Mikeal & June

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Je suis d'une humeur de chien. Et encore, c'est peut dire. J'ai envie de tuer quelqu'un, ou au moins d'arracher un bras ou deux. Je suis presque sûre que les gamins le savent parce que j'en ai pas croisé ou presque. Ils courraient autour de moi et ça me donnait envie de leur briser les jambes juste pour avoir osé galoper bruyamment devant moi. J'ai les nerfs en pelote, et j'ai rien pour me détendre. Si, de l'herbe, que j'ai fumé en me levant, mais j'ai bien peur que l'effet se soit envolé le temps que je m'extirpe de ma couette. Des runes ont été posées un peu partout, et on doit aussi s'occuper de les entretenir pour ne pas qu'elles soient effacées ou j'en sais rien. En plus de surveiller les gosses et de se parer à une éventuelle .. contre attaque ?
Vu le massacre, je suis pas sûre qu'ils se bougent de sitôt. Ils pansent sûrement leurs plaies en se planquant dans un endroit un peu plus sûr. Ce qui est la meilleure chose à faire pour le moment de chaque côté. Pour tout vous dire, j'ai la flemme d'essuyer une attaque, mais il y aurait quelque chose de très divertissant par ici.

Ayant finit mon café au lait que j'ai sucré comme une gamine de dix ans, je me lève pour aller chopper mes pancakes. Je m'accroche un instant au plan de travail en lâchant un soupir qui aurait pu traverser les murs. Les yeux clos je fais jouer mon dos qui me fait mal. Je sais pas trop pourquoi d'ailleurs.
Je serre donc le support en serrant les dents. J'ai dans la tête des souvenirs qui effrayeraient tellement de ses petits humains insignifiants. Un jour de plus ou je me déteste trop pour faire quoi que se soit d'autre que survivre à cette journée. Je gratte d'un air distrait le tatouage sur mes mains noté " ખંત. " parce que je le fais toujours quand je suis agacée.

Je me redresse un peu, relevant mes cheveux dans un chignon ultra négligé parce que je suis là pour plaire à personne. Même pas l'autre avec qui j'ai couché un jour contre un mur. Il fait plutôt chaud aujourd'hui et je n'ai passé qu'un short taille haute - c'est ma marque de fabrique ok ? - et un débardeur joliment troué dans le dos. Je regarde, blasée, les reflets dorés sur ma peau qui paraît moins hâlée que d'habitude. Tu m'étonnes, il a fait super froid jusque là. Je suis contente qu'aujourd'hui il fasse beau. Et normalement, ça devrait m'aider à retrouver un semblant de sourire. Mais.. aujourd'hui ça .. marche pas.
Du tout.
J'ai envie de mettre de la musique assez forte pour m'exploser les tympans, et m'exploser le cerveau avec. Mais.. moi et ma paranoïa on aime pas la musique trop forte. Alors je laisse le silence m'exploser le cerveau plus efficacement que n'importe quelle drogue. Je me redresse finalement et tente de créer une façade d'indifférence quand une main vient claquer ma fesse gauche.
J'ai peur de le prendre mal.
Je le prend mal.
Je déteste ça, c'est macho et outre le fait que ça soit dégradant - un peu - ça m'agace profondément. Les dents tellement serrées qu'elles pourraient rerentrer dans la gencive je me retourne. Forcément je me sens beaucoup plus petite que Mike, et ça m'amuse beaucoup moins que lui, visiblement. C'est ultra chiant de devoir regarder des gens d'en bas, comme si j'étais une enfant, ou un truc moins bien que lui. Même s'il n'avait rien fait, j'aurai eu envie de le trucider rien que pour son sourire.. non, juste pour sa tête.. Oh, juste pour lui.
Je prend une inspiration pour pas lui en coller une - je sais que, à tous les coups, je m'en reprendrais une dans la gueule, et ça, ça me plairait pas. Je me suis déjà fait refaire le visage à coups de poings masculin, et plus jamais.
Plus jamais.

- Ne refait, plus jamais ça.

