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Sujet: Next stop : Hell Dim 18 Avr 2021 - 11:05
Le trajet en train était déja flou dans sa tête, comme déjà avalé par une autre vie. Ne lui restait que des lambeaux, comme des sensations : les paysages qui défilaient à toute vitesse, la voix énervée d’un conducteur quand elle avait avoué qu’elle n’avait pas pensé à acheter de billet – mais aucun souvenir de l’amende payée – le poids de l’herbe qu’elle aurait aimé pouvoir fumer dans sa poche, la chaleur du téléphone sur sa cuisse, en mode vibreur, qui la faisait sursauter au moindre frisson. Elle avait espéré, tout le trajet, que Louis lui écrive. Qu’il outrepasse ces quelques mots lâchés sur une porte qui se claquait – Ne le fait pas. – et l’appelle, lui écrive, la rassure. Mais lorsqu’elle retournait le terrible engin, c’était simplement Luka qui lui demandait son heure d’arrivée à la gare de Londres, son médecin qui lui envoyait un certificat pour qu’elle puisse arrêter le boulot quelques jours – pour les cours, la liberté académique suffirait – ou Leah qui lui disait de repasser quand elle voudrait… Leah qu’elle avait embrassé, comme ça, en plein bibliothèque, comme pour se brûler la langue.
À son arrivée à Londres, les bras de Luka avait été son refuge, son ancrage et tout le reste avait disparu. Elle n’avait rien raconté par message, pas parlé de Louis et, même pendant le trajet en métro, n’avait pas abordé le sujet de la tristesse qui lui broyait le cœur. Mais peut-être que Luka avait deviné – sans doute. Elle la connaissait suffisamment pour lire cela en elle, malgré les kilomètres qui les séparaient désormais. Sous les yeux de Carla, Londres s’était déroulée, avec sa foule de gens, de touristes et de lumières. Autant de stimuli qui la rendait aveugle et, lorsque son amie glissa sa clé dans la porte de chez elle, elle se rendit compte qu’elle aurait été bien incapable de refaire seule le trajet qu’elles venaient de faire. Les lambeaux de son cerveau déjà partis dans d’autres limbes alors qu’elle n’avait même pas encore fumé.
– Salut.
Carla dévisagea le jeune homme qui lui faisait face dans l’entrée, un poids étrange sur l’estomac ; il lui faisait penser à Jeremy. Pourtant, il ne lui ressemblait absolument pas, mais désormais tous les adolescents la faisait penser à Jeremy, au souvenir de lui qui se délitait en elle, d’un gamin en train de devenir adulte, entre deux âges. Owhen – Carla ne l’avait vu qu’en photo, mais ça ne pouvait être que lui – n’eut même pas le temps de répondre que la tête curieuse de Maël arriva à son tour, portée par ses huit – neuf, dix, elle ne se rappelait plus bien – ans. Nouveau poids en elle. Une famille avec des enfants ; même si elle savait à quel point ça pouvait parfois peser sur Luka, que tout n’était pas facile et qu’elle même était certaine de ne jamais désirer cela, elle ne put s’empêcher de se dire que c’était la vie qu’elle n’aurait jamais qui s’étalait sous ses yeux. Comme si un Louis de quarante ans allait arriver à son tour, embrasser Carla, attraper Mael pour le faire tournoyer dans les airs avant de dire à un Owhen boudeur d’aller réviser le bac. Tout se mélangeait dans sa tête et elle dut aspire une grande goulée d’air pour ne pas sombrer. Mal à l’aise sur ses jambes, avec le sentiment d’être en décalage de ce tableau familial, elle vacilla un peu puis posa son sac dans un coin, fit quelques pas jusqu’à la cuisine où ouvrit le robinet pour se laver les mains, comme pour se donner une contenance. L’eau fraîche la rassurait, montant jusqu’à ses poignets pour la dévorer entièrement. Mais son corps lui n’était pas dupe et, sous ses paupières encore boursoufflée par le matin-même et le trajet en train – il lui semblait avoir pleuré, mais c’était flou aussi –, les larmes commençaient déjà à se réchauffer.
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De King Cross au Mayfair, le silence règne. Le trajet n'est pas long, il ne s'étire pas indéfiniment et pourtant dans ces banalités qui résultent de nos échanges assourdis par le bruit de la foule résident une éternité pesante. J'ai mon sac sur l'épaule, elle porte le sien et chacune nos mains dans nos poches. Je n'ai pas besoin de mots. Je n'ai pas besoin qu'elle raconte pour comprendre. Il y a dans nos regards des histoires silencées, des non-dits déclarés. Nous n'avons pas besoin des mots et j'ai son cœur au bord du mien. Avec une nouvelle pudeur, je bloque consciemment l'accès à ses émotions, ne laissant filtrer que ce que je n'arrive pas à contenir. On ne ferme pas la porte à une sœur. C'est impossible.
Nous sortons deux stations en avance et c'est à peine si elle le remarque. Je la vois se perdre dans le spectacle de la ville comme on se perd avec désir d'oublier. J'ai préférer marcher un peu, laisser derrière la touffeur du métro en ce mois d'avril. Je n'aime pas être enfermée. Il est presque sept heure de l'après-midi et Londres s'apprête à revêtir ses habits nocturnes. Les afterworks vident tranquillement les terrasses pour laisser place aux fêtards et aux loups solitaires. Je respire tranquillement l'air légèrement humide de ce début de soirée tandis que nous traversons Grosvenor Square sans que nos lèvres se délient. Le soleil disparaît doucement, rougeoyant sur les briques de feu des vieux immeubles chics. Nous sommes arrivées. Je pousse doucement la porte et tombe sur Owhen qui s'apprêtait à sortir.
- Salut.
Carla est ailleurs. Carla est ailleurs depuis le bref coup de téléphone et les textos. Le voyage en train ne l'a pas ramenée miraculeusement des contrées sombres qui l'habitent. Maël arrive en sautillant, déjà en pyjamas. Il me saute dessus en dévisageant Carla qui pose son sac. Je l'attrape et le prend dans mes bras tandis que du coin de l'œil, je vois la jeune femme traverser l'entrée, descendre les quelques marches qui mène au salon, déposer son sac et continuer son chemin en remontant vers la cuisine. De loin, je l'entends plus que je ne la vois ouvrir le robinet et je décide de lui laisser un peu d'espace. Maël descend et s'en va dans sa chambre pendant qu'Owhen essaye de se glisser entre moi et la porte que je claque d'un coup sec.
- Hey mais t'es malade ou ? - Tu vas où ? - Avec des potes, t'occupe ! - Tu reviens quand ? - Ca va lâche ! Je rentre pas tard. Je vais juste au ciné. - Tu rendras les 20 balles que t'as pris dans mon sac ?
Je lui fais un clin d'oeil et Owhen sourit. Il hausse les épaules et je lui tape gentiment la tête.
- Et tu diras bonjour à Leah de ma part et bordel arrête avec ta clope !
Owhen rougi violemment, range la cigarette et disparaît pour ne pas avoir à justifier son rendez-vous galant. Je ferme la porte derrière lui et aperçoit la touffe rousse de Maël qui nous espionnait en rigolant. Aussitôt vu et aussitôt il déguerpit à nouveau. Passant à travers le salon, j'attrape le sac de Carla et la rejoint.
- Je te montre ta chambre ?
A l'opposé du couloir qui mène à celles des garçons, il y a un escalier qui ouvre sur les combles. J'y ai aménagé une salle de sport bibliothèque, mon bureau et une chambre d'amis. Elle y sera tranquille, les garçons ne montent que rarement. J'ouvre la porte qui dévoile une grande pièce ouverte sur une salle de bain. Quand je l'ai aménagé, j'ai spécifiquement pensé à Carla. Je ne dirais pas que la chambre lui ressemble, mais j'ai pensé qu'un jour, elle en aurait besoin. Un lit deux places, un petit dressing, un bureau prêt d'une large fenêtre en chien assis, un fauteuil confortable face à un meuble télé et sa télé, il y a tout le confort nécessaire. Cet appartement coûtait la peau des fesses, mais l'héritage de maman et de Nathaniel m'ont largement permis des folies. Cela a du bon, parfois, une famille de sorciers noirs friquée et un acteur mondialement connu et tristement décédé...
