actions me semblait logique, pertinent, professionnel. Pour sûr. Poser ses affaires, saluer, être aux faits du ou des sujets abordés, proposer du café. Une routine presque rouillée mais soigneusement huilée. Tout est dans le cadre et rien ne dépasse, mais une question demeure, criante de sincérité : Pourquoi suis-je arrivé en avance ? Pourquoi, en toute conscience, alors que le travail ne manque pas ici ou au Canada, me suis-je pointé quinze minutes avant le début ? Pour avoir des informations supplémentaires ? Je crois en l’efficacité de Simje, son discours sera clair, avec tout au fond de son regard une petite étoile, à l’idée de parler de runes. Alors pourquoi, encore une fois ?
Il hoche la tête à ma demande et je lance la machine avant de m’adosser un peu au mur. On ne peut pas être plus loin, n’est-ce pas. Son air changé me perturbe toujours autant. Est-ce que ça va mieux ? Est-ce que ça va moins bien ? Est-ce que tu m’en veux toujours pour avoir fait irruption dans ta salle de classe il y a un an ? Est-ce que tu gères mieux ton onde de choc ou a-t-elle disparu ? Qu’est-ce que tu as fait durant toute cette année ?

« Je vais faire un topo avec les autres aussi, je ne suis pas sûr que ça soit, ehm, pertinent que je… que je te dise ce que tu vas réentendre dans quelques minutes. »

Je soupire mais ce dernier n’est en rien en rapport avec les mots de Simje. J’aurais vraiment dû me pointer à l’heure, être dans mon rôle pendant une heure ou deux peut-être et ensuite prendre enfin le temps de m’enquérir de sa situation. De la situation. J’acquiesce et me demande s’il sent la distance entre nous. Mais il est évident qu’il la sent et que son cerveau part dans tous les sens mais surtout pas dans celui de la réalité. La communication sur les runes, c’est son fort, mais pour le reste il faudra repasser.

Je lui apporte la tasse fumante qu’il saisit. Autant je me fais moi-même des schémas dans ma tête, autant Simje il est totalement passé à autre chose, son esprit est rempli des runes dont il va parler et y’a comme un pincement dans mon cœur qui surgit d’out of nowhere. Notre amitié est remplie de non-dits depuis le début et ça a commencé depuis le gros caillou pour ne plus jamais s’arrêter.

« Les autres seront là d’une minute à l’autre de toute façon. Ton sous directeur, celui qui a assisté à tout ça, sera de la partie ? »

J’acquiesce une fois encore, songeur. Je voudrais lui dire que j’attends la fin de la réunion pour qu’on puisse en parler, de tout ce qu’il s’est passé avant, de l’éventualité de ce qu’on veut maintenant, que je préfère lui épargner une débandade de sentiments juste avant qu’il prenne la parole parce qu’ensuite on devra supporter nos visages durant toute la réunion sans jamais craquer. Mais alors pourquoi, une nouvelle fois, prendre la peine de venir si tôt ?
Il n’y a pas moyen pour moi de m’éclipser totalement naturellement ? Non, bien sûr que non. Mon corps a fonctionné sans l’accord de mon cerveau et paf, me voilà.
De quoi il parlait déjà ? Ah. Je me reprends immédiatement et secoue la tête.

« Je veux dire, non. Il m’a donné les grandes lignes mais il y a une autre réunion à la même heure que la tienne et il fallait que l’un de nous deux y assiste. »

A vrai dire, il y a trois deadlines de revues d’ici la fin du mois et pas mal de choses en attente. Je sais que Phil rêverait d’être à ma place, concerné comme il l’est par cet événement. Il doit très certainement me haïr en ce moment-même. Qu’importe. Je fais tourner la tasse entre mes doigts, toujours à la recherche de mes phrases perdues dans ma petite tourmente. La réunion ne devrait pas tarder à commencer. Mieux vaut assurer mes arrières. L’hésitation perce malgré toutes mes précautions.

« Est-ce que… Tu es disponible après la réunion ? »

Je ne suis pas sûr d’avoir eu la meilleure idée du siècle. Tout découdre en cinq minutes et prendre le risque de provoquer un raz de marée ou poser l’ultimatum après la réunion ? C’est du pareil au même. Sans juger les pensées de Simje, pour moi, c’est déjà un raz de marée.

« J’ai oublié le compte de qui doit un café à qui par contre. »

Peut-être qu’on est retourné à zéro ?

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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyVen 23 Juil 2021 - 12:00

Allen hoche la tête, avant de secouer la tête et de se reprendre sous l’oeil un peu inquiet du polonais. Il aimerait capturer le hamster dans sa roue qui lui sert de cerveau mais c’est innarétable. S’il avait un jour testé la drogue douce pour que ça se calme, il aurait pu être su ce que ça faisait, mais il n’était pas du genre.
Il n’est, pas du genre.

« Je veux dire, non. Il m’a donné les grandes lignes mais il y a une autre réunion à la même heure que la tienne et il fallait que l’un de nous deux y assiste. »

Tant mieux. Il ne sait pas pourquoi mais l’instabilité de l’autre le met mal à l’aise, et peut-être qu’il ressent aussi une émotion cheloue, un tiraillement qui n’a pas à être là, un petit quelque chose qui me saoule, qui me gave, m’opprime et m’oppresse.
Il se souvient de la fois où il avait gardé l’apprenti d’Allen. Chasse le souvenir. Au diable le passé, à quand un grand pont d’or au futur ? Mais son futur est semé de fantômes. Il boit une gorgée.

« Est-ce que… Tu es disponible après la réunion ? »

Simje jauge Allen, cette fois-ci complètement inquiet. Son visage reste impassible. Mais seulement son visage. Ok est-ce que le gars veut me parler et pourquoi il voudrait me parler et est-ce qu’il veut juste chit chater ahah regardez moi je suis Allen je veux être gentil et apprécié et être le gentil et l’histoire et ne pas avoir le cul dans les ronces et ne pas être responsable des lumps dans les gorges des gens parce que je suis Super Solutionneur ! Il ne sait pas pourquoi la voix dans sa tête est par moment aussi aigrie, elle ressemble à une vieille tante chez qui ça puerait la pisse de chat dans les pots des plantes.

« Oui. »

Bel effort Simje. Même plus des phrases désormais, on émet des sons. Incroyable.

« J’ai oublié le compte de qui doit un café à qui par contre. »

Et moi j’avais oublié qu’on faisait la même taille.
Aucun rapport avec rien.

Il s’octroie un sourire tout sincèrement mais lointain en essayant de refaire surface de ses souvenirs entremêlés avec Allen. C’est un grand garçon (désormais ?).
Ils se tiennent si loin, qu’à vrai dire, on dirait qu’ils respectent la distance de sécurité « no homo ». Impossible de les prendre pour autre chose que des collègues.

Ça, ça fait largement sourire Simje.

« Je suis désolé, je sais plus très bien faire… ça. »

Il désigne Allen, puis lui-même, puis re Allen en créant un lien avec ses doigts. [i]Je sais plus faire nous deux, pas comme si j’avais un jour si mais y’a un bout de facilité qu’est resté à ton QG brûlé ou avec Kely ou peut-être sous le gros cailloux ou dans la chambre d’hôtel ou au bout de tes lèvres. Haha.
Je suis pas gay en plus putain.

La drôlerie de la situation s’évapore net.

« Mais bien sûr, un café après, oui, d’accord. »

S’il était resté directeur d’un QG, il aurait pu dire la pologne t’invite ! Plus de directeur, plus de QG.

« C’est sûrement à ton tour de me rincer. »

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyVen 23 Juil 2021 - 23:14

« C’est l’histoire de deux gens. »

La question est posée et curieusement tout va bien. Tout va si bien qu’il me faut un instant pour assimiler le :

« Oui. »

Posé là, juste au bord de ses lèvres. Simple, efficace, aussi banal qu’un passage à la caisse, expéditif. J’incline la tête sur le côté et me dit que c’est pas plus mal, au final, si tout a l’air d’aller bien. Tant que ce n’en est pas juste, de l’air. D’ailleurs, je pense avoir laissé un bout de moi à l’entrée. Il ne me reste plus qu’à déterminer ce qui reste, là, ou ce que j’ai bien pu oublier en passant le seuil. Peut-être un bout de mon passé, pour ne pas me souvenir de tout ce qu’on a vécu.

Il sourit mais sa phrase me laisse sur ma faim, sans vraiment comprendre.

« Je suis désolé, je sais plus très bien faire… ça. »

Qu’est-ce que t’as voulu dire ? Et ses doigts qui jouent des castagnettes et me pointant moi puis lui. Qu’est-ce que « ça » veut dire ? Qu’on peut plus blaguer ? Je ne comprends vraiment, vraiment pas. Sans doute l’incompréhension se lit-elle très facilement sur mon visage avec le pincement au cœur qui s’intensifie sans raison. Autant je suis en train de faire un infarctus et tout va bien pour le moment.

« Mais bien sûr, un café après, oui, d’accord. »

Je sais pas trop à quoi je m’attendais mais à l’écouter, quelque part, je devais avoir des attentes, de l’espérance aussi ? Que ça parte en couille ? Est-ce que je deviens juste complètement maso ? Ça me fait plaisir de le voir aussi normal et ça me frustre. Ô combien ça me frustre et je ne sais pas ce que je veux. C’est toujours le bordel dans ma tête.

« C’est sûrement à ton tour de me rincer. »

Toujours, toujours. Toujours le bordel dans ma tête.
Just give up.
Je soupire. J’expulse un trop plein qui vient d’un coup pour aucune raison, je suis venu sans aucune attente consciente mais mille inconscientes et ça s’est dissocié au moment de voir son visage: la voilà l’explication. Mon soupir est un soulagement paradoxalement résigné.

« Cool. »

Et le mot reste plus ou moins en suspens jusqu’à ce qu’une nouvelle tête ne fasse son apparition, pas sûre de déranger, juste propre et professionnel. Comme nous en ce moment-même.

~

Le temps passe, les discussions se font toutes plus intéressantes les unes que les autres et je me prends même au jeu, si l’on peut dire, de proposer des idées. Il faut dire que Phil a tellement entouré de rouge et de bleu et de vert les documents fournis, avec des astérisques qui renvoient trois pages plus tôt pour expliquer tel ou tel phénomène… que je me serais senti mal de garder ces idées pour moi seul.
À un autre instant, il y a une jeune fille qui me glisse deux-trois mots sur Simje et je fronce un peu les sourcils, pas trop mais pas trop peu non plus, sans comprendre à vrai dire. Simje, mauvais ? Est-ce qu’on parle du même ? Les questionnements reviennent et le temps ralentit un instant pour reprendre enfin son court.

Les chaises crissent, les gens saluent, je fais mine de toujours ignorer l’exorciste avec qui j’ai passé bien trop de temps dans une salle à écumer des méthodes pour gérer les fantômes gênants et dirige plutôt mon attention vers celui à qui j’ai promis un café. Ou proposé. Le principal étant qu’il ait accepté. Mes papiers, l’ordinateur, le portable, tout est fourré dans la même mallette une fois que les derniers clapotements sur le clavier sont finis. Il semblerait que Phil soit encore en réunion, à en déduire par l’absence de messages. C’est pas plus mal, ça m’évitera un appel de sa part sur je-ne-sais-quel-nouvel-intérêt.
Je suis toujours plus ou moins sous l’espèce d’influence que le « ça » de Simje a déclenché, mais parler de runes, parler de travail, c’est toujours un excellent exutoire. C’est un ancrage dans le présent.

« On y va ? »

J’attends un peu, vérifie de n’avoir oublié aucun appareil, aide un peu à ranger le peu de bazar et nous voici parti dans un bar proche du QG. Presque mitoyen à vrai dire, on ne peut plus habitué aux doués, aux dîners d’affaires ou aux passages d’exorcistes venus prendre des nouvelles. C’est un endroit qui ne laisse rien transparaître, juste un bar comme les autres, pas trop fréquenté à cette heure de la journée. Si nous avions été au Canada, je ne dis pas, mais en ce qui concerne Londres, je ne m’y connais pas trop en bar sympa. Bref.
Place trouvée, je commande une bière.
Faut parler. Entrer directement dans le vif du sujet ? Bah, il doit s’en douter que la post-réunion ne voulait pas dire parler des fantômes. Ou alors, des fantômes du passé. Mais dire quoi ? Tu m’as manqué ? Honnêtement, ce serait un mensonge. Penser à quelqu’un une année complète, c’est beaucoup. Vraiment beaucoup. Y’a le temps qui nous rattrape, les obligations et le reste, les relations au jour le jour qui font que parfois, y’a des relents de souvenirs mais souvent c’est le train-train quotidien.

« J’espère que tu ne m’en veux pas trop pour la dernière fois à Détroit. »

Je sais pas ce que t’es parti y foutre, je sais juste qu’à ce moment c’était pas du tout comme aujourd’hui, qu’il y avait tellement un trop plein chez toi et que ça s’est exprimé d’une manière ou d’une autre. Mais ce qu’il s’est passé après, pouf. Nada. Est-ce que c’est ce dont a voulu parler cette jeune demoiselle pendant la réunion ? D’ailleurs, autant en avoir directement le coeur net.

« Est-ce que tu la connais, cette jeune femme ? Sam Carver, c’est ça ? »

Parce que proférer des choses pareilles c’est bien, mais si les gens ne se connaissent pas…
J’ai bien fait de lui demander ça ?

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyDim 25 Juil 2021 - 15:40

Le problème de Simje est qu’il a un début et une fin. Il ne peut pas donner à l’infini, supporter à l’infini, espérer à l’infini. D’autres diront que c’est impossible de déterminer par avance les pouvoirs et dons de tout un chacun, mais qui pourrait prétendre être étonné que le polonais ait développé une onde de choc ? Tout envoyer bouler, balader à distance.

C’est trop, à l’instant là, c’est trop, je sais que je ne peux pas rester dans ma carapace à l’infini et qu’il va se passer de ces choses incontrôlables que j’aimerais ensuite retirer, comme une épine que j’aurais planté moi même dans mon pieds sans le vouloir mais en ayant besoin, comme une crise de panique où on se fait mal pour pouvoir passer au travers du voile, regrettant les marques du lendemain. Comme Allen que je garde dans ma vie parce qu’un peu vivant sur un bâteau ivre ça vaut mieux que complètement mort au paradis.

« On y va ? »

Il hoche la tête. La journée n’est pas finie, le pire (le mieux ?) commence, le mieux (le pire) avec Allen. Ils s’asseyent à un bar et Simje prierait pour que il prenne un café l’autre et qu’il soit raisonnable et qu’on ne mette pas de l’alcool au milieu de nous deux et de la désihnibition, qu’on soit raisonnables pour une fois ah putain il prend une bière et la panique oui une bière aussi merci et il la regarde arriver, deux pintes, bienvenue en enfer.

« J’espère que tu ne m’en veux pas trop pour la dernière fois à Détroit. »

Il hausse les épaules.

« Je ne t’en veux pas pour Detroit »

Il n’est pas con, ça répond très spécifiquement à la question, de la rancoeur pour Detroit ? C’est passé, mais est-ce que je ne t’en veux pas pour d’autres choses, pour m’embrasser quand tu as peur par exemple, pour me faire croire en des émotions qui s’avèrent être du vent, pour me secouer comme un palmier dans la tempête à me faire croire que peut-être je serais gay, genre, homosexuel, alors que non, est-ce que je serais pas Allensexuel, non plus, parce que je n’en aurais jamais le courage, et je suis runé, cheh, tu sauras jamais toutes les pensées qui galopent dans mon crâne te concernant. Tant mieux.

« Est-ce que tu la connais, cette jeune femme ? Sam Carver, c’est ça ? »

Le polonais incline la tête. Sam est venue lui parler pour dire qu’elle n’avait pas cafté, c’est ce qu’elle a dit le petit démon conservateur n’a pas cafté, cool cool cool cool, sur son visage aucune trace, elle a rajouté en m’attrapant la main, mais j’ai besoin de réponses, et ses réponses elle les a eues, Hannah dans les chiottes en train de chialer qu’elle est déjà mortes, qu’il ne sert plus à rien de respirer, l’oreille rose dans laquelle on appuie un flingue tout, j’ai tout donné, mais pas Allen, je sentais son pouvoir s’enlacer en moi et comme un animal aux instincts aiguisés, j’ai pas laissé faire.