J'ai lancé un vent de volonté, un vent d'ordre par pur agacement. Il pourra très bien résister, si ça peut lui faire plaisir, à ce gamin très très con, pour me saouler un peu plus. Comme ça on s'engagera dans un combat de volonté et ça sera trop chouette. Ou pas. Je le regarde en face, les yeux un peu plissé, lèvres pincées.
Oh, me provoque pas.
J'ai tellement envie de claquer une crise que je serre le bois derrière moi et je pourrais presque sentir mes phalanges blanchir.
Je me hurle pendant une vingtaine de secondes que je ne dois rien laisser paraître, rien du tout, rien du tout, rien du tout, et arrive petit à petit à tout pousser dans un coin de ma tête, ce qui est, super dur. Comment demander à un affamé de manger doucement. Tout doucement. Plus doucement.
C'est pareil, c'est de la torture, mais la volonté est la seule que je maîtrise mieux que la plupart des gens de cette planète, alors je finis par m'y résoudre. J'aime pas montrer mes faiblesses devant qui que se soit et encore moins devant le type qui a gagné l'autre jour, ce que j'ai eu du mal à digérer. J'ai beaucoup de mal à digérer ma vie et ce que je suis en général de toute façon. Alors bon.

Le réveil sonne. Un son affreux. Pire qu'affreux en fait. Beaucoup plus pire. C'est le matin, me faites pas chier. J'ai trop la flemme de l'éteindre, d'utiliser mon don pour le foutre contre le mur pour le dégommer. Parce que j'ai réussi à chopper un lit double, par je ne sais quel miracle. J'aurais préféré vivre dans la maison que j'ai acheté mais ... On me l'a détruite. Bande de salauds. En même temps, tout le village a été détruit. Alors j'ai réussi à chopper un lit double. Et c'est bien. Bref, je suis contre le mur, extrêmement loin de ce réveil qui beugle. Je veux le défoncer, mais les idées sont pas claires. Mais alors, pas claires du tout. Je serais capable de dégommer la lampe à la place du réveil. Et se serait nul. Je pourrais plus lire après. Parce que oui, je lis. Je suis un homme trop intelligent. Je suis l'homme parfait. Voilà.

Je mets donc ma tête sous l'oreiller, en criant dans le matelas. Je veux dormir bordel ! Qui a mis ce vieux réveil dans ma chambre ?! Qui que je lui démonte sa gueule ?! Bordel. Voilà, je suis de mauvaise humeur maintenant. Alors je fous la couette en l'air, me redresse, fusille le réveil des yeux, futile quand on sait que ce n'est qu'un objet mais je suis seul dans la pièce. Et c'est le matin alors honnêtement ? J'en ai strictement rien à foutre.

Une vague de haine me prend, violemment, j'y rajoute de la magie et le réveil vole contre le mur et s'écrase. Le bruit s'arrête net. Je me rallonge mais c'est trop tard. Je suis réveillé, impossible de me rendormir, surtout vu l'état de nerf dans lequel je suis. Je crois pas que cette phrase ait un sens. Encore une fois, je m'en branle.

En plus, j'étais tellement crevé hier que je me suis couché, comme une grosse merde après avoir enlevé mes vêtements, gardant juste mon sous vêtement. Du coup les volets, les rideaux sont grands ou ouverts. Laissant le soleil, il y a du soleil, miracle ! Pénétré dans la chambre que j'occupe. Autre raison pour laquelle je ne pourrais pas refermer les yeux. À la rigueur, il n'y aurait pas eu le réveil, j'me serais enfoui sous la couette. Mais la ? Rha. Ca m'énerve. Voilà.

Je me lève, grognon. J'ai pas envie de m'habiller. J'ai envie d'être chez moi, seul. Je pourrais me trimballer comme ca sans aucun problème. Mais la ? Je vais faire honte à Anja et me faire engueuler. Bordel. J'en ai marre de tout ca. Marre. Comme quoi je serais mieux dans ma maison. Pourquoi ils l'ont détruite cette bande de con ?! Bande de salaud, connards de merde, canard boiteux au cerveau de cornichon dégradé et délavé.

Bon, je traverse le couloir, vêtement sous le bras pour prendre une douche. Chaude. Bouillante. Mais ca me calme pas. Parce que je suis toujours aussi crevé. Je veux dégommer tout le monde. J'espère que les gamins ne me feront pas chier aujourd'hui. Sinon se seront eux qui vont morfler. Parce qu'il ne faut pas me faire chier. Understood ?

Je descends donc à la cuisine une fois habillé. J'ai mis un jean noir, une chemise noire et des bretelles rouges. Me demandez pas pourquoi, j'ai pris les premières choses qui me sont passées sont la main. Et des chaussures d'homme d'affaire un peu. Je sais pas comment on les appelle. Je cherche pas à avoir le nom des choses, j'm'en fiche. J'aime, j'achète, c'est tout. Le reste, qu'est-ce qu'on en a à faire ? Sérieusement. Donc, chaussure d'homme à bout pointu. Voilà. De toutes façons, je porte quasiment jamais de basket. Limite je sais pas ce que c'est quoi. Les rares que j'ai doivent être au manoir.