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Les voix de Luka et Owhen décoraient l’appartement comme une pièce de théâtre. Accrochée malgré elle à leur échange, Carla se rappela sa propre jeunesse, lorsqu’elle piquait des sous dans le porte-monnaie de sa mère qui était bien moins perspicace que son amie. Des billets qui passaient dans l’alcool ou dans les clopes… Tous les parents du monde faisaient-ils semblant de ne pas apercevoir leur propre jeunesse dans les bêtises à peine dissimulées de leurs ados ? Ou oubliaient-ils sincèrement leurs propres éclats ? Au prénom de Leah, la jeune femme sursauta presque, comme si elle avait été surprise avec les lèvres encore mouillées par celles embrassées le matin-même. Mais ce n’était pas la même personne, pas la même vie. Juste deux personnes qui avaient le même prénom, deux hasards, mais qui provoquaient chez Carla l’envie encore plus brûlante de fumer.
– Je te montre ta chambre ?
L’étudiante ferma doucement le robinet d’eau, comme si ça pouvait lui permettre de retenir un peu plus longtemps les larmes. Fragile, fragile, fragile… Son amie avait déjà attrapé son sac et Carla la suivit dans l’escalier, surprenant au passage un éclair roux qui la regardait, petit renard perdu dans l’immensité de la vie. Elle regretta de ne plus être une enfant. La chambre dans laquelle l’amena Luka était gigantesque. À un autre moment, elle se serait sûrement demandé combien pouvait coûter un tel palace, au plein milieu de Londres, mais elle n’avait même pas la tête à ça. Elle jeta son manteau sur le lit et sortit de sa poche l’herbe qu’elle avait achetée, ses doigts commençant immédiatement le manège si bien appris, si bien ancré. Puis soudain, réalisant sans doute qu’elle n’avait plus quinze ans et des ruines pour la protéger, qu’elle était chez son amie qui avait deux enfants sous sa garde, elle leva la tête, presque surprise ou coupable vers elle.
– Ça te dérange si je fume en fait ?
Elle n’avait pas envie d’effrayer le petit renard et ses doigts hésitèrent alors, triturant le papier, le déchirant presque. Avant, elle ne se serait pas posé la question. Mais avant elle voyait Luka en haut d’une falaise, dans des champs ou au bord de l’océan. Avant c’était avant, le vent leur arrachait les cheveux et elle peinait à faire craquer le briquet pour allumer ses joints, assise autour d’une lampe torche. Parfois, elle faisait tourner le cylindre sous le regard un peu dégoûté de Hayley. Ange posait de temps en temps le bout de ses lèvres, mais il n’avait jamais vraiment aimé cela, contrairement à Ian qui, s’il était avec eux, était capable de lui tirer la moitié de son herbe en une soirée. Luka passait simplement le joint plus loin. Et Louis… Louis… Elle sentit le papier craquer une fois de trop entre ses mains et, surprise, baissa le regard pour constater que l’herbe était tombée par terre. Tout s’écroulait dedans, dehors, seules restaient les pièces de théâtre des autres qui se déroulaient sans heurt dans leur léthargie personnelle. Alors la jeune femme se baissa pour commencer à ramasser l’herbe et, comme si elle trouvait par terre un courage qui n’existait pas debout, elle dit :
– Je lui ai raconté pour Ian. Lui aussi a couché et aimé une autre, après sa disparition du Mystery et… et… et…
Les syllabes se perdaient dans sa main qui tremblait en ramassant les feuilles.
– … et il dit qu’il m’en veut, il dit qu’il s’en veut, il dit qu’il a besoin de moi surtout, qu’il est prêt à accepter que j’aime un autre du moment que je continue à l’aimer lui. Mais… Mais il a déjà tellement sacrifié pour moi, pour notre relation. Je veux pas que ce soit comme ça entre nous. C’est Louis que je veux pas… pas Louis qui…
Mais ses mains tremblaient trop et les miettes retombaient, comme éclatait sa voix dans sa gorge.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mar 20 Avr 2021 - 10:26
Next stop : Hell
Carla & Luka
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– Ça te dérange si je fume en fait ?
Une seule phrase et nous revoilà assis en cercle autour d'un feu ou d'un pique-nique, au bord d'une falaise battue par le vent, prêts à tomber les hauts et les bas pour sauter dans la mer d'Ecosse. Les falaises et la mer me manquent. Le cercle d'amis aussi. Nous étions bien, pendant un laps de temps. Juste une bande de gamins qui prétendaient être seuls au monde, pour oublier qu'en dehors de cet espace rocailleux où l'herbe n'était là que pour être fumée, le monde partait en couilles. Réalité ou non, c'était l'impression que nous avions et rien ne pouvait la contester : nous étions les rois et reines. Je hausse les épaules comme je passais le join, avec indifférence. Je connais pas l'attrait de ces drogues, ado assagie par la peur de l'incontrôlable. Les sentiments en vracs me foutaient en l'air, pas besoin de plus. Je viens m'asseoir sur le lit, laissant mon regard vagabonder dans la pièce.
Quelque chose me gratte, juste au bord du cœur. C'est comme un chat qui griffe une porte et demande à entrer. Une légère pointe d'angoisse me saisit quand je décide qu'il est temps d'accueillir la foule de sentiment qui se bousculent. Je me concentre quelque peu pour essayer de filtrer doucement et ne pas me laisser envahir. La tristesse, la colère, la rancœur, le regret, la peur et la honte tout au fond se mélangeaient comme un maelström impossible à démêler. La voix de Carla emplit la pièce en résonnance au capharnaüm de ses sentiments et confirme ce que je savais déjà. Elle raconte comme on se vide d'un trop plein de choses, mais le récit se brise à la fin.
- C’est Louis que je veux pas… pas Louis qui…
Je me mordille le bout de la lèvre pendant que je réfléchis à toute vitesse. J'ai les neurones en feu, mais pas grand chose à dire. Le problème de ces deux-là, c'est que c'est toujours trop beau pour être vrai et trop vrai pour être beau. Je regarde ses mains trembler en assemblant le joint et pose les miennes dessus.
- Tu ne veux pas de Louis ?
Je ferme les yeux pour démarrer ce combat contre moi-même, pour abattre les murs de cette éthique à la con et infiltre le plus profond du cœur de Carla. Je cherche Louis et laisse tout le reste à côté, pour ne pas fouiner plus encore. Mais Louis est partout. Il teinte presque toutes les émotions de la jeune femme. Quand mes paupières s'ouvrent à nouveau, une larme de Carla coule sur ma joue.
- Mais... Mais tu aimes Louis.
Ce n'est pas une question, mais une affirmation si profonde et si déroutante qu'elle semble impossible.
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Dernière édition par Luka E. Grey le Mar 20 Avr 2021 - 20:49, édité 1 fois
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mar 20 Avr 2021 - 18:05
Les larmes tachaient ses mains tremblantes et le papier déchiré. Ses sentiments pour Louis étaient à la fois sa force et sa faiblesse. Elle se rappelait son reflet dans le miroir, le jour où elle avait décidé de mettre fin à sa vie. Les cernes sous ses yeux, sa peau asséchée par les douches qu’elle prenait chaque heure, comme pour effacer les traces sur son corps. Mais le geste lui, avait été sûr et décidé ; sa main ne tremblait pas lorsqu’elle avait glissé les comprimés orange, bleues, blancs pour la plupart, entre ses doigts. Ses yeux ne tremblaient pas non plus. Mais c’était la porte qui avait frissonnée et elle avait tout balancé dans la poubelle, réalisant que tant qu’elle n’en avait pas la certitude, Louis n’était pas mort, réalisant qu’il pouvait revenir. C’était ainsi qu’elle avait rencontré Sylvester et le silence. Le silence pendant des jours.
Les mains de Luka recouvrirent soudainement les siennes, la ramenant à la réalité. Des années auparavant, Louis avait disparu et ça l’avait détruite, mais désormais c’était elle qui était partie, qui avait pris son sac et traversé la moitié du Royaume Uni. Comment pouvait-elle être aussi cruelle ? Pour lui, pour elle ? Comment avait-elle pu l’abandonner ? Et pourtant, elle sentait dans ses veines le besoin de crever quelque chose, le besoin de se détacher pour se reconstruire et pour réfléchir. Réapprendre à aimer.
– Tu ne veux pas de Louis ?
