Big Brother is watching you ! [pv Mathias Cross]

Mathias menait la danse. Du haut de ses seize ans, elle paraissait avoir déjà un caractère bien trempé. Pas tellement dans le style Cross, et c'est sans doute cela qui mettait mal à l'aise Valentin. Cela et le fait qu'il doive jouer les nounous depuis quelques temps déjà. Non pas que ça ne l'agaçât, loin de là. Il n'avait aucun avis sur la question. Pour lui, c'était un ordre comme un autre, juste bien moins périlleux que ses missions habituelles. Bien moins périlleux ? Ca restait à voir ! Car Mathias semblait pleine de surprises, et pas seulement des bonnes !

Valentin n'avait jamais eu véritablement affaire à elle. Il l'avait déjà croisée, bien sûr, mais il ne s'était jamais véritablement attardé sur elle, et elle n'était pas non plus venue à lui, ce qui n'était pas étonnant. Chez les Cross, on avait peu de considération pour les Esclaves. Enfin, de cette sorte de considération que nourrissent les êtres humains les uns avec les autres. De la considération pour la force des Hassansins, pour leur utilité et la qualité de l'accomplissement de leurs missions, ça ils en avaient, ils ne le niaient pas. Mais ça s'arrêtait là. Aussi, il n'était pas étonnant que Mathias, qui devait le mépriser autant que les autres, ne soient pas venue à sa rencontre. Mais aujourd'hui, le hasard avait fait que leurs chemins se croisaient enfin pour de bon.

Pour le moment Valentin était au stade de la découverte. Il découvrait les gestes de la jeune fille, sa façon de vivre, de se déplacer, de progresser dans le monde. Il avait toujours eu une attirance particulière pour le détail. Alors il s'imprégnait des détails qui émanaient de Mathias, et il les analysait. Il savait qu'ils lui révéleraient déjà beaucoup de la personnalité de l'adolescente.

Et les détails, pour le moment, lui indiquaient qu'il n'était pas en présence d'une Cross commune. Loin de là. Tout en elle respirait la contradiction, la rébellion, l'antithèse. Elle semblait s'afficher contre la famille à laquelle elle appartenait. Et c'est sans doute cela que Valentin avait du mal à comprendre. Quand on avait la chance d'avoir une famille, comment pouvait-on à ce point tenter de s'en détacher au lieu de s'identifier à elle... C'était quelque chose qui l'échappait parce qu'il ne savait pas ce qu'était réellement une famille. Un peu en retrait, il l'observait, l'analysait discrètement tandis qu'elle le menait il ne savait où dans le manoir.

En réalité, Valentin n'avait aucune idée de la raison pour laquelle il était tenu de la surveiller. Il n'était pas du genre à poser des questions. Aucun esclave ne l'était. On leur avait appris très tôt à tenir leur langue et à obéir sans se poser de questions et sans interroger leur boss. Ils agissaient en conséquence, presque machinalement, et ça leur semblait normal. Aussi, malgré la curiosité cuisante qui grandissait en lui, il s'était contenu et gardait le tourbillon de questions qui s'agitait dans sa tête, pour lui. Ce qu'avait bien pu faire Mathias ? Il n'en avait aucune idée. Mais c'était forcément quelque chose qui était contraire aux principes des Cross. Forcément quelque chose de mal. Peut-être une trahison ? Une rébellion ? Une tentative de fugue ? Cela pouvait être tout et n'importe quoi. Mais quelque chose d'assez grave pour qu'une garde rapprochée lui soit vouée. Et une garde de qualité. Car les Hassansins n'étaient pas n'importe quels esclaves. Ils appartenaient à l'élite. Et utiliser l'élite pour une tâche si simple, si basse, c'était peu habituel. Mais Valentin ne s'en plaignait pas. Il savait que si on l'avait choisi lui, c'était en raison de sa grande expérience et de son ancienneté au sein des Hassansins. Il appartenait déjà depuis trop longtemps au groupe pour qu'il soit possible qu'il n'en vienne à se rebeller. Il était trop ancré dans son rôle, il avait obéi toute sa vie, il resterait impassible dans sa nouvelle mission et resterait dur lorsqu'il le faudrait. C'était un homme de confiance. 37 ans d'endoctrinement, une faute n'était plus possible aujourd'hui. Mais c'était aussi sans doute en raison de son don de charisme. Vu qu'il avait choisi de garder ses 17 ans, et que la demoiselle ne savait absolument pas qu'il en avait en réalité 37, elle serait sans doute plus docile et se sentirait moins traquée, suivie, surveillée. Avec un garçon de son âge, elle se sentirait immanquablement plus en confiance et Valentin avait reçu l'ordre d'en jouer beaucoup pour qu'elle ne lui échappe pas.

Aussi il la suivait, sans mot dire, tandis qu'elle le conduisait vers les cuisines. Pourquoi les cuisines ? Il n'était pas l'heure de manger ? Encore une de ses fantaisies ? Mais Valentin était censé l'accompagner, pas la diriger. Elle était libre de faire ce qu'elle souhaitait à condition qu'il soit auprès d'elle pour s'assurer qu'elle ne ferait pas de bêtises.

Alors qu'elle poussait la porte avec vigueur pour entrer, il posa la seule question qu'il avait le droit de poser.

"Est-ce que c'est parce que tu as faim que tu nous amènes ici ? Tu as le droit de traîner dans les parages alors que nous sommes en-dehors des heures de repas ?"

Cela fait deux mois, non trois ou peut-être quatre que je suis enfermée au manoir. Je me coltine Dean à longueur de journée et tous les jours... Comme si ce n'était pas suffisant, il est parti en mission me laissant un esclave qui me colle 24/24. Fait chier ! Ouais ça fait chier, mais je n'ai plus le temps de me lamenter sur mon sort, pas vrai ? Mon père est mort, je dois tout faire pour le venger... Je me dois de le faire, j'ai gâchée son éducation envers moi jusqu'à sa mort. Aujourd'hui j'ai passée toute la matinée à la salle de sport pour soulever des kilos, l'après-midi je me suis déchaîne sur un sac sans gant de protection. Je fais cela presque tous les jours depuis que Dean n'est plus là et c'est presque tous les soirs, que je passe à mon infirmerie personnelle qui est la cuisine. Ouais, je sais... Foutre mes mains en l'air tous les jours, ne va pas m'aider à venger mon père, mais au moins, j'évacue ma colère de cette façon banale. Je ne peux rien faire sans Dean, c'est lui qui est chargé de mon entraînement. Comme chaque soir mes mains sont en sang et comme chaque soir je me rends à la cuisine pour aller chercher mon petit remontant. Ah non ! Merde c'est vrai, aujourd'hui je suis suivie par « docteur je ne te lâche pas ».

« Est-ce que c'est parce que tu as faim que tu nous amènes ici ? Tu as le droit de traîner dans les parages alors que nous sommes en-dehors des heures de repas ?