Café. Il me faut du café. J'ai besoin de café. Oui, besoin. Alors direction cuisine. Parce que c'est là où ya le café. Et puis j'ai pas faim. Mais si quelqu'un me fait mes tartines je veux bien. Sûrement. Je verrais.

Et je veux fumer. Bah ouais. Normal. J'ai pas eu ma clope du matin, c'est trop naze genre. Je vais fumer dans la cuisine avec mon café ! Rien à foutre du reste. Rien à foutre des gens.

Ho, mais, c'est June ! Trop bien. Sa présence me met de meilleure humeur. Pourquoi ? Je sais pas. C'est peut être juste un apparence. Par e que je sais que si quelqu'un vient que j'ai pas envie de le voir je vais l'envoyer chier mais ... Violent quoi. Ca dépend beaucoup des gens. Je peux être parfois énervé que contre une seule personne. Une seule. Et tout le reste je vais leur parler normalement. Oui, je suis tout à fait normal.

Je m'approche d'elle et lui mets une main au cul. Ahaha. Je m'aime. Par contre, elle, moins.

Je demande un café à la cuisinière avec un magnifique sourire. Fait moi des tartines en même temps. Se serait genre juste... Trop bien. Mais pour ca il faudrait que tu sous lectrice de pensée. Salope. Si ca se trouve c'est le cas. Dans tous les cas, tu es désormais considéré comme une esclave alors obéis ! Et fais moi mes tartines. Avec mon bon café.

- Ne refait, plus jamais ça.

Han, j'ai trop peur. Mon café arrive. J'ai pas de tartines. Trop nulle. Cuisinière, je te crache dessus. Je te renie. Déjà que tu ne représentais pas grand chose pour moi, c'est pire. Tu es de la sous merde, c'est officiel.

J'ai toujours envie de fumer. Personne n'est dans le réfectoire. June, on avait commencé un jeu toi et moi. Et je l'ai bien aimé. Un peu trop peut être mais qu'importe. Je dépose un léger baiser sur ses lèvres, prends ma tasse de café d'une main, prend sa main de l'autre et l'entraîne dehors. Il fait beau, autant en profiter.

Une fois dehors, des qu'on a passé la porte, je lâche sa main et m'empresse d'allumer ma cigarette. Haaaa. Je recrache la fumée. Et bois mon café. Je m'avance alors jusqu'à un banc, me retournant sur le chemin piur lui faire face.

- Quelle mouche t'as piqué ce matin ?

Je veux dire, j'ai une excuse moi tu vois. Et j'aimerais trop retourner faire ma larve dans mon lit. Larver je sais faire. Dormir je ne pourrais pas. Je sais, je veux me transformer en sushi ! C'est la vie d'être un sushi. As de loi, pas de responsabilité. Non je ne viens pas de citer le roi lion. C'est faux.

LA FAUTE DE CES GAMINS LAAAA. Ils me tapent sur le système. Tous autant qu'ils sont.

Bref, je sirote mon café, avec ma clope, au soleil. J'vais avoir envie de chier après. Je suis ravi. Ra-vi.

Il me regarde comme si ... comme si rien en fait. Il devrait réagir ? Non ? Pas s'excuser, c'est pas un mot.. permis je crois dans le langage noir, et bien qu'on m'ait obligé à le cracher de très nombreuses fois, je ne l'ai pas pensé une seule fois. Oh, peut être que si, une fois, penchée sur le cadavre de la personne la plus importante de toute ma vie. Enfin. Plus rien n'a d'importance.

Il se permet même de m'embrasser. C'est super narcissique de faire ça, et c'est un peu contourner ce que je viens de lui dire. Je me mord la langue parce que ça me donne envie de tourner comme une idiote. Mais la douleur refoule cette idée stupide qui, heureusement pour moi, ne s'étale pas sur mon visage. Il s'attrape un café qu'on lui a préparé. J'ai trop l'habitude de tout faire toute seule pour exiger quoi que se soit; je sais que ça ne plaît pas à Dorian, alors je fais attention. Mon appartement me manque.
Ma solitude encore plus, pour le coup.

Il me prend la main pour me traîner dehors, et je sais pas s'il est de bonne humeur ou pas. Il devrait y avoir un indicateur sur le front des gens, ou un petit nuage qui flotterait brièvement au dessus de leur tête. Comme ça on saurait, et on se méfierait plus des gens. Je suppose que j'aurai eu un nuage noir. Ou.. rouge sang.
Heureusement pour moi qu'il est pas lecteur de pensées.. parce que je dois avouer que cette attention, même minuscule et sans aucun doute dirigée pour son propre intérêt allège un peu mes semelles de plomb que je traîne depuis ce matin.