Mais je l’ai vue toucher Allen, cette psychopathe en devenir et je ne sais pas ce qu’elle a pu y voir, Philip sûrement en masse, beaucoup de fois, peut-être des femmes j’en sais rien mais si il me demande là maintenant si je la connais c’est qu’elle a dû lui dire un truc et c’est que j’étais dans ses petits papiers à Allen et ça me fait autant tout chaud que vraiment trop chaud. Si ça fait du sens.


Il fronce les sourcils.

« Qu’est-ce qu’elle a dit ? »

Et là, perte de contrôle, il dérape une première fois.

« J’ai pas toujours été la personne que j’aurais voulu être. Certains en ont fait les frais. D’autres… »

Il n’achève pas la phrase, prend la pour toi ou pas Allen, c’est pas m’ont problèmes. D’autres en ont fait leur affaire, d’autres sont partis, d’autres… d’autres s’en sont tamponné le front contre le sol. Ca ne change rien.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyLun 26 Juil 2021 - 23:30

« Bien, pas bien, bon, mauvais. »

Rien que des noms pour qualifier des états subjectifs. Parce qu’une morale n’a pas été respectée ; mais dictée par qui ? La bière arrive et je n’ai agi que par pur automatisme, d’une journée entre deux amis – on ne sait plus vraiment, pour peu qu’on l’ait un jour qualifié en des termes simples – une bière à la main. Mais après coup, sans doute n’est-ce pas une bonne idée d’apporter l’alcool dans un débat qui se peut – veut ? Houleux. Il y aura toujours le café pour dessaouler si besoin. Pas qu’une bière soit suffisante pour me mettre à terre cela dit.

La première question est presque rhétorique. Une base sur laquelle commencer l’échange, un lieu, comme un checkpoint, auquel se raccrocher lorsque la conversation se fera plus profonde. C’est dingue, je ne transpire pas tant l’angoisse, mon langage corporelle demeure calme et posé mais mon esprit s’échauffe pour des prunes, la peur de trouver quelque chose. Ce n’est pourtant que d’une année dont nous parlons et cet éloignement c’est déjà produit par le passé. Je ne suis pas subitement devenu empathe. D’où e vient cette inquiétude ?

« Je ne t’en veux pas pour Detroit »

La phrase semble soigneusement élaborée, précise. Une réponse à une question, prudente. Elle sonne presque comme un reproche. Je ne t’en veux pas pour ça, mais je ne parle pas du reste. J’hésite à lui demander si j’ai pu lui causer quelque tort que ce soit avant de me rétracter. Bah, s’il a envie d’en parler, il le fera. Ce qui ne m’empêche pas, dans ma curiosité insatiable du personnage, de lui faire part de ce petit échange énigmatique avec la jeune demoiselle plus tôt.
Son expression change, il incline la tête mais je me retrouve incapable de déceler la moindre émotion. Je me suis promis de ne pas sonder ses pensées – et j’ai quand même tenu plusieurs heures tâchons de le préciser, mais mon don agit avant mon esprit et… il revient me claquer à la gueule, la queue entre les jambes si l’on peut dire, bredouille, salé, frustré, abasourdi et mais sérieux gars ? J’ai les yeux qui s’écarquillent malgré moi. Le gars il s’est runé. Je m’imagine mille et unes excuses, il était en réunion blabla, il a des informations confidentielles blabla mais il n’y a rien qui passe au-dessus de ma consternation parce que même si être lecteur de pensée c’est pas vraiment un don rare, il sait pertinemment que je fais partie de ce lot.
Et je le prends personnellement. Même si je sais que c’est casse-couille un lecteur de pensée.
Quand même.

Il fronce les sourcils. Je fronce les sourcils. Pas pour les mêmes raisons, à n’en point douter.

« Qu’est-ce qu’elle a dit ? J’ai pas toujours été la personne que j’aurais voulu être. Certains en ont fait les frais. D’autres… »

Il s’est runé le crâne pour pas que je l’écoute, sérieux. Sérieux. Bravo la confiance. J’avale une gorgée de de bière. Ne croyez pas que je noie ma peine dans l’alcool, je vais parfaitement bien, merci.
Je me recentre sur la conversation. Ce qu’elle a dit ? Elle a dit que t’étais un vilain pas beau. Que c’est clair comme de l’eau de roche que tu as des choses à cacher et que c’était pas la peine de te runer pour me dire de ne pas entrer – bon si, un peu, bel effet de surprise. Chapeau. Hrm. Je passe une main dans mes cheveux par habitude et le tic fait émerger plus de choses – inutiles – que prévu. Ah, oui, j’ai les cheveux courts maintenant. Ça a pas mal crié chez certaines demoiselles mais les bouclettes reviendront, j’suis pas Ken, ça repousse, et ce n’est pas le sujet bordel.

Je soupire et traduis le message dans sa globalité :

« Des trucs pas vraiment mélioratifs. »

Pas du tout même. Qu’est-ce que tu as à cacher qui demande une protection pareille ? J’ai limite envie de lui ébouriffer les cheveux pour effacer tant bien que mal le machin qu’il a pu se faire, pour peu que la rune siège à cet endroit. Je croise les bras instinctivement et ça traduit la position de défense, mais revenir à un état neutre rendrait les choses étranges alors je m’enfonce juste un peu plus dans la chaise pour l’inciter à prendre l’espace entre nous pour s’expliquer. Passif défensif. Absolument pas le genre d’attitude que j’arbore en temps normal dans mon rôle de directeur.

« Elle m’a dit de me méfier de toi. Que… - ceci est un soupir à fendre l’âme – qu’il y a du mauvais.

J’arrive pas à lui sortir les mots exacts. Que Simje est mauvais : une accusation trop personnelle, trop violente pour moi. Jamais je ne me permettrais de lui dire cela, même pour traduire les mots d’une autre. Peut-être bien que les apparences sont trompeuses, peut-être que Simje a fait des choses atroces, mais sans preuves, sans informations de sa part, je ne préfère aps m’avancer. J’ignore qui est cette femme, qui plus est.

« Pourquoi pense-t-elle cela de toi ? »

Et surtout, mais SURTOUT  :

« Je suppose que ça a un rapport avec le blocage de lecture de pensées. Efficace. »

Très, trop. Vas-y, dis-moi que t’es pas content, je me sentirai presque bien de revoir ton toi du passé, me rassurer, me dire qu’au final rien n’a changé, que l’incident à Détroit n’était qu’un instant particulier dans nos évolutions respectives. Je fais tourner l’anse de mon verre entre mes doigts. Droite, gauche, droite.
Quel virage prendra cette conversation ?

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyMar 27 Juil 2021 - 16:54

Simje sent le changement quand il se produit ; une histoire de battement de coeur et de respiration qui se modifient. Il est toujours chat, onde de choc ou pas onde de choc. Il frémit, hausse un sourcil mais attend patiemment que ce soit expliqué. Allen est Allen, il finira par vouloir mettre des mots sur ça, non ? Des mots sur tout sauf sur l’essentiel… pour moi. Peut-être que l’essentiel pour lui, il l’a toujours dit. Il fronce le nez le garçon.

« Des trucs pas vraiment mélioratifs. »

J’me doute bien qu’après s’être fait fracturer le nez, vomir, et chialer ses morts sur douze générations, elle n’a pas chanté mes louanges et me tressant une couronne de laurier. Mais c’est con, parce que comme elle n’a rien dit et que visiblement le gars de son QG, le chef, de ce que j’ai compris c’est son tuteur ou mentor ou quoi mais qu’il n’est pas au courant, techniquement, j’pourrais redevenir directeur de quelque chose, en faisant les choses correctement.

Est-ce que j’ai à nouveau envie d’être responsable ? En charge ?

Qu’est-ce qu’il lui plaît dans sa vie, Allen ?

Et le pire dans cette histoire, c'est que parce qu'elle a bien fermé sa bouche, techniquement, je lui en dois une. J'en dois une à une petite psychopathe, Anakin sur un rocher en flammes ou pas loin. Elle est immonde cette meuf j'vous jure, très belle, de grands yeux bleus qui foutrons la merde un jour quelque part. Et ptet qu'j'aurais été le catalyseur, le début de ses traumas. Mais j'pense pas, chez les magiques, on commence bien plus tôt que ça.

« Elle m’a dit de me méfier de toi. Que… qu’il y a du mauvais. »

Un sourire attrape le visage du polonais pour ne plus le lâcher, déridant son front, écarquillant ses grands (non, ses gros) yeux pâles. Il plisse les yeux, s’apprête à faire une blague.

« Pourquoi pense-t-elle cela de toi ? »

Sourire qui n’en peut plus de s’étaler parce qu’il a une blague en tête, (surtout qu'il a pas dit pourquoi elle pense ça, mais il a tout guindé sa question) et il est tout prêt à la dire quand Allen enchaine.

« Je suppose que ça a un rapport avec le blocage de lecture de pensées. Efficace. »

Simje pince les lèvres, essaie de s’empêcher de rire mais l’air vient dans ses joues et il éclate absolument de rire, renversant la tête en arrière. C’est peut-être vexant, sûrement vexant, hahaha, j’étais sûr, o, m, g, J’EN ÉTAIS SÛR, hahah ! CHEH Kristiansen, cheh.

« Allen Kristiansen ! »

Il savait qu’il serait obligé de commenter le fait qu’il ait verrouillé son crâne. Mais déjà qu’il pouvait lire les pensées quelle que soit la langue, un bouclier était plus que nécessaire.

« Il fallait bien évidemment que t’essaies de faire un tour dans mon crâne. C’est fou ça. J’le savais. Franchement, j'avais besoin d'me protéger sur cet événement mais c'est à cause de toi que j'en viens à me runer le crâne. À, cause, de, toi. »

Il n’essaie pas de se cacher que oui, c’était pour que le canadien ne puisse pas déceler tous ces monologues anxiogènes qui lui galopaient dans le crâne à longueur de journée et qui le concernaient beaucoup quand il était dans les parages. Son sourire ne retombe pas jusqu’à ce qu’il reprenne une lampée de bière.

« C’est incroyable. Est-ce que j’ai déjà refusé de répondre à tes questions ? D’expliquer ce que tu veux ! J’ai toujours était quasi-honnête. Qu'est-ce que tu cherches là-dedans que tu n'as pas déjà ? Dont tu ne te doutes pas au moins ? »

Quasi c’est déjà bien Allen, non ? J’veux dire, j’peux pas tout te raconter tout plus, mais je crois que c’est déjà pas mal ce que je te donne, non ? Plus je le détaille plus je remarque qu’il a tout de même un peu changé, et des choses qui n’ont pas nécessairement à voir avec ses cheveux courts. Je crois savoir que c’est un sorcier et que le temps ne glisse pas de la manière sur lui que sur les humains, mais genre, il a un peu bougé quand même, il n’est pas insensible au temps, à la vie (il a son annulaire de libre tiens), (c’est peut-être plus à la mode de se marier?), et j’sais pas ce qu’on fait là mais j’ai absolument pas l’intention de partir pour autant.

Je lève le bras : nouvelle tournée guys.

Si il me dit nianiania c'est même pas vrai tié tout secret, j'vise le visage. La vie de moi.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyMar 27 Juil 2021 - 18:32

« J’suis parti sur Mars, les gars. »

Il se tape une barre. Nan, le gars, Simje, le polonais, le gars qui m’a accompagné sous le caillou, il se tape la barre du siècle. Il explose de rire et ça remplit l’espace entre nous, l’espace après nous, l’espace entre les inconnus et j’ouvre des yeux écarquillés. J’ai vu son sourire se dessiner après mon enchaînement de syllabes sur un sujet bien sérieux.
Et lui, il rit.
Il rit comme jamais je ne l’ai entendu rire.

Vraiment, j’essaye de me souvenir des meilleurs moments, Las Vegas, les runes sur le sable de la Pologne, plein de trucs mais ce rire-là, j’ai l’impression de ne jamais l’avoir entendu. Si présent. Je reste interdit, bouche bée, peu m’importe le qualificatif. Je viens bien de lui dire que je fouillais dans ses pensées, non ? Genre. J’ai des doutes à présent.

« Allen Kristiansen ! »

Et il s’exclame en plus ! Y’a des regards plus ou mois pas discrets qui se tournent pour le côté « ces gens font du bruit » et je tombe des nues. Il a un frère caché ? Dites-moi qu’il a un frère caché. Sans cesser de le dévisager d’une telle extraversion – on peut appeler ça de l’extraversion non ? Sérieux, je comprends plus rien, j’arrive plus à parler correctement.

« Il fallait bien évidemment que t’essaies de faire un tour dans mon crâne. C’est fou ça. J’le savais. Franchement, j'avais besoin d'me protéger sur cet événement mais c'est à cause de toi que j'en viens à me runer le crâne. À, cause, de, toi. »

Donc c’est vraiment à cause de moi. Il se rune la figure pour pas que j’entre dans ses pensées. Je sais que c’est terriblement intrusif comme méthode et que je déteste mes propres camarades lecteurs pour la même raison que lui mais… Mais. J’ai des excuses. J’ai des raisons. Et je m’empresse de vouloir les énoncer mais il reprend la parole sans me laisser le temps de respirer.

« C’est incroyable. Est-ce que j’ai déjà refusé de répondre à tes questions ? D’expliquer ce que tu veux ! J’ai toujours était quasi-honnête. Qu'est-ce que tu cherches là-dedans que tu n'as pas déjà ? Dont tu ne te doutes pas au moins ?
-Quasi-honnête. »

Je sais que demander à quelqu’un d’être parfaitement honnête avec soi ça signifie être en couple ou tout du moins en très très très bons termes, qu’il y a malgré tout toujours des zones d’ombres chez l’un et l’autre. Oh et maintenant le voilà qui lève la main pour demander une autre bière. J’ai pas fini gars. J’ai pas fini mon verre. Mais qu’est-ce qui s’est passé durant cette année pour qu’il ait l’air aussi… aussi ?… Charmant ? De tous les qualificatifs c’est celui qui me vient en premier. Pourtant, en y réfléchissant cinq secondes de plus, je songe à « vivant ».
Bref, time for la justification.

« J’fais ça déjà parce que t’es doué pour détourner la conversation. T’es d’ailleurs en train d’illustrer mes propos avec brio, déjà là. Puis mon don, c’est le prolongement de mon corps. Tu tapes le genou, paf, réflexe de la jambe. C’est pareil. Et je me suis beaucoup, beaucoup calmé sur son utilisation. C’est juste que toi… »

Toi quoi. Toi Simje. T’es une énigme à toi seul, mes mots ne suffisent pas, je veux toujours en savoir un peu plus. Je souffle un « aaaah » désemparé. Mille arguments n’y changeraient rien. On ne se refait pas, je viens à peine de passer la trentaine et il ne faudrait pas penser que la maturité s’est faite en un an. Qui ne profite pas de ses dons ? Tiens, bah d’ailleurs. Je dépose ma paume ouverte sur la table et annonce, à mi-chemin du gars ronchon de s’être fait prendre et de celui amusé qui regarde au loin :

« Je pourrais en dire autant de toi. Tu t’y connais mieux que moi, tu n’as qu’à tracer une rune qui empêche tes dons félins ou whatever ce que c’est de me checker moi comme ça t’arrange. Tu dessines pas un truc bizarre à la place je te préviens. Ou alors, tu te contentes de juste occulter ton don aussi. Non mais. »

Les deux derniers mots échappent à ma tirade seulement mentale pour suivre le train oral. C’est pas possible de me demander juste d’arrêter de respirer. Je finis la bière pour calmer mes émotions et regarde Simje d’un air contrarié. Et voilà, conversation déviée, je l’avais dit. Mais je n’ai pas pour autant lâché l’affaire.
Non, ça moi vivant, j’apprendrais ce qui a bien pu faire du Simje de Détroit celui qui se trouve en face de moi.

« Et je t’invite cordialement à reprendre où tu t’es arrêté précédemment. C’est qui cette Sam ? Pourquoi elle pense ça ? »

Never.
Jamais je te laisserai partir avant d’avoir eu mes réponses. Et s’il faut, je te mets sous la douche pour effacer ta rune et récupérer tout ce que je veux, comme on va chercher un dossier aux archives.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyMar 27 Juil 2021 - 22:05

Allen répond du tac au tac, soulevant la délicieuse nuance qui avait été placée là :

« Quasi-honnête. »

L’exaspération lui fait rouler des yeux. Ouais, quand tu mériterais des claques dans le museau j’évite de le dire à voix haute ! Comme s’il n’y avait que ça.
Bref.