- Ah une époque, on t'aurait décapité pour t'être permis de parler à ton supérieur, sans qu'il t'y ait autorisé ! »

Froid, précis et sans même lui adresser, un regard. Bref, je m'en tape, il a beau me coller depuis que je suis sortie de ma chambre, il ne m'avait pas vraiment fait chier jusqu'à ce qu'il l'ouvre à l'instant. Arrivé à l'évier, je me rince les mains avec de l'eau fraîche pour faire disparaître le sang. Mes mains sont dans un piteux état comme toujours, mais je m'y attarde pas. Je regarde dans un coin de l'oeil, s'il n'y a personne d'autre que moi et « je-ne-sais-qui » dans la cuisine et avec un petit air de fille pas nette, j'ouvre un placard. Oui un placard banal à première vue, mais j'y ai en réalité rajouté ma petite touche... Rien de bien grave, juste un double fond où derrière, je planque mon petit Whisky et mon Absinthe. J'enlève le double fond et prends deux bouteilles de Whisky. Je dépose les deux bouteilles sur la table et regarde fixement dans les yeux mon garde du corps.

« Si tu en parle à quelqu'un, je te le ferai regretter tout en existence... Tu m'as compris ?! »

J'ouvre une bouteille sans attendre sa réponse de toute façon je ne lui ai pas permis de me répondre, non ? Ouais, je sais Kara n'aurait pas aimée mon comportement, mais les esclaves me font encore plus chier que ma famille. Regarder celui-là par exemple, il me suit comme une machine depuis ce matin, non mais c'est quoi ce mec ? Lâche l'affaire... Ouais, les esclaves me font chier parce qu'on dirait qu'ils ont peur de s'éclater, faire la fête... Un jour, j'ai autorisée un esclave à m'appeler par mon prénom et non « Mademoiselle » et tout ce qu'il m'a trouvé à dire, c'est... « Non Mademoiselle, vous êtes ma supérieure », je n'avais que 7 ans, bordel. Je voulais un ami et je me suis fait rejeter par un esclave, donc depuis je ne leur prête plus aucune attention, c'est apparemment ce qu'ils veulent de nous, on dirait. Donc, j'ai ouvert une bouteille et je verse un peu d'alcool sur ma chaire entaillée de mes deux mains. Putain, ça brûle un max, mais je dois désinfecter les plaies. Une fois cela fait, ça devra être autour de mon estomac de désinfecter avec un petit verre mielleux. Je regarde à nouveau l'esclave, qui me fait pitié...

« C'est bon, t'inquiète Dean ou Dorian ne vont pas le savoir... Tu veux un verre ? »

Idiote, c'est un esclave et comme tous les pitres esclave de cette foutue baraque, il va refuser et sûrement balancer cela à l'autre chef de merde. I'm the Queen of rebels.

- Ah une époque, on t'aurait décapité pour t'être permis de parler à ton supérieur, sans qu'il t'y ait autorisé ! »

Cette violence... Significative. On dirait que ce n'est pas du sang qui coule dans ses veines. Même pas un regard. Mais pas besoin d'être devin pour savoir qu'il aurait été glacial si elle avait daigné lui faire face. Finalement, c'était peut-être mieux ainsi. Valentin était habitué à la brutalité du ton de ses supérieurs, il était habitué aux remarques acérées. Elles ne le touchaient plus, à peine si elles l'effleuraient. Aussi préféra-t-il garder le silence cette fois-ci. Mathias avait raison, il n'avait pas à laisser sa curiosité l'emporter. Après tout, elle faisait ce qu'elle voulait, il n'était écrit nulle part qu'elle n'avait pas le droit de déambuler comme elle le souhaitait dans les couloirs du manoir. Et personne ne lui avait signalé que la cuisine était interdite.

Elle continue d'avancer, sans accorder un seul regard à Valentin. Et finalement, c'est pas plus mal comme ça. Lui, il continue de la détailler avec minutie. Ce qui l'a d'abord frappé ce sont ses cheveux. Emmêlés, désordonnés, un peu fous. A l'image de la jeune fille. Mais ce n'était pas naturel. Pour qu'ils soient dans cet état, c'est qu'elle avait dû faire des efforts. Beaucoup d'efforts. Du sport ? Avait-elle couru ? Tenté de s'échapper ? Mais les réponses n'avaient pu percer l'esprit de Valentin qu'une fois que son regard s'était posé sur les mains de la jeune fille. Lorsqu'elle avait mis sa main blanche sur le montant de la porte, il avait remarqué les coupures. De longues raies d'un rouge écarlate zébraient ses phalanges. Leur couleur éclatante jurait terriblement avec la blancheur de la peau de Mathias. Et ce n'était pas le genre de blessure que l'on se fait en tombant sur des cailloux ou même en s'égratignant avec des ronces. Ces blessures semblaient... délibérées...

La curiosité monta de trois cran. Quel était le mystère de ces mains abîmées ? Etaient-elles déjà ainsi lorsque Dean lui avait confié la jeune fille ? En serait-il tenu responsable si jamais il revenait à l'improviste ? Cela se pouvait bien. Il devrait tenter de veiller à ce qu'elle ne recommence plus... Ou alors à ce que les blessures cicatrisent rapidement.

Il entra derrière elle tandis que la jeune fille se faisait méfiante. Valentin sentit la tension s'installer pendant un instant seulement. Mathias vérifia que personne ne pouvait la voir. Mauvais signe mais Valentin savait qu'il devait garder le silence. Et il en reçut la confirmation lorsqu'elle se tourna vers lui après avoir récupéré dans le fond d'un tiroir une bouteille, non deux... de Whisky ?

« Si tu en parles à quelqu'un, je te le ferai regretter tout en existence... Tu m'as comprise ?! »

Valentin ne put contenir une moue amusée. Un sourire ironique vint modeler ses lèvres restées jusqu'ici impassibles. On ne lui avait jamais demandé de faire un compte rendu, il ne voyait pas pourquoi il serait tenu d'en faire un dans ce cas. Et puis, désormais, le rapport de force était inversé. Grâce à cette peur qu'il voyait poindre légèrement dans les yeux de Mathias. Elle craignait qu'on découvre son secret. Valentin avait désormais de quoi agir contre elle. Elle se ferait beaucoup plus docile après ça.

Comme elle l'avait intimé au silence, et par pu plaisir, espérant l'exaspérer, il ne lui répondit pas. Et il s'amusait déjà intérieurement de la réaction de la jeune fille. Non pas qu'il s'attendît à ce qu'elle réagisse ouvertement devant lui. Il la savait assez forte pour se contenir. Mais au vu de la rage qui bouillonnait en elle et qu'il sentait aussi facilement que les piques de ses répliques, il parvenait très bien à lire en elle et à ressentir son changement permanent de sentiments.

Soudain, au lieu de porter l'alcool à ses lèvres comme Valentin l'imaginait, elle s'en versa un peu sur les coupures à vif. Le jeune homme eut le plus grand mal à retenir sa grimace... Il imaginait la douleur avec tellement d'intensité qu'il la ressentait presque. Et il était à la limite de la compassion pour sa supérieure. Mais il tint bon et garda le visage impassible.

Maintenant, elle se sert un verre...

« C'est bon, t'inquiète Dean ou Dorian ne vont pas le savoir... »

* Parce que tu crois que je m'inquiète ? Pauvre naïve... J'ai d'autres chats à fouetter, tu peux faire ce que tu veux, j'en ai rien à foutre tant que tu me files pas entre les doigts. Fais ta vie, t'occupes pas de la mienne ! * Valentin se contient. Il doit éviter de paraître grossier. Elle veut se sentir au centre de l'attention, toute sa manière d'agir est tournée vers cette finalité. Alors Valentin doit faire en sorte de répondre à sa volonté, pour la contenter, pour qu'elle l'accepte et ne craigne plus rien de lui. Qu'elle soit en confiance.