Il lâche ma main et je le suis un peu .. stupidement. Je sais pas ce qui m'empêche de rerentrer. Le problème d'une telle vie réside, et résidera sans aucun doute pour toujours dans deux mots. Ennui et curiosité. L'un entraînant l'autre, cela va de soit. Il s'empresse alors d'allumer une cigarette, et je me dis que c'est peu être un truc de gros méchant, de fumer. Parce qu'on le fait presque tout ici. Peut être à cause d'un sentiment d’invincibilité qui accompagne presque tous les gens pas très gentils. Surtout ceux de Croix. J'ai un peu du mal à les blairer des fois, mais je trouve ça drôle. Ils ont presque tous une mauvaise fois qu'ils étouffent face à ce cher Dorian Cross. Un truc vraiment fun. Enfin bon. Peut être qu'ils croient pouvoir être différents face aux maladies humaines ?
Ils ont raison. Forcément.
On a raison.

- Quelle mouche t'as piqué ce matin ?

Il me fait face une nouvelle fois et j'ai envie de me mettre sur la pointe des pieds pour être à son niveau. Ou monter sur ses pompes, comme je faisais quand j'étais petite. Il paraît que la taille de l'enveloppe corporelle ne compte pas, seule les grandes âmes sont impressionnantes. .. J'ai jamais compris le sens profond de cette phrase.
Encore moins face à Mikeal.
J'hausse les épaules en commençant à me rouler une cigarette parce qu'il me donne sacrément envie de m'occuper les mains, et de me pourrir les poumons. C'est une activité franchement divertissante. J'ai connu un mec, un jour, il roulait ses clopes en conduisant. C'était monstrueux, et je m'entraîne dur depuis.
J'allume donc ma clope avec une flamme du bout des doigts. J'suis pas élémentariste feu, mais j'arrive tous à en faire quelque chose. Mais des trucs nuls quoi. Je peux tourner mon café sans cuillère (des fois il déborde c'est trop chiant) ou chauffer plus l'eau de la douche.. alors mes clopes avec une mini flamme .. je sais rien faire avec la terre.. mais l'électricité on arrive à s'entendre des fois.. C'est cool non ?
J'aime pas ses questions. Il sait pas, autant je suis touuuuujouuuurs comme ça. Non, en vrai c'est un jour sans, mais je préfère répondre un truc ultra vague. Ultra cliché aussi, parce que bon.

- La vie.

Je dis ça en regardant des gamins un peu plus loin, parce que j'ai pas du tout envie d'être là finalement, mais que j'ai pas le choix si je veux être quelqu'un dans mon organisation. Si j'ai pas choisis Rosenrot, c'est parce qu'ils sont pas du tout tolérant que que Mavis avait forcément du sang humain dans les veines, et que ça leur aurait pas plu. J'aurais pu leur dire que je l'avais tué. C'est vrai, en plus, en soit. Mais j'en suis pas fière alors..
J'ai préféré le côté pervers narcissique.
J'm'y sens chez moi.
Je tire une grosse latte de dépressive - une amie appelle toujours ça comme ça, et c'est resté dans mon langage courant - et crapote sur la tête de Mike parce que c'est drôle. Vous savez que ça veut soit dire " Je t'emmerde " soit " j'ai envie de toi ? " C'est une manière de se faire comprendre comme une autre.
Il choisit la version qu'il veut, ça m'est égal. Parce que je peux pas nier l'attirance physique.. Mais là.. non.
Bref.
Je me pose sur le banc et croise les jambes par habitude alors qu'un vent vient déranger les petites mèches sur les bords de mon visage. J'ai toujours bien aimé ça mais ça m'agace aujourd'hui. Comme tout le reste.

- Tu pars quand ?

Encore une fois, il comprend ça comme il veut, mais je suppose que sa modestie le fera aller sur le chemin qui flatterait son amour propre. Du style que je ne veux pas le voir partir pour ne pas me faire chier comme un rat mort sur une route, et que j'aurai personne à taquiner.
Ou alors, il le prend dans le sens, tu dégages quand ? Peut être même que ça lui effleurera pas l'esprit tellement son amour propre est haut. Ca doit être dur des fois. Mais ça reste plus crédible chez les sorciers que chez les humains. Comment des trucs aussi dénués d'intérêt peuvent-ils s'aimer ?
Aberrant.