« J’fais ça déjà parce que t’es doué pour détourner la conversation. T’es d’ailleurs en train d’illustrer mes propos avec brio, déjà là. Puis mon don, c’est le prolongement de mon corps. Tu tapes le genou, paf, réflexe de la jambe. C’est pareil. Et je me suis beaucoup, beaucoup calmé sur son utilisation. C’est juste que toi… »

Le polonais ouvre grand les yeux et s’auto désigne du doigt, l’air de dire, ah mais parce que maintenant c’est de ma faute ? Détourner la conversation déjà, pardon me sir, mais y'a pas moyen que tu m'accuses de ça. Et ensuite. Non mais... Non mais sérieux, le prolongement de son corps, genre, geeeeenre, geeeeeeeeeeenre. Si les magiques s’étaient pas autant tapés dessus, on serait plus nombreux, y’aurait plus de lecteurs de pensées, et y’aurait des montres, des bagues, des colliers créés contre vous, DES LOIS CONTRE VOUS ALLEN.

Mais le petit polonais est mi-humain mi-anxiété, jamais colère comme ça, surtout pas en publique, il n’en est pas capable, et ça donne un grognement de désaprobation en même temps que la plainte du canadien.

Bah tiens.

« Je pourrais en dire autant de toi. Tu t’y connais mieux que moi, tu n’as qu’à tracer une rune qui empêche tes dons félins ou whatever ce que c’est de me checker moi comme ça t’arrange. Tu dessines pas un truc bizarre à la place je te préviens. Ou alors, tu te contentes de juste occulter ton don aussi. Non mais.
La mauvaise foi, siffle Simje. Donc moi j’entends ton coeur qui taptap dans ta cage thoracique, quand tu pues la peur quand t’es à deux doigts de claquer sous un rocher et toi, tu peux lire l’intégralité de ce qui se déroule sous mon crâne et on est genre à égalité ? »

Ok, il ne sait pas être en colère, mais il sait être offusqué.
Même s'il regrette d'avoir dit à Allen qu'il ait pu un jour puer.
Coup bas un peu.
Et il sait aussi rerentrer dans sa coquille quand l’autre le regarde… mal. Genre de travers. Genre, pas contents ! pas contents ! pas contents ! pas contents ! comme ça. Il se repose à l’arrière de sa chaise, lisse dans sa chemise, essuie ses paumes sur son jean. Ça c’est Simje. Retour à la normal.

« Et je t’invite cordialement à reprendre où tu t’es arrêté précédemment. C’est qui cette Sam ? Pourquoi elle pense ça ?
- Sloane Carver, crâne-t-il, pupille de Cormag Scrimequelque chose. »

Vous savez pourquoi son pouvoir s’est mué en ondes de chocs ?
Parce qu’il fallait que s’exprime physiquement ce qu’il a toujours su faire avec ses mots trop pleins, pas courbes, trop pleins d’angles, de coins, de failles et de fissures pour s’y faire mal.

« Tu veux pas du quasi honnête Allen ? »

Nouveau tour : on passe la main dans les cheveux, on boit une gorgée de bière, on lisse les ourlets de la chemise trois-quart sur ses avant-bras.

« En fait, j’me suis allié avec Rosenrot pour apprendre qui, for fuck’s sake, a pu sacrifier l’intégralité de ma team et faire genre oh mince! déso! comme toute réaction et s'en sortir ! S'en sortir totalement. Alors avec les potos noirs, on est arrivés à Berlin, on a coincé la gamine dans un coin, tabassé la gamine, appris que oh ! Scrimetamère était responsable ! Et de tout, depuis le début. Voilà. Donc trop haut placé pour aller lui expliquer quoi que ce soit. Donc voilà. Mais une seconde après on était chacun retournés à nos affaires, elle, son nez, soigné, moi, ma vie, pas retrouvée, et du coup maintenant elle trouve que moi, je suis… ouh… méchant. »

Il n’a plus trop d’émotions quand à cette histoire à cause qu’il est trop plein de tout pour en avoir quelque chose à foutre à l’instant T. Dans quelques jours (heures?) il ferait sûrement une crise de panique à base de « mais t’es trop con d’avoir dit tout ça » mais il a aveuglément confiance en Allen pour ne rien dire du tout.

« Ah non, attend, pas méchant. Elle a dit quoi ? Mauvais. »

Mais bon.

C’est pas fini en fait.

« Comme quoi. On peut avoir les réponses qu’on attendait et toujours rien pouvoir en faire. »

Peut-être que ça te vise toi, ça, Allen. Personnellement. Pew pew ! J’suis pathétique mais un peu tipsy, plus rien peut m’toucher mais stp répond pas un truc méchant genre si t’as compris de quoi je parle me dis pas que je suis un pouilleux d’avoir pensé qu’un jour Ô un jour de grâce t’as pu avoir pour moi un truc. Un truc, juste un truc.
Me descend pas stp j’suis fragile.

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Spoiler:
- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyMar 27 Juil 2021 - 23:22

« C’est la fête, c’est la fête,
on s’enjaille et c’est chouette. »


Je me doute que ce que je vais trouver dans ce passé ne sera pas synonyme de paillettes et de papier crépon. Je sais que je vais regretter d’avoir posé les questions pour connaître les réponses sans pouvoir au final faire avancer la conversation. Lui dire « ok c’est cool » ou « t’es un vilain ». Ou même rien du tout, parce que Simje c’est aussi ce gars qui va décomposer toute la phrase pour la tourner dans un sens que tu as peut-être voulu dire – peut-être ou pas du tout. J’ai presque l’impression que c’est un gag, nous deux, à chaque retrouvaille. Moi qui lui extrait tous les vers du nez puis qui cherche, gratte encore un peu plus, jusqu’au moment où tout est sorti. Alors, je m’annonce comme le Grand Résolveur de ses problèmes, sans qu’il ne me l’ai demandé.
Peut-être que ce n’est qu’une histoire de curiosité. Quand on lit les pensées de quelqu’un sans que la personne ne sache, c’est une conversation à sens unique. On n’a pas besoin de trouver des justifications, d’enclencher une conversation, on sait et c’est tout. Ça permet d’avoir une longueur d’avance si on doit rencontrer la personne plus tard. Ça montre les points forts et les points faibles et ça permet d’ajuster le curseur.

Mais quand on a un maître en runes face à soi, qui bloque son esprit, y’a pas trente six solutions. Faut les demander. Sauf que ça a rarement été possible de juste dire « ah d’accord. » quand l’autre vient déposer les bouts de sa vie tumultueuse. Les humains ont besoin d’un accusé de réception et je panique, oui, quand les mots sont dits et qu’on me regarde en face.
Le regard si bleu et si perçant du polonais.

— La mauvaise foi. Donc moi j’entends ton coeur qui taptap dans ta cage thoracique, quand tu pues la peur quand t’es à deux doigts de claquer sous un rocher et toi, tu peux lire l’intégralité de ce qui se déroule sous mon crâne et on est genre à égalité ?

Je retire ma main de la table pour la laisser retomber sur mes cuisses. Pas de runes donc. Je n’sais pas si y’a une subite fatigue qui me tombe sur la tête, si c’est la bière qu’ils ont échangé avec de la vodka ou si je prévois la suite et économise déjà mes batteries, mais je lève la main d’un air vaincu et hoche lentement la tête.

« Non d’accord. Tu as raison. Je pensais que ça allait au-delà, que tu pouvais sentir les émotions et tout ça. Désolé. »

Mais parce que Papy va se relever des orties dans lesquels on l’a jeté.

« Enfin bon, t’es runé, c’est réglé, j’vais pas lire tes pensées. »

Je détecte de l’amertume par ici. Allo, allo, je répète, l’amertume est bien présente, le juge vient de me confirmer à l’oreillette qu’Allen est et restera salé jusqu’à la fin de cette conversation. Ou tout du moins avant que la prochaine émotion ne surgisse tout aussi abruptement.

« Sloane Carver, pupille de Cormag Scrimequelque chose. »

Et voici qu’entre en course la mort du respect. Je me mords la lèvre en passant ma main sur mon front. Oui, le respect est mort, qu’il repose en paix.
Sloane Carver. Je ne connaissais pas ce nom mais les deux semble se connaître plutôt bien. Enfin, plutôt bien en mal, si l’on se reporte aux accusations de la jeune fille. J’ai peur d’entendre qu’il lui a explosé la figure, à elle ou à un autre. Sim ? Non. C’est un guérisseur non ? Les guérisseurs sauvent des vies, ils ne s’amusent pas à jouer avec comme les sorciers noirs.

Si j’avais su, j’aurais jamais enclenché cette pensée.

« Tu veux pas du quasi honnête Allen ? »

À la réflexion, plus vraiment. Où s’arrête ma curiosité ? Pourquoi je veux savoir tout ça ? Est-ce que ça va me permettre de mieux dormir ? Est-ce que Sim il a envie d’en parler ? Dans sa non quasi-honnêteté, je m’attends à recevoir un rapport détaillé et dans son regard il n’y a rien qui annonce des vacances à Miami, à se prélasser sur le sable chaud. C’est la guerre. Pas la rage, je ne sais pas, à vrai dire, mais un truc plus amer que sucré.
Je ne veux pas savoir, Simje.
Mais je ne peux pas te dire ça maintenant que la moitié de ton monologue est déjà prêt à être englouti dans mes oreilles. Mais quand est-ce que je m’arrêterai de faire la commère. QUAND.

« En fait, j’me suis allié avec Rosenrot pour apprendre qui, for fuck’s sake, a pu sacrifier l’intégralité de ma team et faire genre oh mince! déso! comme toute réaction et s'en sortir ! S'en sortir totalement. Alors avec les potos noirs, on est arrivés à Berlin, on a coincé la gamine dans un coin, tabassé la gamine, appris que oh ! Scrimetamère était responsable ! Et de tout, depuis le début. Voilà. Donc trop haut placé pour aller lui expliquer quoi que ce soit. Donc voilà. Mais une seconde après on était chacun retournés à nos affaires, elle, son nez, soigné, moi, ma vie, pas retrouvée, et du coup maintenant elle trouve que moi, je suis… ouh… méchant. »

Wow.
Pardon je la refais, c’était pas assez puissant.
W.O.W.

J’ouvre la bouche et la referme, amène la bière à mes lèvres pour faire comme si c’était normal, comme si le plan c’était juste de boire et pas juste faire le poisson de deux neurones face à un discours de thésard.
On reprend.
Simje. Simje est allé à Rosenrot. Pendant un temps indéterminé, il est devenu sorcier noir. Pour Rosenrot. Simje. Il a tué des gens pendant sa phase noire ? Est-ce que ça peut expliquer cette apparente nouvelle nonchalance, sa confiance en lui et c’est juste flippant un peu non ? Je veux bien croire que la confiance ça se gagne en faisant des choses, mais j’aimerais dissocier chose et chose.
L’un est en italique, déjà.

Bon, c’était pour la bonne cause cela dit. Non. Non merde, comment je peux penser ça ? Ça me viendrait jamais à l’idée de rejoindre les sorciers noirs pour trouver les responsables de…

« Ah non, attend, pas méchant. Elle a dit quoi ? Mauvais. »

J’ai pas fini mon analyse, Simje, laisse-moi le temps de digérer, vomir, manger, redigérer, revomir, déplacer la nourriture jusque dans le quatrième estomac, comme les vaches. Il y a bien quatre estomacs dans… ?
Et il annonce qu’il l’a tabassé. À plusieurs, contre une jeune fille. Je… le reconnais pas du tout. Les humains sont capable d’à peu près n’importe quoi sous le coup de plusieurs émotions mais là… ça, ça ne faisait pas parti de mes connaissances jusqu’à présent. Mais surtout… Surtout comment le directeur d’Allemagne peut-être responsable de la mort de son équipe ? Je le sais loin d’être parfait ou empathique, mais de là à envoyer au casse-pipe toute une équipe ?

Je me raidis un peu. Un sentiment de culpabilité. Certainement bien plus. Oui Allen, oui, t’as à peu près fait ça une dizaine de fois lorsque la guerre faisait vraiment rage dans le monde magique. Je regarde Simje. Est-ce qu’il y a un homme ou une femme, quelque part, au bar avec un de ses amis lointain ou un collègue, qui pense la même chose. Qui se dit que de toute façon, à son échelle il ne peut rien, que les directeurs, ils sont plutôt pas mal protégés. Que c’est que des enflures et des hypocrites.

Il est nécessaire que je me calme immédiatement.

« Comme quoi. On peut avoir les réponses qu’on attendait et toujours rien pouvoir en faire. »

Mes yeux descendent jusqu’au verre devant moi. Ils… s’échouent, pour être plus précis. J’ai envie de poser une autre question. Non, à vrai dire, plusieurs, mais celle-ci s’affiche davantage en surbrillance. Je relève la tête, sourcils froncés, un peu perdu.

« Le directeur d’Allemagne ? Comment a-t-il pu être mêlé à une histoire qui s’est produite dans un autre pays ? Et pourquoi, surtout ? »

Je ne me souviens pas vraiment de l’histoire de son équipe. Je sais qu’ils sont morts, mais je ne connais pas détails. Il est probable que Scrimgeour ait travaillé dans l’ombre mais… pour quelle raison ? C’est invraisemblable mais je ne doute pas de sa parole. Ma main vient de nouveau gratter mon front puis ma barbe. Ça ne démange pourtant pas, physiquement tout du moins.

« Et pourquoi t’es parti… T’es parti vers Rosenrot ? C’est grave. C’est ultra grave. Va falloir que je me rune la tête aussi quand je serai au bureau pour jamais, jamais laisser échapper cette information. Comme tout le reste. T’as tabassé... Enfin, vous... Une adolesc… herregud, du er så - y’a un bruit de ballon troué qui s’échappe de ma bouche – Je m’attendais pas à… à ça. »

Je ne peux même pas lui dire si ça va, la réponse a déjà été donnée. « On peut avoir les réponses qu’on attendait et toujours rien pouvoir en faire. » La frustration à son paroxysme, la justice qui ne sera jamais faite quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise. C’est pourtant avec le désir de justice que Simje a quitté Orpheo. Pourtant, c’est un retour à la case départ, avec le responsable pas si loin que ça. Et je ne peux pas non plus intervenir. Toujours pas.
Ah, y’a autre chose.

« Tu… les as quitté depuis ? Rosenrot. »

J’arrive pas à croire que je parle à Simje. C’était comment le goût du sang chez les méchants ? T’as tué des exorcistes pour prouver ta valeur ? J’inspire profondément.
Ça ira.
Ça a toujours été, n’est-ce pas ?

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyMer 28 Juil 2021 - 20:37

Il est tout de son côté, les mains sur les cuisses, et moi, tout du mien.

« Non d’accord. Tu as raison. Je pensais que ça allait au-delà, que tu pouvais sentir les émotions et tout ça. Désolé. Enfin bon, t’es runé, c’est réglé, j’vais pas lire tes pensées. »

C’est juste parce qu’il est en adulte qu’il dit ça, et qu’il doit être pseudo mature ou je ne sais pas quoi, parce que je vois qu’il a un seum, énorme, vraiment super fat qui va bientôt m’éclater à la gueule. Ou pas, parce qu’il s’agit du sage, sage Allen. Je renifle.

Le polonais lui envoie tout à la gueule. Un vrai ADHD, tout ou rien.

« Le directeur d’Allemagne ? Comment a-t-il pu être mêlé à une histoire qui s’est produite dans un autre pays ? Et pourquoi, surtout ? »

Simje se mord la lèvre inférieure pour ne pas sourire — il sait que c’est inadapté. Totalement pas le bon moment de sourire. Mais bon, c’est pas vraiment de sa faute, la roue sociale a déraillé et il ne lui reste que lui même pour se rattraper.

Donc pas grand chose, quoi.

« Et pourquoi t’es parti… T’es parti vers Rosenrot ? C’est grave. C’est ultra grave. Va falloir que je me rune la tête aussi quand je serai au bureau pour jamais, jamais laisser échapper cette information. Comme tout le reste. T’as tabassé... Enfin, vous... Une adolesc… herregud, du er så… Je m’attendais pas à… à ça. »

Je vois bien que je l’ai traumatisé. Honnêtement, 1-1, Allen. 1-1.

« Tu… les as quitté depuis ? Rosenrot. »

J’ai envie de secouer la tête genre mais t’apprends jamais, c’est incroyable, tu vois des trous, tu creuses. T’es genre pas du tout un caribou mais une sorte de belette avec un PTSD ou un TOC hyper violent qui fait que tu dois transformer tous les failles du monde en terriers personnels ?

Je hausse les épaules, tout à fait désinvolte, reprend une gorgée de bière, tout à fait un peu bourré.


