Être libre avec des rêves plein la tête [PV Myaw]

L'aube embrase le ciel
Et déchire la nuit...

L'aube. C'est un des moment de la journée que je préfère. La nuit s'évade tandis que le soleil reprend ses droits. Le ciel se teint d'orange et de rose, laissant la place au bleu en tirant parfois vers le jaune. A ce moment là les bêtes nocturnes vont se coucher et le monde se réveille. Je sortis encore avant tout le monde. Je sais, je suis une lève-tôt, même le dimanche. Dimanche, le seul jour de repos pour nous. Je me suis habillée rapidement. Un simple jean avec un débardeur orange, assez moulant, et une chemise non fermée par dessus. Il ne fait pas froid dehors. Tant mieux. Je ne suis pas particulièrement frileuse pourtant. Alors je suis sortis, sans autre protection. Direction, le lac.

Je ne sais pas pourquoi mais j'en avais envie. Et la panthère qui est en moi le demande. Il faut que je cours. Heureusement au Mystery Orphanage nous avons mis au point de quoi ne pas être tout nu quand nous reprennons forme humaine. Nous portons sous nos vêtement des bandes, noires pour moi, qui sont très élastiques et collent bien au corps. Elles ne couvrent que le bas et le haut et ne tiennent aucunement chaud, mais au moins elles évitent de rester en tenue d'Zve dehors. Cela dépend de la forme, mais les bandes s'adaptent très bien. J'enlève rapidement mes vêtements, arrivée dehors. Je sais c'était un peu stupide de les mettre. Mais je ne pouvais pas traverser Mystery a moitié nue tout de même. Je sers mes vêtement en boule et les maintient grâce à ma ceinture. J'ai trouvé cette technique il y a peu. Au moins elle me permet de garder mes vêtements.

Et je me transforme. C'est toujours aussi intense, aussi fort. Ca ne fait pas mal, ca ne fait pas du bien. C'est assez étrange je dois dire. Et je deviens panthère noire. Ma forme fusionnelle. Mes sens s'en retrouve accrus. J'entend la vie gargouiller. Le chant léger des oiseaux qui se réveille. Les quelques bruits d'activité dans l'orphelinat. Et les odeurs... Nous sommes en Mai, au printemps, les fleurs s'ouvrent. Leurs odeurs sucrées me parviennent. Elles n'attirent pas la panthère qui réclame quelque chose de plus... animal, mais moi, mêlée, je les aimes. Je prend les vêtement dans ma gueule. Et je cours. Le vent souffle à mes côtés. Mes muscles roulent avec plaisir. L'herbe me chatouille les pattes. Et j'avale le chemin qui me sépare du lac en quelques minutes. Il n'est pas très loin en même temps. Assez peu en tout cas pour que je parvienne à me téléporter sans domage. Mais je maîtrise mal cette magie. Elle n'est pas faîtes pour moi. Et puis je préfère être panthère. C'est un besoin.

J'arrive au lac. Sa surface scintille sous la lumière naissante. C'est beau. Je me dirige vers la sorte de plage, là où les orphelins posent leurs serviettes, et je me pose, toujours sous ma forme animale. L'eau se couvre de ride sous le vent léger. La lumière est magnifique. Je pourrais rester là des heures. Et je laisse la panthère partir, pour redevenir ce que je suis, une mêlée. Mêlée de part mon père, qui en était lui même un. Mon père... Il m'arrive peu de penser à lui. Je le revois me tendre les cras alors que j'avais à peine trois ans. Et c'est à peu prêt tout. Mais ma mère... Elle hante mes rêves. Mes cauchemard je devrais dire. C'est son foutu don! Elle me fait peur... Mrs Mystery m'a dit qu'elle voulait m'enlever. Et je sais que c'est vrai. Elle m'a aussi assurer que ce jour arriverait. Notre rencontre... Je... J'ai peur. Au final, j'ai beau avoir dix-sept ans, je reste une enfant devant sa maman. C'est tout.

Les minutes passent et se ressemblent toutes. Le soleil est levé maintenant. Je n'ai pas pris mon portable, ni quelconque appareil me permettant de savoir quelle heure il est. Je n'ai pas envie de renter pour déjeuner. Il doit être prêt de neuf heures. Oui ce doit être ça. Un doux vent caresse mon corps et me fait frissoner. Là, assise sur la plage, seulement vêtue des bandes, je frissone. Pourtant je n'éprouve pas le besoin de remettre mes vêtements. Le vent est un ami. J'aime son souffle frais. Et il y a des petits bruits de pas derrière moi. Je ne me retourne pas. C'est un enfant apparement, vu la légèreté de ses foulées. Voudra-t-il discuter? Sans doute...