«Tu veux un verre ? »

La question est étrange. C'est bien la dernière chose à laquelle il se serait attendu de la part de Mathias qui semble déjà le détester plus que tout alors même qu'il n'a rien fait. Enfin, c'est vrai qu'il la suit un peu partout, mais il y peut rien lui ! Il ne fait qu'obéir aux ordres...

Valentin voit bien qu'elle n'y croit pas. Elle a proposé ça, machinalement, mais au fond d'elle, il voit qu'elle est déjà lasse et que de toute manière, elle considère les esclaves comme des types (et encore si elle les considère comme des types) nuls, qui ne font qu'obéir à des ordres, qui sont là pour sa famille, des grands coincés de la vie quoi. Eh bien c'est le moment de lui montrer qu'elle a tout faux ! Et par là même de revenir dans sa peau de gosse de 17 ans. Il en a le physique, il n'a plus qu'à jouer ce rôle qu'il aime tant de l'ado à l'aube de sa majorité, qui se croit déjà adulte mais qui au fond n'est qu'un enfant inexpérimenté qui a encore tout à découvrir. Il se sent tellement proche de ce rôle qu'il ne cesse de jouer. C'est comme ça qu'il gagnera la confiance de Mathias, il le sait très bien. Non pas qu'il ait envie qu'elle ait confiance en lui ! Ca il s'en moque bien ! Mathias n'a aucun intérêt aux yeux de Valentin. Elle peut bien le détester, il s'en moque éperdument. Non, juste qu'il sait que s'il a sa confiance, il peut être sûr qu'elle ne tentera pas de mettre sa vie en danger et qu'elle sera moins réticente à l'idée de rester bien sagement en place tandis qu'il la surveille. C'est le moment où jamais de lui montrer ce dont il est capable. Commencer à la tromper. C'est le début de la désillusion pour elle (ou plutôt de l'illusion qu'elle croira désillusion) !

Valentin la regarde dans les yeux tandis qu'elle pose la question. Sans dire un mot. Avec un air de provocation. Il ne jette même pas un regard au verre ou à la bouteille. Et dans un geste qui se veut rebelle, sans la quitter des yeux, il se saisit de la bouteille, oublie volontairement la verre et boit au goulot une gorgée puis deux, puis trois. Il a 37 ans, il sait qu'il tient l'alcool. Elle croit qu'il a 17 ans, avec ça, il compte bien la bluffer.

Dans un geste sûr de lui, il repose la bouteille sur la table avec un sourire ironique. Puis il daigne enfin se justifier.

"Je ne crois pas qu'on m'ait précisé que je n'avais pas le droit de boire de l'alcool pendant ma "mission"... Alors, que dis-tu de ça ? A ton tour maintenant ! Voyons si tu tiens aussi bien l'alcool que tu sembles le croire !"

Valentin n'était pas un rebelle, loin de là. Tout ça n'était que jeu. Mais il avait rapidement compris que c'était le meilleur moyen pour lui d'apprivoiser Mathias. Cela faisait partie de la mission. Il serait sous couverture d'un jeune homme fêtard qui n'a pas froid aux yeux et qui est à la limite de la rébellion.

Intéressent, putain que c'est insultant de me défié comme ça, mais c'est intéressant... L'excitation a déjà gonflée à bloque ma poitrine, me défier moi, jamais à par si tu as envie de perdre et apparemment Monsieur l'esclave rebelle à envie de perdre. En temps normal, je serais un peu devenu dingue en voyant une autre personne que coller ses lèvres sur ma petite bouteille de Whisky, mais bon là, je m'en fous. Je le regarde boire mon whisky avec un visage étonner, oui, c'est surprenant de voir un esclave se comporter ainsi, eux qui ont toujours l'air coincés. Trois gorgées de mon liquide symbolique, qu'il a bu directement à la bouteille sans même me quitter des yeux... L'enfoiré, il m'insulte là ?! Je rêve, s'il veut jouer à ce petit jeu avec moi, je pourrais aussi risquer de jouer avec lui et sadiquement... J'espère qu'il en a conscience ?

« Je ne crois pas qu'on m'ait précisé que je n'avais pas le droit de boire de l'alcool pendant ma "mission"... Alors, que dis-tu de ça ? A ton tour maintenant ! Voyons si tu tiens aussi bien l'alcool que tu sembles le croire !

- Après seulement trois gorgés de Whisky, tu joues déjà les provocateurs ? Ne te fous pas de ma gueule ! »

A la suite je me dirige à nouveau vers le placard où j'ai sortie les deux bouteilles de whisky, pour sortir un autre liquide alcoolique dix fois plus fort que le Whisky... L'absinthe ! Sans me faire prier, j'engloutis le liquide qui a pour saveur le pétrole en fusion. J'engloutis la moitié de la bouteille comme s'il s'agissait d'eau pure, une fois cela fait... Je dépose la bouteille sur la table et pouce celle-ci en douceur vers monsieur « Trois gorgés », que va-t-il faire maintenant ? C'est à son tour et il doit finir la bouteille. Le pic de l'alcoolémie est atteint une heure après l'absorption du dernier verre. Les effets apparaissent dès 0,20 g/l de sang (1 verre) : allongement du temps de réaction, équilibre perturbé, baisse de l'attention, somnolence, excès de confiance en soi, prise de risque... Le taux à ne pas dépasse est 80 g/l d'alcool dans le sang, mais on dit que plus de 172 g/l dans le sang et c'est l'arrêt cardiaque. Quoi qu'il en soit, je suis en train de nous mettre moi et Monsieur en grand danger en ce moment et voilà ce pourquoi je suis vraiment excitée. Le danger c'est ma petite drogue, lui l'a-t-il compris ou pas ?

- Après seulement trois gorgés de Whisky, tu joues déjà les provocateurs ? Ne te fous pas de ma gueule !

Toujours la même violence, les mêmes paroles acérées qui claquent comme un fouet dans les airs. Rien que le son donne l'impression de recevoir des entailles dans la chair. Et la douleur est presque physique. Mais Valentin aime ça au fond. Il ne s'en rend pas bien compte, mais il se prend tellement au jeu !

Il a vu la surprise se peindre sur les traits de la jeune fille. Une surprise authentique. Ce qu'il attendait. S'il ne l'avait pas particulièrement impressionnée sur le coup du whisky, au moins l'avait-il étonnée. Elle ne s'attendait clairement pas à ce qu'il réagisse comme ça ! Cela le satisfaisait pleinement. Il attendait de voir comment elle allait réagir.

Et il ne fut pas déçu. Le regard menaçant, elle se dirigea vers le placard d'où elle avait sorti les bouteilles de whisky. Valentin avait prévu le coup. Le numéro du whisky était censé surprendre la jeune fille pour qu'elle comprenne à qui elle avait affaire, mais aussi la provoquer suffisamment pour qu'elle joue son dernier atout. Il souhaitait évaluer la compétition. Il savait qu'elle ne devait pas que cacher du whisky gentillet dans son placard. Il voulait savoir ce qu'elle pouvait avoir de bien pire... Et, d'après ses calculs, elle jouerait gros pour l'impressionner. La provocation, il le savait, avait coulé dans ses veines comme un poison. Elle s'était laissée emporter par le ton moqueur, de défi de Valentin. Elle devait se venger, lui en envoyer plein la figure.