« Mollo, Allen. C’est pas important. Tu veux pas tout savoir. (Joue-t-il avec le feu ? Consciemment, oui.) Elle s’est fait cassé le nez, j’l’ai réparé, elle a dû avoir mal genre… une seconde. Le reste, pas important. Rosenrot c’est fini, j’ai tué personne, la meuf a pas moufté, maintenant y’a des fantômes chelous. »

Il relève la tête, détaille volontairement le canadien.

« D’ailleurs. T’es absolument le seul à avoir cette info. Cadeau. »

Il trouve ça vraiment pas cool de charger les autres avec ce genre d’histoires et de toutes les implications qu’elles génèrent. Mais bon, il a demandé non ? Il a demandé quasi explicitement. En plus c’est toujours que de la quasi honnêteté, je pourrais te balancer PIRE, genre, des SENTIMENTS à ta tête, et là, y’a moyen que tu sois encore plus choqué que ce que tu l’es maintenant. T’imagines comment je t’épargne ? Haha.
Il songe brièvement à la vie qu’il va pouvoir reconstruire à partir de maintenant, de comment il est paumé, de comment il s’est découvert une facette de lui qui n’en a plus rien à foutre de rien et surtout, clou du spectacle, comment il est encore plus hermétique qu’avant. Il aimait Hannah, avec honnêteté et absolu, il aimait son travail, il aimait ses gens, il aimait son appartement plus que tout, il aimait son chien, il aimait sa routine, il aimait aller courir dans les rues de sa ville, il aimait rentrer voir ses soeurs, il aimait ses chemises pour aller bosser, la baie vitrée sur Varsovie, il aimait tout savoir sur les runes, voyager dans le monde entier pour en apprendre plus, il aimait l’odeur de vieux papier, se ganter les mains pour tripoter des manuscrits, apprendre à d’autres comment avec une vie plus cool.

Il soupire, conscient d’agir comme un adolescent.

« Désolé. J’sais que ça fait beaucoup, c’est juste que… quand j’ai perdu tout ce que je croyais être moi, j’avais vraiment aucun plan B. Genre c’était ma vie, et après, c’était plus ma vie. Et j’en avais pas une de rechange. J’ai cherché des réponses comme si ça pouvait changer des choses, mais évidemment ça pouvait pas. Mais bon. J’ai un nouveau pouvoir, maintenant, c’est chanmé. »

Il lui fait un sourire tout sincère, en grand, déridé et sans angoisse. Il le trouve beau. C’est indécent.

« Et puis, au moins, j’sais que j’peux t’appeler à tout moment pour que tu viennes me faire la morale. »

Pew pew ! Oh non ! Qu’est-ce ? Ça tire à balles réelles ! Digne d’un vrai western, le candidat polonais vient d’achever le canadien oh nooooon.
Mais bon.
J’étais obligé de faire une blague ; c’était ça où m’excuser d’être trop pour lui dans un univers où m’a toujours laissé entendre que j’étais pas assez ce qu’il fallait. C’peut être pour ça que j’suis le plus petit de la famille : il s’agirait de pas laisser Simje prendre trop de place.

Au moins, maintenant Simje il peut faire ça.

Je sais absolument pas maitriser le pouvoir (mais alors vraiment pas).

« En plus, regarde. Party-trick ! »

Je place mon doigt au milieu de ma bière et une impulsion vient envoyer le liquide contre les parois.

Haha.

Rigole Allen s’il te plaît.

Souris, au moins.

J’ai buté personne j’ai dis.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyJeu 29 Juil 2021 - 12:32

« Inquiétude et curiosité »

Deux sentiments sont en pleine bataille dans mon cerveau, avec boucliers, épées, lances et grande cavalerie. Je m’entends lui poser des questions alors que je sais que les réponses ne me concernent pas. Et il y a beaucoup de questions, encore davantage dans mon esprit. Elles se bousculent et j’en arrive à me demander ce que Scrimgeour a bien pu entreprendre pour mêler un autre QG à ses histoires personnelles.

J’examine Simje en me demandant si l’on peut dans le regard de quelqu’un y voir un meurtre ou un passé tumultueux. Il est incroyable de constater à quelle vitesse on peut s’habituer à l’horreur et comment cela change le caractère même de l’individu qui le subit. C’est triste d’être désabusé à trente ans.
En même temps, à l’écoute de son histoire, je ne vois pas trop comment ne pas l’être. Savoir que tout est à cause de l’organisation pour laquelle on a tant travaillé a de quoi faire tomber des nues, au mieux. Je ne préfère pas penser au pire.

J’articule tant bien que mal une réponse et d’autres questions, pour m’attarder finalement sur la partie sombre, noire du personnage. Rosenrot. Je ne me remets pas de cette information. Simje, noir ? Même sous couverture – j’ai du mal à assimiler les agents doubles, comment ils dorment la nuit ? Comment ils déterminent encore leur camp après plusieurs années ? Comment ils gèrent leur culpabilité, l’éventualité de croiser un collègue du mauvais camp au mauvais moment et d’avoir à lui passer un couteau sous la gorge ? Je préfère afficher clairement mes couleurs.
Il hausse les épaules. Nonchalant again.

« Mollo, Allen. C’est pas important. Tu veux pas tout savoir. Elle s’est fait cassé le nez, j’l’ai réparé, elle a dû avoir mal genre… une seconde. Le reste, pas important. Rosenrot c’est fini, j’ai tué personne, la meuf a pas moufté, maintenant y’a des fantômes chelous. D’ailleurs. T’es absolument le seul à avoir cette info. Cadeau. »

Il répète que c’est « pas important » et raconte tout à fait posément comment la jeune fille s’est faite démonter mais que grâce à son don de guérisseur, tout va bien. Fantastique. On marche sur la tête un peu. Quelle drôle de conversation. Je soupire. Très bien, très bien, je ne pose plus de questions. Sur ça, tout du moins. De plus, s’il n’a tué personne, sa parole me suffit. C’est concrètement la seule chose que je souhaitais le plus savoir.
Puis il parle des fantômes. C’est peut-être l’éloignement du « site d’impact » qui me rend aussi distant vis-à-vis de l’affaire, ou simplement mes propres devoirs qui ne semblent jamais diminuer en intensité, mais je ne me sens pas personnellement impliqué, contrairement à Phil. Ça a pourtant l’air d’être quelque chose de conséquent mais… Cela s’arrête là pour moi.

Je réponds à sa dernière phrase d’un air moqueur :

« Cette pression sur mes épaules, brusquement. »

J’ai été le premier à demander des informations. Ça me fait plaisir aussi, quelque part, d’avoir été le seul à recevoir ce petit – gros – « cadeau ». Enfin, face à quelqu’un comme moi qui ne cesse de demander des précisions, en même temps…
À y réfléchir, c’est peut-être une déformation professionnelle. Quand on se retrouve avec des dossiers incompréhensibles et que le chercheur ayant bossé sur le sujet des années te l’explique en des termes alambiqués, si tu ne poses pas de questions, si tu ne demandes pas de précisions, alors l’heure passe et tu te retrouves aussi paumé qu’à son arrivée. Si ce n’est davantage.
Alors Simje qui m’explique une année de sa vie visiblement bien riche en trois phrases ? Le meilleur résumé du monde ne saurait être aussi concis. C’est normal de vouloir des précisions, non ? Surtout quand il s’agit de la vie de quelqu’un et pas d’un banal rapport.

« Désolé. J’sais que ça fait beaucoup, c’est juste que… quand j’ai perdu tout ce que je croyais être moi, j’avais vraiment aucun plan B. Genre c’était ma vie, et après, c’était plus ma vie. Et j’en avais pas une de rechange. J’ai cherché des réponses comme si ça pouvait changer des choses, mais évidemment ça pouvait pas. Mais bon. J’ai un nouveau pouvoir, maintenant, c’est chanmé. »

Bizarrement, ces mots expliquent pas mal de choses sur son changement d’attitude.

« Et puis, au moins, j’sais que j’peux t’appeler à tout moment pour que tu viennes me faire la morale. »

Je pouffe un peu, les épaules qui se lèvent sous l’expulsion et un petit sourire au coin des lèvres, touché mais pas blessé. Le sarcasme n’est même pas enrobé. Y’a plus de limites. Je secoue tranquillement la tête. Peut-être qu’il veut faire de l’humour pour cacher tout le reste. Ou peut-être que ça a aussi, ça a changé. Perdu ce qu’il croyait être. Je n’ai pas cette philosophie de vie. Le caractère que l’on a n’est pas celui que l’on gardera jusqu’à sa mort. Je ne suis pas relativement extraverti depuis la naissance. J’étais même plutôt en retrait dans ma jeunesse. Mais lorsque l’on doit passer au-delà de nos peurs, qu’il faut rencontrer telle ou telle personne, on apprend à changer. Beaucoup de traits de caractère sont liés à la confiance en soi. Cependant, face à des traumatismes… Le changement peut se produire trop rapidement, d’où une sensation de perte d’identité.

« En plus, regarde. Party-trick ! »

Je suis son doigt sans comprendre. Qu’est-ce que ?... Assez brusquement, le liquide jusque-là calme se retrouve projeté contre les parois. L’onde de choc. Il semblerait que le pouvoir n’ait pas disparu des suites de notre dernière rencontre. Discrètement, je viens déposer mon index contre le rebord de son verre pour faire un petit glaçon en forme de bateau pendant que le liquide s’anime encore suffisamment. Le petit bout de glace remonte à la surface avant d’être balloté à droite et à gauche. J’aurais pu créer la glace à partir d’eau, mais tant qu’à faire autant éviter de lui ruiner sa bière.
J’observe un instant le navire se démener. Sa coque n’a pas été étudiée pour supporter le poids du mât et il choit sur le côté depuis le début mais peu importe.

« Je ferai d’autant plus attention quand tu passeras au QG. Il s’agirait pas de le détruire une seconde fois. Entre les runes et l’onde de choc, tu vas devenir imbattable sous peu. Si tu sais pas quoi faire, j’pourrais te proposer d’être mon garde du corps. »

Je ris. Il a très certainement autre chose à faire de sa vie, d’autant que ce n’est pas un métier très séduisant. J’ai tendance à les trouver vite trop, beaucoup trop intrusifs. Heureusement, leur présence n’est nécessaire qu’en peu d’occasions. J’avale une nouvelle gorgée. J’hésite à lui dire un truc mais j’ose pas. Parce que ça peut être interprété de pleins de manières différentes et c’est en général ce que j’évite avec lui. Surtout avec lui. L’anse du verre continue à tourner dans mes doigts.
Bah, t’façon, au point où on en est.

« Je sais pas trop si c’est ok de dire ça. Je m’excuse d’avance si… enfin si tu le prends mal. »

Ouais du coup en général quand on pose ce genre d’excuse dès le début, c’est que c’est préférable de la fermer. Mais Allen Kristiansen est un émotif dans l’âme et on l’a débridé dès son plus âge à dire ce qu’il pense.

« Mais… T’as l’air plus… présent. C’est peut-être qu’un contrecoup, je sais pas et autant c’est juste un air et j’aurais l’air horrible à te le dire, mais ce nouveau toi est pas mal non plus. J’aime bien comme tu remplis l’air. »

C’est ultra maladroit. C’est giga maladroit. Je pose la bière et amène ma main fraîche à mon visage pour en cacher la moitié. J’suis en train de lui dire qu’il a souffert, qu’il est probablement au bout de tout et que c’est cool, qu’il a l’air plus détendu de l’extérieur qu’il ne l’était avant. Allen qui se concentre sur les apparences et n’en a rien à foutre du fond, ça c’est beau. Je regrette instantanément mes paroles. Fallait fermer sa bouche.
« T’as l’air plus détendu ? » Nop, il vient deux échanges plus tôt de me dire qu’il a tabassé une gamine, a perdu son équipe à cause du Scrimgeour. Détendu ? Hahahaha. J’suis qu’un imbécile.

« Non, désolé, j’aurais dû me taire. Ça sort mal quoi que je dise. »

J’aime ton nouveau toi, les expressions qui se montrent plus… plus naturellement ? Est-ce que c’est du faux ? Mais du coup ça risque de le blesser encore plus si c’est le cas.
J’aurais dû lui demander, avant tout ça, comment ça allait, juste. Et maintenant, c’est difficile de revenir en arrière. « Au fait, ça va bien ? Je ne te l’ai même pas demandé, j’ai juste récupéré des faits. » Dommage qu’il ne puisse pas lire les pensées, pour une fois. J’ai pas eu de relation particulière depuis si longtemps que je suis devenu totalement incapable de m’exprimer autrement que par des explications de faits dépourvus d’âme.
On comprend pourquoi je ne suis pas empathe.

« J’aurais dû commencer avant toute chose par te demander si ça va. C’est une question, là, encore. Comment tu te sens ? Ça aurait vraiment, vraiment dû arriver avant tout le reste. »

Si j’ai changé, je ne crois pas que ce soit en bien.
Va te cacher, Allen. Pars loin, loin et ne reviens jamais.

Pour la peine, j'repasse un doigt sur son verre et crée un nouveau glaçon en forme d'étoile. À ce rythme, y'aura plus de boisson sous peu mais dix-mille glaçons de formes différentes.

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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyJeu 29 Juil 2021 - 18:06

Allen forme un glaçon dans le verre. Lui aussi a des party-tricks trop stylés, mais qu’il maitrise depuis ce qu’il me semble être des millions d’années. Je ne sais même pas comment est-ce que c’est possible de s’entraîner à ses pouvoirs genre, l’onde de choc, je vais quoi, je vais au milieu d’une plaine et j’essaie ? Quitte à charcuter la biche, la coccinelle et les belettes du coin ? Jamais. Est-ce qu’il y a des salles exprès pour ? Putain j’en sais rien, autant je suis condamner à rester un autiste de l’onde de choc, terrifié à l’idée qu’elle sorte, soulagé quand elle le fait, trop faible pour la retenir quoi qu’il en soit.

Je fronce le nez.

« Je ferai d’autant plus attention quand tu passeras au QG. Il s’agirait pas de le détruire une seconde fois. Entre les runes et l’onde de choc, tu vas devenir imbattable sous peu. Si tu sais pas quoi faire, j’pourrais te proposer d’être mon garde du corps. »


Il a sur le bout de la langue plusieurs réponses, toutes graduellement plus compliquées à assumer les unes que les autres. Quoi qu’il en soit, un jour il rasera pour de vrai son QG (mais dans longtemps, quand il pourra dire c’est la sénilitééééééé j’suis désolééééé Allen, Alleeeen désolé viens m’chercheeeeer depuis les fonds de cale des cellules d’Orpheo. Il sourit à cette pensée et répond, flirty as fuck sans conséquences.

« Généralement quand les gens veulent être suivis pour toujours par un +1, ils offrent des anneaux, pas des jobs Allen. »

Roue libre.
En même temps.
QUI VOUDRAIT attenter à la vie de lui, sérieux ?


« Je sais pas trop si c’est ok de dire ça. Je m’excuse d’avance si… enfin si tu le prends mal. »

Le polonais se recule, croise les bras et arrête de jouer avec le glaçon qui claque contre les parois en verre. Position défensive maximale, Allen attaque paroles déplacées en visu.

« Mais… T’as l’air plus… présent. C’est peut-être qu’un contrecoup, je sais pas et autant c’est juste un air et j’aurais l’air horrible à te le dire, mais ce nouveau toi est pas mal non plus. J’aime bien comme tu remplis l’air. »

Il décroise les bras.

« Non, désolé, j’aurais dû me taire. Ça sort mal quoi que je dise. »

Il décroise les bras et regarde l’autre patauger, ça fait floc flic floc dans les marais.

« J’aurais dû commencer avant toute chose par te demander si ça va. C’est une question, là, encore. Comment tu te sens ? Ça aurait vraiment, vraiment dû arriver avant tout le reste. »

Simje se demande si Allen va sortir une paire de rames et continuer à naviguer dans les eaux du malaise. Et ne répond pas. Il passe ses doigts sur sa rune qui le démange, gratouille en espérant ne pas l’abimer, laissant le silence s’affaler entre eux. Il aurait pu dire quelque chose comme ah ! ça ! je prends le compliment. c’est simple, avant j’avais peur de tout perdre parce que j’avais eu une adolescence de merde et adulte, j’avais des trucs que j’aimais bien alors… j’avais peur tout le temps mais maintenant que j’ai tout perdu ben y’a plus rien à perdre donc j’anticipe rien puisque clairement qu’est-ce qu’il peut m’arriver de pire au juste ? Sur une échelle de 1 à 10, c’était nul à 200.