Rêve dans la nuit, cauchemar de minuit. Deux yeux s'ouvrent dans le noir et un cri déchire le silence. Presque. Je parviens à le retenir, de justesse. Sur mon visage les larmes se mélangent aux gouttes de sueur alors que je repousse mes draps et traverse la chambre sur la pointe des pieds. Discrètement je me dirige vers la porte d'entrée qui s'ouvre dans un grincement sourd.

Dehors l'aube s'arrache à la nuit.
Les ténèbres sont repoussées.
Encore une fois.
Nous sommes dimanche.

Mes foulées légères finissent de me réveiller. Je sens le vent faire voler mes cheveux et le bas de ma chemise de nuit. Je cours dans l'herbe, toujours plus loin, toujours plus vite. Comme si je cherchais à fuir le monde macabre des ombres de la nuit. Et soudain je m'arrête, ramasse une fleur et sourit.

Une fleur.
Puis pleins d'autres.
Pour créer un bouquet.
Multicolore.

Je continue ensuite ma marche matinale. J'espère que personne ne s'inquiètera de mon absence... toute façon, ça m'est égal. Seul l'instant présent compte. Alors je continue à courir, l'herbe défilant sous la plante de mes pieds nu. Si je vais tout droit j'arriverais forcément quelque part. Et effectivement, j'aperçois au loin une surface plane reflétant les rayons du soleil. Un lac. Et devant le lac se détache une silhouette.

Ou plutôt une ombre.
Encore bien loin.
Mais bientôt très près.
Et je cours.

Enfin j'arrive près d'elle. De près, je la reconnais. Elle vit ici à l'orphelinat, chez moi. Je fronce mon nez, réfléchissant à son prénom. Il me semble que l'adolescente se nomme Luka. Ou quelque chose dans ce genre là. Alors je me rapproche et, en lui souriant toujours, vient m'asseoir à côté d'elle.

- Bonjour !

Ma voix est enjouée, pleine de charme, en accord parfait avec la beauté du paysage qui nous entoure. Saisissant une des fleurs de mon bouquet, je la lui tend, comme si c'était tout naturel d'offrir une marguerite au premier venu.

- Tiens, c'est pour toi.

Un petit sourire timide.
Caché derrière la fleur.
Pourrais-je un jour changer le monde ?
Oui... un jour.

Les couleurs se font face,
Et le noir trepasse...

Il fait jour maintenant. Il fait beau. Le soleil commence à monter dans le ciel. Et la chaleur avec. Je me sentais bien, ce petit vent frais parcourant ma peau, me faisant frissonner, sous un soleil encore timide mais bel et bien présent. La douce chaleur qui m'envellopait me réconfortait. Et je sentais sous mes pieds la rugueur des grains de sable. J'aimerais voir le monde dans un grain de sable et l'éternité dans l'heure qui vient. Mais le temps est un élément trop instable, il nous échappe totalement, et se joue perfidement de nous, tout en nous respectant profondément, ou en nous haïssant de plus belle.

Les petits pas se rapprochent doucement. J'aime leur légèreté enfantine et leur précipitation innocente. Et elle arrive vers moi. Elle, parce que c'est une fille. Elle est ses longs cheveux blonds. Elle et son air angélique collé sur son visage enfantin. Elle et ses yeux pétillant. Je la connais évidement. C'est une humaine douée vu son odeur. Oui la panthère en moi me confère cet étrange... capacité de retrouver les gens. C'est parfois assez gênant d'avoir un odorat fin. Enfin bref. Elle s'appelle Myaw. Elle est arrivée au Mystery Orphanage il y a environ un an. Bien après moi en somme. Mais dans la réalité, si l'on regarde selon notre âge, je ne suis arrivée qu'un an avant elle. J'avais trois ans, elle en avait quatre. C'était une petite fille réservée si je me souviens. Mais petit à petit, comme la plupart des enfants, elle s'est habituée, et à appris à apprécier cet endroit. C'est presque le seul de toutes façons qui nous accepte. Nous... et nos différences.

-" Bonjour!"

Je la regarde avec un petit sourire en coin des lèvres. J'aime bien cette petite fille malgré que je ne lui ai jamais parlé. En effet, en un ans nous nous sommes peu adressé la parole. Nous sommes pas des milliers au Mystery Orphanage, mais tout de même. Il y a du monde. Nous n'avons juste pas pris le temps de faire connaissance. C'est assez fréquent dans différente classe d'âge. Car si nous connaissons tous ceux qui sont à peu prêt du même âge que nous, il n'en est aps de même pour les plus petit. Oui, je connais tous les adolescents. Et nous sommes tous amis. Ou presque. Disons qu'il y a certains qui s'intègrent moins que d'autre. C'est comme ça. Mais nous les aimons quand même.