Et c'est ce qu'elle fit. Il est clair que Valentin ne s'était pas vraiment attendu à se trouver en face du liquide glauque mais cristallin de l’absinthe. Mais il s'était certes attendu à quelque chose de plus fort que le whisky. A y réfléchir, c'était évident qu'il devait y avoir de l’absinthe pas très loin. Dans tous les cas, il savait que la jeune fille ne serait pas satisfaite tant qu'il n'aurait pas semblé un minimum surpris. Il savait bien jouer la comédie, il s'empressa d'adopter une moue étonnée, quelque peu effrayée qui devint vite réalité lorsqu'il la vit descendre la moitié de la bouteille. Savait-elle les risques qu'elle prenait en agissant ainsi ? Evidemment, elle avait l'air de tellement bien s'y connaître en alcool ! Elle devait bien se connaître aussi elle-même, savoir comment elle réagissait, quelles étaient ses limites ! Qu'adviendrait-il cependant si elle succombait à son geste déraisonné ? Valentin en paierait le prix de sa vie. N'était-il pas allé trop loin dans la provocation finalement. Une légère inquiétude vint assombrir ses yeux mais il se reprit. Maintenant c'était à lui.

Il était clair que la jeune fille aimait jouer avec le feu. Le danger devait la faire se sentir plus vivante. Et elle adorait ça ! Ce qu'il comprenait en quelque sorte. Mais s'il voulait poursuivre sa ruse, il était forcé d'accepter sans broncher. Il DEVAIT boire ce qu'il restait. Ca ne lui faisait pas très peur à vrai dire. Il était habitué. Mais là, ce n'était même plus par goût. Comment pouvait-on aimer l'absinthe pure ? Là, c'était pas nécessité. Il posa sa main fermement sur la bouteille. Le contact froid se propagea dans tous son corps et il se sentit tout de suite mieux.

"D'accord, jouons le grand jeu ! Je te suis !"

Et soudainement, il renversa sa tête en arrière tandis qu'il buvait sans broncher le liquide vert miroitant, qui semblait si pur... Le serait-il toujours une fois avalé et digéré ? C'est ce qu'il restait à voir. Une heure. Une heure d'attente. Valentin se savait costaud. A 37 ans, il en avait vu d'autres, et des bien pires. Il ne craignait rien de l'absinthe. Mais il avait peur pour ce corps si fragile de 16 ans qui se trouvait devant lui. La jeune fille avait beau sembler bien tenir l'alcool, elle n'en restait pas moins jeune et délicate aux yeux de Valentin. Mais il devait rester calme et concentré sur sa mission. Au moins en attendant les effets du liquide vert.

"Et maintenant ? On fait quoi en attendant ?"

Il joua un moment avec l'étiquette froissée, à moitié décollée de la bouteille, silencieusement puis leva les yeux vers Mathias.

"Ca te prend souvent de boire de l'absinthe ? C'est pas courant chez les filles... Ca te fait pas peur de trinquer toute seule ? Tu sais, ça peut très vite tourner à l'alcoolisme la boisson en solitaire... Et j'ai peine à croire que tu viennes souvent accompagnée ici." ajouta-t-il en souriant.

Il a donc opté pour finir la bouteille, pourquoi aller jusqu'à la ? C'est bon, j'ai devinée qu'il était chargé de me tenir en laisse et que tous les moyens étaient bons pour y arriver. Mais ce dont je ne comprends pas, c'est pourquoi, il va jusqu'à ce mettre, lui aussi en danger pour une mission aussi banal ? Je l'avoue, mes véritables intentions étaient, bien sûre de l'envoyer au pays des rêves en l'assommant d'alcool, mais maintenant... Ce type aura consommé beaucoup plus d'alcool que moi. Moi je n'ai bue que de l'absinthe et je sais que l'effet me seront fatal après une heure passée. Mais, lui, il a bu en plus trois gorgé de Whisky et ouais, j'avoue, maintenant c'est moi qui m'inquiète. D'habitude, je m'en fous du destin des esclaves, mais lui, il est intéressant et il serait dommage que Dorian le prenne ivre à cause de moi. Non, c'est bon arrêtant ce petit jeu, avant que cela empire un point vraiment critique...

« Et maintenant ? On fait quoi en attendant ?

- On fait que dalle ! Quand l'effet de l'alcool aura atteint son pic... Nous allons tous deux, avoir très mal aux foies à cause de la quantité d'absinthe que nous avons consommé, sans parler de l'ivresse. »

Et puis surtout toi, tu as bu trois gorgé de whisky, c'est toi le plus à craindre... Il faut rester calme et attendre que les effets passent, ce qui prendra des heures. Après que le pic de l'alcoolémie aura été atteint, tous les une heure... L'élimination de l'alcool sera réalisée à 95% par le foie, à raison 0,15 g/l en moyenne par heure, il faut donc plus de cinq heures pour passer de 0,80 g/l à 0 g/l. De plus faire des mouvements inutiles, nous fatiguerons beaucoup plus vite et gêneront la progression des organes internes qui aide à l'évacuation de l'alcool. Dire qu'en plus, je ne connais strictement rien à l'alcool moi.

« Ca te prend souvent de boire de l'absinthe ? C'est pas courant chez les filles... Ca te fait pas peur de trinquer toute seule ? Tu sais, ça peut très vite tourner à l'alcoolisme la boisson en solitaire... Et j'ai peine à croire que tu viennes souvent accompagnée ici. »

Je le regarde sans mot à dire, il a raison une fille ne trinquerait pas toute seule, en réalité, personne ne le ferait. A par ce qui en gros dans le coeur, comme moi... Et effectivement, je ne viens pas très souvent accompagnée ici, quand il s'agit d'alcool. Il m'a souri, c'est seulement après un petit moment de silence que, je lui réponds à mon tour avec un sourire, il l'a bien mérité après tout, non ? Et pour répondre à ses questions, je lui donne une bref réponse que voici...

« Oui, cela me prend souvent de boire et seule. Je détourne la tête pour observer l'extérieur, puis je rajoute. Disant que, je bois pour oublier certaines choses ! »

Certaines choses douloureuses, auquel une personne normalement constituer, n'en supporterait pas le fardeau. Lisy, mon père, Kara, je voudrais tellement les retrouver et m'excuser. Je me lève, j'attrape les deux bouteilles de Whisky et je les range à nouveau dans le placard, avant de replacer le double fond. Compte à la bouteille d'absinthe, on peut la jeter désormais, je ne suis pas du genre à collection les bouteilles vide. Je regarde le rouquin, un moment silencieusement et je me rends compte que jusqu'à maintenant, il ne m'a encore jamais appelé « Mademoiselle Cross » et c'est fout comme ça fait du bien venant d'un esclave.

« C'est quoi ton nom ? »

" On fait que dalle ! Quand l'effet de l'alcool aura atteint son pic... Nous allons tous deux, avoir très mal au foie à cause de la quantité d'absinthe que nous avons consommé, sans parler de l'ivresse. »

Valentin l'écouta intrigué. Elle semblait parfaitement conscience de son geste qui avait pourtant l'aspect d'un geste irréfléchi. Tout semblait fonctionner rationnellement dans son esprit. Elle connaissait les risques dans lesquels elle s'était mise. Elle l'avait donc fait exprès, il n'y avait pas d'autres possibilité... Et c'était fort troublant... Etait-elle si mal dans sa peau qu'elle en venait à agir ainsi ? Y avait-il un rapport quelconque avec le pourquoi elle avait été punie ? Il n'avait pas le droit de poser de questions, il le savait, ce n'était pas son rôle. Pourtant, la curiosité le piquait. Il n'avait pas pu s'empêcher de lui demander subtilement, pour l'amener à parler, pour commencer à comprendre :

« Ca te prend souvent de boire de l'absinthe ? C'est pas courant chez les filles... Ca te fait pas peur de trinquer toute seule ? Tu sais, ça peut très vite tourner à l'alcoolisme la boisson en solitaire... Et j'ai peine à croire que tu viennes souvent accompagnée ici.
- Oui, cela me prend souvent de boire et seule..."