Carla laissa l’air expirer doucement de ses poumons, retrouvant le contrôle de ses mains pour terminer de rouler l’herbe. Retrouvant le fil de ses pensées. Elle glissa le joint à ses lèvres et sa main dans la poche de son pantalon pour y prendre son briquet. Lorsqu’elle releva la petite flamme à la hauteur de sa bouche, ses yeux croisèrent ceux de Luka et la larme qui s’y était égarée, une larme qui venait d’elle, elle en était certaine.
– Mais… Mais tu aimes Louis.
L’étincelle dévora le papier et la fumée s’infiltra en Carla. Une fumée qu’elle avait cherché toute la journée, une fumée éparse et intangible à laquelle se raccrocher.
– Et je t’aime toi aussi. Et Ange, Hayley,…
Des adolescents accrochés à une falaise, les mains reliées les unes dans les autres avant de sauter, emportés par leurs rires et le vent.
– Je veux être avec Louis, mais pas dans cette situation. J’ai l’impression de… le brimer. Il accepte de faire une croix sur son désir d’enfant, il accepte que j’aime Ian, mais… j’ai peu qu’il regrette un jour et qu’il soit malheureux de tout ça. Malheureux de rester avec moi.
La fumée projettait ses ombres sur les murs, alimentée par la lampe qui inondait la pièce.
– J’ai parfois l’impression d’être un monstre Luka… Un monstre terrible qui cherche à l’avaler et, le jour où il se rendra compte de cette vérité, tout s’écroulera.
Comme s’ils n’avaient pas le droit au bonheur, comme si les fondations étaient trop pourrie et qu’un jour, au rat de trop, à la planche un peu trop branlante, tout ce qu’ils auraient pu construire retomberait dans un fracas qui n’épargnerait personne.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mar 20 Avr 2021 - 21:25
Next stop : Hell
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« L'âme est un navire imposant qu'il faut manœuvrer avec prudence. » - Virginie Despentes
Une étincelle qui met le feu à l'herbe et l'odeur caractéristique empli la pièce. Je fronce le nez sous les souvenirs qui en découlent. Il y a le bruit de la mer en toile de fond et nos rires éparses, nos conversations révoltées et parfois nos pleurs. Le vent dans les cheveux, toujours à se donner un air, nous pouvions laisser passer les heures et rentrer en catimini la nuit bien avancée, l'odeur du sel sur nos peaux collantes. Je me lève pour ouvrir la fenêtre et laisser rentrer l'air de cette soirée d'avril. J'ai besoin de respirer, de sentir que je ne suis plus dans ce passé qui me fait vibrer de mélancolie et m'accroche à tant de choses qui ne sont plus. Ce passé qui m'accroche à ces fantômes...
– Et je t’aime toi aussi. Et Ange, Hayley,…
Je souris. Je sais, elle sait, que ce n'est pas pareil. Je reviens m'asseoir à côté d'elle et la regarder tirer sur le joint. Elle semble ramasser ses pensées, les remettre dans l'ordre, s'anesthésier doucement. Pourtant, malgré les volutes de fumés et la drogue dans ses poumons, les débris de son cœur traînent toujours. Carla explique pourquoi. Pourquoi elle est partie comme une voleuse. Pourquoi elle est encore en miettes.
– J’ai parfois l’impression d’être un monstre Luka… Un monstre terrible qui cherche à l’avaler et, le jour où il se rendra compte de cette vérité, tout s’écroulera.
Je colle mon corps contre le sien et agrippe ses épaules. D'un petit coup, je nous fais tomber toutes les deux sur le matelas, les yeux sur le plafond, cet entreliât de poutres en bois. L'odeur de la lessive et la douceur de la couette m'ancre en contrastant avec la douleur du présent. Sans la regarder, je tente de caresser ses cheveux. Ma main butte contre son front puis trouve sa chevelure. Je respire longuement.
- T'es pas un monstre. Louis est assez grand pour décider tout seul et toi tu paniques parce qu'il va dans ton sens.
Je marque une pause et hésite à lui parler de nos échanges téléphoniques et des SMS. Je sais que Louis n'aimerait pas, mais ce n'est pas lui qui récupère les miettes de Carla et qui essuie ses larmes quand ils se disputent.
- Louis m'a parlé de cette question d'enfants. Il était un peu perdu je crois. Quand on était petit, on vivait avec tellement d'enfants que ça nous paraissait normal. Et quand on a grandit, je crois qu'il s'était naturellement imaginé père. Le "hic" dans tout ça, c'est qu'il est devenu adulte et qu'il est entré dans le tourbillon de merde qu'on appelle "le monde". Vous avez été séparés, il semble avoir développé un syndrome post-traumatique à ce qu'il a vécu et dont il ne se souvient même pas. Ou pas entièrement.
Je me redresse sur le coude pour pouvoir la regarder dans les yeux.
- Ce que je veux dire Carla, c'est qu'il m'a dit que tu voulais pas d'enfants. Jamais. Et que tu voulais pas être un frein pour lui. Mais Louis, il sait pas en fait. Et il est perdu parce qu'il a l'impression que tu crois qu'il fait une erreur. Mais lui m'a dit que non et qu'après ce qu'il avait vécu, il ne pensait même pas avoir un apprenti un jour, donc imaginer avoir un enfant...
Je lui souris doucement, comme pour apporter de l'apaisement. C'est peut-être ridicule, mais il y a dans ce sujet une dispute qui n'a pas vraiment lieu d'être. Un peu comme toutes les disputes finalement. Carla ne veut pas d'enfant. Louis ne sait pas. Il en voulait, il croit n'en vouloir plus. Carla pense que Louis en veut. Louis pense que Carla est certaine que lui en veut et qu'il lui en veut. Mais Louis en veut au monde de l'avoir dégoûté et à Carla pour croire qu'elle pourri sa vie. Carla s'en veut parce que c'est Carla... Tout ça tourne et ils ne se parlent pas car ils ont peur l'un l'autre de se détruire.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mer 21 Avr 2021 - 0:12
Luka attrapa Carla jusqu’à les faire valser telles deux danseuses échouées sur les draps d’un lit trop grand, emportées dans les rideaux de fumée. Le plafond devint l’horizon et l’étudiante eut l’impression d’avoir quinze ans à nouveau, lorsqu’elles rentraient squatter son lit et mesurer le ciel à deux. Les ragots entre les rires, toute la vie devant elles, tellement énigmatique, tellement lointaine. Et la vie qui s’était déroulée, avec son lot d’emmerdes et de problèmes. Carla se dit que si elle croisait Owhen, elle devrait lui dire, de profiter de ses 17 ans avant que ne meurt l’enfance, de profiter de vivre, de vibrer sur le haut des collines une bouteille à la main et de la fumée dans l’autre, vivre à en crever, toujours vivre trop fort.
– T’es pas un monstre. Louis est assez grand pour décider tout seul et toi tu paniques parce qu’il va dans ton sens.
Elle plaqua le cylindre contre ses lèvres, la tête figée face aux étoiles imaginaires qui s’étalaient dans sa rétine. Elle n’était pas un monstre et pourtant elle avait l’impression que son corps et son esprit étaient déformés par des bosses qui ne l’avaient que trop cabossée, jusqu’à créer des angles étranges, des os saillant et coupant capable de salir ceux qui les effleuraient.
– Louis m’a parlé de cette question d’enfants. Il était un peu perdu je crois. Quand on était petit, on vivait avec tellement d’enfants que ça nous paraissait normal. Et quand on a grandi, je crois qu’il s’était naturellement imaginé père. Le "hic" dans tout ça, c’est qu’il est devenu adulte et qu’il est entré dans le tourbillon de merdre qu’on appelle "le monde". Vous avez été séparés, il semble avoir développé un syndrome post-traumatique à ce qu’il a vécu et dont il ne se souvient même pas. Ou pas entièrement.
Fumée, fumée, fumée. Luka se redressa sur un coude et apparut à travers les odeurs.
– Ce que je veux dire Carla, c’est qu’il m’a dit que tu voulais pas d’enfants. Jamais. Et que tu voulais pas être un frein pour lui. Mais Louis, il sait pas en fait. Et il est perdu parce qu’il a l’impression que tu crois qu’il fait une erreur. Mais lui m’a dit que non et qu’après ce qu’il avait vécu, il ne pensait même pas avoir un apprenti un jour, donc imaginer avoir un enfant…
Inconsciemment, elle sourit. Louis était lui-même un enfant dans sa tête. Alors qu’elle se sentait parfois en décalage avec la vie de ses amis, qui avaient évolué, trouvé un travail, eu des enfants, s’étaient mariés, il la rassurait. Il était cette main qui le tirait vers lui, cet entre-deux entre l’enfance et l’âge adulte, une adolescence qui refusait de se terminer, une brise marine qui les enveloppait. La vie leur avait volé quatre années de vie et, alors que les autres en étaient ressortis grandi, Louis et elle avaient comme rapetissé, emportés par un programme trop rapide de la vie. Emportés par des épreuves trop douloureuses. Elle tourna la tête vers son amie, regardant ces yeux qui n’avaient pas changés, qui ne changeraient jamais, un rocher pour remonter le long de la falaise. Un rocher pour toujours.