June me suit, et j'apprécie. Je ne sais pas pourquoi, peut être parce qu'on est coincé ici, tous les deux. En fait, nous sommes tous coincés ici. Et je pourrais traîner avec les gens de Rosenrot. Je pourrais, mais j'ai décidé de la faire chier. Parce que quand un de nous deux s'en ira, pour de bon, nous nous reverrons plus jamais, sûrement. Et puis, elle est moins chiante que les autres membres de Croix. Les autres, vraiment, ils sont insupportables. Mais elle, elle n'a pas l'air de se prendre trop la tête. Même si elle donne des ordres qui peuvent parfois être insupportables, sa compagnie n'est pas déplaisante.

Et puis, les gens de Rosenrot, je les connais. Je vis avec eux tout le temps, alors de la compagnie différente ne me fait pas de mal. Donc j'en profite. Et puis, entre nous. Elle est bonne. Ya moyen qu'on refasse le même jeu que la dernière fois ? Non, c'est mal. Il ne faut pas en permanence coucher avec les gens. C'est mal. Mais le mal, on aime bien ça, non ? Bref, il faut que je me retire cette idée de la tête sinon ça va vraiment arriver. Et cette fois, je crois que je vais me prendre une baffe. Une vraie.

- La vie.

Je lâche un rire. La vie, c'est nul. Heureusement que je suis pas un dépressif suicidaire, sinon je me serais pendu depuis déjà bien longtemps. Je crois que je suis parfois un peu trop optimiste. Ou heureux. Dans tous les cas, c'est trop parfois. La preuve, je me suis réveillé d'extrême mauvaise humeur et maintenant tout va mieux. June, t'es mon médicament, ahaha. Si j'étais tombé sur quelqu'un d'autre, j'aurais fait la gueule. Je serais tout seul ici. Avec des idées noires. Et j’essaierais de me réveiller tant bien que mal. Et là, ça va mieux. Étrange. Très étrange. Trop étrange. Je vais commencer à me méfier d'elle tiens. Juste à cause de ça, parfaitement. Ou pas. Je suis un menteur. Et je me mens aussi à moi même, en permanence. Mais je ne dirais rien. Je n'avouerais rien, je ne dirais pas ce que je pense. C'est une vérité trop dure à affronter. Voilà, je suis un lâche envers moi même. Ca aussi, je vais me le cacher.

June vient s'asseoir à côté de moi, fumant sa clope, roulée. Pauvre ? J'ai mon paquet d'indus dans la poche. C'est cool les indus, t'as jamais la flemme de fumer comme ça. Parce que t'as jamais besoin de les rouler. Et c'est cool. T'as beau être défoncé, torché ou je ne sais quoi, tu pourras toujours fumer ta clope parce que tu as juste à la sortir de ton paquet. Bon, il m'arrive parfois de fumer des roulées, et c'est plus fort. Avec l'habitude je les préférais d'ailleurs, les indus étaient fades. Sauf que le côté flemmard a pris le dessus, donc blondes power.

Je sirote mon café, brûlant. Ça fait du bien, beaucoup de bien. Je sens que je vais aller en réclamer un autre. Ou le faire moi même pour le doser comme je veux. Pourquoi Savannah elle est pas là ? Elle le ferait exactement comme je veux. C'est nul. J'ai limite envie d'appeler Cornelius pour lui dire de me la refiler. Et là, il va me demander où est Ciara. Et je vais être dans la merde. Parce que cette salope s’est enfuie. Et elle ? Me faire un café ? Vous pouvez rêvé. "Votre père ne m'a pas acheté pour ça". Salope, tu es une esclave, merde, fais ce qu'on te dit. Je ne l'aime pas. Vraiment pas. C'est le surplus de gentillesse que j'ai qui fait qu'elle est pas au trou vingt quatre heures sur vingt quatre. Parce qu'on ne peut pas l'éduquer cette salope. Ça me donne envie de la buter parfois. Qu'est-ce qu'elle est conne mon Dieu. En même temps, je suis heureux qu'elle est disparue, je n'ai plus à la supporter. Mais ... Elle a osé disparaître. Et rien que pour ça, ça va barder. Enfin, c'est l'esclave de toute la famille, et c'est Cornelius qui lui donne les ordres. C'st donc à lui qu'elle va avoir à faire quand on la retrouvera. autrement dit, ça va barder pour elle. Surtout qu'il est capable aussi d'aller voir Anja. Mais je crois qu'il est plus cruel qu'Anja. Et pour une fois, je suis content du caractère de chien qu'il a. Elle souffrira.

