L'Ecosse était un pays de magie. Elle l'était depuis toujours et cela ne changerait jamais. Pas plus que cela ne devait changer...
Je ne parle pas de magie comme un sorcier pourrait l'entendre. Je pense à cette magie de l'âme qui vous enserre le coeur lorsque les yeux dévorent avec fascination la ligne mouvementée des abruptes collines de ces terres, se heurtant avec brutalité au ciel lourd de l'Ecolle, né de cette mer indomptée qui la caresse de ses vagues sans relâche. Les vastes gangues de pâturages qui la bordent en font un sol de rêve, où l'empreinte humaine s'adapte au lieu de s'imposer. Ici, la vie est faite de beauté, de vraie beauté. Car c'est une joliesse naturelle qui blesse et qui contente à la fois.

C'était un peu ce même sentiment que j'éprouvais en m'approchant de l'orphelinat. Si j'étais mort à la place de mon enfant le jour où Dahlia était morte, c'était peut-être ici qu'il aurait atterri, qui sait ?
Non, je ne suis pas précisément supplicié par mon passé comme certains hommes le sont. Mais, de temps à autre, il me revenait à la manière de l'eau salée sur la grève, nappée d'une écume douce et amère.

Je n'avais aperçu que quelques personnes au loin jusqu'à ce que je pénètre à l'intérieur de la somptueuse bâtisse. Elle n'était pas opulente mais riche à sa manière ; riche d'indolente sobriété, riche de solennité, riche de promesses aussi. Ces promesses tenues par le rire des enfants qui courraient dans les couloirs, dans les escaliers un peu grinçants, par tous ces rires qu'on surprenait au détour d'une fenêtre entrouverte. J'esquissais un sourire franc et sincère. Ce havre n'en était pas un que pour l'âme enfantine.

Je déambulais de-ci de-là, mon regard s'efforçant davantage de s'attacher à une silhouette d'adolescent que d'adulte. Pourtant, je devais bien en passer par là, car j'étais un étranger en cette demeure. Pour autant, je ne m'y sentais pas comme tel.

- Et bien, au moins ils ont l'air de prendre leur travail à coeur, c'est... bien, murmurai-je.

Soucieux de ne pas paraître trop sans-gêne, je pris le parti de m'asseoir sur un banc de bois sombre situé dans le hall d'entrée au lieu d'errer au hasard. Ici, un membre du personnel finirait bien par s'arrêter devant moi. Je retirais mon lourd manteau d'un vieux cuir usé, me découvrant dans un pullover marron, adapté au climat rigoureux de l'Ecosse. Je me renversais en arrière, les mains croisées derrière la tête, goûtant la tranquillité de l'endroit qui s'exprimait même en rompant le silence. Je me surpris à papilloter des yeux au bout d'un temps indéterminé.
Une seconde seulement avant de m'endormir.

Spoiler:

‘‘-Capitaine ! Nous sommes parvenus à franchir le cimetière des vaisseaux spatiaux.
--Excellent ! Bravo à toute l’équipage pour ce tour de force jamais accompli auparavant. Je puis vous assurer qu’un généreux bonus vous attendra à la fin de cette mission.
-Des gâteaux au chocolat !
-De la barbe à papa !
-Hmm… un peu de sérieux je vous pris ! Gardez en tête que chacune des paroles prononcées ici et maintenant seront gravées à jamais dans l’histoire de l’humanité !
-Ah oui ? et pourquoi cela ?
-Parce que nous venons de repousser les limites de l’inconnue espèce de tête de nouille ! Maintenant, cessez tous de m’interrompre où je confisquerai à tous le droit de dormir avec votre doudou.
-Non, pas la doudou ! Pitié…
* Gros yeux du capitaine en direction du dernier parleur*
-Bon, comme je le disais avant que l’on ne me coupe dans mon discours, nous venons de repousser les limites de l’inconnu ! Oui mes amis, dès aujourd’hui, nous éluciderons le mystère des abysses aux abords du cimetière.
* Applaudissement*
-Ce damné cimetière qui sera parvenu à refermer ses griffes mortelles sur bon nombre d’équipages avant nous.
* Quelques larmes sur la joue des plus sensibles*
-Mais bon, cessons de ressassez ses tristes évènements car aujourd’hui, est un jour de fête et de victoire ! Un jour grâce auquel nous nous verrons octroyer la gloire éternelle. La gloire éternelle mes amis. N’est-ce pas merveill..
-Capitaine ! Capitaine ! Mon radar indique la présence d’un ONNI !
-Qu’est ce que ?
-Objet nageant non identifié.
-Comment cela est-ce possible ?
-Regardez par vous-même. Là au dehors du hublot.
-Nom d’une gargouille. Nous nous trouvons au-dessus d’une nappe d’une substance inconnue. Aurions-nous découvert une nouvelle source pour nous permettre de polluer l’Univers ?
-Regardez là-bas ! des bulles de gaz toxique semblent s’échapper du liquide.
-Ahhh ! Là ! là ! Regardez, le ONNI nous regarde au travers le hublot.
-Voyeurisme !
-On dirait une énorme raie.
- Il ouvre grand sa gueule pour nous dévorer !
-Vite vite, envoyez-lui des projectiles pour le piquer et l’entailler.
-Trop tard. Le voilà qui ouvre grand sa gueule pour nous engloutir avec lui vers les profondeurs de l’abysse.
-Mais faites quelque chose bande de cornichons.
-Entendu capitaine ..... AAAAh ! Au secours maman !
-J’ai mouillé mon pantalon.
-Trop tard, nous voilà prisonnier des abysses jusqu’à la fin des temps. Adieu gloire éternelle !
-Et les gâteaux au chocolat…
-L’ONNI se frotte sur notre vaisseau. Il va le désintégrer s’il continu ainsi.
-Hein ? mais qu’est ce qui se passe ?
-Heu… j’ai accidentellement accroché la manivelle de la catapulte ?
-Mais mais.. tu es un héro !!!
-Heu génial… mais comment cela ?
-La catapulte a expédié la raie hors des abysses. Nous sommes sauvés !
-J’aurai le droit à ma doudou alors ?
-Tu auras le droit à une courte pointe de doudous !
-Super ! je…
-Mais d’où vient tout ce vacarme ?
-Malheur de Malheur ! C’est le cimetière des vaisseaux ! Toute l’agitation créée par la raie a provoqué un glissement de terrain. Nous serons bientôt engloutis par les cadavres de vaisseaux spatiaux !
- Ahhhh ! Au secours ! Père Noël venez à notre secours !
-Zut, je commençais tout juste à sécher…



-TIM !? C’est quoi tout ce tintamarre ? Que fais-tu à jeter ainsi toute les cadavres de vaisseaux la vaisselle dans les abysses le lavabo ? Ne sais-tu donc pas comment fait-on la vaisselle ? Et pourquoi donc la raie le linge à vaisselle et la catapulte spatule se trouvent-t-ils donc hors des abysses sur le plancher ? Ah, il y a des bulles de gaz toxiques de la mousse partout ! Oh... et puis laisse tomber la vaisselle… ce sera moins désastreux si je la fais moi-même. Ramasse simplement toute l’eau pour éviter un accident malheureux et je considérerai ta punition levée.
-Bien madame…
-Je veux que tout soit sec quand je reviendrai petit chenapan… et tâche de ne plus venir jouer au basiste sur les chaudrons.
-Entendue !


-Et maintenant Capitaine, que faisons-nous ?
-On arrête de parler et on nettoie la cuisine des gaz toxiques...’’


Plutôt content de la tournure de la situation, c’est avec une certaine joie que tu invites la vadrouille à danser la salsa sur le plancher. Sous le rythme d’une musique latine imaginaire, tu virevoltes comme un petit oiseau de gauche à droite en brandissant le manche de bois avec grâce. Dommage que personne ne soit là pour assister au spectacle. En quelques coups, l’oxyde de dihydrogène est complètement évaporé. Ne reste plus qu’à remettre le cimetière des vaisseaux bien ordonné et de recouler un nouvel abysse toute chaud pour la cuisinière. L’énorme nuage de gaz toxiques qui flotte au-dessus de l’eau te fait penser à un amoncellement de flocon de neige.
La neige…