Mais il ne dit pas ça, non, bien sûr que non.

Il regarde un nouveau glaçon trop mignon apparaître et râle, hors sujet :

« C’est dans le rosé ou le ricard les glaçons… »

Mais il a la politesse de se raccrocher au train de la discussion (vraiment à peine mais c’est un effort parce qu’il s’est pris une remarque plus tôt) et répond, désinvolte.

« Tęsknię za psem. I miss my dog. »


Il ne dit pas Hannah parce que ce n’est pas encore arrivé dans l’humour noir et la presque blague. Alors que le chien, enfin, la chienne, ah, ça continue d’être du poison à moudre à chaque instant alors, autant faire une blagounette dessus. Il sourit même.

« Et toi ? Comment est-ce que tu vas ? C’est toujours moi qui raconte, alors pour une fois, j’écoute. »

Il boit une gorgée, un glaçon vient geler sa lèvre. Il a chaud. Il se sent étrangement vivant et ça le fait chier.

« Et depuis le début je te prie. Cool les cheveux, d'ailleurs. »

Quel début ? On sait pas, démerde toi Allen, tu prends le début que tu veux, le début depuis Détroit, le début depuis ta naissance, le début depuis ta dernière crise identitaire de la presque quarantaine, le début de ta journée, fais la conversation et sois socialement adapté.

Et ne dit pas que j’occupe plus de place.


Il ne sait pas comment prendre le compliment et n’y a pas réagit sans en avoir conscience. D’un côté, cute, d’un autre côté, maintenant que tu es passé à Rosenrot, comme tout le monde est mort, sans appart, sans ville, sans job, sans but, sans humain à aimer et sans humain pour t’aimer, t’es appréciable, vieux.

Il remâcherait les mots dans son jardin en centre-ville, en grattant la terre, à genoux sans comprendre pourquoi CES PUTAINS DE COURGETTES NE POUSSENT PAS. Là. Ca serait sûrement un bon moment pour tout arracher et puis, bah, pour déménager.

L’anxiété l’a toujours poussé à l’excès et Allen Kristiansen ne l’aide définitivement pas à être mesuré.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyVen 30 Juil 2021 - 23:10

« Y’a comme un manque crucial de logique. »

Je devrais y être habitué, savoir que les conversations avec lui c’est un mélange d’émotions, des notes hautes puis des basses, du majeur et du mineur qui change à chaque seconde. On rit durant un instant, on regrette dans le suivant. Le petit bateau qui ne flotte pas très bien à la verticale m’hypnotise. Maintenant que son passé a éclaté, qu’en est-il de son futur ? Qu’il se sente dépourvu de son soi du passé, il n’empêche que le monde continue à avancer. La réalité est toujours cruelle, quoi qu’on en dise, quoi qu’on fasse, et le temps ne s’arrête jamais. 
« Agit » nous répètent les plus âgés. Pourtant, force est de constater que Simje, après avoir agi, repart au début de son aventure, avec un poids plus lourd encore peut-être qu’à son point de départ. 
 
« Généralement quand les gens veulent être suivis pour toujours par un +1, ils offrent des anneaux, pas des jobs Allen. »
 
Je lâche le glaçon des yeux pour remonter jusqu’aux deux prunelles adverses, intrigué, un peu trop plongé dans ma réflexion précédente. Me remémore la conversation, remâche mes mots et sa réponse et incline la tête, déphasé. Interdit, presque. Je n’ai pas de réponse à ça. J’aimerais, lui répondre quelque chose mais ma bouche reste scellée. Il continue de sourire. Alors, parce que le temps passe, y’a qu’un léger hochement de tête de ma part, un peu timide genre « haha, oui elle est bien drôle mais je comprends pas trop le contexte désolé ».
Et puis toute pensée est avortée par la tempête qui s’annonce. Les mots tombent, coulent comme un robinet qu’on ouvre et qu’on veut instantanément refermer en bouchant son ouverture. Ça en fout partout et au final on se retrouve tout mouillé, on ne sait pas ce qui nous est passé par la tête. Mais la mare est là et maintenant faut tout nettoyer, éponger avec ce qui nous tombe sous la main. J’ai envie de me cacher sous terre et ne plus en ressortir. Je savais, pourtant, que rien n’irait, que peu importe la tournure de la phrase, rien. N’irait. Mais j’ai tenté. Allez savoir pourquoi. Allen est dans le partage, que ça passe ou que ça casse.
Est-ce que je le teste ?
J’ai envie de devenir la petite étoile dans le verre de Simje, mais pour l’instant j’suis plutôt un poulpe pataud.
 
« C’est dans le rosé ou le ricard les glaçons… »
 
Je râlerai bien pour lui dire que c’est des glaçons créés à partir de sa bière et qu’il y a pas un millilitre d’eau dedans mais m’en retient. Au lieu de ça, j’en fais deux autres. Un dinosaure au long cou et un bonhomme en étoile de mer. Les mêmes formes grossières que proposent les moules à biscuits. C’est que des trucs très enfantins et ça c’est parce que quand je passe au manoir Kristiansen, il y a souvent les petites cousines qui me demandent des glaçons en forme de princesse, d’étoiles, de dinosaures. Un jour l’une d’elle m’a même demandé un euhélopus. Y’a fallu aller chercher ça sur Internet. Eh bien figure-toi que ce qui trône dans ton verre, Simje, c’est un euhélopus.
Mais tu ne le sauras jamais.
 
« Tęsknię za psem. I miss my dog. »
 
Maintenant qu’il m’est permis de comprendre toutes les langues du monde par la pensée, il y a toujours un immense décalage lorsque les mots sont prononcés à l’oral. Je me souviendrais toujours de cet échange des plus étranges à Téhéran, où un des hommes comprenait mais ne parlait pas anglais. J’avais réussi à lui faire comprendre que j’étais lecteur de pensée et que je le comprenais par ce biais. Parfois, il ne pouvait s’empêcher de répondre à voix haute, en persan, et je ne comprenais alors plus rien. Cependant, tant que les phrases restaient dans son esprit, tout me semblait évident.
Quelle drôle de chose que la magie.
C’est incroyable comme sitôt qu’on en arrive à parler des sentiments, mon cerveau trouve mille histoires à raconter pour s’écarter du sujet principal. Ça m’étonne qu’il en vienne à parler de son chien avant toute chose. Beaucoup de propriétaires ont un lien particulier avec leur animal.
Y’a un nouveau glaçon qui ressemble à un toutou.
 
« Tu dois lui manquer aussi. »
 
Ça n’a pas grand intérêt de le dire, d’autant que je ne crois pas trop à la vie après la mort, ni même à la réincarnation. Mais il y aura peut-être un autre animal qui croisera ta route dans quelques jours, mois ou années. Ou quelqu’un, qui sait. Même si l’on n’oublie pas ceux qui ont été là, on ne sait jamais qui on rencontrera. Qui restera, qui partira, avant que ce soit finalement notre tour de manquer aux autres. Il se remet à sourire. J’ai toujours les yeux penchés sur sa bière, avec la détermination de remplir son verre de glaçons.
 
« Et toi ? Comment est-ce que tu vas ? C’est toujours moi qui raconte, alors pour une fois, j’écoute. »
 
Surpris, une seconde fois, je suis. Je suis censé lui raconter ma vie ? Il boit.
 
« Et depuis le début je te prie. Cool les cheveux, d'ailleurs. 
-Merci. »
 
Pour les cheveux. Pas que y’ait eu une grosse réflexion sur le sujet. L’été arrivait, je me suis dit que c’était mieux pour éviter d’avoir trop chaud. Au final, le mois de mai était pourri, juin aussi et juillet tout autant. Peut-être qu’août remontera le niveau général et que la raison officielle pourra enfin être annoncée.
Après tant de temps à guetter son verre, je me redresse un peu et pose ma main en appui-tête. Ma vie, hein. Pas facile de répondre à ce genre de questions.
 
« Je suis l’un des seuls Kristiansen à ne pas être né en Norvège. »

Bon, c’était en Suède, mais à l’époque il paraît que ça avait été un geste fort de la part de ma mère. Une manière de « rompre avec les traditions vieillottes ». Je regarde Simje du coin de l’œil avant de sourire, moqueur. Voilà une information bien inutile. Il y en aura de nombreuses encore s’il souhaite apprendre des choses sur moi. Enfin, je suppose que c’est histoire de faire la conversation.

« Je suis allé voir mes petites cousines, qui m’ont demandé de faire des glaçons en forme d’euhélopus. »

Je te laisse Googler le terme.
C’est bien, Allen, on est sur du bon gros refus de raconter sa vie, de mieux en mieux.En même temps, qu’y a-t-il à dire ? Les journées, sont plus calmes depuis la trêve de Rosenrot, Croix est plus ou moins porté disparue. Deux grosses organisations noires en moins, c’est autant d’exorcistes à réaffecter autre part. Autant moins de travail.
Un petit glaçon en forme de croix émerge de ma boisson. Je n’arrive pas à oublier les paroles de Simje. La faute de Scrimgeour. Et les mêmes pensées qui tournent en boucle. Il doit bien y avoir des gens qui m’en veulent jusque dans leurs tripes d’avoir emmené à la potence leur ami, leur collègue, leur amant. Mais que puis-je y faire ? C’est une histoire de jugé. On évalue la mission, sa dangerosité, les risques par rapport aux bénéfices, comme… comme une étude de marché. Si le jeu en vaut la chandelle, on envoie les experts, en priant pour qu’aucun renfort ennemi ne s’amène. S’il s’agit d’une mission suicide, on le laisse entendre, on attend les plus valeureux et s’il n’y a personne… en éloigne les meilleurs éléments.
Le QG du Canada n’est heureusement pas spécialisé en combat et bénéficie du soutien intemporel de Washington mais parfois, il faut tout de même savoir jauger habilement et se détacher complètement de la situation. Un mission, un objectif, des compétences, n’envoyer les meilleurs que si l’on est persuadé, au fond de soi, qu’il existe une micro-chance d’échappatoire. Ça s’apprend vite.
Trop. Vite.

« Je ne suis jamais retourné sous un caillou, quel qu’il soit. »

Simje, je pense que tu n’aimerais pas celui que je suis aujourd’hui. Petit glaçon de sens interdit.
Je pouffe doucement, déprimé par ma capacité à tourner autour du pot pour ne pas dire ce qui est, que Sim, Cormag Scrimgeour, Selena Deslilas, Declan Mystery ou moi, c’est des visages différents, c’est des sourires différents, mais notre boulot est plus ou moins le même. On sauve des gens autant qu’on en condamne. Et le pire, vraiment, le pire, c’est que ça devient normal.

« Parfois Phil ramène la peluche de dauphin que je lui ai ramené de Las Vegas. J’ai arrêté de me poser des questions. »

Au début, quand il s’est pointé le premier jour avec, je lui ai sorti la plus grosse pokerface que l’histoire ait connue. Qu’il dorme sous sa forme de loup, passe encore, les années ont fini par m’assagir. Mais dormir sous forme de loup avec un dauphin comme oreille, on commence à atteindre le sommet du n’importe quoi.

« Bref, rien de percutant. »

Y’a un autre glaçon qui fait surface dans mon verre mais celui-ci est un peu différent. On dirait un oursin avec tous ses piques. Il n’est pas vraiment formé, c’est une simple boule de nerfs. Dingue comment tous mes glaçons ne rassemblent que des sensations négatives. Je vais bien. Je vais Bien.

« Je vais bien. »

Tant que tu fouilles pas trop loin.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptySam 31 Juil 2021 - 11:32

Simje a un peu menti. Il détecte les choses, les phéromones, les gênes, les latences, les manqués. Pas nécessairement parce qu’il a ses dons de chats (pour lui, la plupart du temps, il ne s’agit pas vraiment d’un don, il a du mal à concevoir que pour les autres, ce n’est pas comme ça, et il n’a pas le niveau pour pousser son don plus loin) — à vrai dire c’est qu’il a toujours été tellement anxieux qu’il veut tout pouvoir anticiper.

Les changements d’humeur aussi, le retournement du vent également. Il sait qu’il a gêné Allen et baisse les yeux sur ses mains, admire ses magnifiques cuticules.

« Tu dois lui manquer aussi. »

La phrase est synchronisée avec un glaçon en forme de chien qu’il regarde flotter dans sa bière. Son cerveau bouillonne de pensées multiples, qui roulent dans son crâne, tanguent et se prennent les murs. Il ne répond pas ; que répondre à ça ? Nym n’est plus là et pleurer les morts n’est utile que pour se valoriser soit. On me pleurera aussi moi, plus tard.

Sûrement pas.

« Je suis l’un des seuls Kristiansen à ne pas être né en Norvège. »

Simje hausse un sourcil alors qu’Allen se fou ouvertement de sa gueule. C’est évident pour lui maintenant : il ne connait absolument pas l’homme en face de lui et les rollercoasters d’émotions lui on fait croire d’autres choses. Il ne sait pas l’heure à laquelle il se lève le matin, il ne connait pas sa bouffe préféré, les aliments qu’il hait, ses complexes, les expressions qu’il a sans cesse dans la bouche.

« Je suis allé voir mes petites cousines, qui m’ont demandé de faire des glaçons en forme d’euhélopus.
- Le challenge de faire leurs longs cous solides… »

Il ne sait pas à quel point il maitrise bien son pouvoir, si de temps à autre il pleure dans le noir, s’il sait faire des lacets, du vélo et piloter un avion, il ne sait pas non plus ce qu’il pense à l’instant T, mais il le voit calmement dériver dans toutes ses pensées. Comme si il tenait fermement les rênes de lui même d’une main pour se forcer à rester là, intègre, présent, calme, poli, vaguement ambitieux mais pas trop, tout ce qu’il faut, dire les bonnes choses, sourire au bon moment, ne pas se permettre les excès.

« Je ne suis jamais retourné sous un caillou, quel qu’il soit.
- Il faisait glauque, right ? »

Le polonais se touche le coude qui a été luxé. Il sait que la douleur qui réside là de temps à autre est une douleur fantôme qu’il accueille avec la même politesse que les fantômes de ses morts. Sa santé se dégradera bien un jour et il lui faudra faire le deuil de sa jeunesse, du temps où il pouvait.

Et en parlant du temps où il pouvait, il y a eu un jour où il pouvait toucher Allen, emmener Allen à Las Vegas, dessiner des runes dans le dos de cet homme.

« Parfois Phil ramène la peluche de dauphin que je lui ai ramené de Las Vegas. J’ai arrêté de me poser des questions. Bref, rien de percutant. Je vais bien. »

Il sonne un peu faux et Simje se cale au fond de son dossier, qu’est-ce que je devrais être en train de répondre là, gros, ça se voit que t’es pas totalement honnête avec toi même, y’a une bombe à retardement qui vient d’apparaître dans mon verre, tu ne me racontes rien au présent de toi, qu’est-ce qui fait que ça va, t’as l’air de te le répéter rien qu’à toi même comme un mantra, je vais bien je vais bien je vais bien, où est-ce que tu habites, où est-ce que tu vas boire des bières qu’est-ce que c’est tes soucis du quotidien et

Ressortons de la tête de Simje.

« C’est ton nouveau pouvoir ? Affirmer un truc pour le rendre vrai ? Comme les ordonnateurs. Ça à l'air super.  »

Full sarcasm on.

« Genre si tu te regardes dans le miroir et tu dis : tu vas bien ! ça fonctionne ? »

C’est la fatigue qui retombe. Et une volonté insidieuse et vraiment non consciente de vouloir faire réembarquer tout le monde sur le rollercoaster. Genre urgente la situation, violent le chit chat.

Ressentir quelque chose à nouveau.

« Mais je… sais pas trop si c’est ok de dire ça. Je m’excuse en retard si… enfin si tu le prends mal. »

Cheers. Il prend une gorgée de bière et fait craquer sous ses dents la boule de nerf du norvégien pas vraiment né en Norvège.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptySam 31 Juil 2021 - 14:07

« C’est une attraction qu’on ne se lasse pas d’essayer. »

L’avantage de poser les questions, c’est qu’on ne se les pose jamais à soi. On dirige la conversation et ça ressemble davantage à un retour d’expérience qu’à une introspection. C’est rassurant et on se conte de suivre le schéma global de la partition sans s’arrêter sur les notes ; Ce sera à l’autre de créer la mélodie.