- Tu pars quand ?

Je lève la tête, surpris. C'est vrai que j'étais dans mes idées noires. Enfin, noires pas vraiment en fait. Mais le sujet de Ciara me met en colère. Extrêmement. Je donne un coup sur ma cigarette pour enlever toutes les cendres quine sont pas encore tombées et refume avant de boire le café. Et de le finir, en fait. Même pas je savoure. Nul. Trop, trop, trop nul. Je pose la tasse par terre, sur un bout de béton qui traîne. Et je refume.

- Je fais des allers retours entre Londres et ici. Les temps sont variables.

Autrement dit, je ne sais pas quand je pars. Quand Orpheo m'appellera. Quand j'en aurais marre. Mais là bas aussi il y a des gosses. Surtout que je préfère qu'Orpheo ne m'appelle pas. Je ne veux pas attirer l'attention sur moi. Mais je préfère tout de même rester ici, avec d'autres sorciers. Parce que là bas, il y a des humains, des mêlés, des sorciers. Tout ça grouillent, tout ça se mêlent, c'est dégoûtant. Nous, la race supérieure, sorcier, nous ne devons pas fricoter avec le reste. C'est répugnant. Ceux qui font ça devrait être fouettés, punis. Je crois que c'est ce que Dorian fait avec ceux de sa famille qui désertent. Pour une fois que j'approuve ce qu'il fait celui là ... c'est rare.

"Les temps sont variables." Quelle phrase de merde ! Je suis pas réveillée ! Bordel ! Me fais pas chier, ok ? Sinon je te fous sur le toit. Et tu pourras pas descendre. Sauf si tu appelles un autre télékinésiste. Ou un téléporteur. Mais les gens de Rosenrot t'aideront pas. Parce qu'on aime pas Croix. Mais genre, vraiment pas. Pas du tout. Toi t'es juste l'exception à la règle tu vois ? Et c'est parce qu'on a ... Fait une partie de Mario Kart ensemble et aussi coucher ensemble que j't'apprécie un peu. Donc voilà. Mais me fais pas chier. Sinon je te fous sur le toit j'ai dit. Et je dis à tout le monde qu'on a couché ensemble. Enfin, au moins ceux de Croix, j'ai pas envie d'avoir des vannes du coté de chez Rosenrot du genre "TU AS COUCHE AVEC L'ENNEMI". Mais vos gueules, je couche aussi avec des humains. Je couche avec n'importe qui j'ai l'impression, c'est n'importe quoi. Du grand n'importe quoi. Faut me tenir en laisse. NON ! FAUX ! J'ai pas dit ça ! Je suis pas réveillé. Laissez le café faire son effet, merde. Laissez moi tranquille, voilà. Je vous merde, tous.

Merde, ma clope est finie. Et je veux dormir. Mes paupières sont lourdes. Alors je reprends une clope et l'allume. Je fume comme un pompier, ouais. Et puis je m'allonge sur le banc, la tête sur les jambes de June. Et si elle est pas contente, c'est la même chose. Parce que j'en ai rien à foutre. Le soleil rentre dans mes yeux. Et moi, j'ai les yeux clairs putaaaaaain. Alors je les ferme, comme si je dormais. Et c'est agréable comme ça. Je suis bien en fait là. Vas y, viens j'm'endors ? Et vu que je suis un gros poids, non c'est faux, tu pourras pas bouger jusqu'à ce que je me réveille. Jusqu'à ce que j'aille chier en fait surtout. Bah oui, café clope, ça donne envie de chier, j'y peux rien moi. Mais là ça va, y a rien qui attend. C'est en fabrication.

Bref, bonne nuit. Mais d'abord, je finis ma clope. Faudrait pas pousser le bouchon trop loin non plus. Une clope, c'est sacré. Genre, je comprendrais jamais les gens qui allument leur clope et qui l'éteignent juste après, qui la jettent, parce qu'ils prennent le bus. Mais tu fais un steak, merde ! Même moi qui suit riche, je finis mes clopes ! Bordel.

Avez-vous déjà essayé de creuse en vous ? D'aller plus loin que tout le monde, de mettre le doigt ou ça fait mal parce que ça veut dire quelque chose. Vous partez tellement loin dans vos pensées, que vous êtes obligés d'accepter des tas de trucs qui vous bousillent le coeur. Je pensais pas pouvoir connaître la culpabilité, et pourtant elle me saigne chaque jour. Mais.. Mais tant que tu refoules ça tout au fond de ton coeur, ba tu peux vivre, tu vois ? Tu vis parce que tu préfères te soucier de trucs un peu plus marrants - comme la baise quoi. Mais les vrais problèmes, les trucs qui vous bouffent, c'est quand quelqu'un met le doigt dessus, et vous oblige à cracher ce que vous êtes. A ce moment là, soit il reste près de vous. Soit il appuie, jusqu'à vous tuer.
Ou vous laisser à l'agonie.