C'est étrange. Il pensait qu'en souriant si gentiment, il se serait attiré une double couche d'injures. Mais au contraire, quelque chose avait changé désormais dans l'intonation de la jeune fille. Elle semblait plus calme, apaisée. L'effet de l'alcool ? Impossible, il était encore trop tôt... Elle était pensive, évasive. Elle détourna les yeux vers l'extérieur, plongée dans ses pensées. Valentin savait qu'il était en train de se passer quelque chose en elle en cet instant. Peut-être quelque chose qui transformerait leurs rapports conflictuels à jamais. Il préféra ne pas troubler le silence, espérant de tout coeur obtenir plus d'informations. Elle semblait tellement proche de lui avouer ce qu'il brûlait de savoir !

[darkred=color]"Disons que, je bois pour oublier certaines choses ! »[/color]

Et c'était venu. Elle avait achevé sa phrase. Il y avait bien un mal-être chez cette fille. C'était évident. Bien sûr, il n'était pas en droit de lui poser de questions. Mais il pouvait parler. Parler de lui, pour la mettre en confiance. Après tout, une discussion, c'est un échange et qui dit échange dit partage...

"On boit tous pour oublier quelque chose... Parce qu'on a tous quelque chose à oublier, au fond de nous. Cette chose est plus ou moins visible selon les personnes, il n'empêche qu'elle est toujours là. Chez chacun de nous... A la fois identique et différente. Et c'est notre rapport à cette chose qui nous construit et finit par nous différencier les uns des autres."

Est-ce qu'elle allait comprendre ? L'heure n'était pas à la philosophie. Pas encore. Il préféra se reprendre, en essayant de gommer le côté sérieux d'adulte qui commençait à prendre le dessus sur lui. Il ne devait pas paraître trop réfléchi. il devait être plus spontané, redevenir un adolescent. Une fois les effets de l'alcool enclenchés, ce serait beaucoup plus facile bien sûr ! Alors, il se mit à rire de son beau rire cliquetant et communicatif, à la fois pétillant et légèrement éraillé sur la fin. Son rire qui parvenait à charmer tant de gens...

"Enfin bref, l'heure n'est pas encore à la philosophie ! On sent que la fatigue commence à s'installer ! Je dis vraiment n'importe quoi dans ces cas-là !" ajouta-t-il avec un clin d'oeil à l'attention de Mathias.

Mathias s'était levée, pour ranger les bouteilles, soigneusement cette fois. Il semblait que la jeune fille avait mis sa violence de côté quelques temps. Chose qui se confirma lorsqu'elle lui fit l'honneur de lui demander son prénom. D'abord, elle le regarda, silencieusement. Son regard était intense mais Valentin ne faiblit pas. Il n'y avait aucune animosité, aucune faroucherie dans ses yeux. Et l'esclave la regardait avec un regard curieux, les yeux légèrement plissés sous ses mèches rousses.

« C'est quoi ton nom ? »

Valentin venait de remporter la partie. Dès l'instant où elle ne le considérait plus comme un objet-esclave, mais comme un humain, avec un prénom comme le sien, elle lui montrait de l'intérêt. Il existait à ses yeux désormais. Il le savait. Mais il ne cria pas trop tôt victoire. D'abord, il fut surpris, ce qui lui fit hausser les sourcils. Puis il se reprit et sourit, baissant le regard sur le verre vide resté sur la table. Il joua avec de ses longs doigts quelques instants avant de répondre.

"Valentin."

Il leva les yeux vers elle tandis qu'il prononçait son propre prénom.

"Alors, qu'en penses-tu ? Est-ce que tu trouves que ça me va bien ?"

Il n'attendait rien avec cette réponse. Il voulait juste faire passer le temps.

"Et moi, comment dois-je t'appeler ? J'avoue, avec honte, t'avoir déjà volé le droit "précieux" de te tutoyer mais il me semble qu'on ne vouvoie pas quelqu'un avec qui on est sur le point de se mettre minable à grosses gorgées d'alcools. Je suppose que tu es d'accord avec moi ? Mais si jamais il faut absolument te donner du vous, je me réadapterai. C'est mon boulot de toute manière. T'obéir."

Il n'y avait aucune provocation dans ces dernières paroles. Un simple constat, énoncé sur le ton le plus neutre possible.

Valentin, hein ? Voilà, je ne sais pas si c'est raisonnable pour moi de continuer ce petit jeu avec lui, créer un lien entre moi et lui, risque d'attirer les foudres des dirigeants de cette merde de famille. Ouais, c'est une famille de merde, elle n'est rien sans mon père à mes yeux. Et puis Dorian, soit-disant meilleur ami de mon père, ce qui l'intéressait, c'était de n'être rien d'autre que le chef, il s'en foutait royalement du sort de mon père, c'est plus qu'évident. Non mais regardez-le, je ne vous mens pas ? Il est allé à s'unir avec des foutus Nazis de Rosenrot, ouais je n'aime personne à par ma petite famille qui est seulement constituée de mon petit frère et ma mère désormais. Putain, mon père est mort, je n'aurais jamais cru ça possible... Oh je le jure sur la tête de mon petit frère, je le jure sur ma propre vie que si je ne retrouve pas l'enfoirée qui l'a achevé... Je ne serai plus digne de porter le nom de mon père, plus digne de continuer à vivre ici. Putain la conne, pourquoi j'ai rangé mes bouteilles finalement ?

« Alors, qu'en penses-tu ? Est-ce que tu trouves que ça me va bien ?

- Ah ? T'es marrant toi, qu'est-ce que tu veux que j'en pense ? C'est déjà bien, qu'on ne t'est pas attribué un nom qui n'a pas un rapport avec ton sexe. »

Comme Mathias ou Luka, putain, on a été gâtée niveau prénom moi et elle, j'en demandais pas t'en pour ma part. Bref, vu que je suis un garçon manqué en général, qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Ah j'ai mauvais caractère, moi ? Arrêter de dire de la merde, bande de con ! Je suis juste, direct avec les gens, je ne cache pas ce que je pense dans ma tête, voilà tout ! Et si ça pose un problème à certains, qu'ils viennent me le dire en face, ces chiens. Non, mais regardez-moi un peu, je suis en train de sympathiser avec un esclave. Putain, c'est comme ça que je vais faire respecter la mémoire de mon père moi ? Comme ça ?! J'ai encore besoin de Dean, quand il est là, j'arrive à être moi-même... C'est-à-dire, une putain de vraies sorcières noires... Père, Dean veut te remplacer dans ma vie, tu n'as pas le droit de le laisser faire, tu n'as pas le droit de mourir sans que j'eusse le temps de te dire tes quatre vérités... Tu n'as pas le droit de m'abandonner, enfoiré de Père indigne. Putain, il me faut du Whisky, mais où cette bouteille quant à besoin d'elle ?