-"Bonjour Miaw, belle matinée n'est-ce pas?"

Oui c'est une matinée magnifique. Un courant d'air passe et mes cheveux virevoltent sous le souffle du vent. Je regarde son bouquet de fleurs. Les fleurs, je dois l'aovuer, c'est pas vraiment mon truc. J'aime, je trouve cela très joli (surtout de la part d'un garçon mais ne rêvons pas trop), mais ce n'est pas mon truc... Je ne sais pas pourquoi.

-" Tiens, c'est pour toi."

Ce n'est pas un garçon, mais j'apprécie le geste. De plus la marguerite qu'elle a choisit est très joli, pas abîmé ni rien. Je lui souris. C'est vraiment un ange cette gamine. Et moi je regarde partout, mais je n'ai rien à lui offrir. Grâce à mon don d'empthie je sens qu'elle est assez timide. Mais il ne faut pas.

-" Merci beaucoup, elle est très jolie. Comme toi d'ailleurs."

Je la regarde, toujours un sourire aux lèvres. Oui, Myaw est une très jolie petite fille.

Le sourire qui s'accroche aux lèvre de Luka me plaît. C'est un beau sourire, sincère, honnête. J'ai connu d'autre gens qui avait l'art d'illuminer une journée d'une simple sourire. Comme un soleil. Ma maman par exemple. Je me souviens d'elle, de ses T-shirt bariolés, de ses mèches mielleuses et de son rire cristallin.

Et mon coeur se déchire.
Les souvenirs déferlent.
Comme une rafale.
Douloureuse.

Mon regard va se perdre dans l'horizon, mais je retiens mes larmes de toutes mes forces. Je ne veux pas que la pluie vienne assombrir le soleil. Maman non plus n'aurait pas voulu. Elle, tout ce qu'elle souhaitait c'est qu'on vive heureuse. Que je sois heureuse. C'est ce qu'elle m'a toujours dit. Alors je dois l'être. Pour elle, pour son souvenir.

-" Merci beaucoup, elle est très jolie. Comme toi d'ailleurs."

Je rougis un peu, flattée par le compliment, mais surtout par le fait qu'il vienne d'une "grande". Je souris. Luka aussi est jolie, même plus que ça. Elle, elle est belle. Quand j'aurais son âge, j'aimerais lui ressembler. En plus elle est gentille.

- Tu sais, moi je t'aime bien.

Une réplique typique des gamins, mais on ne peut plus réaliste et honnête. Un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres, un sourire timide alors que je me rend compte enfin de ce que je viens de dire. Puis lentement je détourne les yeux, me laissant tomber dans la contemplation de l'horizon.

Le bleu se déploie infiniment.
Brisant les dernières lueurs de l'aube.
Et le soleil brille.
Toujours plus haut.

Le jour est à présent levé et une légère brise matinale vient chatouiller mes chevilles nues. Un instant je frisonne, puis l'instant d'après le soleil m'enveloppe de sa chaleur et tout disparaît. Alors, calmement, je m'allonge dans l'herbe et ferme les yeux.

Le calme m'envahit.
Et j'imagine un autre Monde.
Une autre vie.
Et d'autres rêves...

Vouloir l'éternité,
Alors que les secondes passent...

Je veux vivre libre, avoir des rêves pleins la tête, repousser l'impossible, faire face aux dangers, parcourir de nouveaux espaces, aller toujours plus haut, toujours plus loin, me dépasser, encore, toujours... Myaw regarde l'horizon. C'est un regard profond, plein de beauté et de tristesse. Ce trop plein d'émotion me transperce. Saleté de don premier parfois. Empathie... Je la regarde, enfant dans le vent, le regard perdu vers l'avenir, une épine dans le coeur. Quel est cette épine? J'ai du mal à lire les pensées, vraiment. Beaucoup trop sans doute. J'arrive cependant à comprendre qu'elle pense à une personne qui lui est chère. Mais c'est surtout grâce à l'empathie. Il y a énormément d'émotion qu'une personne peut ressentir, et toutes ces émotions sont déclinées en plusieurs autres, et encore, à l'infini. Je reconnais ce pincement au coeur. Pour l'avoir vécu, pour l'avoir ressenti, et pour le comprendre pleinement.

-" Tu sais, moi je t'aime bien."