Mes paroles sont en totale dissonance avec mes pensées et les seuls gros éléments qui me trahissent sont ces glaçons à forme. Dingue comme écouter est beaucoup plus facile que parler. Après tout, à qui me suis-je déjà pleinement confié ? Pas grand monde, pour ainsi dire presque personne. Simje en a récupéré quelques morceaux, une partie de la zone immergée de l’iceberg mas chacun a ses problèmes et je serai bien en mal d’annoncer les miens. Tout comme lui, rien ne changera, avec ou sans informations. Je ne compte pas quitter mon travail de directeur, j’ai appris à l’aimer, à aimer mes collègues, la carpette lupine, les gens de la cafétéria, les gens de l’accueil, les secrétaires, les agents, tout le monde. Je connais chaque visage de ce QG, ou tout du moins la majorité. Alors même si parfois il faut choisir qui mourra le premier, je ne peux pas juste décider de démissionner.

« Le challenge de faire leurs longs cous solides… »

Et puis :

« Il faisait glauque, right ? »

Sont autant de remarques orphelines, qui ne trouveront jamais de réponses. Des réponses banales à des informations banales. Un discours de sourd, en somme. Ou pas tout à fait, je souris à sa dernière remarque en acquiesçant. Ça aussi, ça fait partie des traumatismes qui n’arrivent pas à guérir, voire peut-être le commencement de tout le reste, comme une boule de neige que l’on n’a cessé de voir rouler dès lors que le bout de gravier a entamé sa descente.
Est-ce à partir de ce moment que j’ai cessé de pleurer ? Cessé de vouloir être aimé ? D’aimer ? Après tout, qu’y a-t-il de bon à récupérer chez moi ? Des sourires ? Une belle gueule ? Un costard bien coupé, un peu d’argent. Avant, il y a quelques années, je savais être de très mauvaise humeur, mais maintenant les choses qui m’atteignent se comptent sur les doigts d’une main et sont des traumatismes plus que de simples accrocs de la vie.
J’ai appris à être quelqu’un qui écoute, qui propose des solutions mais jamais qui ne parle de soi.

« C’est ton nouveau pouvoir ? Affirmer un truc pour le rendre vrai ? Comme les ordonnateurs. Ça à l'air super. »

Simje délaisse son bouclier pour se saisir de sa lance et de son épée. Et je le regarde, un peu moqueur, un peu désolé aussi. Ça non plus, ça n’a plus d’accroche. Dès lors que tu me demandes d’aller fouiller dans ma mémoire, je me remets en question, je remets toute ma vie, mon existence en question et les phrases acerbes, les mots qui font réagir, ça reste une peluche posée sur la table face à mes doutes, eux, aussi effrayants qu’un essaim de frelon.

« Genre si tu te regardes dans le miroir et tu dis : tu vas bien ! ça fonctionne ? »

Simje… Tu es en colère ? Pourquoi donc ?

« Mais je… sais pas trop si c’est ok de dire ça. Je m’excuse en retard si… enfin si tu le prends mal. »

J’ouvre grands les yeux avant de m’esclaffer bruyamment. Ah, j’ai souvenir de tellement de réparties du genre avec lui. Cette facilité qu’il a à retourner les phrases des gens contre eux. Tout en gardant mon sourire aux lèvres, je secoue une main et passe l’autre sur ma bouche pour calmer mon rire.
Ce qui est sûr, c'est que je l'ai touché dans mes phrases précédentes.

Je ne comprends pas son entêtement, ce désir qu’il a de relancer la machine. Peut-être que c’est l’un de nos points communs. Je finis de me calmer et répond, presque hilare.

« C’était pas la peine d’en arriver là. Y’a rien, vraiment, de foncièrement notable. »

Je protège qui, là. Lui ? Moi ? Peut-être bien l’ensemble de cette pièce s’il se décide franchement à me tirer les vers du nez. Qu’il me demande pourquoi Pete est mort. Pourquoi Alice, pourquoi Alfred. Comment j’ai pu accuser le choc quand Noah m’a dit qu’après sa mission, ce serait son anniversaire et qu’il comptait m’y inviter. Que j’ai souri de toute mes forces en sachant qu’il n’en reviendrait pas, de sa mission. Comment j’ai décidé, trop de fois, de laisser les gens derrière pour le « moindre mal ». Des histoires comme ça, j’en ai des dizaines, parce que cette année y’en a déjà eu 12 des portés disparus. Et si je parle de portés disparus, c’est une figure de style qui permet aux familles de faire le pré-deuil mais là-haut, on sait qu’ils sont morts.
T’as vraiment envie de savoir ça, Sim ? Comment j’en ai rien à foutre des vies, que je passe davantage mon temps à étudier la psychologie humaine plutôt qu’à faire face aux gens ?
Je veux pas que tu vois ça, parce que si après tu me détestes, je pourrais essayer de m’en foutre mais ça durera pas bien longtemps. Parce que malgré toute la carapace de non-dits, t’es le seul à avoir désiré fouiller un peu plus. Même Phil, même Kelyann ne s’y sont pas risqués. Peut-être à la rigueur mes parents, ma mère principalement, veille à ce que tout aille bien. Mais les victimes dans mon cœur, je les garde pour moi et je laisse les sourires et le reste.

« Et pour te répondre, oui, ça marche bien. Ça s’appelle de l’autosuggestion et ça sauve des vies. »

La mienne, entre autres.
Je regarde les glaçons flotter à la surface, dans mon verre. J’ai le droit de lâcher de mi-vérités, après tout. Des petits trucs, pari-ci, par-là, que Simje pourra tourner à sa sauce, comme d’habitude. Je plonge mon regard dans le sien et m’y perds presque. Oui, une demi-vérité fera l’affaire.

« J’ai pas ton impressionnant désir de justice ni la force de vouloir essayer de faire changer les choses. Je fais de mon mieux au quotidien et quand les choses… - je fais une courte pause - Tout est trop dur, je laisse l’ensemble se tarir au fond. Le temps fera le reste. »

Quel désir de justice puis-je avoir ? Après l’histoire du gros caillou, ça a été la première révélation. Mon poste est essentiel, pas moi. Les mois de mise à pied en ont été une autre. J’existe à travers mon travail. À partir de là, les choses ont été tout à coup plus limpides. Je devais apprendre à passer au-delà de mes sentiments. Garder la tête froide, parce que dès lors que l’émotif entre en jeu, tout se casse la figure. Et lorsque l’on se casse la figure en haut d’un escalier, la chute est d’autant plus vertigineuse et entraîne tous les autres.

« C’est pas fameux. Mais ça marche. »

C’est pas la méthode miracle, mais chacun répond à ce qu’il subit avec ce qu’il a à ses pieds. J’avais pas grand-chose. J’ai toujours pas grand-chose. Je fais de mon mieux. Au. Quotidien.
Et puis c'est de sa faute quelque part, il n'a qu'à me poser des questions plus précises s'il veut des réponses du même acabit.

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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptySam 31 Juil 2021 - 23:01

Il se met à rire et le polonais ne comprend pas exactement pourquoi — et sans vraiment s’en rendre compte, se met sur la défensive. Qu’Allen rigole s’il avait fait une blague, d’accord, mais là… un fond d’autisme qui raye la carte mère de Simje l’empêche sûrement de vraiment piger ce désaccord d’émotions, cette fausse note qu’il observe sans réagir.

« C’était pas la peine d’en arriver là. Y’a rien, vraiment, de foncièrement notable. »

Rien de foncièrement notable. Il a dit, rien de foncièrement notable, ça veut dire quoi, un train train quotidien dont il ne ressort rien, aucune blague, aucune aventure, aucune dinguerie notable qu’il pourrait m’exprimer à moi et je ne sais pas vraiment si je suis supposé être froissé par le manque de discussion que nous avons là ou finalement totalement apaisé.

Il est comme les autres pour moi : cringe.

Mais son cerveau à lui ne s’arrête toujours pas et sa respiration reste irrégulière, comme des haltes de souffle coupé, de choses dans le ventre que moi je décèle parce que je les connais. À force de trop écouter attentivement les terreurs à travers les murs, on finit par les remarquer cavaler dans les maisons internes des autres.


« Et pour te répondre, oui, ça marche bien. Ça s’appelle de l’autosuggestion et ça sauve des vies. »

L’acidité qu’il devrait garder dans sa langue.
Il ouvre la bouche.

« Tu penses que l’autre directeur s’est répété dans son miroir que c’était ok de s’assurer que plus personne ne souffle de bougies ? »

Il sait qu’il est injuste et qu’il joue sur le fil. Peut-être qu’il essaie de blesser Allen.
Non, sûrement pas.
Mais il voudrait avoir une part là dedans, il le désire so bad pour aucune raison que ça le terrifie.

« J’ai pas ton impressionnant désir de justice ni la force de vouloir essayer de faire changer les choses. Je fais de mon mieux au quotidien et quand les choses… - blanc - Tout est trop dur, je laisse l’ensemble se tarir au fond. Le temps fera le reste. »

Glaçons dans le verre.
Glaçons dans le coeur.
Comme si les pouvoirs arrivaient réellement par hasard.

« C’est pas fameux. Mais ça marche.
- Jusqu’à quand ? »

Je suis hyper désolé de creuser, je devrais arrêter de parler, mais c’est comme si j’étais en train de courir à toute allure sur une pente très très très raide et que j’étais plus capable de stopper le mouvement de mes jambes sous peine de totalement m’affaler la gueule sur les pavés. Ou les cailloux. Ou les chemins de sous bois avec des pierres qui affleurent à la surface. Ou du bitume.

Bref.


« Pardon, je… »

Il n’a aucune idée de comment finir cette phrase je me fais du soucis en fait mais sans trop de raison parce que back home doit y en avoir d'autres, des gens, pour te dire il pleut prend un ciré et attention le plat est chaud et il sent qu’il va tenir rancoeur à son corps pour longtemps pour balancer des phrases, comme ça, pour apaiser les ulcères et le laisser dormir la nuit. Il se pince l’arrête du nez, démuni.

« J’sais pas, à chaque fois que t’es là c’est comme si subitement y’avait à la fois des filtres pour que je n’aborde pas certains sujets très précis, et à la fois rien pour m’empêcher d’être résolument odieux. »

Il se touche le bout des doigts, T.O.C. jamais résolu. Index, majeur, annulaire, pinky, annulaire, majeur, index.

« Soit t’es un amplificateur d’émotions, soit j’ai la capacité émotionnelle d’un nourrisson mais je… »

Majeur annulaire pinky annulaire majeur index majeur.

« C’est peut-être pour ça qu’on ne se voit que deux trois fois par décennies. »

Il songe à la phrase tout à fait déplacer sur le job et l’anneau. C’est pas Allen le problème du cringe Simje, si tu veux un coupable regarde dans un miroir.

« Pour qu’on récupère. »

Du sens s’en remettre. Et pas qu'on se récupère. Parce que ça, j'ai bien compris. Je fronce le nez, j'ai envie comme un gamin de lui demander pourquoi il m'a embrassé ce soir là, comme un putain d'adolescent qui voudrait revivre un putain de souvenir et se replonger dans des souvenirs qu'il a usé, usé, usé, usé, usé, usé jusqu'à la corde et il est encore là à en parler (encore là POUR en parler d'ailleurs, ce qui est déjà beau pour Rosenrot). J'essuie mes paumes sur mon jean. Arrête avec ça gros t'es pathétique. Il ouvre quand même la bouche pour ajouter quelque chose, du genre, et puis pour que Phil ait pas trop de choix pour te rapporter des peluches, mais je bois une gorgée à la place, parce qu’on ne retournera pas à Vegas.

On ne retournera pas à Vegas.

Parce qu’on a besoin, parce qu’on ne peut se capter que deux fois l’an, pour qu’on récupère nos vies à chaque fois, le cours de ce qu’on était en train de faire, que je récupère ma fucking santé mentale entre deux, ma carapace que tu craquelles à chaque fois. J’en ai marre de me briser les dents sur un putain de galet comme si c’était une surprise à chaque fois, comme si j’avais pas vu ça venir, comme si j’en avais jamais marre de tendre des perches, emmener mon ami et ma chienne sur la plage tracer des runes et y penser encore deux cent ans plus tard.

Get over it Simje.

And get over your fucking self.

J’ai keenly conscience d’une fin qui s’établi et je zieute le serveur, prêt à demander l’addition.


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- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyDim 1 Aoû 2021 - 17:35

« De gros nuages noirs à l’horizon. »

Je décèle de l’orage dans cette conversation, ou simplement un paysage qui se couvre, progressivement. On se contente de regarder la météo, en attendant au final de voir si oui ou non, la drache va tomber. On va chercher le parapluie si on est précautionneux ou pessimiste, on prend le risque de sortir en t-shirt si ça fait longtemps qu’on ne croit plus en rien.
Advienne que pourra.

L’énergie me quitte par grandes salves et peut-être bien que je l’attends, cette foudre, pour au choix me cramer ou regonfler mes batteries. Je sens bien que le vent tourne pour de bon et j’y fais face avec tout l’absence de considération que je possède. S’il essaye vraiment de faire péter les conduits, je ne sais pas trop ce que ça va provoquer. Dans le doute, à sa place, je préférerai rien essayer. Il ouvre la bouche et dès sa première syllabe, y’a un mur immense qui s’érige face au jet d’acide.

« Tu penses que l’autre directeur s’est répété dans son miroir que c’était ok de s’assurer que plus personne ne souffle de bougies ? »

il n’est pas lecteur de pensées. Non, Simje n’est pas lecteur de pensées. D’où vient sa phrase ? Par quelle hasard parvient-il à frapper exactement au bon endroit avec cette facilité déconcertante ? Est-ce parce qu’il me connais déjà trop ? Qu’après avoir pleuré dans la voiture au Sri Lanka, d’avoir déversé mes peurs sur les hommes qui meurt… C’est évident. Il saisit parfaitement mes problèmes et dans cette facilité, je récupère comme je peux.
Mon cœur s’accélère dans ma poitrine, prêt à courir, quitter la table, lui hurler, lui répéter que je fais. Comme. Je. Peux. Que le choix il est là uniquement : soit je pars et y’a un conservateur qui prend ma place, soit je reste et j’assume, jour après jour.

Je continue à parler, comme si c’était la dernière chose à me maintenir dans le présent et m’empêcher de ressasser ces horribles histoires. Mais le polonais n’a pas l’air décidé à lâcher le morceau et lorsque je l’entends me répondre du tac au tac un :

« Jusqu’à quand ? »

Y’a un neurone qui grille et le sourire qui dégringole dans mon estomac.

« Simje, ça suffit. »

Ça. Suffit. Je ne te permets pas de me juger parce que je n’agis pas à ta manière. Parce que j’ai moins de résistance que toi, ou des principes qui font que j’englobe les autres avant de me considérer, moi et mes problèmes. Pourquoi tu veux me pousser dans mes retranchements ? À quoi ça t’avance ? Est-ce que je suis au fond pas aussi une curiosité qu’on remue parce que ça fait du bruit ? Si c’est le cas, ça va pas le faire. Pas le faire. Du tout.

« J’ai quoi comme choix ? Partir ? J’ai jamais été aussi moi qu’à cette place. C’est peut-être illusoire mais au moins je me sens utile. Je fais des choses que les gens trouveraient immorales mais qui sont nécessaires et quelqu’un doit de toute manière prendre une décision. »

Ce n’est pas si dur à comprendre pourtant. Je ne suis pas dans une impasse, mais j’aime mon boulot et je suis prêt à supporter à bout de bras la partie déplaisante. La défendre, même, s’il le faut. Parce que tout ça, c’est moi. Avec les défauts et les qualités. J’ai cessé de vouloir devenir le bon Samaritain depuis de nombreuses années et je suis encore plus sceptique lorsque quelqu’un m’annonce l’être.

« J’aime la recherche, au plus profond de mes tripes et fort heureusement, ce travail représente encore les 5/6e de mon temps. Mais le 1/6e restant reste et restera sous silence, peu importe les méthodes pour préserver ma santé mentale. Ne me juge pas s’il te plaît. »

Je n’ai pas tout perdu. À vrai dire, la mort de dizaines d’innocents est le « seul » fait qu’il pèse lourdement sur ma conscience. J’ai ma routine, mes amis, ma famille.
Mais Simje a perdu, beaucoup.

Ma tension redescend et me fait prendre conscience de l’adrénaline qui circulait dans mes membres. Encore. Je soupire.

« Désol…
-Pardon, je… »

Il s’excuse en premier, mais le ton est étrange. Je ne finis pas ma phrase.