– Elle s’appelait Erika. Celle qu’il a aimée.
Peut-être qu’elle n’avait pas le droit de raconter cette histoire, une histoire qui lui appartenait à lui. Mais Luka était leur amie à tous les deux et il était trop compliqué de se taire.
– Ce qu’il t’a dit sur les enfants, sur moi… j’aurais aimé qu’il m’en parle également. Comme j’aurais aimé lui parler de mon viol autrement qu’on lui balançant des reproches à la figure. Lui dire ce que j’avais ressenti, ce que je ressens toujours et que j’ai besoin de pouvoir en parler avec lui. Que j’ai besoin de pouvoir parler de tellement de choses avec lui.
Elle s’arrêta un instant, sa main figée dans un ballet qui lui était propre, comme un oiseau projeté en pleine réflexion.
– Mais on n’y arrive pas. On est comme des gamins de 15 ans, comme quand on était incapables de s’avouer nos sentiments. On arrive pas à parler ensemble.
Ça finissait toujours par dériver, par glisser sur les non-dits et la culpabilité qui neigeait dans leur estomac.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mer 21 Avr 2021 - 10:31
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Elle s'appelait Erika ? Ma tête retombe sur le matelas dans un bruit étouffé par l'épaisseur de la couette. La fumée me pique les yeux et je me figure que je ne connaîtrai jamais toute l'histoire. Emprunte d'un calme étonnant, je sens les émotions de Carla se figer dans un cocon d'herbe et de lasse tristesse. J'essaye de discerner les rainures du bois sur le plafond pour fixer mon attention sur quelque chose et ne pas partir dans tous les sens. Louis aurait aimé quelqu'un d'autre ? Il y a là quelque chose d'absurde. Je connais le cœur de Louis comme je connais celui de Carla : bien trop. Et si Louis a aimé quelqu'un d'autre, il ne l'a pas aimé comme il aime Carla. C'est tout juste s'il peut aimer comme Carla aime Ian.
- Oh shit...
Oui, merde. Merde pour toi Carla. C'est ce genre de fantôme dans les placards qu'on n'espère jamais déterrer. Des fantômes qui habitent les penderies de ceux qui ont disparu pendant quatre ans et qui ont refais surface dans le silence. De mes mains, je joue avec la fumée, essayant de tisser des images, distrayant cette tristesse sans fond qui m'aspire. Mes doigts dansent dans l'air sur une chorégraphie inconnue, ne suivant aucune musique.
– Ce qu’il t’a dit sur les enfants, sur moi… j’aurais aimé qu’il m’en parle également. Comme j’aurais aimé lui parler de mon viol autrement qu’on lui balançant des reproches à la figure. Lui dire ce que j’avais ressenti, ce que je ressens toujours et que j’ai besoin de pouvoir en parler avec lui. Que j’ai besoin de pouvoir parler de tellement de choses avec lui.
Une bouffée de peur m'étreint la gorge. Son viol. Son violeur. Dorian. Je ferme les yeux et son image s'imprime sur mes paupières. Je le vois sourire avec dédain et mépris. J'avais appris à aimer ce sourire et maintenant il me révulse de nouveau. Je chasse maladroitement ces idées noires et ce sentiment d'impuissance pour revenir à Carla. C'est elle qui va mal et moi je ne fais que ramener mes sentiments en vracs et mon passé branlant.
– Mais on n’y arrive pas. On est comme des gamins de 15 ans, comme quand on était incapables de s’avouer nos sentiments. On arrive pas à parler ensemble.
Je considère ce qu'elle me dit et un sourire las étire mon visage. Je rigole doucement, de ce rire légèrement moqueur et de cette moquerie amicale.
- Merci Captain Obvious !
Et à ce moment, je tousse d'avoir trop respirer les volutes de fumée et l'odeur du joint. Je me redresse pour reprendre mon souffle. J'ai les larmes aux yeux de suffoquer. Je respire à grande gorgée d'air pour retrouver le peu de contenance que je peux avoir.
- Tu sais que c'est un gamin ? Il a peur de tout casser. Il faut que vous appreniez à vous parler. Peut-être que ça lui fera du bien d'être un peu seul. En tous cas, en attendant, tu peux toujours vider ton sac ici. Moi aussi, je suis une gamine et je suis contente que tu sois là.
Je me lève et lui tend la main.
- Est-ce que je peux foutre à la poubelle l'adulte responsable que je suis sensée être et te proposer de manger des crêpes ? On pourra boire après si tu veux, quand Maël sera couché et, je croise les doigts, Owhen sera rentré de son date pas si secret que ça. Faut pas déconner non plus, je dois garder une certaine image.
Je lui fais un clin d'œil. Non pas que je ne veuille plus parler ou étaler nos sentiments. Non pas que je ne veuille plus débattre et consoler, médire ou réfléchir. J'ai besoin d'une pause. Juste une pause pour faire taire l'image encore douloureuse de son sourire ironique.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mer 21 Avr 2021 - 11:29
Le fantôme d’Erika avait dansé toute la journée dans la lumière diffuse du printemps. Accroché à Carla comme si ses doigts cadavériques serraient sa gorge, un souvenir qui ne lui appartenait pas et qui pourtant s’était ancré là, l’enserrant de sa morosité. Une ombre dont elle ne connaissait pas le visage, comme une idée échouée.
– Oh shit.
Erika la douloureuse.
– Elle est morte. Et je ne peux pas être jalouse d’un fantôme alors que moi-même j’éprouve des sentiments pour Ian.
Elle mentait. Bien sûr qu’elle était jalouse de cette femme, de ce fantôme qui devait s’accrocher à Louis comme à ses propres remords. Il avait tout oublié, ou presque, de ces mois passés dans le grand nord, tout sauf ces sentiments pour elle, sauf les chairs figées par le froid et qui se rencontraient pour se réchauffer. Il y aurait désormais sur lui l’odeur de cette autre femme et, lorsqu’elle caresserait son corps – s’ils arrivaient encore à se retrouver après tout ça –, elle se demanderait si Erika faisait mieux qu’elle, si ses mains frôlaient le corps de son amant différemment, si les soupirs de Louis étaient plus authentiques avec elle. Des questions accrochées à une morte, une morte qu’il était impossible de haïr, justement parce qu’elle n’était plus là, que c’était une ombre solide pétrifiée, statue parfaite qui ne pouvait plus lui faire de mal. Tout ce qu’elle n’était pas, tout ce qui était mieux qu’elle. Alors elle en voulait à Louis, et elle en voulait à cette rivale d’être morte avant qu’elle ait pu la haïr convenablement, trouver les failles pour se rassurer. Et Carla s’en voulait à elle-même pour cette jalousie inadéquate, cette rancœur qu’elle n’avait pas le droit d’éprouver et qui pourtant s’était incrustée dans son cœur.
Un peu de cendre tomba sur son pull alors qu’elle se mit à raconter son désir de pouvoir parler à Louis, mais leur incapacité à le faire, à trouver les mots.
– Merci Captain Obvious !
Luka se redressa alors, prise d’une quinte de toux et Carla, comprenant l’appel d’air des poumons de son amie, tira sur ses abdos pour se relever et se diriger vers la fenêtre ouverte, les lumières de Londres s’étalant tout autour. Elle observa la cendre s’envoler, attrapée par le vent, lécher un instant la nuit avant de disparaître dans l’obscurité.
– Tu sais que c’est un gamin ? Il a peur de tout casser. Il faut que vous appreniez à vous parler. Peut-être que ça lui fera du bien d’être un peu seul. En tout cas, en attendant, tu peux toujours vider ton sac ici. Moi aussi, je suis une gamine et je suis contente que tu sois là.
Luka se leva à son tour et lui tendit une main que Carla attrapa comme un réflex, avalant une dernière bouffée d’herbe avant d’étouffer l’étincelle contre le rebord extérieur de la fenêtre.