Son regard est retourné vers moi. Il n'a plus rien de triste et pourtant. Au fond de son coeur reste l'épine. Mais cela ne fait qu'un an qu'elle est là. La blessure ne s'est peut être pas encore refermé. La mienne ne l'est toujours pas. Et elle le sait, il faut vivre avec. Tout le monde le sait ici. Et tout le monde l'applique. Son sourire redevient joyeux. Il me fait du bien. Je la regarde, toujours un sourire au bord des lèvres. C'est drôle, mais je suis vraiment heureuse d'être avec elle ce matin, alors que les oiseaux chante, que le soleil se reflètent sur le lac. D'habitude lors de ces moment j'aspire à la solitude. Pas cette fois.

-" Moi aussi je t'aime bien."

Je regarde droit devant moi. Le vent joue gentillement avec les herbes, les faisant plier. Je le regarde doucement, posant avec attention mon regard sur ces brins balloté par le souffle frais de l'air. Et je la regarde. Elle et personne d'autre. Elle, la petite Myaw. Elle, l'enfant. L'enfant comme Quãn. Quãn que je protège, Quãn que j'aime.

-" Quels sont tes premiers?"

C'est une question que beaucoup d'orphelins posent. Beaucoup. C'est pour s'appréhender, se connaître, apprendre...

Caresse du vent dans les champs, les minces brins d'herbe se plient sous sa puissance argentée, mais ne se brisent pas. Toujours se relèvent. Comme le coeur d'un homme... Parfois il se fend, se déchire un peu, mais il finit toujours par revenir à sa place, un peu plus tordu peut être. Car la vie continue. Et elle continuera toujours.

C'est fou toutes ses émotions.
Tout ce que je ressens à l'intérieur.
Je crois que je serais incapable de les expliquer par des mots.
En même temps, je n'ai que 6 ans...

-" Moi aussi je t'aime bien."

Je souris, des fossettes creusant mes joues d'enfant. Le vent lui décide de jouer avec mes cheveux, les emmêlant d'un simple souffle. Je frissonne, mais n'ai pas vraiment froid. Et je ne partirais d'ici pour rien au monde, la présence de Luka me rassurant de tout autre danger.

-" Quels sont tes premiers?"

Nouveau frisson. De peur cette fois. Tout mon petit monde est ébranlé par cette simple question. Et dans mon esprit reviennent les rêves et les cauchemars, les monstres et les chimère, les chemins tortueux et macabre de mes nuits.

Des ombres qui se pâment.
Qui se tordent.
Qui me hante.
Et qui me font si peur...

Mon corps se tend, je secoue la tête, tentant d'effacer de mon esprit les images sombres. Je ferme les yeux, fort, très fort, comme si cela pouvait remplacer mes cauchemars... leur cauchemars. Mais pire encore, c'est comme si je leur offrais l'écran de mes paupières et qu'ils pouvaient se manifester, toujours plus réel, toujours plus violent.

J'étouffe.
J'ai besoin d'air.
Je glisse mes mains autour de mon cou.
Comme si quelqu'un essayait de m'étrangler.

- Je... je préfère ne pas en parler.

Mes paupière s'ouvre à nouveau, libérant torrent de larme qui viennent s'accrocher à mes cils. Je les essuie avec le dos de ma main, tentant de me convaincre que ce n'est pas si grave, que ce n'est rien d'autre que des chimères, des mensonges. Irréel. Oui, tout ça n'est pas la réalité.

Mais même pour une enfant, c'est dur d'avaler pareil mensonge...

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« Elles n'étaient pas filles des elfes mais bien enfants des hommes. »

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Vivre un cauchemard,
Pour obtenir un rêve...

Elle ne se sent pas bien? Je la voit frissoner, trembler même. Et je sesn son désespoire. Qu'a-t-elle? Je ne comprend pas. Il y a peu d'orphelin qui n'aime pas se vanter de ses premiers. C'est même plutôt rare. Je la regarde dans les yeux. Elle ferme les siens. On a l'impression qu'elle étouffe, qu'elle n'en peut plus, qu'elle retombe dans ses cauchemards. Cauchemard... Je ne sais pas pourquoi mais je comprend ce qu'il se passe. Elle aussi... Sauf que elle, elle les provoque, moi je les subit. C'est le même genre de chose au final, quand on ne sait pas se servir de ce don dangereux. Lecteur de rêves. Lecteur de chauchemards. Pour certaine personne cela revient au même. Moi oui. Je ne lis pas dans les rêves, je suis même plutôt nul pour ça. Mais ma mère lit dans les rêves...