« Et moi, comment dois-je t'appeler ? J'avoue, avec honte, t'avoir déjà volé le droit "précieux" de te tutoyer mais il me semble qu'on ne vouvoie pas quelqu'un avec qui on est sur le point de se mettre minable à grosses gorgées d'alcools. Je suppose que tu es d'accord avec moi ? Mais si jamais il faut absolument te donner du vous, je me réadapterai. C'est mon boulot de toute manière. T'obéir. »

Hein ? Finalement, je n'ai plus besoin de toi Whisky, où que tu sois ? Même si je crois qu'en réalité, tu n'es seulement qu'à quelque mètre de moi, dans un placard miteux à double fond. Je regarde « Valentin » et je me dis... Merde ! Voilà, je me dis merde, parce que quand j'avais voulu, d'un ami à l'époque, ben lui il était où ? Pourquoi ce n'est que lorsque, je suis la prisonnière à ne pas laisser sans surveillance, que soudainement un ami me tombe dans les bras. Ah, non mais qu'est-ce qu'on en a à foutre tous les deux, je ne fais que parler avec lui, non ? Ce n'est pas comme si, j'essayais de réparer sa braguette alors qu'il possède toujours son pantalon sur lui... Bon je lui réponds quoi au 'Brother' ? Ouais, parce que c'est bien beau tout ça, mais une fois sa mission achever, il pourra retourner à ses occupations et moi les miennes sans nous recroiser à nouveau. Après tout, je suis une Cross, fille de Gaël Kerrian Cross et que lui, ben lui, il n'est rien pour les autres.

« Non, je crois qu'on fait fausse route tous les deux... Appelle-moi mademoiselle Cross ! »

Oui, ton de la voix, redevenu froid, sec et bref... C'est dingue de voir à quel point une personne telle que moi, peut vite changer d'humeur, pas vrai ?

« Alors, qu'en penses-tu ? Est-ce que tu trouves que ça me va bien ?
- Ah ? T'es marrant toi, qu'est-ce que tu veux que j'en pense ? C'est déjà bien, qu'on ne t'ait pas attribué un nom qui n'a pas un rapport avec ton sexe. »

Ouhla... La rancoeur... Ca sortait du coeur ça ! Donc Mathias n'aimait pas son prénom. Valentin avait du mal à imaginer qu'on puisse ne pas apprécier cette chose qui nous caractérise tellement, qui fait tellement de nous ce que nous sommes. Sans doute n'avait-elle pas conscience de la chance qu'elle avait de porter un prénom. Il y en avait tant, des esclaves, comme lui, qui n'avaient pas intégré d'élites, et qui resteraient à jamais sans prénom. Est-ce que véritablement, une fois adultes, ils gardaient ce nombre accroché à leur poignet ? Est-ce que c'était seulement cela leur prénom à eux ? Un numéro ? Pouvait-on appeler cela un prénom ? Qu'étaient-ils devenus tous ceux-là dont Valentin se fichait pas mal à l'époque ? Ses adversaires ? Où en étaient-ils aujourd'hui ? Travaillaient-ils aussi pour des familles, mais moins réputées, moins grandes ? Avaient-ils été relâchés ? Tués ? Que faisaient-ils d'eux ?

Non, Valentin ne devait pas se soucier d'eux. Peu lui importait. Lui, il avait sa famille, il avait ses frères et soeurs d'armes, il avait ses maîtres qui le gardaient auprès d'eux, le nourrissaient, le logeaient et lui confiaient des missions, donnant un sens à sa vie. Un sens ? Etait-ce un véritable but d'accomplir ce qu'on lui demandait de faire ? non, il ne devait pas y penser. Il eut un mouvement brusque de la tête, accompagné d'un geste de la main, rapide et sec, comme s'il tentait de chasser une idées qui le gênait de son esprit. Et c'était bon, il n'y pensait déjà plus.

Pourquoi était-il parti si loin ? Il ne devait pas s'égarer dans ces mauvaises idées, c'était trop dangereux, il le sentait, il le savait.

* Se reconcentrer, se reconcentrer, se reconcentrer. On parlait de quoi avant tout ça déjà ? Ah oui : de prénom. Mathias. Un prénom de garçon. *

"Parce que tu n'aimes pas ton prénom ? C'est pourtant joli Mathias, même pour une fille... Une fille qui s'appelle Mathias, ça créé déjà toute une personnalité, tout un univers extraordinaire autour d'elle. Imagine quelqu'un qui dit : "Cette fille s'appelle Mathias", rien que de dire cette phrase, on sent qu'on à affaire à quelqu'un d'intéressant, quelqu'un de particulier, d'original, mais surtout, de mystérieux et on a envie de la connaître cette fille. Comme j'aurais eu envie de te connaître si tu n'étais pas censée être mon "boss", si j'avais pu me permettre de te poser des question sur toi sans sortir de ma place d'esclave..."

Il était vrai que Valentin aurait aimé en savoir plus sur Mathias. Et plus ils parlaient, plus ce sentiment grandissait, cette envie de comprendre, de la comprendre. Cette impression qu'il pourrait la comprendre. Une impression étrange qu'il avait immédiatement sentie en la voyant. L'impression que la vie de l'un faisait sans doute échos à celle de l'autre. Mais il ne pouvait se permettre de confirmer cette hypothèse. Alors il se contentait de sonder avec curiosité la profondeur de son regard, à la recherche de réponses, de chercher à accéder à son âme à travers ses yeux.

Mais d'ailleurs, en parlant de son statut d'esclave, de rester à sa place... Il préféra demander :

« Et moi, comment dois-je t'appeler ? J'avoue, avec honte, t'avoir déjà volé le droit "précieux" de te tutoyer mais il me semble qu'on ne vouvoie pas quelqu'un avec qui on est sur le point de se mettre minable à grosses gorgées d'alcools. Je suppose que tu es d'accord avec moi ? Mais si jamais il faut absolument te donner du vous, je me réadapterai. C'est mon boulot de toute manière. T'obéir. »

La réponse fut des plus inattendue. Mais Valentin ne marqua pas la moindre surprise. Et il n'en ressentit aucune. C'était normal qu'elle dise ça. Le contraire aurait été étonnant justement. Elle remettait les choses en place, elle avait raison. Valentin avait déjà été sans doute trop loin. Cependant, dès que les effets de l'alcool se feraient sentir, il ne jurerait plus de rien. Le tutoiement reviendrait sans doute...

« Non, je crois qu'on fait fausse route tous les deux... Appelle-moi mademoiselle Cross ! »
- D'accord." répondit-il simplement.

Le vouvoiement allait reprendre sa place normale dans le dialogue, c'est ce qu'elle avait choisi. Il en serait ainsi.

"Mademoiselle Cross ? Je souhaite m'excuser d'avoir osé répondre à votre provocation de tout à l'heure, avec l'alcool. Je n'ai sans doute pas été très mature de boire ainsi... Mais à 17 ans, vous comprendrez qu'on est facilement tenté lorsqu'une jeune fille nous invite si chaleureusement à partager sa bouteille... J'espère que vous n'avez pas trouvé cela trop déplacé."

La vouvoyer... Ca paraissait tellement étrange maintenant qu'il s'était donné le droit de la tutoyer. Il était obligé de marquer un effort pour ne pas user du tu...

