Bourré ou saoul, deux mots bien dangereux.

- Mais si c'est un petit verre regarde! "

Que je regarde... Eh, tu fais quoi encore? Pourquoi tu bois la moitié du verre? Tu cherches à justifier l'envie irrésistible d'alcool, par cette petite phrase? Non, je te sortirais de là avant que ça n'aille plus loin. Mais je ne vais pas être bourré pour autant. Je réplique furieusement, et lui chipe son verre de whisky.

- Mais Reeen! Faut le dire directement si tu veux boire du Whisky toi aussi! Mais d'abord, tu vas finir ta bière, parce que ca coûte cher, et que je ne jettes pas mon argent par la fenêtre! "

L'argent, ce n'est pas ça qui me manque. Si tu veux, je peux me la payer toute seule. Alors, c'est vraiment pas le problème. Non, mais t'a englouti combien d'alcool en si peu de temps? J'espère que tu ne comptes pas conduire en sortant. Parce que là, je te jure que je te raccompagne.
Ichi se décale subitement sur sa chaise, et me prend le verre des mains, finissant ce dernier d'un seul coup. C'est pas bon de boire cul sec. Vous allez voir, bientôt il va...
... Tomber de sa chaise. J'aimerais bien pouvoir terminer mes phrases avant que les actions ne le fassent. Je me relève brutalement et m'enquiers de sa santé.

-Ça va? Tu devrais sérieusement penser à arrêter de...
" Tu sais que t'as de beaux yeux Ren? Et aussi, tu sais que j'aime bien être ici avec toi? "

Oh la doucement avec ça. Je deviens rapidement pivoine quand on me fait de tels compliments. Le problème, c'est que ça colle pas. Je devrais plutôt rougir pour une fille qui me dit ça. Pas pour un mec. Surtout lui, qui s'amuse pas mal avec les relations. Alors, le problème est de savoir: Pourquoi j'ai rougis?
Je me rassoit sur ma chaise. Nan, attendez, y'a un gros problème. Dans le genre, big de chez big. Soit je suis déjà bourré, ce qui n'est apparemment pas le cas, puisque je la place de penser. Soit... Soit... Ouais, mais nan, même pas la peine. Je dois être fatigué. Et puis, il faut dire qu'il m'a pris sur la surprise. Et je me souviens que Takeji rougissait aussi quand je lui faisais des compliments. Alors, on a un autre problème. Pourquoi, j'ai pensé à ÇA en premier lieu?

Je m'éclaircis la gorge pour ne pas trahir un semblant d'émotion. Puis, je croise mes bras, et m'enfonce dans la chaise. D'un air presque grognon, je réprime brutalement.

-Tourne ta langue neuf fois dans ta bouche et répète-moi ça. Tu es saoul. Et je n'aime pas qu'on se fiche de ma tête.

Je pense que je vais m'énerver si il s'amuse avec ces choses-là. De toute façon, je vois d'ici venir l'orage. Et quand je suis énervé, je prends tout ce qui me tombe sous la main. Là, c'est la verre de bière. Cul sec. Ça revient à deux verres. Pas encore assez pour me faire voir trouble, ni m'empêcher de conduire. Mais ça peut déjà me faire dire des conneries. On dit qu'on dit ce qu'on pense quand on est bourré. Moi, j'y crois pas. C'est idiot. Oh, et puis, la bière, c'est pas un alcool fort. Le whisky par contre... Boire d'un seul coup, sans avoir mangé... C'est dangereux pour la santé.

-Tu ne crois pas que tu devrais rentrer? Je peux te raccompagner, si tu veux.

Et mince, son phrase me revient en tête. Non, mais si je suis persuadé qu'il est saoul... Pourquoi ça me fait autant... d'effet?

Oh Ren pourquoi tu rougis? C'est bon, ce n'était qu'une phrase parmi tant d'autres, ça ne signifiait rien du tout ... ou si. Bref. Il faut que t'arrêtes de tout prendre au sérieux mec!
Mon ami s'éclaircit la gorge, et me réprimande d'un air grognon :

" Tourne ta langue neuf fois dans ta bouche et répète-moi ça. Tu es saoul. Et je n'aime pas qu'on se fiche de ma tête.
- Alors Ren-chéri, d'une, on dit sept fois et pas neuf, de deux je ne suis pas saoul, et de trois je ne me moque pas de toi. "

Et un grand sourire innocent pour conclure tout ça. Zeeeen Ren, détends-toi ça ne te fera pas de mal.
Oh et puis en y repensant, mon verre est vide, j'ai soif moi! Non non non, je ne suis pas alcoolique, ca fait juste un baille que je n'ai pas fais la fête, alors une petite soirée, ce n'est pas ca qui va me faire replonger. Et puis je ne suis plus un gamin, mes conneries d'ado' c'est fini, mortes et enterrées!