Ma mère qui veut me retrouver. Ma mère qui veut m'enlever. Elle infeste mes rêves et les fait devenir cauchemards. Je la vois, elle me murmure qu'elle me retrouvera. Elle sait que je suis au Mystery Oprhanage, cependant ce qu'elle ne sait pas c'est où est réellement le Mystery. En Ecosse. Mais où réellement, elle l'ignore, parce que l'endroit est censé lui être caché. Mais je n'y crois pas. Je sens qu'elle se rapproche. Elle n'est plus très loin. Non plus très loin du tout. Et quand je voit Myaw pleurer à cause de ses cauchemards, je la prend dans mes bras doucement. Ses épaules tressautent au rythme accentué de ses pleurs. Elle a essayé de les essuyer, mais je sens son coeur tout triste effondré. L'empathie... Je ressens sa peur, sa tristesse..

-" Hey tout doux, ça va aller... Il faudra apprendre à le maîtriser c'est tout..."

Maîtriser son don, pour ne plus avoir de cauchemard, maîtriser son don, pour ne plus avoir à en souffrir. Au début c'est dur, parce qu'on peut se faire mal. Quelque soit le pouvoir où le don. On peut avoir très mal. Parce qu'on est pas capable de se contrôler. On peut faire brûler la table, léviter le chat, entendre une conversation qu'on ne devrait pas, manger le chien sous forme animal, attirer quelqu'un, persuader sans le vouloir... Et plein d'autre chose.

-" Ca ira. Tu vas t'en sortir. Les porfesseurs du Mystery Orphanage sont la pour ça après tout..."

Oui ça ira. Parce que ça doit aller, et que c'est pas autrement. Il faut que ça aille parce qu'on ne sait jamais ce qui peut nous arriver. C'est comme ça...

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If I had a world of my own Everything will be nonsense Nothing will be what it is Because everything will be what it isn'tI invite you to a world Where there is no such thing as time And every creature lens themselves To change your state of mind.

La vie est un fil sur lequel on doit garder l'équilibre. Penche toi trop en avant, tu tomberas. Trop en arrière ? Pareil. Ralentit la cadence, le fil risquera de se casser. Accélère, tu t'épuiseras jusqu'à tomber.

Tomber de fatigue.
Tomber au plus profond.
Tomber tourbillonnant.
Jusqu'à notre tombe.

Et un jour, le fil craque et on ne peut plus rien faire. Ni revenir en arrière, ni continuer à avancer. Et cette fois encore on chute. Mais moi je ne veux pas. Alors je ferme les yeux pour ne pas avoir le vertige, je me rapproche à ce que je peux pour ne pas tomber. Hors Luka est là et me soutiens. Je me serre contre elle, ne voulant plus la lâcher et me laisse envahir par la douceur de sa voix, par la justesse de ses mots.

-" Hey tout doux, ça va aller... Il faudra apprendre à le maîtriser c'est tout..."

Apprendre à les maîtriser... En serais-je vraiment capable ? Oui, je dois réussir. Parce que je n'ai pas le choix. Ou j'apprends, j'avance et je survis, ou je m'égare, glisse, tombe. Au fond, la vie ne mène qu'à ça. Tomber. Mais moi je ne veux pas.

-" Ca ira. Tu vas t'en sortir. Les professeurs du Mystery Orphanage sont la pour ça après tout..."

Je l'espère, parce que moi je veux rester sur mon fil le plus longtemps possible. Je sais bien que nous ne sommes pas éternel, mais moi je veux continuer à marcher jusqu'à ce que mes jambes ne puissent plus me porter, jusqu'à ce que la fatigue soit telle que je m'endormirais pour l'éternité dans un sommeil sans rêve ni cauchemar.

Mais avant cela je dois marcher.
Et sans aide je ne peux rien.
Alors j'attrape la main de Luka.
Et la serre de toute mes forces.

Ma petite menotte est enfermée entre les doigts de l'adolescente. Comme ça, je me sens plus forte, j'ai l'impression qu'ainsi je pourrais aller plus loin, jusqu'au bout de mes rêves. Mes rêves à moi. Pas les cauchemars des autres.

- Tu m'aideras ?

Ma voix tremble à cette question, car j'ai peur qu'elle dise non, peur qu'elle refuse et comme toujours, peur de basculer. Et de tomber.

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Vouloir croire,
Et essayer de le transmettre...