Je tire tranquillement. C'est du tabac assez fort et je veille à ce qu'il me fasse toujours un petit effet. La clope du matin, rien à dire, ça réveille et ça détend. C'est presque la meilleure de la journée. Mais ça serait sans compter celle du soir, surtout l'été, oh ouais elle, l'été, assise sur le rebord d'une fenêtre, c'est la meilleur du monde entier. Les gens qui contredisent ça sont rares quand même parce que c'est marrant.

Il sirote son café et je me dis que j'en aurai besoin d'un autre. D'une vingtaine d'autre pour être de bonne humeur. Bon, après, faut pas forcer, t'es d'une humeur dégueulasse, ma foi, les gens sont pas obligés de te coller toute la journée.
Y'a que Mikeal pour insister.
J'ai envie de lui coller une droite juste parce qu'il respecte pas le fait que j'ai les nerfs complètement à fleur de peau aujourd'hui. J'ai encore une boule dans le bas ventre. J'sais pas comment m'en débarrasser. J'ai appris, un jour, mais j'étais jeune, et j'avais beaucoup moins de démons pour me bouffer toute entière.
Ouais, j'ai encore peur du noir, et alors ?

- Je fais des allers retours entre Londres et ici. Les temps sont variables.

Les temps, sont variables. Là, j'applaudis garçon. On dit ça avec .. je sais pas, la météo du genre "Oh, nuage soleil blablablabla, le temps est variaaable " (Et encore ça fait pompeux du genre noble ) mais.. là, placé dans sa phrase.. je suis désolée, mais ça a aucun sens. J'affiche donc un vrai sourire totalement moqueur et lâche un minuscule rire pour pas me faire tuer.
Je jette ma clope dans l'herbe près de moi. Je me fou de dégrader cet endroit. Je sais que Mike y travaille d'ailleurs, et .. oh, j'm'en fou en fait. J'en roule une autre d'une main tellement habituée que je n'ai plus à réfléchir du tout pour quoi que se soit et ça me fait sourire. Faudrait que je diminue quand même, c'est un truc de riche, fumer. C'est pas donné, sérieusement.

Il continue de fumer lui aussi, mais des indus.. C'est pas bon, de toute façon - j'en garde un paquet pour si jamais j'ai trop la flemme - et c'est beaucoup trop cher. Au final, la grosse radine - ou la fille trop pauvre, ça dépend comment vous le voyez - que je suis, avais calculé combien en plus ça me fait par an, et ça atteignait facilement les trois cents livres. Et ça, c'était vraiment pas marrant.

Je le sens alors qui se cale tranquillou sur mes jambes. Il sait pas que je pourrais.. j'sais pas, lui arracher la tête ? Si bien sûr que si, forcément.. Il sait aussi que j'ai pas le droit. Je soupire, blasée.
Juste blasée.
Ni agacée ni rien.
Je crois sérieusement que ma vie manque d'action. Enfin, peut être pas d'action mais certaine de quelque chose. J'aimerai bien m'entraîner un peu, parce que ça fait longtemps que j'ai pas manié un truc plus long qu'une dague ou poignard. J'aimerai bien parier de la thune avec Mikeal, du style " J'te parie 500 que je touche la cible là-bas " parce que j'y arriverai forcément. Je rate plus ma cible depuis longtemps - dans la limite du possible hein - mais il est télékinésiste et il va donc forcément tricher comme je l'ai fais à Mario Kart. -

Il ferme même les yeux.
Comme si.. comme si j'allais rester là toute ma vie. Normal. De toute façon, il a au moins le temps que je finisse ma roulée. C'est à dire trois minutes à peut près. Je tourne la tête en regardant plus loin. N'empêche que c'est pas moche ici. C'est chiant à y vivre, parce que y'a même pas de piscine, mais.. avec quelques aménagements ça serait bien cool je pense. Sans les gosses, aussi, cela va de soit.
Je me fais chier.
Distraitement, ma main gauche vient se perdre dans les cheveux d'un garçon posé sur moi. J'faisais toujours ça avant. Je sais pas si c'est ma main qui s'en rappelle ou bien si ça me manque juste. C'est presque affectueux.
Ew.
Lèvres pincées je la retire en pensant à ce que j'étais en train de faire. N'importe quoi June. Si j'étais une gamine, j'me dirai bien.. un truc genre.. Lol. ( Je hais ce mot, il devrait être banni de tous les langages. Ca pourri la langue anglaise. )

- Bouge, Mikeal.