" Tu ne crois pas que tu devrais rentrer? Je peux te raccompagner, si tu veux.
- Nan attends Ren, ça fait super longtemps que je me suis pas autant amusé, alors on va pas déjà partir. Et puis je t'aime bien, tu ne vas pas finir la soirée tout seul a te faire chier chez toi! "

Sur ce, je me lève, avant que Ren n'ait le temps de dire quoi que se soit. C'est pas tout, mais il fait chaud ici, et j'ai soif! Je recommande un verre au barman qui me dit que j'ai déjà assez bu. Aller mec, fais pas le c*n, un seul, juste un seul petit verre de Whisky.
Et comme toujours, c'est moi qui gagne et qui repart m'asseoir à ma table, verre à la main. La fille est toujours assise, là, au bout de la table, son verre posé devant elle. Elle ne dit plus rien, elle a l'air de s'ennuyer à mourir et mon petit doigt me dit qu'elle ne va sans doute pas tarder à s'en aller. C'est vrai quoi, quel est l'intérêt de rester quelque part quand on s'ennuie? autant partir, moi je vous le dis!
Je commence tranquillement à siroter mon verre, cette fois, je n'ai pas l'intention de le boire cul-sec. Je n'ai pas envie de finir étalé par terre et ne plus être conscient de mes actes. Je le termine, et me penche en avant, effleurant la main de Ren, jouant avec mes doigts sur la table. Je lève les yeux pour les plonger dans le regard clair de Ren.

" Tu sais, tout à l'heure, j'étais sérieux. "

... Ou pas. Si je n'avais pas autant bu, je saurais que je ne suis pas tout à fait lucide.
Je me penche alors légèrement en avant et attrape l'avant bras de Ren pour l'approcher de moi. Je colle mes lèvres contre les siennes, en laissant ma langue s'échapper pour jouer avec la sienne, puis, rompt le baiser à peine quelques secondes après.
Ooh pauvre Ichiru, si tu savais ce que tu viens de faire ...

Situation plutôt gênante et dilemme étouffant...

Il me gêne beaucoup. C'est qu'on est... dans un bar... et qu'il est plutôt bourré. Et puisque je ne le suis pas, je me rends compte de ses bêtises... je ne fais que les subir. Il faut que je lui fasses comprendre qu'il n'est pas lui-même actuellement... Mais comment? Que dire?

- Alors Ren-chéri, d'une, on dit sept fois et pas neuf, de deux je ne suis pas saoul, et de trois je ne me moque pas de toi. "

Ichiiiii, arrête de délirer. C'est mauvais pour ta santé. C'est déjà très dangereux de boire autant, mais si en plus, tu racontes de conneries à tout bout de champ, ça n'arrange rien. Dans ton état, tu pourrais au moins comprendre ce que moi j'éprouve, partagé entre une drôle de sensation indéfinissable, et un sentiment de moquerie profonde. Pas pour lui, la moquerie, mais tout simplement pour moi. De réagir autant à un homme aussi saoul.
Vous croyez qu'il faut le faire rentrer? Oui, moi je crois que c'est la meilleure chose à faire. Mais, le problème, c'est que la personne en question ne le souhaite pas. Et ça n'arrange guère cet état.

- Nan attends Ren, ça fait super longtemps que je me suis pas autant amusé, alors on va pas déjà partir. Et puis je t'aime bien, tu ne vas pas finir la soirée tout seul a te faire chier chez toi! "

Tu es saoul! Comment tu peux parler de t'amuser?! C'est l'alcool qui te monte à la tête, ma parole! C'est plus grave que je ne le pensais! J'en suis persuadé, et je continue à hésiter. Comme une sorte de révélation qui ne devait pas être révélée. Je n'en laisse rien paraître. Du moins, j'essaye de ne rien dire ou faire qui pourrait trahir ma pensée, certes ici plutôt flanchant.
Ichi se lève, et fonce chercher un autre verre de whisky. Mais bon sang, arrêtez-le, il va terminer sur la paille, si ça continue. Et après, c'est moi qui devrait payer le litre d'alcool qu'il a ingurgité. Ça se trouve, il fait tout ça pour que je me concentre justement sur ses paroles, et non sur ses actes.
Quoique, j'aurais préféré que ça s'arrête à de simples paroles. Et puis, et puis, il y a cette fille là, qui ne bouge toujours pas, qui commence à me faire peur. Elle doit se faire de drôles d'idées sur nous deux... Ça se trouve, elle nous pense... gay? Oh my god. It isn't possible. Dear Ichi, please stop it!
Oui, arrête ça! De boire, de faire l'idiot, de... tout quoi!
Et d'ailleurs, il t'arrive quoi? Nan, t'approche pas, reste prostré sur ta chaise, moi, je t'observe de loin.