– Est-ce que je peux foutre à la poubelle l’adulte responsable que je suis censée être et te proposer de manger des crêpes ? On pourra boire après si tu veux, quand Maël sera couché et, je croise les doigts, Owhen sera rentré de son date pas si secret que ça. Faut pas déconner non plus, je dois garder une certaine image.
À ces mots, Carla réalisa que l’opposition parents-enfants avait un autre point de vue ; les parents aussi étaient des êtres imparfaits qui dépassaient parfois les limites et leurs enfants ne le voyaient même pas. Ils avaient cependant une excuse que les adultes n’avaient pas : la naïveté douce qui les caractérisaient et qui leur permettait de recréer le monde.
– Toi et moi on sait bien que c’est juste une illusion.
Un sourire fragile teinta ses lèvres alors qu’elle rangeait son mégot dans sa poche.
– Dis-moi que tu as du chocolat noir qu’on pourra faire fondre sur les crêpes.
Elle suivit alors son amie dans les escaliers, prenant conscience du décor qui l’entourait, comme si le brouillard se relevait un peu autour d’elle. Vraiment, Luka était bien douée pour maintenir l’illusion du monde adulte autour d’elle, pour peu Carla elle-même aurait pu tomber dans le panier. Arrivées dans la cuisine, elle ouvrit naturellement le frigo pour en sortir les œufs et le lait puis, en regardant les étalages de nourriture devant elle se mordilla la lèvre avant d’ajouter :
– Luka est-ce que… est-ce que tu pourrais me rendre un service ? Encore un… Louis ne veut pas que je lui écrive, mais est-ce que toi tu pourrais le faire ? Lui demander si… si ça va ?
Elle posa ensuite les ingrédients trouvés dans le frigo sur le plan de travail, comme un point pour clore ce chapitre.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Ven 23 Avr 2021 - 10:40
Next stop : Hell
Carla & Luka
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Être ou ne pas être, la question qui revient. A-t-elle le droit d'être jalouse ? Y-a-t-il même seulement un droit à la jalousie ou n'est-ce pas plus simplement un état de fait : elle est jalouse. C'est un mensonge et un mensonge que je comprends. Je le serais sans doute à sa place. Je n'ai pas été très belle dans mes relations et si John n'avait pas disparu et si Dorian ne m'avait pas envoûtée et que je n'avais donc pas rejeté Logan, peut-être serais-je jalouse de chacun d'entre eux et des autres personnes qui sont entrées dans leurs vies. J'aurai aimé aimer John jusqu'au bout et entièrement. Il aura toujours une place, dans un coin du passé, comme Logan que j'ai rejeté par peur et avec une colère que je ne contrôlais pas. Dorian... Je préfère ne pas y penser pour le moment. C'est une plaie à peine recouverte d'un pansement. Je bourre d'anti-sceptique ces souvenirs infectieux, espérant qu'en les aspergeant de honte et de rage, je pourrais un jour les voir disparaître et sentir mon cœur se raccommoder.
– Toi et moi on sait bien que c’est juste une illusion. Dis-moi que tu as du chocolat noir qu’on pourra faire fondre sur les crêpes. - Tu me prends pour qui ? J'ai tout.
Nous retournons dans la cuisine avec l'idée douce de noyer les problèmes dans de la pâte à crêpe, sous une tonne de chocolat et pour ma part, du caramel au beurre salé, comme l'étincelle de l'existence. La Bretagne m'a conquise, avec sa mer agitée et ses côtes proprettes, avec sa forêt magique et ses lieux sombres. Pendant que Carla sort les œufs, le lait et le beurre du frigo, j'attrape une bouteille de bière, la farine, le sucre et le sel pour compléter la recette.
- Tu sais, l'illusion ne marche que s'ils le veulent bien. Owhen et Maël on besoin de moi, mais ils savent aussi que j'ai besoin d'eux. C'est pas joli tous les jours. Parfois, je ramasse les pots cassés de notre passé commun, parfois les bouts que je retrouve, je ne sais même pas d'où ça vient...
Je repense aux crises de Maël, à cette tétanie qui le prend et son silence assourdissant. Il ne mange plus, ne bois et ne dort presque plus et c'est à peine s'il est possible de le toucher. Il n'est plus lui-même. Et ça me fout en l'air. Tandis que je me remémore la dernière et mon sentiment d'impuissance, je prépare sans y penser la pâte à crêpe, machinalement. C'est plus un instinct qu'un savoir à proprement parler.
– Luka est-ce que… est-ce que tu pourrais me rendre un service ? Encore un… Louis ne veut pas que je lui écrive, mais est-ce que toi tu pourrais le faire ? Lui demander si… si ça va ?
Je sors de mes pensées.
- Oui bien sûr.
Mais quel idiot ! Monsieur doit encore bouder dans son coin. Je renifle avec une légère irritation. Louis est un grand boudeur : c'est sa façon de réagir. Quand il ne sait pas quoi faire ou pas quoi dire, c'est sa solution. La pâte est prête et je commence à graisser une poêle à crêpe avec du beurre. L'odeur se répend rapidement, celle du beurre, des crêpes et de la bouteille de cidre que je viens d'ouvrir. Je nous sers un verre.
- A la notre ?
Après avoir trinqué et s'être dévisagées dans les yeux avec des visages étranges et volontairement déformés, je sens le rire me prendre la gorge et j'éclate doucement en ces gloussements agréables et si étrangers en ce moment. J'avale une gorgée du liquide pétillant et m'étouffe à moitié avec.
- On n'est pas plus sérieuses maintenant qu'à dix-sept ans...
Non, certainement pas.
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Dernière édition par Luka E. Grey le Mar 15 Juin 2021 - 19:13, édité 1 fois
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mer 26 Mai 2021 - 10:22
Carla regarda Luka commencer à mélanger les ingrédients dans un gros bol. Rapidement, la farine se noya dans les œufs et le lait et il ne resta plus qu’une pâte liquide qui rappelait l’enfance.
– Tu sais, l’illusion ne marche que s’ils le veulent bien. Owhen et Maël ont besoin de moi, mais ils savent que j’ai besoin d’eux. C’est pas joli tous les jours. Parfois je ramasse les pots cassés de notre passé commun, parfois les bouts que je retrouve, je ne sais même pas d’où ça vient…
Sous l’illusion du miroir, du verre brisé comme dans toutes les familles. La vie était un grand théâtre fait d’immeubles derrière lesquels les choses n’en finissaient pas de s’écrouler. Derrière les carreaux, les ombres dansaient et se tombaient dessus, inlassablement, répétant toujours la même litanie, le même désespoir. L’envie de faire mal ancrée dans l’âme humaine. Indépendante d’eux même, parfois. Avait-elle voulu déchirer le cœur de Louis en lui balançant tous ces mots au visage ? En partant de chez eux avec son sac, l’abandonnant dans ses larmes ? Non, évidemment que non. Elle n’avait pas non plus souhaité le blesser alors qu’elle s’égarait au Canada. Et pourtant, le mal était là, ses graines se déployant dans son cœur, ses racines s’enlaçant autour de ses veines. Une végétation touffue qui déchirait le corps.
– Oui bien sûr.
Elle sourit pour remercier son amie, puis se hissa sur le comptoir, laissant l’odeur du beurre en train de fondre dans la poêle l’envahir. La douleur n’avait pas disparu, elle ne disparaîtrait pas tant qu’elle ne retrouverait pas les bras de Louis. Mais Carla avait appris à la mettre de côté, à ranger les larmes et la bile au fond de son estomac. Le bruit d’une bouteille qu’on ouvrait fini de la sortir de ses pensées et elle attrapa le verre que lui tendait Luka.
– À la notre ?
Les verres s’entrechoquèrent dans un bruit doux qui fit légèrement trembler le liquide. L’étudiante porta le sien à ses lèvres, appréciant les bulles qui éclataient dans son palais, comme des millions de souvenirs en flot de paillettes.
– On n’est pas plus sérieuses maintenant qu’à dix-sept ans…
Dans le liquide, les lèvres de Carla s’échancrèrent.