Quelques instants plus tard, tu te retrouves à trottiner discrètement hors de la cuisine en portant dans tes bras un grand bol rempli de mousse. Le contenant est tellement grand par rapport à ta taille que tu as peine à le tenir sans en perdre le contenu. Que c’est merveilleux comme texture ces milliers de petites bulles. Hmm… à qui pourrais-tu bien délivrer ce joyeux cadeau ? Takeji ? Nanh… mauvaise idée. Il doit avoir envie de rester sec pour une fois. Tien, qui est cet homme presque endormie dans le hall ? L’orphelinat allait-elle accueillir un nouveau professeur ? Quoi qu’il en soit, il fallait bien lui souhaiter la bienvenue le pauvre, avant qu’il ne tombe dans les vapes sur les inconfortables bancs de l’entrée. À pas de souris, tu t’approche discrètement de lui en prenant bien garde de ne pas le sortir de ses songes profonds. Au moment même où le survenant semble revenir à la réalité, tu te hisses sur la pointe des pieds pour déverser sur lui ta montagne de mousse (en échappant la moitié sur toi du même coup).

‘‘Joyeux Noel monsieur ! Bienvenue à Mystery Orphanage ! ’’

Trop content de l’effet produit, tu sautilles hors de porté de l’étranger en lançant les restant de mousses dans les airs pour finalement glisser sur le plancher mouillé et te retrouver le nez aux pieds de… Takeji !

[Hrp: Tim, ou l'art d'acceuillir les gens xD]

Fini les cours! Tout du moins jusqu'à demain. Oui je suis aussi content que les élèves et alors? Tout le monde est heureux dans la journée de boulot est terminée, même si on adore le travail en question. De toute façon ça recommence demain. D'ailleurs va falloir que je prépare quelques petites choses pour le prochain cours de téléportation.
J'aime ce cours. Je dirai même plus que j'aime très beaucoup ce cours. Laissez ma liberté de penser s'exprimer comme elle le souhaite.
J'aime le cours de sabre aussi remarquez. Mais les dons sont toujours plus drôles. Après tout, doit pas y avoir beaucoup d'endroits dans le monde où on enseigne comment se transformer en ours, se rendre invisible, allumer du feu sans allumettes/briquet/bois/pierres taillées à la mode Cro-Magnon, ou encore comment se téléporter. Les cours sont plus intéressants à faire. Après tout, vous ne trouverez jamais rien pour vous dire quels mots désignent telle ou telle chose, ou comment enseigner ça ou ça.
Pas de programme scolaire à respecter non plus! Ça progresse comme ça progresse. Le but de base étant d'abord de maîtriser le pouvoir avant de penser à le perfectionner.
Ça fait 38 secondes que je marche sur la terrasse et j'ai déjà oublié où je voulais me rendre. A moins que je n'ai jamais souhaité me rendre quelque part remarquez. C'est tout à fait possible me connaissant... Et ça me donne envie de me téléporter. Donc je vais le faire dans pas longtemps. Peut être même maintenant. Ou pas.
C'est pas Tim là en face? Et il tend un espèce de bac rempli de mousse... Au dessus de la tête d'un inconnu? Même pas le temps de lancer une téléportation, la gravité a déjà fait son œuvre -elle bosse trop- et toute la mousse quitte le bac joyeusement pour rejoindre le sol. Sauf qu'entre le sol et le bac, il y a quelqu'un. Tim...

- Joyeux Noel monsieur ! Bienvenue à Mystery Orphanage !

J'avance jusqu'à eux. Et Tim s'écrase à mes pieds. Bah alors? Tu vas devoir réviser comment s'échapper après un mauvais coup toi. Mais ça va, en temps que téléporteur, ça viendra. J'oscille entre plusieurs réactions. L'adulte en moi -OUI il existe, il fait juste la sieste trop souvent- me dit qu'il est l'heure de réprimander Tim. Le reste est mine de rien amusé par cet enfant. Vous aurez deviné quelle est la partie dominante. N'empêche que, réprimande ou pas réprimande, il faut au moins s'excuser auprès de cet homme qui n'a rien demandé.
Je commence par relever Tim en lui envoyant un regard sévère qui ne dure pas, rapidement remplacé par un sourire.

- Tim... Noël c'est pas encore maintenant. Mais tu vas avoir un cadeau en avance, un ensemble de chiffons pour nettoyer tout ça. Et excuses toi auprès de ta victime.

J'amène Tim avec moi en m'approchant vers l'inconnu. J'espère sincèrement qu'il ne va pas mal prendre cette histoire. Tim aime faire des farces et tout le monde y passe. Et en général, ça prête plus à sourire qu'à s'énerver. Mais comme toujours, chacun réagit différemment.
Le pauvre homme est trempé... Mais on doit pouvoir y faire quelque chose. Je lui envoie un regard d'excuse avant de dire:

- Je suis désolé pour ça... C'est un accueil assez particulier, mais j'en prends la responsabilité. Je vais aller vous chercher quelque chose de sec. Vous attendiez quelqu'un?