" Tu sais, tout à l'heure, j'étais sérieux. "

Et moi, je pense être encore plus sérieux que toi, actuellement en tout cas. Je en sais ce que produit l'effet de l'alcool chez toi, mais tout ce que je sais, c'est que tu fais le guignol. Et ça me suffit amplement. Et puis... Et puis... Pourquoi on me laisse jamais finir?
Ichi me saisit l'avant-bras. Mec, t'es trop proche de moi, tu sens le whisky à plein nez. J'aime pas les ivrognes. Et... C'est comme si un voile rouge obscurcit mes yeux, tellement la chaleur envahit mes joues. Ichiru...
Ichiru... Tu... as... un... problème...?
Si c'est le cas, tu peux me parler, t'es pas obligé d'être aussi... réactif. Genre... que tu m'embrasses, voir que tu me roules une pelle en public. Tu te rends compte de ce que tu fais là? Ce que tu me fais subir contre mon gré? Que tu me fais avoir des idées auxquels je n'aurais jamais songé? Que j'en arrive à me poser des questions idiotes, pour occuper mon esprit à se concentrer sur ces mêmes choses, et évacuer ainsi le rouge qui comble mes joues? On dirait une fille. Une fille qui reçoit un aveu auquel elle ne s'attendait certainement pas. Qu'elle est trop contente pour savoir faire autre chose que rougir? Moi, je vous dis, c'est ce que je ressens actuellement.

-Ichiru.

Oui, j'ai à te parler. Parce que si je ne te le dis pas maintenant, ça ne risque pas de marcher. Parce que je risque de perdre tous mes moyens. Parce que c'est si fort que je n'arriverai pas à le stopper. Parce que je profite du fait que tu sois saoul pour te le dire.

-Répète-moi cette phrase clairement, sinon, je ne te croirais pas. Donne-moi une seule bonne raison de croire que tes actes et tes paroles sont sincères, et que tu n'es pas tout simplement en train de perdre le contrôle de toi-même.

Pourquoi je cherche autant de justification? Pourquoi ça me paraît insensé alors que c'est possible? Pourquoi est-ce que je me tortures l'esprit avec ces questions? Pourquoi est-ce que j'ai tant envie... d'y croire? Mec, je te parle. Je crois que t'as un sérieux problème.
Dans le genre qu'on appelle « baiser révélateur »... si vous voyez ce que je veux dire.

" Ichiru
- Yep? "

Bah alors Ren! Fais pas cette tête d'enterrement! On fait la fête là alors fais pas comme si tu venais de perdre ta mère, ou n'importe qui d'autre d'ailleurs.

" Répète-moi cette phrase clairement, sinon, je ne te croirais pas. Donne-moi une seule bonne raison de croire que tes actes et tes paroles sont sincères, et que tu n'es pas tout simplement en train de perdre le contrôle de toi-même. "

Analyse de la phrase ....... Terminé!

" Putain Ren! Prends pas cet air d'enterrement! Et puis d'abord, de quoi tu parles? Tu as crus que ce que j'ai fais signifiait quelque chose pour moi? Et bien peut-être ... ou peut-être pas. "

Je souris comme si j'étais un gamin. Non. Petite rectification : Je suis un gamin. C'est pour cette raison que je me lève en titubant, et vais me planter dans le milieu du bar, manquant de tomber à plusieurs reprises. Je me racle la gorge et tape dans mes mains pour attirer l'attention de tout le monde, bien que je n'avais absolument pas besoin puisque tout le monde me regardait déjà. Quand on est bourrés, on devient célèbres, d'un coup, comme ça : poooouff!
Je disais donc que tous les regards se tournent vers moi, y compris Ren, et ils me fixent tous les yeux écarquillés lorsque j'annonce à tout le bar (Sachez tout de même que tout le monde s'en fout!) :

" Bonjour, bonjour tout le monde! Vous savez quoi? Ren et moi, on est gay, on est heureux, c'est comme ça, c'est la vie. Et ce soir, ce ne sera pas la première fois qu'on fait ... enfin vous voyez, quoi! "

Peut-être que je viens de dire quelque chose que je n'aurais pas du dire ... J'en sais rien je ne m'en souviens même plus de ce que j'ai dis. Ooh misère, aurais-je Alzheimer? Nan, impossible, ce truc là frappe à la quarantaine, et j'ai que vingt ans, encore vingt ans avant d'avoir atteint l'âge préféré de la maladie. Bref.
A voir la tête de Ren, je crois que j'ai dis quelque chose alors que j'aurais mieux fait de me taire. Les gens se regardent, et finissent par éclater de rire. Oouuf. Ca ne devait pas être si grave alors.
Je retournes m'asseoir, longeant les tables et titubant en accompagnant les autres clients dans leur partie de fou rire. Ici, il n'y a que Ren qui ne rit pas, mais ça m'est égal. Quoi que, quand vous avez quelqu'un en face de vous qui limite fait la gueule c'est pas terrible. Ben Rennn? Quelque chose me dit que t'es soit énervé soit vexé ... Pauvre Ren. Je sais que ce que je lui ai fais, mais il est pas content le garçon!
Ren finit par décider de me raccompagner jusqu'à l'appartement. Nous nous quittons dans sa voiture, après un léger baisé déposé sur ses lèvres je sors et traverse la route sans même regarder s'il y a des voitures. Ichi : T'es suicidaire... ou pas. N'empêche que je me suis même pas fais bouler!
Je jettes en regard derrière moi voyant Ren repartir avec sa voiture. Aller, dernière étape : Monter jusqu'à l'appart et je serais sauver. Courage mon lit m'ouvre ses bras.
Dernière étape : Affronter Ren alors que j'aurais totalement perdu la mémoire! Mais ca c'est pas pour tout de suite. Avant, je vais prendre un doliprane et dormir.