– Alors qu’on avait des tilleuls verts sur la promenade…
Si la jeune femme n’aimait de loin pas autant Rimbaud que Luka et Ange, elle les avait assez entendu répéter ce poème pour qu’il s’encre en elle, particule de souvenir. Il y avait dans les mots du poète cette odeur de tilleul qui émanait et qui lui rappelait les infusions qu’ils buvaient dans les champs, les mélangeant parfois à la vodka pour se réchauffer en remontant de la falaise. Elle se rappelait des corps qui tremblaient en dominant le vent, mais de personne qui n’avouait avoir froid, la chair de poule hérissant pourtant les bras. Si l’un d’entre eux seulement, craquait, et partait chercher son linge, alors tout s’écroulait, le moment, le vent, l’odeur de l’infusion. Il fallait garder l’instant figé comme un pacte silencieux entre tous. Jusqu’au moment où l’un d’entre eux craquait. Bien souvent c’était elle, et elle comprenait désormais pourquoi. Il n’y avait pas le même sang, pas la même magie qui coulaient dans leurs veines. Si les portes de leur monde étaient assez translucides pour qu’elle puisse danser avec eux, elles n’étaient pour autant pas poreuses. Et Carla, désespérément vide de pouvoir, finissait toujours par se réfugier dans la chaleur d’un pull alors que les autres continuaient à défier le vent.
– Je donnerais tout pour revivre nos dix-sept ans.
Elle revivrait les coups, la haine, les cris de son père, pour un instant réunis en haut de la falaise, à dominer le monde et leur adolescence, main dans la main avant le grand saut.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mar 15 Juin 2021 - 19:39
Next stop : Hell
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– Alors qu’on avait des tilleuls verts sur la promenade
Le visage d'Ange s'imprime dans la poêle, lorsque je retourne la crêpe. Ses cheveux sur les épaules qui me rentraient dans le nez quand il me portait sur son dos parce que je m'étais tordu la cheville. Son sourire à toute épreuve sauf à mes conneries et la rage qui lui a broyé le ventre quand je suis partie. Partie vers Maman. Les cheveux de Natasha Cross flottant dans le vent d'Ecosse, brûlant le paysage gris au fer rouge. Sa main dans la mienne, comme une promesse facile.
– Je donnerais tout pour revivre nos dix-sept ans.
Je regarde Carla dans les yeux et sent sa nostalgie, réelle et palpable. Elle est teintée de la violence familiale et des rires trempés d'eau salée. C'était son bonheur à elle, son escapade sur la côte. Un pas de côté qui n'est plus possible maintenant. Je contemple ce qu'elle est devenue, perdue dans le sillage d'une guerre qui ne la concerne pas vraiment. Elle était juste là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Little Angleton est un village charmant rempli de drames. Je me dis que si elle ne nous avait pas rencontrés, peut-être aurait-elle le sourire facile. Il y a dans son cœur des épines insondables. La pile de crêpe est satisfaisante et je fais fondre le chocolat dans la poêle. Pendant ce temps-là, je file appeler Maël qui refuse de sortir de sa chambre et me résigne à le laisser. Je le sens s'éloigner et mon cœur hurle. Quand je reviens, j'ai l'impression qu'un fantôme est passé, de l'avoir laissée seule ou de m'être pris la violence qui habite Maël.
- On mange ?
Perdue dans mes pensées, coupant volontairement mon don, je sors des assiettes et les pose sur le bar. Nous ne sommes que deux et plus on est proche du bar, mieux c'est. Je souris en préparant ma crêpe. J'ai besoin de sourire, pour lui dire que tout va bien, que ça va aller. Je sais que c'est une promesse de merde que je ne peux pas tenir. Je ne veux pas flancher et la laisser dans son marasme. La vérité est cependant bien trop cruelle et trop dure pour que je puisse être une aide en quoi que ce soit. Je peux lui donner un toit, lui ouvrir ma maison, je ne peux la forcer à y rentrer et se sentir bien.
- Parfois, c'est plus dix ans que j'aimerais avoir.
Je repense à nos dix ans et notre innocence déjà bien amochée. Pour autant, on était encore naïfs, prêt à croire que oui, c'était vrai, tout irait pour le mieux.
- Tu veux que je lui dise quoi, à Louis ?
Je croque dans ma crêpe au caramel beurre salé et chocolat en laissant impuissante la garniture dégouliner sur mes doigts et mon menton.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Jeu 24 Juin 2021 - 16:01
C'était peut-être ça, le fond du problème. Elle vivait dans une nostalgie vaincue. Le souvenir de moments éphémères, de rires légers, d'une époque qui n'était pourtant pas si douce. À l'adolescence, Carla rêvait de devenir adulte, de fuir son père, de conquérir le cœur de l'être aimé – et l'être aimé c'était Louis, c'était toujours lui qu'elle voyait quand elle s'imaginait le futur. Partir du village où elle avait grandi, commencer des études avec la bande, sortir dans des bars, vivre cette vie qui n'était vécue que dans les films lorsque les héros débarquaient à l'université. Pourtant, lorsque cette vie-là avait commencé, ils avaient tous déserté la surface de la Terre – elle le savait désormais, c'était à cause du monde magique –, ils s'étaient éclipsés pour la laisser seule dans le film qui virait à l'horreur. Elle avait vécu les expériences des jeunes adultes, mais trop fort, trop vite ; la drogue, le sexe, l'alcool et les fêtes. Trop souvent, pour que ça tape fort dans sa tête et qu'elle puisse oublier tout le reste. Ça ne l'avait pas rendue heureuse. Ça ne l'avait pas rendue meilleure. Ça l'avait juste fait sombrer.
Puis il y avait eu une bouffée d'air frais ; le retour à Little Angleton avec, certes, les coups de son père, mais également pouvoir retrouver Ian, puis Louis. Et cet instant où ils s'étaient mis ensemble, ces quelques mois où le bonheur leur avait tout offert, ils vivaient d'amour et d'eau fraîche, de baisers et de brise du matin. Jusqu'à l'incident à l'orphelinat, le village à feu et à sang, la douleur entre ses cuisses et Louis disparu. Le lieu qu'elle avait souhaité quitter toute son adolescence et dans lequel elle avait finalement trouvé le bonheur était devenu un refuge terrifiant. L'attente que l'amour, un jour revienne. Puis le Canada, les erreurs la culpabilité qui avait germé dans son ventre en une forêt immense. Elle l'avait suivie jusqu'à Edimbourg, jusqu'à ce qu'elle mette le feu au poudre, jusqu'au matin même. Démolie la jolie vie. Démolie la Carla.
– On mange ?
Plongée trop profondément dans son passé, Carla n'avait même pas remarqué le départ de son amie. Elle s'assit devant une assiette et attrapa une crêpe, un peu de chocolat et roula le tout comme elle avait l'habitude de le faire enfant, quand elle rentrait de l'école et que sa maman lui faisait des crêpes à la confiture. C'était une autre époque, où Lily était heureuse, un peu avant la naissance de Jeremy. Parfois, Carla se demandait si c'était son petit frère qui avait cassé quelque chose dans la famille. Mais elle se sentait si mal de cette idée, qu'elle l'enfermait avec tout le reste, préférant imaginer que c'était sa faute, encore, ses mauvais comportements qui attiraient les bleus sur son corps. Ou le problème de l'œuf et de la poule ; qui entre elle et son père était le déclencheur ? Mais par Lily, pas Jeremy.
– Parfois, c'est plus dix ans que j'aimerais avoir.
Carla mordit dans la crêpe lentement, comme pour savourer chaque instant.
– Moi pas.
Ne pas revivre les cris des parents, les nuits sous les draps, sans même alors la liberté de s'échapper au lycée, dans les champs, boire des bouteilles translucides en équilibre sur une pierre.
– Tu veux que je lui dise quoi, à Louis ?
Qu'elle l'aimait. Qu'elle l'aimait plus fort que tout et que le manque de lui, lui trouait le bide avec une telle force qu'elle se sentait vidée. Pourtant, elle n'avait pas la force de revenir en arrière.
– Que je suis chez toi. Et que ça va.
C'était un mensonge, ça n'allait pas du tout. Mais à trop remuer les couteaux dans les plaies, on ne faisait qu'en créer des nouvelles. La jeune femme observa son amie dévorer sa crêpe bien plus rapidement, la graniture coulant sur son menton comme si elle avait vraiment dix ans, dix-sept ans, dix-mille ans. Luka ne changeait pas, dans ces moments-là.
– Tu vas finir par te transformer en crêpe !