« J’sais pas, à chaque fois que t’es là c’est comme si subitement y’avait à la fois des filtres pour que je n’aborde pas certains sujets très précis, et à la fois rien pour m’empêcher d’être résolument odieux. Soit t’es un amplificateur d’émotions, soit j’ai la capacité émotionnelle d’un nourrisson mais je… »

Je reste bouche bée. Sa vision des choses est finalement assez proche de la mienne. Je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai dit des phrases que je ne pensais pas vraiment, enfoncé des portes, qu’elles soient fermées ou ouvertes, et apprécié le bout d’émotion qui circulait. Parce que c’était agréable, ou parfois désagréable, mais ça faisait ressentir des choses. La plupart du temps, j’avais souvent l’impression de les vivre par procuration, tant Simje vibrait de ce tumulte, de cette tempête de sentiments. Et c’était agréable parfois, énervant à d’autres. Ça me sortait de tout, l’espace d’un instant. Et puis le voir sourire, à la fin, c’était comme une immense récompense à laquelle je ne pouvais que répondre par mimétisme.

« C’est peut-être pour ça qu’on ne se voit que deux trois fois par décennies. »

J’incline la tête, interloqué, pas certain de savoir où il nous emmène.

« Pour qu’on récupère. »

Les bras m’en tombent. J’entends presque les cloches qui sonnent le glas. La sensation désagréable qu’on coupe la corde qu’on tirait chacun de notre côté. Y’a pas de miracle, je tombe sur les fesses. Ses phrases sont pourtant des destinations avec des dates mais une à deux fois par décennies ? On est pas du tout sur de l’exagération par ici. Surtout que je me connais, je me connais très bien. Je sais que même au sein de la famille, y’en a qui me trouvent distant, « il ne prend pas de nouvelles », « la dernière fois qu’il est venu c’était il y a trois ans. » Je suis adepte du pas de nouvelles bonnes nouvelles. Et je sais que j’oublie. Oui. Mais c’est pas une raison.

Il dirige son regard vers le serveur et mon bras vient agripper son poignet par réflexe. Dans la précipitation et le désir de lui dire « reste-là », mon pouvoir s’emballe – un peu – et la glace surgit de ma paume et là y’a une alerte rouge qui se déclenche parce que ma glace elle a jamais touché les gens ça se passe comment ça rentre dans le sang, ça reste en surface, est-ce que je vais le tuer sans le vouloir mais j’ai jamais récupéré ma glace comment je fais ça elle va pas juste fondre IMAGINE ELLE EST RENTRÉE DANS SON CORPS. J’inspire profondément et tente quand même, force la glace à réintégrer mes pores et c’est tellement chelou j’ai la tête qui tourne, je sais pas ce que je fais autant c’était pas grave, ça l’a juste effleuré autant c’est dans son corps et j’ose pas imaginer la sensation, j’suis juste une mère qui crie sur ses gosses de se magner leurs fesses de rentrer au bercail.

Et je lâche la main. J’pense que c’est bon. C’est bon ? Ouais. Ouais. Ça va ?

« Pardon, j’ai flippé, fais pas genre tu vas te lever d’un coup, j’ai même pas répondu et...

Trop d’émotions hein. Hm. Je fronce les sourcils de mécontentement tout en fermant les yeux et j’suis vraiment vénère contre moi, contre lui, contre tout ce bar. J’en ai marre de pas maîtriser ce pouvoir à la con et Simje qui me fait des esquives de merde. J'aimerais lui demander si ça va bien, s'il l'a pas trop mal vécu mais si on part là-dessus je passerai à côté des réponses que j'ai vraiment envie de lui donner, là.

Reprenons.

« C’est une blague j’espère. Non, la raison pour laquelle on se voit si peu souvent, c’est parce que je suis pas capable de garder les gens et plus ça va moins ça s’arrange. Ça veut. Pas. Dire. Que j’en ai pas envie. »

Voilà, Hein. DÉJÀ.

« Et je… Je… Je comprends...

Hahaha quelle est cette sensation de chaleur, ça rougit par ici ? La fatigue, les émotions récentes. Tout ça tout ça.
Allen qui sait plus balancer des mots sur des sentiments, qu’il a oublié parce qu’une fuckin’ année est passée et que voilà, c’était trop, la carapace a eu le temps de se refermer et c’est devenu gênant, gênant, gênant.

-...Qu’il y a tout plein de trucs tout le temps quand on est à deux – belle phrase vague comme on les aime - , même à causer au bar. Et je suis persuadé que c’est parce qu’on se voit jamais que ça finit toujours comme ça. On recommence pas à zéro mais… on se quitte à 15 et 8 mois plus tard on est redescendu à 3, avec d’autres traumatismes qui sont venus se greffer et qui font grimper encore l’addition. C’est sûr, avant de se connaître vraiment, on se sera blessé des centaines de fois. »

J’ai besoin de gérer. De contrôler ce qui se passe. Et je ne sais pas si… Ça, Simje, nos discussions c’est agréable ou désagréable. Je sais vraiment pas, je ne me pose jamais ces questions, je vis dans le moment présent, car le présent ne blesse jamais.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyJeu 16 Sep 2021 - 16:51

« Simje, ça suffit. »

Il se fend d’un immense sourire qui lui barre le visage mais le coeur n’y est pas vraiment. Comment pourrait-il s’inviter à cette petite réunion de copains et ne pas en ressortir plein de béances et de plaies ? Impossible. Il y a trop d’enjeux dans cette scène ; ils reculeraient un peu de leur petit ego ébouriffé qu’ils verraient qu’il n’y a rien, en vrai. Rien de grave, rien de palpable. Qu’ils en font des tonnes pour pas beaucoup. Mais c’est dur de lever les yeux quand on a le poids d’un passé sur le dos.

« J’ai quoi comme choix ? Partir ? J’ai jamais été aussi moi qu’à cette place. C’est peut-être illusoire mais au moins je me sens utile. Je fais des choses que les gens trouveraient immorales mais qui sont nécessaires et quelqu’un doit de toute manière prendre une décision. »

Le polonais se passe la langue sur les dents, essayant de penser à autre chose ; vous saviez que quand vous avez un goût de sang sur la langue c’est que l’air s’est mélangé à de l’hémoglobine au fin fond de l’alvéole de vos poumons et comme l’air va sur votre langue et puis vous goûtez le goût de votre propre sang. ; pour ne pas dire quelque chose d’odieux à nouveau, tirer à balles réelles sur un point Godwin moderne. Cormag Scrimegeour doit penser ça, aussi, Allen. Quelqu’un doit de toute manière prendre une décision. Mais pourquoi est-ce qu’il a encore envie de mordre ? Aucune idée. Peut-être que c’est comme les requins, une fois qu’ils ont goûté la chair humaine c’est trop dur de pas recommencer. Même si je sais que c’est pas vrai.




Peut être qu’il préfère insuffler de la rage en Allen plutôt que rien du tout. Tout plus que de l’indifférence. Du vide. Une fin.




« J’aime la recherche, au plus profond de mes tripes et fort heureusement, ce travail représente encore les 5/6e de mon temps. Mais le 1/6e restant reste et restera sous silence, peu importe les méthodes pour préserver ma santé mentale. Ne me juge pas s’il te plaît. »

Le polonais reglisse dans son armure, enfin, à grand renfort de mantras, tu es ici et maintenant, tu es ici, là, maintenant, tu vis le présent et pas le passé, tu vis le présent et pas le futur et balaie les arguments d’Allen d’un geste de main.

« T’as pas à te justifier auprès de moi quoi qu’il en soit. »

Et alors il est tant de partir, parce que ça ne peut pas durer comme ça n’est-ce pas pour en tirer quoi ? Généralement quand on fait des actions il y a un but et j’vois pas bien où on peut aller comme ça avec Allen, continuer à trifouiller les trucs qui font mal et

Allen l’attrape et une brûlure polaire lui glisse des aiguilles sous la peau, juste sous celle du canadien. Rien d’un crush. Un souvenir lui percute le crâne au même moment, sa soeur qui lui dit mais moi quand j’ai des papillons dans le ventre je trouve pas ça un bon signe quand je veux à tout prix lui plaire et chercher sa validation je considère que les papillons c’est des red flags c’est qu’il faut fuir et Simje fixe quelques secondes la main qui le retient, le retient pour quoi ?

Dans quel, putain de but ?.

La brûlure s’en va sans que Simje n’ait réellement flinché. Allen le lâche.

« Pardon, j’ai flippé, fais pas genre tu vas te lever d’un coup, j’ai même pas répondu et… »

Et je l’insulterais bien. Il réagit toujours comme ça de toute façon, il attend qu’on soit dans l’urgence noyés sous les émotions pour s’agriper à moi, et encore cette fois c’est que sa main hein n’est-ce pas, à deux doigts de bref son cerveau en roue libre et une rage mesquine sous la langue. Il se retient d’aboyer, Et quoi, Al-len ? en détachant les syllabes mais il reste dans sa coquille.

« C’est une blague j’espère. Non, la raison pour laquelle on se voit si peu souvent, c’est parce que je suis pas capable de garder les gens et plus ça va moins ça s’arrange. Ça veut. Pas. Dire. Que j’en ai pas envie. »

Et ben allons-y, « c’est pas moi c’est toi » pense-t-il, passant totalement à côté du « c’est pas que j’en ai pas envie. »

« Et je… Je… Je comprends…

Simje regarde Allen rougir, complètement démuni. Il voudrait un manuel, un truc à feuilleter section caribou canadien aux yeux bruns et aux iris aux allures de fond de café, si votre modèle rougit, c’est que : blablabla.
Mais il n’a aucune idée de ce qu’il y aurait dans le blablabla.
Et il n’aurait jamais acquérit de lui même, en pleine conscience, un tel modèle. Lui, il paye pour de la sécurité. Pas pour le parc Astérix du lundi au vendredi des roller coasters moins chers que gratuits.

-...Qu’il y a tout plein de trucs tout le temps quand on est à deux, même à causer au bar. Et je suis persuadé que c’est parce qu’on se voit jamais que ça finit toujours comme ça. On recommence pas à zéro mais… on se quitte à 15 et 8 mois plus tard on est redescendu à 3, avec d’autres traumatismes qui sont venus se greffer et qui font grimper encore l’addition. C’est sûr, avant de se connaître vraiment, on se sera blessé des centaines de fois. »

Super explication de fond de cale ça. Psychologie de couloir.

— On est pas censé blesser les gens qu’on aime.

Point.

— Et si on le fait malgré soit ça me semble arrogant de blâmer le temps, la distance, l’alignement des planètes, les traumas inhérents à être magique, les gerbilles des sables qui trouvent pas d’eau et les bouchons en liège qui se cassent en deux dans les mauvaises bouteilles. C’est trop facile.

Ouais, les gens qu’on aime. Il baisse les yeux sur son bras rougit ; il a quand même envie de partir. Il y a un temps où Allen l'aurait embrassé pour le faire rester.
Je vis dans le présent, ni dans le passé, ni dans le futur.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptySam 18 Sep 2021 - 17:01

« Give up your emotions »

Lorsqu’il sourit à ma demande explicite de cesser-le-feu, mes doigts se replient très légèrement. Un poing pas encore formé dont la raison échappe à ma propre compréhension. Simje a beau se trouver devant moi, ses yeux bleus ne reflètent plus la marée que j’ai connu. Je l’observe sans vraiment le regarder, accaparé par ce qui se trouve derrière, sous ses cicatrices et le temps passé qu’on ne pourra pas rattraper. Ma bouche recherche ce mot qui nous décrit si bien mais ce ne sont pour l’instant que des lettres éparpillées sur ma langue.

Alors, à défaut je m’explique, je décris passionnément ma vie. Les papillons remontent dans ma gorge lorsque le mot « recherche » s’élève mais tout est masqué sous une montagne de défenses. Je ne suis pas fier de moi, je suis toujours aussi meurtri par les hommes et les femmes envoyés au champ de bataille, mais existe-t-il réellement un travail où l’on puisse pleinement s’épanouir ? Comment décrire le bonheur sans connaître le malheur ? Sans doute est-ce une justification bien bancale, mais elle me suffit.

« T’as pas à te justifier auprès de moi quoi qu’il en soit. »

Bien sûr que si. N’est-ce pas normal ? Comment se satisfaire d’un « juste, n’en parle pas ? » après avoir demandé à Simje de me déballer sa vie, de l’avoir jugé sans même lui demander son avis ? Est-ce qu’au final… ne désire-t-il plus s’impliquer davantage ? Cette pensée se concrétise à l’oral lorsqu’il soupire presque ce besoin de « récupérer » de nos retrouvailles. Des raisons qui justifient le fait qu’on ne se voit pas souvent. Bullshit.
Mais alors qu’il s’apprête à disparaître, à décider de lui-même que c’en est fini pour aujourd’hui, qu’on verra ça de nouveau dans une demi-décennie, je réagis au quart de tour, la promesse de retrouvailles reléguée en arrière-plan. Et ce qu’il me répond me glace sur place.

« On est pas censés blesser les gens qu’on aime. Et si on le fait malgré soit ça me semble arrogant de blâmer le temps, la distance, l’alignement des planètes, les traumas inhérents à être magique, les gerbilles des sables qui trouvent pas d’eau et les bouchons en liège qui se cassent en deux dans les mauvaises bouteilles. C’est trop facile. »

De cette immense tirade ne ressort qu’un immense vide. Une certitude plus ou moins ténue, pas certaine de souhaiter faire son entrée, passer en one man show devant mon assemblée de craintes et de jugements, grandit progressivement. Je fronce les sourcils, trouvant dans ses mots une violence inouïe et un point commun entre nous aussi délicieux qu’amer. Le passé est laissé derrière. La rétrospective s’est faite et on a essuyé ce qu’on devait essuyer, les mains pleines d’une bouillasse épaisse, des chemins qu’on a pris séparément et le résultat là.
Les mots que je veux garder s’échappent :

« C’est comme ça que tu définis notre relation ? Juste des blessures en boucle  ? T’as jamais été heureux de me voir ? Moi je l’ai été, toujours. Et je suis prêt à supporter les moments déplaisants parce que ça je l’oublie rapidement. Mais pas les runes sur le sable, pas tes sourires, pas le requin qu’on a acheté à Vegas, la Pologne et même… même le Sri Lanka. T’es l’une des rares personnes avec qui je me sens parfaitement présent. Parfaitement à ma place. Pas forcé de jouer un rôle. »

Et je suis désolé, sincèrement, je suis désolé si jusqu’à présent tout ce que j’ai fait, c’était te procurer de la souffrance. J’aurais préféré pouvoir les voir, les sentir, comme des griffes sur la chair, suffisamment profondes pour me faire comprendre quand lâcher. Quand éviter de répandre du sang. J’ai envie de me mordre la lèvre et extraire la tristesse descendue dans mon bas-ventre. Mon aura désemparée est si puissante qu’elle obstrue toute tentative de réflexion, comme un vent violent soulèverait les branches d’un arbre. Espérons que rien ne craque.

« Et je suis désolé. Si c’était pas réciproque. »

J’ai plus de mots pour répondre à ses paroles. Je voulais simplement tenter de lui dire que c’est pas d’accord pour moi de ne se voir que les 36 du mois parce qu’il faut récupérer. Mais peut-être que c’est sa vie ça. Peut-être qu’il en a besoin et que je suis toujours là à dire que moi je… Moi je. J’ai totalement conscience à cet instant de m’attacher à lui, qu’après m’être auto-persuadé qu’il ne m’appréciait pas, j’en arrive malgré tout à accepter, finalement, les concessions.
Un certain silence tombe avant que je ne reprenne calmement.

« Mais si ce dont t’as besoin c’est du temps, alors d’accord. On fait comme ça. On se verra toutes les demi-décennies. »

La phrase me semble presque sortie de la bouche d’un autre individu, comme si subitement mon corps se dissociait corps et âme. Le ton est inconnu, indéchiffrable. Mes doigts viennent pincer l’arête de mon nez et une fatigue certaine me tombe sur la tête, brutalement. Le contrecoup de l’utilisation abusive et incontrôlée de mon pouvoir.
Accepter consciemment de ne le revoir qu’en de rares occasions définies est différent de le quitter sans savoir si les prochaines retrouvailles se feront le lendemain, des mois, des années ou une décennie plus tard. Mais d’accord. D’accord Simje. Tout ce que tu veux, j’ai sans doute trop tout pris à cœur, au premier degré et on est là à parler de blessures au palpitant, sujet menant lui-même à de nouvelles écorchures mentales.

On en reparlera dans cinq ans.