Ce qui m'arrangerai bien car je ne peux pas le planter là le temps d'aller chercher ce qu'il faut. Tim tu vas te tenir tranquille pendant les trois prochains cours. Et même maintenant.

[HRP: Moi aussi je veux squatter!]

La mousse...

Journée maussade. Ou devrions-nous peut-être dire habituelle et pas vraiment intéressante. La journée de cours est terminée, je suis avancé dans mes cours de la semaine... je n'ai rien à faire. À vrai dire, j'ai plus l'intention de vouloir rentrer chez moi que de rester ici à glander. Mais la logique des hommes n'est pas toujours la meilleure, et pour cette fois-ci, c'est le cas.
Me voilà donc, déambulant dans les couloirs avec un petit paquet de paperasse dans les mains que je voudrais m'empresser d'emmener dans ma salle. Un mélange de contrôle à corriger, des cours soigneusement rangés et étiquetés, et des dossiers dans de grandes pochettes. Il suffit que quelqu'un me passe devant, que je trébuche, et tout mon travail est foutu. C'est donc avec empressement que je passe de ma salle de cours jusqu'à ma propre salle personnelle. J'observe les environs, ralentis aux tournants, ouvre des yeux bien éveillés. C'est si facile de se perdre dans l'orphelinat que... c'est ce qui arrive. Enfin.. je sais où je suis, mais quand à avoir pris le chemin le plus court, ce n'est pas vraiment le cas.
Je soupire profondément, et offre un visage de chien battu. Ça me déprime de me perdre dans ce genre d'établissement où je passe toutes mes semaines. Quelle honte...
en même temps, je n'y vis pas toute la journée... enfin bref, ce n'est pas le sujet actuel. Je passe devant plusieurs élèves, recevant leur salut avec gentillesse.
Finalement, mes pas me dirigent vers le hall. Le hall... Qu'est-ce qu'on doit normalement rencontrer dans un hall? Des bancs, une grande salle, des plantes vertes peut-être, un grand lustre et un passage d'adolescents.
Mais non.
On est pas un orphelinat étrange pour rien. Laissez-moi vous décrire la magnifique situation que se déroule sous mes yeux. Je soupire en premier lieu, parce que c'est la première chose qui permet de définir une situation comme celle-ci. Ensuite, je pose mes yeux sur les deux guignols. Tim alias mini-Take, et le grand Take. Et une victime gentiment assise sur un banc. Je connais pas la victime en question. C'en est une manière d'accueillir les nouveaux-venus, en leur balançant de la mousse et de l'eau à la figure... J'en sais rien, mais c'est pas vraiment dans les moeurs d'accueil.. Je m'approche doucement, assez rapidement cependant pour que l'on remarque ma présence. J'entends alors Take qui s'exprime doucement à Tim :

-Tim... Noël c'est pas encore maintenant. Mais tu vas avoir un cadeau en avance, un ensemble de chiffons pour nettoyer tout ça. Et excuses toi auprès de ta victime.

Typique de Takeji. Je m'approche encore une fois, évaluant la situation d'un regard surpris et interrogatoire. Take s'adresse alors la victime en question :

-Je suis désolé pour ça... C'est un accueil assez particulier, mais j'en prends la responsabilité. Je vais aller vous chercher quelque chose de sec. Vous attendiez quelqu'un?

Alors comme ça, je ne suis pas le seul à être inculte. Comme j'ai les mains prises, je me contente de saluer Takeji et Tim d'une voix amicale :

-Bonjour les enfants, vous vous amusez bien, à ce que je vois?

Parce que oui, Take fait parti « des enfants » en question. Même si, pour une fois, il n'y est pour rien. Mais comme il l'a si bien dit, il en prend la responsabilité. Alors il est coupable. T'a qu'à mieux dresser tes élèves. Tu leur donne une mauvaise influence, c'est pas bon pour leur santé. Ils risquent de rester atteint toute leur vie.
Comme mon ami a déjà tout dit, je me contente simplement de saluer l'homme d'un air gêné :

-Bonjour... Je peux faire quelque chose pour vous aider?...