Ça la fit rire. Ça lui raclait un peu la gorge, mais c'était des éclats sincères.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mar 13 Juil 2021 - 19:08
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Le goût du chocolat avec celui du caramel au beurre salé explose dans ma bouche. Il n'y a presque rien de plus agréable que cette sensation entre gras, sucre et sel et l'enfant avide de crêpes qui me sert d'estomac.
– Que je suis chez toi. Et que ça va.
Je hoche la tête sans trop répondre. Je sais que ce n'est pas tout ce qu'elle voudrait lui dire, mais c'est tout ce qu'elle peut lui dire maintenant. Pas besoin d'empathie pour le confirmer, son regard perdu dans les tréfonds de son cœur suffit. Elle est ailleurs à penser à Louis. Je me dis parfois qu'il n'a pas de chance, Louis. Ce n'est pas que Carla est une personne méchante. Cependant, il peut être difficile de l'aimer, douloureux même. Elle a souffert et s'est construit une carapace qu'elle ne voit pas toujours. Derrière la fille fêtarde et les joins, derrière l'air rebelle et les larmes, y'a juste celle qui veut qu'on l'aime et aimer. Aimer sans faire souffrir. J'ai pas de solution à ça. Je sais pas faire non plus.
– Tu vas finir par te transformer en crêpe !
Et le rire de Carla résonne dans la pièce. Je m'arrête de manger, stupéfaite : je ne l'ai pas entendu vraiment rire depuis longtemps. C'est quelque chose que j'ai oublié, quelque part, ne me rendant plus compte du bonheur que ça soulève en moi. Un vrai rire qui emporte le mien. J'attrape joyeusement une deuxième crêpe. Même combat. Chocolat et caramel beurre salé.
- Je crois que je pourrais manger mon poids en crêpe !
Mes épaules se relâchent, doucement, dans l'atmosphère qui s'apaise. Je n'ai que le rire pour m'accrocher à cette nouvelle tranquillité, je refuse d'avoir le reste, les bonheurs en demi-teintes et les sourires faussés, les dessous du cœur.
- Ca faisait longtemps qu'on avait pas simplement mangé des crêpes. Pourquoi on fait plus ça ? Je t'interdis de répondre parce qu'on est adultes.
La deuxième crêpes fini rapidement dans mon ventre et si tôt fait que j'entame une troisième. L'entraînement de ce matin a piqué et avec mes dossiers à finir pour Ewan, je n'ai qu'à peine eu le temps d'avaler une banane.
- C'est con, mais j'veux qu'on fasse ça plus souvent. Toi et moi. Et Louis. Et Ian. Et Ange. Et Hayley. Et les autres. Nous.
Je me dis qu'au final, même si l'on se parle beaucoup, Ange et moi non plus n'avons plus trop le temps de nous voir, déchiré entre nos boulots et nos emmerdes. A croire que l'enfant nous a servit à construire des liens pour ne tirer dessus qu'en cas d'urgence. On n'est pas que des urgences.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mer 14 Juil 2021 - 17:49
Le rire de Luka rejoignit celui de Carla et ça résonna un peu plus fort dans sa gorge. Depuis combien de temps les deux amies n'avaient-elles pas ri ainsi ? La jeune femme se rappelait très bien une scène, alors qu'elles étaient encore adolescentes et que Dave Johnson avait organisé une gigantesque fête dans sa gigantesque barraque pour son anniversaire. Dave était le genre de mec très populaire, avec des parents très riches – bien que leur métier n'avait jamais été très clair – et qui pourtant était – à l'étonnement d'absolument personne - l'archétype du parfait connard. Un cliché des teenage movie. Comment et pourquoi Luka et Carla avaient atterri à cette fête, la raison était un peu flou. Peut-être bien que c'était le crush du moment de la blonde qui l'avait invitée et qu'elle, ne voulant pas débarquer toute seule dans cette fête de terminals – Dave avait deux ans de plus et elle n'était alors qu'en seconde – avait embarqué son amie dans l'histoire. Le roi du jour avait été parfaitement con, s'arrogeant tous les droits dans son royaume miniature. Ça avait tellement agacé Carla qu'elle avait fini par pisser dans un verre qu'elle avait mélangé avec un peu de vodka et du Red bull afin d'englober le tout. Elle lui avait tendu le mélange avec un grand sourire, lui demandant s'il connaissait le Peet-bull, ce nouveau cocktail hyper célèbre aux États-Unis. Evidemment le garçon, voulant faire le malin, avait prétendu adorer la mixture et la grimace qu'il avait dû contenir devant ses potes en goûtant le breuvage avait provoqué un déluge de rire pour les deux amies – Luka ayant évidemment assisté Carla à la préparation. Dave n'avait évidemment jamais su que ce jour-là il avait bu de la pisse, et il était vrai que ce n'était certainement pas l'histoire la plus classe de leur adolescence – aucune d'elles n'avait d'ailleurs assumé de raconter ça au reste de la bande –, mais les rires qu'elles avaient partagé les jours qui avaient suivi valaient clairement tout cela. Une amitié qui s'était soudée par les larmes, mais aussi par les rires.
Luka attrapa une deuxième crêpe qu'elle badigeonna du même mélange que la première.
– Je crois que je pourrais manger mon poids en crêpe !
Carla n'osa pas remettre en doute les paroles de son amie ; elle était capable d'en faire un jeu.
– Ça faisait longtemps qu'on avait pas simplement mangé des crêpes. Pourquoi on fait plus ça ? Je t'interdis de répondre parce qu'on est des adultes.
Elle sourit, même si la raison évoquée lui paraissait correcte. Il fallait dire aussi que, malgré les qualités de cuisinière de Luka, aucune crêpe ne pouvait être aussi bonne que celles que ses amis volaient dans la cuisine de l'orphelinat et qu'ils agrémentaient ensuite des fraises dérobées dans le jardin de la Mère Annette. Ces goûters-là avec le goût doux de leur adolescence rebelle.
– C'est con, mais je veux qu'on fasse ça plus souvent. Toi et moi. Et Louis. Et Ange. Et Hayley. Et les autres. Nous.
Carla soupira, elle aussi ça lui manquait. De les voir tous, les soirées passées à déconner et à rire. Bien sûr elle avait eu un bout de la bande avec Louis dans son quotidien – bon même si actuellement le quotidien était un peu compliqué –, mais ce n'était pas la même chose de vivre avec son amoureux que de partager des moments tous ensemble entre amis. Il faudrait vraiment qu'elle écrive à Ange pour le voir. Et Hayley, que devenait-elle. Aux dernières nouvelles, elle s'était mariée. La folle. Mais ça lui correspondait assez et la jeune femme espérait qu'elle était heureuse.
– C'est quoi les nouvelles d'Ange d'ailleurs ? Il a une meuf ? Un mec ? Il a enfin réussi à pécho son colocataire beaucoup trop mignon ?
Carla n'avait aperçu Chuck-Oliver qu'une fois, mais il était difficile d'oublier le pétillant américain et les fossettes qui dévoraient son visage. Et Ange, toujours assez secret sur ses amours ne lui avaient rien raconté depuis un moment. Un sourire malicieux s'afficha sur le visage de la jeune femme, elle connaissait un moyen de lui tirer les vers du nez.
– On organise une soirée action ou vérité ? S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît !
Comme au bon vieux temps, dans les ruines, quand ils se retrouvaient le temps d'une soirée à devoir courir tout nu ou imiter une poule. Grands enfants.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mar 20 Juil 2021 - 7:27
Next stop : Hell
Carla & Luka
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Je bois une gorgée de cidre pour faire passer le chocolat et le caramel. Mon estomac ne crie plus et ma tête non plus. A regarder Carla manger sa crêpe, à sentir l'odeur du beurre et du sucre dans la pièce, c'est comme de vivre une soirée tout à fait normale.
– C'est quoi les nouvelles d'Ange d'ailleurs ? Il a une meuf ? Un mec ? Il a enfin réussi à pécho son colocataire beaucoup trop mignon ?