Elle tremble doucement et sa petite main prend la mienne, la serrant très fort. Elle a de la poigne la gamine. J'ai presque mal. Je souris légèrerment tandis qu'un vent léger me balaye le visage, permettant à mes cheveux de se fourrer aisément dans ma bouche... Je passe tendrement ma main de libre dans ses cheveux. Et quand je regarde ses yeux encore effrayés des cauchemards d'avant, je revois le reflet des miens. Imagniez, à quatre ans, lorsqu'on a enfin compris que celui qu'on appelait papa est mort, imaginez, la mère vient dans les rêves, les hante de son chagrin, de sa haine, sa colère. C'est trop pour une enfant de cette âge là. C'était trop pour moi. Mrs Mystery devait me mettre dans une chambre prêt de la sienne pour que je me sente en sécurité, qu'elle garde un oeil sur moi. Et toute les nuits je me réveillais en hurlant à la mort. Hurlant de tout mes petits poumons, hurlant d'effroi, de chagrin, de désespoire.

Perdu dans mes souvenirs j'attends. Je me souviens des premiers cauchemards. Et ça c'est calmé un moment. Un an. Un an de tranquillité. Et ils sont revenus petit à petit, infestant mes rêves. J'avais neuf ans quand ça a commencé à devenir maladif. Je restais dans mon lit, pâle et fièvreuse. Et finalement, sûrement se rendant compte que ça me faisait trop de mal, elle a diminué la dose. Mais elle est toujours là, elle rode, elle espionne, et parfois elle me parle. Bientôt qu'elle me dit. Je n'ai pas à m'inquiéter. Elle sera là bientôt. Et elle me promet une éducation digne de ce nom. Une éducation de sorcière digne de ce nom. Et elle fera tout, absolument tout, pour le faire. Et moi ça me fait peur... Enfin passons, il ne s'agit pas de moi là, mais de Myaw.

-" Tu m'aideras ?"

Je la regarde un sourire aux lèvres. Moi? L'aider? Je fais le même genre de cauchemard qu'elle et je suis sûr de ne jamais pouvoir arriver à le contrôler. Je suis assez mal placer pour l'aider. Et pourtant dans son regarde brille un espoir. Je ne peux pas refuser, je n'en ai pas le droit.

-" J'essayerais Myaw. Je ferais de mon mieux je te le promet."

Je lui serre un peu la main. Le vent souffle, le lac ondule doucement. Il fait beau aujourd'hui...

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Ne me lâche pas.
S'il te plaît, ne me lâche pas.
Je ne veux pas grand chose.
Juste que tu ne me lâches pas.

La main de Luka passe à travers mes cheveux. Et dans ses yeux... il y a quelque chose. De la nostalgie ? Non, c'est bien trop triste. Des regrets ? C'est plus probable. Est-ce-que Luka aussi voit dans les rêves ? Est-ce-qu'elle a toujours aussi mal maintenant ? J'avance des hypothèse, mais je ne sais pas vraiment. J'espère juste que sa douleurs n'est pas trop grande, que son fardeau est supportable.

Puis elle sourit.
Je ne me pose plus de question.
Je me contente d'espérer.
Surtout ne me lâche pas.

-" J'essayerais Myaw. Je ferais de mon mieux je te le promet."

Sa main se resserre autour de la mienne, comme pour appuyer sa promesse. Ou pour ne pas tomber elle aussi ? Alors moi je lui souris, puis je l'observe, j'essaie de comprendre. A-t-elle le même pouvoir que moi ? Cela m'étonnerait, car elle m'en aurait sûrement parlé... il y a autre chose. Comme une punaise cachée sous la toile d'une chaise. Et quand on s'assied dessus, cela fait mal, nous blesse. Il faut enlever cette punaise. Luka a promis de m'aider, alors moi aussi je veux faire quelque chose pour elle.

- Tu as peur de tes cauchemars, n'est-ce pas ?

Je la regarde avec une intense curiosité qui fait briller mes yeux. La curiosité est un vilain défaut. Je m'en fiche. Je n'ai que 5 ans alors j'ai le droit d'être curieuse.

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Avoir aussi peur qu'un enfant,
Et l'admettre

Myaw me regarde doucement. Elle doit voir dans mes yeux la souffrance. Et je détourne lentement le regard. Elle n'a pas à subir ça, je dois prendre sur mois, continuer à avancer, toujours, parce que je n'ai pas le choix, que c'est comme ça et pas autrement, et qu'il faut que moi la grande je montre l'exemple. Mais j'ai tellement peur. Peur qu'elle me retrouve. Cette peur me vrille le ventre, me fait mal, tord mes entrailles, et blesse mon coeur. Une maman n'est pas là pour vous faire souffrir normalement. Et bien là c'est le cas. Ce n'est pas juste. Je souffle longuement. Je ne veux pas rouvrir les yeux. Pas maintenant. Il faut que je respire. Inspirer, expirer... Doucement. Comme si ma vie en dépendait, pour me calmer, pour relativiser.