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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyLun 27 Sep 2021 - 11:23

Ça va mal finir. Ça va mal finir ça va mal finir ça va mal finir. J’préfèrerais être dans un livre où les pages ne sont pas infinies, à la fin il y a une fin et c’est super les fins, pas de dernière page pour raconter après, et je crois que cette fois j’en ai assez de l’après avec Allen, y’a toujours plus, c’est comme être au sommet d’une montagne et vous rendre compte qu’en fait c’est pas le sommet et qu’il faut encore suer et respirer fort et suer et respirer fort et qu’après il faudra tout redescendre quoi qu’il en soit.

« C’est comme ça que tu définis notre relation ? Juste des blessures en boucle ? T’as jamais été heureux de me voir ? Moi je l’ai été, toujours. Et je suis prêt à supporter les moments déplaisants parce que ça je l’oublie rapidement. Mais pas les runes sur le sable, pas tes sourires, pas le requin qu’on a acheté à Vegas, la Pologne et même… même le Sri Lanka. T’es l’une des rares personnes avec qui je me sens parfaitement présent. Parfaitement à ma place. Pas forcé de jouer un rôle. »

Le polonais s’imagine dire des choses horribles pour en finir de repousser Allen, et ben c’est triste pour toi d’être aussi mal entouré si moi je suis ta seule respiration c’est que tu vis au milieu des requins et que tu te raccroches à un bulot et c’est vraiment trop triste pour toi et me parle pas de mes sourires crétin c’est déplacé, pas à sa place donc déplacé et

« Et je suis désolé. Si c’était pas réciproque. »

Et Simje souffle doucement tout l’air qu’il a dans ses poumons. Il fait tourner les mots en rond dans sa tête comme si elle avait été un bocal à torture pour poissons, désolé si c’était pas réciproque, si c’était pas réciproque, désolé si c’était pas réciproque, il entend Allen dire quelque chose à base de besoins, de comme ça, de demi-décennies mais ça n’attend pas vraiment une zone de compréhension chez Simje. Il regarde de ses yeux tout ronds tout clairs Kristiansen se rapetisser. Un serpent gluant fait des noeuds dans son estomac. Il secoue la main qu’Allen a brûlé, passe des doigts sur son avant bras, je sais ce que je vais dire j’aimerais pas le dire. Mais je sais que je vais le dire. Il gagne un peu de temps sur l’inévitable, pincé entre la certitude qu’il faut bien finir par cracher le morceau pour qu’il ne l’étouffe plus, et l’autre certitude qui est que on ne se verra peut-être plus du tout si je le dis. Et au lycée, les gens cools c’était ceux qui savaient la jouer nonchalent mais j’ai jamais trop compris en quoi ça consistait sinon la sensation pour les autres d’être pas vraiment solide, pas vraiment écouté, pas vraiment là. L’impression que quoi que tu dises t’auras l’impact d’une petite brise sur l’autre. Peut-être même pas. Et j’ai jamais su faire ça, rendre les gens transparents. Et parce que je ne sais pas faire, je ne le fais pas.

« Ce qui était pas réciproque, c’est que je suis tombé amoureux de toi, et pas toi. »

Et si j’avais su faire ça, j’aurais ajouté un truc du genre mais c’est passé c’est bon j’suis over you et ça va, mais pas comme ça. Parce que comme ça c’est pas cool et j’aimerais être cool et détaché, mais j’suis ridiculement attaché et j’ai oublié comment scier la ligne. Alors je dis juste ça. Je pose ça là.
Pourtant il est resté dans sa coquille. On pourrait croire qu’il en est sorti mais à bien le regarder, il reste le visage lisse, sans attente particulière. Sans envie particulière. Il a oublié, quoi qu’il en soit, ce que c’était de désirer vraiment quelque chose avec douceur, softly wanting something, il a oublié la lumière du matin qui réchauffe en plein hiver, la golden hour de septembre qui brosse les visages de palettes de beauté, il a oublié la sensation d’avancer vite après quelques entrainements de course à pieds au coeur de Varsovie, il a oublié la première bouchée d’un croissant aux amandes, la soupe de sa grand-mère servie avant 18h. Il garde la sensation des poils de l’encolure de son chien, plus rugueux qu’ailleurs, les disputes autour du café avec Hannah, la sensation de pas lui avoir toujours fait assez de place dans sa vie, de vouloir rajouter des secondes au milieu de celles où il la côtoyait, il se souvient ce que ça faisait d’appartenir à quelque part mais ça aussi, c’est en train de s’estomper.

Il coule.

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Spoiler:
- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyLun 27 Sep 2021 - 18:51

« T’es le personnage central de ton propre théâtre. »

Tous, nous n’existons que pour nous-même. Nous n’avons qu’un impact minime sur les autres. Leur façon de penser, leur façon de réagir, d’agir face à nos paroles ne nous concerne pas, nous ne pouvons pas choisir leurs réactions comme un questionnaire à choix multiples. On agit, ils réagissent et ainsi s’agencent les conversations. Certaines finissent bien, d’autres se voient confrontées à une trop importante différence de croyances, de cultures, d’être.
J’ai cherché à pousser Simje parce que c’est un jeu de ping-pong, tout ça. Dès lors que l’un entre dans ses retranchements, il renvoie la balle sur les insécurités de l’autre et lorsqu’il faut partir… Lorsqu’il faut partir je me raccroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Je ne comprends pas cette relation. Pourquoi j’y tiens tant.
Alors je force. Je pousse jusqu’à ce que quelque chose sorte.
Mais alors. Mais alors...

« Ce qui était pas réciproque, c’est que je suis tombé amoureux de toi, et pas toi. »

Un souffle brûlant passe sur tout mon corps et même l’ouverture de la porte du bar au passage d’un couple ne parvient pas à refroidir l’écosystème volcanique dans mon estomac. Pourtant, si le corps perçoit bel et bien la profondeur de ces mots, ma tête peine à rassembler un temps soit peu de cohérence. Je fronce un temps les sourcils, pas certain d’avoir bien entendu, bien compris et la petite voix se répète « et c’est pas ça, t’as mal interprété, t’as pas compris, pas compris du tout. Simje il dirait jamais ça, Simje. On parle de Simje. Est-ce qu’il en serait capable ? Est-ce que j’en serai même capable, c’est n’importe quoi, t’as mal interprété. Mal. Interprété. ». Mais les sensations dans le corps sont bien présentes elles et plusieurs morceaux me reviennent brutalement en mémoire. La Pologne, la porte que j’ai fermé devant ma honte. Puis Las Vegas, la connerie devant ce billet gratuit pour visiter l’aquarium. Je reste interdit, sans plus savoir où me poser, quel geste effectuer. J’ai l’impression que la moindre respiration me trahit, mais me trahit pourquoi, au juste ? Mon regard s’abaisse pour préciser les lignes de la table en bois, les nervures du temps, les chemins pris par l’assaut des catastrophes climatiques. Comment en est-on arrivé à cette confession ? J’ai la sensation terrible d’avoir commis quelque chose de grave, d’avoir forcé quelque chose qui ne désirait pas sortir.
Mais c’est mieux, non ?
C’est mieux ?

Ma main remonte à ma gorge et la sensation rugueuse sous mes poils de barbe me raccrochent à ce présent si peu palpable. Je vogue sur une vague de sentiments paradoxaux, avec le désir de tout cacher sous une couverture par peur de me faire gronder. Je ne comprends pas tout mais le silence s’étale et une frustration monte doucement, un peu en arrière-plan. J’lui ferai pas l’insulte de lui dire « et qui te dit que c’était pas réciproque » parce que je sais au fond de moi qu’il a toujours été un très bon pote, mais le qualificatif me paraît également trop léger pour le décrire entièrement. Il y a définitivement quelque chose qui me rapproche de lui et que je ne retrouve chez personne d’autre. Pas même Phil. Pas même Kelyann. Peut-être même pas ma famille. C’est quelque chose d’autre. Mais ça me paraît tellement puéril de me pencher sur la portée de ce sentiment. Parce que ce n’est forcément pas grand-chose. N’est-ce pas ?
Anyway, Allen, gros, time to talk for a bit.

« Tu…. »

Bel essai.

« T’as l’air tellement détendu. »

À présent, on part sur la politique de l’autruche, aka sport quotidien d’Allen vs Simje. Mais là c’est nécessaire. C’est vraiment nécessaire de poser une base relativement soft pour attaquer le gros morceau. J’ai envie de lui demander et depuis quand, et c’est quoi qui a déclenché et y’a quoi qui te plaît chez moi mais ça me paraît tellement déplacé. J’ai appris à plus ou moins me méfier des airs de Simje. De son calme apparent. Difficile de savoir ce qu’il pense réellement sans aller de moi-même fouiller dans sa tête. Satanées runes.
Puis, en réanalysant ses paroles pour la dixième fois au moins, je comprends quelque chose. Du passé. Il parle au passé. Dois-je en déduire que ces sentiments n’existent plus ? Je n’ose pas demander. En même temps… se serait-il risqué à annoncer pareille confession si les émotions bouillaient encore en lui ? Peu de chances.
Je me gratte la tempe avant de répondre, sincère :

« Je retire mes précédentes paroles, je suis désolé je savais pas. Et… Ça me touche vraiment. »

J’pense que j’ai quand même du mal à poser le mot « amour » sur un duo de mecs. C’est vraiment plus fort que moi. On est assez ouverts sur le sujet dans la famille, on en a plusieurs dans les cousines qui se sont mariées avec d’autres demoiselles et c’est aussi touchant, sinon davantage de les voir l’une face à l’autre, l’amour dans les yeux, dans les caresses sur les bras, dans le baiser qui scelle l’union du bonheur. Mais les hommes sont plus discrets et y’a toujours cette idée du « ça n’arrive qu’aux autres ». Que t’es pas câblé pour. Que t’as toujours eu des copines et pas des copains qui vont au-dessus du pote. Un mot aussi simple que la relation.
Et pourtant. P’t’être qu’un jour j’me rendrais compte que « pote » ne décrivait absolument pas notre relation.
Quand j’me poserai face à ce que je suis, face aux questions auxquelles je n’ai jamais osé répondre par flemmardise ou appréhension.
Sur mon lit de mort, pour partir l’esprit tranquille.
Pas de happy ending pour ceux qui se tirent volontairement une balle dans le cœur.

J’me dis que y’a pas plus à discuter, qu’il a annoncé un fait et voilà, c’est tout. Et ça explique les raisons pour lesquelles il veut plus qu’on se revoit très souvent, pourquoi y’a subitement plus de poids à tout ce qu’il dit, comment tout ce qu’on a pu faire s’est transformé en blessures. Je repense à ce baiser volé, dans la précipitation, un « ne pars pas » silencieux qui s’est pourtant exprimé de lui-même, sans mon intervention. C’était un melting pot d’émotions de nous avec l’histoire du Sri Lanka. C’était un ras le bol des priorités, à la période où j’allais le plus mal et c’est tout ce que j’ai trouvé à faire. Mais ça ne sert à rien de se chercher des excuses, de se dire que ça aurait pu se passer autrement.
Après tout, c’est pas moi qui souffre, ou ai souffert le plus ici.
Je souffle d’un air désespéré à deux doigts de rire, la main dans les cheveux :

« Vraiment beaucoup. »

Anormalement beaucoup.

« J’arrive pas à déterminer si tu parles encore du passé ou si y’a une part de présent et je forcerai pas la réponse. J’me rends juste compte que même avec tes mots, j’arrive pas à me résoudre à te dire que c’est fini. Mais… C’est ok, pour la demi-décennie, peu importe, j’irai pas jusqu’à m’imposer dans ta vie, on se verra pas souvent. »

Pourtant, c’est ce que je fais de mieux, m’imposer dans sa vie et lui extraire tous les bouts de son existence pour mieux les garder comme un trésor. Comme pour dire que moi je sais ça mais personne d’autre ne s’en doute. Une exclusivité propre à lui. Des trucs biens comme les moins cool.
J’me souviens de ces runes sur le sable et de l’odeur de l’eau iodée, du coucher de soleil, et je rêve de faire de nouveaux souvenirs comme ceux-ci. Dingue comme un jour en sa présence me fait prendre conscience de son absence sur le reste de l’année.

« On se refera des mandalas juste sur le sable de Pologne. Så får vi se. »

Then we will see.
Ce nouveau Simje est à la fois si semblable et si différent de celui que j’ai connu. Plus hypnotisant encore. Qui se cache derrière des runes pour que personne ne rentre dans sa tête. Est-ce qu’il m’autorisera un jour à y retourner ?
We’ll see.

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MessageSujet: Re: Couché les émotions ! Couché !   Couché les émotions ! Couché ! EmptyMar 28 Sep 2021 - 17:44

Il n’a pas dit ça pour avoir une réponse — a-t-il seulement dit ça pour exprimer finalement la vérité ? Pour sortir ce qui était dedans, pour une fois, pour être honnête avec Allen. Parce que Allen soit je suis fou soit il a fait genre de pas voir il a fait genre de pas comprendre et il peut pas dire qu’il y a pas participé non plus parce qu’on n’embrasse pas les gens pour rien, dans l’urgence, dans une chambre d’hôtel, surtout pas moi, surtout pas moi, surtout pas moi. Comme il n’attend pas de réponse, de retour, de oh moi aussi, rien, il laisse juste le temps couler sur lui.

« Tu…. T’as l’air tellement détendu. »

De tout ce qu’il aurait pu imaginer comme réponse, cela la est la dernière. Elle ne compte même pas comme les choses qu’il aurait pu formuler dans sa tête à vrai dire. S’il avait été une machine, il aurait grincé sec. S’il avait été un ado, il aurait sûrement hurlé, mais quoi ?! entre le désabus et la colère, la rancoeur même, mais il n’a jamais été ni l’un ni l’autre et il laisse juste petit à petit partir l’air de ses poumons. Heureusement qu’il n’avait pas construit une maison d’espoir, il aurait dormi à la rue ce soir.

On a dit couché les émotions.

Couché.

« Je retire mes précédentes paroles, je suis désolé je savais pas. Et… Ça me touche vraiment. »

On est à deux doigts d’un merci. D’un merci super. D’un cool ça me fait plaisir. D’un ok d’accord je suis très content de ce que tu me racontes là l’ami mais vraiment je me sens pas au milieu de la discussion j’ai l’impression que je suis même pas un participant mais ça me fait chaud au coeur, ça me va droit comme ça dans le palpitant bouboumbouboum qu’il fait.

« Vraiment beaucoup. »

Je regarde l’autre s’agiter en me sentant de trop, subitement trop incarné, trop présent, trop alcool trop tout trop je suis là face à toi et j’existe et ça serait plus cool de pas exister et ne pas vivre ce moment, pourquoi est-ce que je resterais face à toi quand vraiment je n’ai pas envie d’y être ?
Il avale soigneusement sa salive.

« J’arrive pas à déterminer si tu parles encore du passé ou si y’a une part de présent et je forcerai pas la réponse. J’me rends juste compte que même avec tes mots, j’arrive pas à me résoudre à te dire que c’est fini. Mais… C’est ok, pour la demi-décennie, peu importe, j’irai pas jusqu’à m’imposer dans ta vie, on se verra pas souvent. »

À deux doigts de.. ne pas se faire plaquer ? D’être empêché de le plaquer ? Comme si ça voulait dire quelque chose j’arrive pas à me résoudre que c’est fini alors que c’est pas ce qui est en train de se passer c’est pas ce que j’ai dit c’est ses conclusions à mes vieilles piques. Mes vieilles piques pour le blesser. Comme là, là. Il sort pas de sa grotte il me regarde derrière une vitre. Il s’engage pas.

Il se dit aussi que si lui, il ne s’était pas autant engagé, il n’aurait pas autant mal au coeur. Il ne savait même pas jusqu’à aujourd’hui que c’était possible. Il le fixe avec une intensité renouvelée, sachant que ce n'est visiblement pas tout ce qu'il a à dire. Il le fixe aussi fort qu'il peut.

« On se refera des mandalas juste sur le sable de Pologne. Så får vi se. »

Le visage de Simje se chiffonne un peu, légèrement, cet air sincèrement blessé s’ancre sur ses sourcils et soulève légèrement sa bouche avant qu’il ne souffle à nouveau. Il ferme doucement les yeux, sentant quelque chose se terminer. Il porte la main à la brûlure sous sa peau la douleur à son avant-bras. Il hoche la tête (pour lui même ou pour son interlocuteur, l’autre, l’étranger ? aucune idée) et se lève, lui offre un demi sourire parce que c’est tout ce qu’il a en stock.

— Salut Allen.

Et il est parti.

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