Une soirée de ragots. Oh mon dieu ! Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, stimulé par ce simple bonheur de parler de tout le monde avec Carla, de faire le tour des potes et des pas potes, de se raconter des histoires et d'imaginer le monde d'après. Je crois qu'on pourrait faire ça toute notre vie et jusqu'à notre mort. Parfois je me dis que ça fera bizarre quand on passera les quatre-vingt et que j'aurai toujours l'air d'avoir quarante ans. Je pourrai pas être l'autre grand-mère avec qui elle prend le chocolat chaud et les chouquettes, en cachette des médecins qui hurlent au diabète. On sera pas là à comparer nos rides et à les rattacher à nos folles aventures de jeunesse. On pourra pas être deux à avoir peur de la mort ensemble ou à simplement attendre qu'elle vienne parce que le temps est venu. Bien sûr que j'y ai déjà pensé. Ca fait mal. J'voulais vieillir avec ma meilleure amie. Pas la pleurer pendant des décennies. Alors faut profiter du temps qu'il reste. Les dizaines et dizaines d'années à venir. Foutre le bordel autant qu'on peut pour créer des souvenirs. Ne pas les enterrer, eux.
– On organise une soirée action ou vérité ? S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît !
J'ai le sourire aux lèvres et le chocolat aussi. J'essuie doucement les contours de ma bouche tout en contemplant cette femme qu'elle est et son enfant intérieur. Je crois qu'elle m'impressionne plus que je ne veux l'admettre. Action ou vérité donc ? Avant, répondre à sa question :
- Ca va ! C'est pas d'actualité pour son colloque. Par contre, il me parle encore de notre dernier test de foodie ! Bon après, la pizza chou-fleur vegan-paléo est pas bien passée et j'avoue, j'ai un peu vomi dans ses cheveux. J'crois qu'il a pas aimé parce qu'il m'a encore dit que parfois il avait l'impression de sentir l'odeur encore.
Je rigole doucement à ce souvenir. C'est le risque de tenter tous les trucs alimentaires qu'on peut. C'était pas une mauvaise pizza en vérité, c'était différent et agréable. J'étais pas bien, ce soir-là. Une histoire de gastro ramenée par Maël. Je regarde Carla avec un sourire malicieux.
- Action ou vérité ?
Je fini mon verre et en reprend un autre. Y'a rien d'autre que je peux descendre comme du cidre ou du cider anglais. La bière, ça passe. Les alcools fort aussi. Mon cœur ira toujours au cidre. Facile d'être pompette avec ça ! Suffit de s'enquiller plusieurs bouteilles et de passer une bonne soirée. La gueule de bois sera pas pour demain. J'ai pas besoin de vomir à nouveau.
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Sujet: Re: Next stop : Hell Mar 20 Juil 2021 - 14:02
Y avait-il meilleure activité, surtout après la tempête émotionnelle qui avait ravagé sa vie, que de parler ragots avec sa meilleure amie ? Carla en doutait. Il y avait dans les rumeurs ce cocktail de nostalgie soupoudrée d'un poil de méchanceté si légère qu'elle était socialement acceptable. La jeune femme plaça ses mains sous son menton, délaissant sa crêpe à moitié grignotée.
– Ça va ! C'est pas d'actualité pour son coloc. Par contre il me parle encore de notre dernier test de foodie ! Bon après, la pizza chou-fleur vegan-paleo est pas bien passée et j'avoue, J'ai un peu vomi dans ses cheveux. J'crois qu'il a pas aimé parce qu'il m'a encore dit que parfois il avait l'impression de sentir l'odeur encore.
Carla grimaça. Ni la perspective de cette étrange pizza, ni le vomi dans ses cheveux ne lui donnait envie. Mais bon, ce n'était pas elle qui allait juger étant donné le nombre de fois que Luka avait dû retenir ses cheveux alors qu'elle rendait ses tripes dans les toilettes ou derrière une ruine. Mais ça servait à ça également les amis… non ?
– Dommage pour son coloc. Et pour cette histoire de pizza. Je note quand même que les ragots étaient plus croustillants quand on était au lycée !
Il fallait alors décrypter les coeurs gravés sur les portes des toilettes et deviner quel initiale correspondait à qui. Ça faisait beaucoup rire Carla, évidemment, même s'il lui était parfois arrivé de créer des fausses rumeurs – ce qui, en réalité, la faisait peut-être encore plus rire que les vraies. Jusqu'au jour où elle avait découvert – et là les lettres étaient très bien gravées, il n'y avait pas de doute possible, un K et un L enlacés dans un cœur. Tout avait été beaucoup moins drôle soudainement. Ironie du sort quand désormais c'était le bordel entre un I, un L et un C.
– Action ou vérité ?
Luka termina son verre et s'en remplit un nouveau alors que Carla tendait son propre verre pour pouvoir profiter du doux nectar également. Un grand sourire sur les lèvres ; le jeu pouvait commencer.
– Action.
Évidemment, elle choisissait toujours action et n'avait pas perdu cette habitude. Aucune envie de devoir avouer devant tout le monde qu'elle était folle amoureuse de Louis, elle préférait clairement réciter du Baudelaire avec dix marshmallow enfoncés dans la bouche ou sauter habillée dans les vagues. Et puis, il fallait bien avouer que l'adolescente avait toujours cet espoir un peu fou qu'un de ses amis ait la brillante idée de lui faire embrasser Louis. Cette technique n'avait jamais porté ses fruits, mais ça n'avait pas empêché l'intrépide de réessayer à chaque fois, se plaçant inlassablement à côté de sa target pendant les jeux, comme un message subliminal à tous les autres. Mais peut-être qu'ils n'avaient jamais rien remarqué ou qu'ils faisaient semblant pour ne pas risquer que tout se brise sur une histoire de rupture… D'ailleurs, que deviendraient la bande, si Louis et elle décidaient de rompre pour de bon ? Leur petit groupe avait déjà été bien ébranlé par toutes les années et les événements passés alors quoi ? Plus jamais de jeux autour des bouteilles ? Plus jamais les vagues en contre-bas ?
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Sujet: Re: Next stop : Hell Sam 4 Sep 2021 - 9:07
Next stop : Hell
Carla & Luka
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Je regarde les bulles pendant que Carla râle. C'est pas ma faute à moi si le ragot le plus croustillant à raconter, c'est le sien. J'aimerai lui faire un clin d'œil, mais je ne veux pas réanimer la douleur. C'est beaucoup trop tôt et peu approprié. Le cidre a une couleur doré, comme les cheveux de Carla. Des cheveux qui chatouillaient mon cou lors de soirée pizza-bière-film gnangnan.
- T'en veux un de croustillant ? Owhen sort avec Leah depuis une semaine et il ne veut pas me le dire. Il a peur que je juge parce que j'suis la daronne. Tu crois ça toi ?
Je rigole doucement. Owhen n'a de cesse de me taquiner en me traitant de vieille, mais nous n'avons jamais eu cette relation parent-enfant. La vérité de nos liens est plus complexe et insaisissable. Elle nous perd, parfois, dans nos engueulades à deux heures du matin, quand il rentre avec un coup dans le nez et que je m'énerve, puis qu'il tape du pied et niche sa tête dans le creux de mon cou, murmurant ses peines et ses angoisses comme on raconte les turpitudes de la vie à sa sœur. On fini à boire ensemble, comme deux vieux potes silencieusement déchaînés, pendant que Maël dort. Je lui tiens les cheveux et le t-shirt quand il vomi ses bêtises comme je passerai un linge frais lors de ses fièvres malades qui m'obligeaient à signer des mots d'absence. Il n'y a pas de mot pour ce que nous sommes, seulement des sentiments forts et innommables.
- Parce que Leah, c'est un garçon... J'en ai vu d'autre sérieux ! J'lui ai déjà dis que j'avais eu un crush sur une fille un jour et il croit c'est un délire d'hétéro-curieux fantasmé.
Ouais, ça me rend triste.
J'avale mon verre en songeant qu'il faudra pisser une dizaine de fois ensuite. C'est le jeu si on boit du cidre et qu'on veut pas se lever pour aller aux toilettes parce que la discussion est passionnante.
- Action... Action... Hum, je te condamne à regarder ce soir un film nul avec moi, mais je suis la seule à avoir le droit de commenter !
Elle tiendra jamais. C'est impossible. Je n'ai jamais connu Carla capable d'une telle prouesse. Il n'y a pas de film attentif, de film silencieux, de film sans paroles et de film tranquille. Il n'y a que des films avec des commentaires passionnés ou débiles, avec des rires suraigus ou des bidonnages complets. On s'est fait virer de salles plusieurs fois pour le pop corn en l'air et les cris de surprise. Le cinéma, c'est le matin, la première séance, ou on attire tous les regards furieux.
- Mais t'inquiètes, t'auras le droit de jeter du pop corn sur la télé...
Je ne suis pas un monstre !
(c) DΛNDELION
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