« Mademoiselle Cross ? Je souhaite m'excuser d'avoir osé répondre à votre provocation de tout à l'heure, avec l'alcool. Je n'ai sans doute pas été très mature de boire ainsi... Mais à 17 ans, vous comprendrez qu'on est facilement tenté lorsqu'une jeune fille nous invite si chaleureusement à partager sa bouteille... J'espère que vous n'avez pas trouvé cela trop déplacé. »

Je le regarde... Je le regarde sans dire un moment, puis... Je me mets à rire, je ne sais même plus ce que je disais un peu plus tôt... Ma tête tourne, tout ce tortille autour de nous et moi je rigole comme une timbrée sortie de l'asile. Je me fais vraiment rire à me comporter comme je viens de le faire, c'est tellement marrant. Genre je pleure mon père, genre je parle avec un esclave, genre j'ose ranger mes précieuses bouteilles de whisky ? Oh Mathias, réveille-toi tu fonces dans un trou ! Je ne sais pas si c'est un effet à retardement de l'alcool, mais je suis tout d'un coup complètement péter. D'ailleurs, j'aime beaucoup cette sensation de divagation. Je regarde Valentin et je lève mon pousse vers lui, il doit me pendre pour une créature d'un autre univers... Ben oui, il y a pas un instant, j'étais genre la meuf la plus sérieuse de la terre et voilà que je suis maintenant la plus « Peace Man » de la Terre. Je me relève et ressort à nouveau les bouteilles du placard...

« Pourquoi je les ai rangé, non mais oh ! »

Ma voix était plus intense, plus élève... Je suis ivre. Ivre de folie d'un seul coup, je vais boire jusqu'à ce que je n'en puisse plus et j'irai vomir après, car c'est comme ça que je suis, pas comme tout à l'heure.

« Mademoiselle Cross... Je souhaite m'excuser d'avoir osé répondre à votre provocation de tout à l'heure, avec l'alcool. Je n'ai sans doute pas été très mature de boire ainsi... Mais à 17 ans, vous comprendrez qu'on est facilement tenté lorsqu'une jeune fille nous invite si chaleureusement à partager sa bouteille... J'espère que vous n'avez pas trouvé cela trop déplacé. »

Ai-je répété en chantant, puis je lâche un ricanement moqueur à la suite... Les humains je les hais, cela ne veut pas dire pour autant, que j'ai envie de les tuer quand je pose le regard sur eux, néanmoins, me fatiguer à les considérer comme des esclaves n'est pas dans ma logique de haïr ces gens. Donc, je ne peux pas considérer humain comme un esclave, parce que je les hais et je hais les humains parce qu'ils aiment être esclave. On ne va jamais s'entendre !

« Tu sais, je hais les esclaves parce qu'il aime être soumis comme tu viens de le montrer, je hais les humains, car ils ne font rien pour éviter d'être esclave. N'avez-vous aucune fierté vous les humains ? Franchement, si j'étais à ta place, je ferai tout pour mourir, car cette vie est lamentable. »

Dis-je sous un ton d'ivresse et de colère mélangées... Je hais les soumis, car je suis une rebelle de la pire espèce. Les soumis me donne envie de gerber, ils sont horribles, lâche, incapable de trouver la force, de dire stops, je ne suis pas un objet, mais un être vivant. Je me reprends des gorgées de whisky, comme si je buvais un verre d'eau.

« Quand est-ce que vous allez enfin arrêter de compter sur nous pour vivre ? On ne vous aime pas et vous ne nous aimez pas, pourquoi vous rester, Bordel ?! Pourquoi être soumis ? Vous êtes tellement plus fort que nous, mais vous ne le savez même pas ! Il vous serait facile d'échapper à notre emprise, partir loin, changer d'identité, disparaître et vivre une vie paisible. Non. Vous préférez servir, on vous a tellement traumatisé quand vous étiez gosse que pour vous, c'est devenu une bénédiction de servir les sorciers noirs, ou quoi...? Pars ! Cesse de nous servir, tu connaîtras alors des choses que tu ignores, crois-moi ? Lisy me l'a dit et elle était une esclave comme toi, elle, au moins elle avait plus de jugeote. »

« Mademoiselle Cross... Je souhaite m'excuser d'avoir osé répondre à votre provocation de tout à l'heure, avec l'alcool. Je n'ai sans doute pas été très mature de boire ainsi... Mais à 17 ans, vous comprendrez qu'on est facilement tenté lorsqu'une jeune fille nous invite si chaleureusement à partager sa bouteille... J'espère que vous n'avez pas trouvé cela trop déplacé. »

Cette comptine affreuse fit grimacer Valentin. Pas de doute, ils venaient de la perdre cette pauvre enfant. Deux minutes plus tôt, elle était sérieuse comme le Cross le plus sévère et voilà qu’elle se mettait désormais à rire à gorge déployée sans même pouvoir s’arrêter et même pire, à se moquer en reprenant ses paroles sur un air de musique qui aurait pu rivaliser avec la pire mélodie que le monde enfantin ait jamais connu : la Souris verte. Imprévisible ? Non, bourrée. Les effets de l’alcool commençaient à se faire sentir sur la jeune fille. Mais ce n’était pas encore l’heure de l’insouciance. Non. Matthias avait encore des choses à dire dans leur conversation. L’heure était plutôt à la confidence et virait même au conseil. Attention, méfiance.

« Tu sais, je hais les esclaves parce qu'il aime être soumis comme tu viens de le montrer, je hais les humains, car ils ne font rien pour éviter d'être esclave. N'avez-vous aucune fierté vous les humains ? Franchement, si j'étais à ta place, je ferai tout pour mourir, car cette vie est lamentable. »

Il sentait que l’alcool n’allait pas tarder à faire effet sur lui aussi. Mais il devait encore tenir un peu. Il avait du mal à comprendre ce qu’elle voulait dire par « cette vie est lamentable ». Quelle vie ne l’est pas ? Etait-il malheureux ? Il n’en avait pas l’impression. Il ne savait pas. Quand il essayait d’y penser, il y avait comme un mur d’une hauteur infinie qui s’élevait dans son esprit pour lui barrer le passage. Il n’avait plus accès à sa réflexion. Il ne comprenait plus rien, tout se brouillait. Il avait déjà essayé, une fois, quand il était plus jeune, de forcer ce barrage immatériel et pourtant si résistant. Pour essayer. Il avait presque réussi à entrer. A force de s’opposer au mur mental, il avait réussi à créer une petite brèche dans laquelle il pourrait aisément se faufiler. La fissure était là, devant lui, il n’avait plus qu’à entrer. Il sentait l’excitation l’envahir, comme une vague submergerait tout son corps. Mais il n’avait pas bougé. Il n’avait pas pu. Non plus à cause du mur cette fois, mais par peur. Ou plutôt par obéissance. La conscience que si on le lui interdisait, il devait bien y avoir une raison. Alors il avait rebroussé chemin et la fissure avait fini par se refermer. Sa chance était passée. Il avait été incapable d’entrer plus loin dans la réflexion. Il n’était pas malheureux. Sinon il le saurait… non ?
Il décida de jouer provocation. Elle l’attaquait ? Elle ne perdait rien pour attendre.