- Tu as peur de tes cauchemars, n'est-ce pas ?

Je rouvre les yeux et la regarde. Ses yeux sont emplis de curiosité. Je me sens percée à jour. Mes cauchemards cachés mis en évidance. Et ça fait encore plus mal de le reconnaître, de ne plus se voiler la face. En même temps c'est une libération, en même temps c'est quelque chose dont j'avais cruellement besoin. Et devant cette question enfantine je ne peux que répondre honnêtement. Mais ce ne sont pas de mes cauchemard que j'ai peur, plutôt de ce qu'ils veulent dire, de ce que Maman en fait. Alors oui peut être au final c'est la même chose. Et quoi? Je suis juste une enfant devant ces rêves horribles, juste une enfant. Je n'ai au fond jamais cessé de l'être. J'ai grandis, gardant mes peurs, mon innocence, mon enfance. Parce que vivre sans parents c'est dur, alors parfois on reste enfant, espérant qu'on sera comme ils nous ont perdus, qu'on sera comme avant.

-" Oui Myaw. Ma mère possède le même don que toi, et elle viens dans mes rêves. Ma mère est une sorcière noire. Elle veut me reprendre. Elle veut que je sois comme elle."

Même Myaw sait ce que signifie sorcière noire. C'est être méchant, vouloir asservir les humains, détruire Orpheo... Et voilà, ma mère est de cela. Elle veut détruire le monde auquel j'aspire. Je souris tristement à Myaw. On ne choisit pas sa famille. Ou du moins pas entièrement. Ange fait partis de ma famille, c'est mon frère de coeur. Mrs Mystery et Nerys sont comme mes vraies maman. Jonathan, le professeur de magie, est un peu comme mon second père... Oui le Mystery Orphanage est ma famille. Nous sommes une famille. Je regarde le lac d'un oeil distrait. Le soleil se reflète sur l'eau faisant miroiter sa surface brillante. C'est beau...

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J'ai l'impression que les yeux de Luka sont le reflet des miens. Même peur, même douleur. Personne d'autre que moi n'ai mieux placé pour comprendre ses cauchemars. Elle est grande, bien plus vieille que moi, bien plus mature, mais au fond, elle reste un enfant. Pour l'éternité.

Au fond nous sommes tous des enfants.
Et dès que nous fermons les yeux.
Tout s'écroulent.
Rêves dans défense.

Je ne veux pas qu'elle ait peur. Pas elle. Elle semble si forte, si dure. Et pourtant, elle est faible. Comme tout le monde ici. Nous avons des pouvoirs, nous savons nous défendre, mais malgré ça il y a en nous cette lame dangereuse qu'est notre passé. Qui cherche toujours à revenir au premier plan. Chance ou malchance ? Je ne sais plus bien qui nous sommes. Bénédiction ou malédiction ? Quelle est la vérité sur nos pouvoirs ? En attendant on souffre.

-" Oui Myaw. Ma mère possède le même don que toi, et elle viens dans mes rêves. Ma mère est une sorcière noire. Elle veut me reprendre. Elle veut que je sois comme elle."

Une sorcière noire. Je tressaille. Elle est méchante, méchante, méchante. Et en plus elle fait du mal à Luka. Je hais cette femme. Sans la connaître, je la hais. Sans doute aussi parce qu'elle a le même don que moi. Parce qu'elle l'utilise pour faire la mal autour d'elle. Et parce que cela me fait peur.

Si elle y arrive.
Moi aussi.
Mais je ne veux pas.
Faire le mal.

Je serre ma main libre, enfonce mes ongles dans ma peau et ça me fait mal. Mais ça me fait aussi du bien. Je serre tellement fort que le sang se met à couler.
Je n'aime pas cette femme.

- Elle est méchante.

Je la hais.

- Tu crois que, si un jour j'entre dans tes rêves, je la verrais ?

Non. Je ne veux pas la voir. J'ai peur de cette femme. Elle n'hésite pas à faire souffrir sa propre fille, qui est pourtant si forte... Je me sens si petite face à elle. Et j'ai peur. J'aime Luka, mais pas quand elle dort. Pas quand elle rêve. Car je ne veux pas rencontrer sa mère.

Cauchemar.

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Regarder l'avenir,
Encore une fois.

Je souris légèrement en pensant à ma mère. Dans mes rêves elle n'était absolument pas méchante. Son ton gentil et accueillant me donnait parfois envie de la rejoindre. Mais je voyais au fond de ses yeux une sombre lueur briller. Une lueur qui me faisait peur, me faisait redevenir l'enfant apeurée que j'étais au final, me forçant à hisser mes défenses. Myaw caractérisa ma mère avec un mot qui lui allait comme un gant. Méchante. Mais le monde est méchant, alors au final cela ne veux rien dire. Ma mère aurait pu être une femme géniale, si mon père et elle s'était mieux caché. Je me souviens encore de ses tendres caresses. Et quoi? Et c'est fini tout ça. C'est fini...

-" Je ne sais pas si elle est vraiment méchante, ou si c'est le monde qui l'a rendue méchante..."

Oui ce n'était peut être pas de sa faute. Non pas forcément de sa faute. Je ne veux pas détester ma mère. Je voudrais qu'elle soit comme les autres mère. Parce que c'est le désir d'un enfant d'avoir un être cher. On m'a dit que c'était ce qui pourait me perdre. Parce que je lui ferais confiance, que j'irais vers elle au moindre changement, au moindre geste d'elle. Ce n'est pas bien et je le sais. Car il faut que je me méfie. Mais on ne sait jamais. Peut être changera-t-elle. Je veux qu'elle m'aime autant que je l'aime, sans condition, sans attentes. Parce que c'est ça l'amour d'un enfant envers sa mère et inversement. Parce que c'esst comme ça et pas autrement. Myaw me parle de mes rêves...

-" Je ne sais pas Myaw. Je ne sais pas..."

Je me relève doucement, relevant la petite fille en même temps. J'attrape mes vêtements qui traînaient toujours à côté de moi. Il va falloir qu'on y aille. Pourquoi? Je ne sais pas. Mais j'ai envie de rentrer. Je jette un dernier regard au lac toujours sintillant.

-" Une balade à dos de panthère ça te va?"

Je la regarde en souriant, j'attend sa réponse. Et quand elle viendra je filerais, pas trop vite pour qu'elle puisse rester "en selle". Très peu de métamorphe accepte que d'autre monte sur eux. Et je n'en fais pas partie. J'ai même horreur de ça. Mais aujourd'hui j'en ai envie. Alors qu'elle en profite, ce sera peut être la dernière fois.

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If I had a world of my own Everything will be nonsense Nothing will be what it is Because everything will be what it isn'tI invite you to a world Where there is no such thing as time And every creature lens themselves To change your state of mind.

Cette phrase qu'elle me dit. C'est une de "ces phrases". Vous savez, celle sur le moment que vous ne comprenez pas, qui vous semble obscure. Mais un jour, un jour où vous en avez vraiment besoin, elle surgisse du fond de votre mémoire et vous aide à bifurquer devant un choix, une idée, un avis.

Un jour.
Je me souviendrais de Luka.
Et de cette question qui me hante.
Qui est le vrai méchant ?

Cette question danse sur mes lèvres, racle ma gorge comme si elle tenait absolument à sortir de moi. Mais ce n'est plus le temps des questions. La curiosité est un vilain défaut, Luka a mal et, quelque part, je sais bien que c'est à cause de moi. Pardon, je m'excuse, s'il te plaît... quel mot serait assez puissant pour arrêter ses tourments ? Aucun. Alors je me tais. Quand au sujet des rêves.

-" Je ne sais pas Myaw. Je ne sais pas..."

Les questions des enfants.
Blessent parfois les plus grands.
Comme leurs réponses.
Peuvent nous aider.

Je suis désolée, je suis désolée. Ne m'en veux pas s'il te plaît. Je ne suis que moi, petite fille devant une vie incompréhensible que j'essaie pourtant de comprendre. Parce que je suis trop jeune pour renoncer à mes rêves et à l'illusion irrépressible de trouver une signification à l'absurde.

Un jour je grandirais.
Et je comprendrais.
Qu'on ne peut rien comprendre.
Mais en attendant...

Je ne peux pas changer ce que je suis. Alors laissons tomber les feuilles mortes, laissons éclore les nouvelles fleurs, laissons mourir la neige... pour que je puisse faire mes choix, utiliser les mots de mon enfance et grandir. Car la vie c'est ça, non ? Savoir grandir...

-" Une balade à dos de panthère ça te va?"

Je la regarde, lui souris et comprends que la conversation est finie. Cela restera ancré en nous jusqu'à ce qu'on ressente le besoin de le déterrer.

- Oui je veux bien.

Je suis une enfant, comment aurais-je pu refuser ? Et je n'ai qu'à fermer les yeux pour déjà imaginer le vent se battre avec mes cheveux.

On est pas obliger de comprendre pour rêver...

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« Elles n'étaient pas filles des elfes mais bien enfants des hommes. »

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