« Mais tu… vous êtes humaine Mademoiselle Cross, dit-il en prenant soin de bien appuyer sur ces deux derniers mots, comme nous tous. Ne sommes-nous pas fait tous deux de chair ? De sang ? Et d’os ? N’avez-vous pas un corps qui, sans son cœur, ne pourrait continuer à vivre ? N’avez-vous pas des nerfs qui, reliés à votre cerveau, vous font éprouver la douleur lorsque vous vous faites mal ? N’avez-vous pas deux mains et deux jambes pour marcher ? Des cheveux, deux yeux ? Est-ce que, si jamais nous allons nous regarder dans un miroir, sans savoir ce que nous sommes, nous n’allons pas nous dire que nous sommes semblables ? Seulement, nous, esclaves, nous sommes venus au monde pour vous servir, vous, sorciers noirs, et nous le faisons avec fierté. L’histoire a fait de vous des êtres exceptionnels. Mais nous sommes tous faits de la même manière. »

Il ne savait pas bien pourquoi il avait dit ça. Les mots étaient sortis par eux-mêmes de sa bouche, sans qu’il ne les contrôle. Peut-être que l’alcool avait finalement fini par venir à bout de lui ? Fini ou plutôt commencé. Ce qu’il venait de dire, il n’en pensait pas un mot, il n’y avait même jamais réfléchi. Pour lui, il y avait plusieurs races, hiérarchiquement ordonnées et il était évident qu’ils étaient tous de nature différente. Un esclave ne serait jamais comparable à l’un de ses maîtres, c’était impossible, ils n’avaient rien en commun. Mais il venait de dire, sa bouche venait de dire (parce que lui, il n’y était pour rien) que tous étaient humains, qu’ils avaient un corps et ses fonctionnalité en commun. Est-ce que c’était absurde ? Est-ce que c’était vrai ? De nouveau il sentit le mur dans son esprit. Mais il semblait plus faible, plus vacillant. L’effet de l’alcool sans doute. Mais Matthias n’avait pas terminé :

« Quand est-ce que vous allez enfin arrêter de compter sur nous pour vivre ? On ne vous aime pas et vous ne nous aimez pas, pourquoi vous rester, Bordel ?! Pourquoi être soumis ? Vous êtes tellement plus fort que nous, mais vous ne le savez même pas ! Il vous serait facile d'échapper à notre emprise, partir loin, changer d'identité, disparaître et vivre une vie paisible. Non. Vous préférez servir, on vous a tellement traumatisé quand vous étiez gosse que pour vous, c'est devenu une bénédiction de servir les sorciers noirs, ou quoi...? Pars ! Cesse de nous servir, tu connaîtras alors des choses que tu ignores, crois-moi ? Lisy me l'a dit et elle était une esclave comme toi, elle, au moins elle avait plus de jugeote. »

Ses paroles à elles, pour le coup, étaient absurdes.

"Pourquoi on reste ? Mais parce que vous avez besoin de nous ! Si vous pouviez vous passer de note présence, vous n’hésiteriez pas une seule seconde, mais nous vous sommes utiles et nous sommes fiers de vous servir. C’est une noble tâche. Pourquoi changer d’identité ? Le jour où l’on nous baptise est sans doute le jour le plus beau de notre vie. Pourquoi vouloir changer ce nom ? Pourquoi en adopter un autre ? Vous avez vos héritages vous, vos tableaux, vos meubles, vos bijoux. Nous, nous avons notre nom. Il contient tout ce que nous sommes et il est l’héritage de notre famille car c’est une personne de notre famille qui nous l’a donné. Vous vous trompez jeune fille, nous n’avons pas été traumatisés, nous avons été éduqués. Je n’ai pas besoin de connaître les choses que j’ignore puisque ce que l’on m’a appris et que je sais aujourd’hui, me suffisent pour vivre. Lisy n’était pas une vraie esclave, sinon elle n’aurait jamais dit de telles choses. »

Soudain, le fou-rire le prit. Cette discussion était insensée. Il essayait de faire entendre raison à une enfant désobéissante et rebelle. Elle était prête à le contredire sur tout. Il s’arrêta un moment pour la regarder sérieusement.

« Est-ce que tu es plus heureuse que moi, toi la non humaine ? »

« Vous êtes humaine » avait-il dit, poursuivant peu après sur toute une tirade malheureuse au point où intérieurement je me demande où est-ce qu'il puisait toute cette inspiration pour dire autant de connerie et sur un ton aussi plein de sagesse à la con. Il y eut un petit moment de silence avant que je m'effondre morte de rire, impossible d'être sérieuse devant autant de stupidité. Je ris tellement que je faillis régurgité l'alcool qui avait pris place dans mon estomac... Il fallait que je me calme, oh bon dieu. Je pris une longue inspiration comme un genre de moine, histoire d'arrêter de ricaner. Impossible. Merde, mes zygomatiques me faisaient un mal de chien, quel fou celui-là, je devrais le faire boire plus souvent... Ouais, parce que c'est tellement rare de me faire rire comme ça, ici et n'importe où en fait. J'avais même envie de le prendre dans mes bras pour le remercier pour de ce moment bien agréable. Dommage que je devais respecter mon rang et lui le sien. Une fois que je récupérai le contrôle de moi-même, c'est toujours avec un air amusé que je tente de lui expliquer.

« Quelle est la différence entre un chien et un loup ? Un lion et un tigre ? Ou bien un aigle et un corbeau ? Si tu cherches une différence en ne prenant en compte que la chair, le sang, le cœur ou les os, toutes les espèces sont alors semblables. Et je doute que même toi, tu irais dire à un cochon qu'il est humain. La différence se trouve autre part l'ami, dans ton corps il y a ce qu'on appelle l'ADN, un livre décrivant à quel genre d'espèce tu appartiens. Un lion n'aura jamais l'ADN d'un tigre, jamais. Un humain est un humain, un sorcier est un sorcier. » Je prends un instant pour que mes explications rentre et je rajoute avant de le laisser parler. « Mais si par humain tu désignes le fait que nous sommes capables de penser, d'aimer, souffrir émotionnellement parlant, alors les sorciers sont évidemment humains, peut-être même plus humains que vous. Mais c'est ici que la notion et non la race. »

Tandis que je parlais je sentais mes paupières tellement lourde et l'environnement semblait comme vaciller. Cependant, je sais que c'est ma tête qui commençait à partir en couille. Je me penchai pour m'appuyer sur la table, ma tête couchée sur l'articulation de mon bras droit et je l'écoutais. Silencieusement. Je me rends alors compte qu'il n'avait rien et que c'était pour ça qu'il se contentait de ce qu'on lui donnait. Alors que moi, je n'étais une enfant pourri gâtée, pourri jusqu'à la moelle. Il me posa à la suite une question dont je n'avais guère la réponse. Suis-je heureuse ? Peut-être ai-je eu trop de chose dans ma vie et maintenant j'en recherchais toujours plus encore, car n'étant jamais satisfaite. Peut-être que les esclaves ont de la chance de ne jamais rien attendre dans leur vie que le minimum, j'envie leur esprit simplet. « C'est quoi être heureux ? » Dis-je simplement, attrapant une bouteille, ma question était bien sûr rhétorique.

J'engloutis le liquide comme s'il s'agissait d'eau pure, une gorgée, puis deux... Levant la bouteille, penchant ma tête vers l'arrière au passage, au fur et à mesure qu'elle se vidait. Puis... Boum.

Basculer en arrière, la jeune sorcière tomba la tête la première en arrière. Est-elle blessée ? Inconsciente ? « Zzzz... » Et c'est un ronflement qui vient expédier aux oubliettes toutes les autres hypothèses malheureusement. Une heure pour que l'alcool monte dans le sang ?! Mon cul... 15 minutes furent amplement suffisantes.