Je pousse sa joue d'une main en lui écrasant la moitié du visage pour qu'il daigne bien ce pousser de mes sublimes cuisses parfaitement parfaites, et tire encore une fois sur ma cigarette.
J'ai pas envie d'utiliser mon don, j'ai la flemme, et faudrait que je m'approche pour le voir dans les yeux, ce qui sera ultra dangereux, vous l'accordez. C'est sa faute si tout à commencé l'autre jour.

- Faut que je m'occupe.

Je sais pas encore comment, j'espère qu'il a au moins une petite idée, après que je vais devenir complètement malade sinon. Une grosse hystérique de base qui va claquer une durite toute seule. Et tout le monde la regardera trop de travers. Mais ça va, Kare n'est pas là en ce moment. C'est de temps en temps mon plan cul.. J'l'aime pas trop. Enfin je sais pas. Je crois qu'il m'indiffère totalement. Comme un genre de truc que j'utilise quand je m'ennuie à crever.
Propose pas de baiser, ou j't'oblige à faire le singe devant les enfants.
J'ai pas non plus envie de parler, parce qu'on finit par parler de nous. Je parle jamais de moi, j'ai rien à dire, et surtout pas à un gars de Rosenrot.

Elle se permet de boire mon café. MON café. En temps normal j'aurais ralé. Parce que c'est mon café. Avec n'importe quelle autre personne j'aurais fait chier. Mais là, non. Décidément, je l'aime un peu trop bien. C'est pas bien. Pas bien du tout.

En plus elle se permet de se moquer de moi. J'avais dit non ! Je grogne, voilà. Je fais super peur. C'est le matin. J'aime pas le matin. Enfin, j'aime bien quand c'est moi qui me réveille naturellement, j'aime pas quand c'est une machine inventé par le démon. Avec un bruit atroce. Un genre de GNU GNU GNU. Rien que de penser à ce que c'était j'en ai des frissons. Saloperie de réveil à la con de merde qui fait chier. Voilà. Mais il est mort. J'ai gagné. GAGNÉ. J'ai triomphé de cette invention de malheur.

- Te moque pas, c'est le matin. Et j'ai eu un mauvais réveil.

Baisons pour oublier ! Faut braiment que j'arrête. Et cette idée dois rester dans ma tête, sinon je vais me prendre une claque. Et j'ai pas envie. Surtout là. Sinon la mauvaise humeur va revenir et ... Elle ne va pas vraiment passer un bon moment.

J'ai envie de chanteeeeeeer. Mais je sais pas quoi. Alors je murmure, sa tête sur ses cuisses, les yeux fermés. Je tape du pied contre le banc, à un rythme lent. Et je murmure des notes. Une mélodie que je crée, juste comme ça. Sûrement fausse d'ailleurs. Sûrement, oui.

Petit à petit, sa main se mêle à mes cheveux. Comportement étrange. Je soulève une paupière et la regarde de là où je suis. Elle n'exprime pas grand chose. Alors je referme mon oeil et profite juste du soleil qui caresse ma peau. Tout en continuant de murmurer ma mélodie. Enfin, je crois que je la connais cette mélodie. Mais je n'ai pas envie de me rappeler d'où. Peut être que c'est une que j'ai déjà composé. Je sais juste que c'est une chanson douce, calme. Et bizarrement, beaucoup de mes chansons parlent d'amour. Quelle étrange chose. Heureusement que d'autre n'entendent pas les paroles, sinon je serais dans la merde. Enfin, si. Evan en a déjà entendu une. Mais il n'a pas du faire attention, et puis on saccageait un mariage donc ça passait.

Mais aussi quand j'écoute de la musique ça me met en transe, je suis plus la même personne, j'y peux rien, c'est comme ça depuis que je suis tout petit. On ne peut pas me contrôler. Donc j'écris ce qui me passe par la tête. Et se sont pour la plupart des chansons d'amour. N'importe quoi un peu. Il faudrait vraiment que je me contrôle.

Et je continue de murmurer. Sauf que, les paroles m'échappe. A Cappella c'est pas super. Mais bon. Je m'en fiche un peu à vrai dire.

So you can rough me up
You can break me down
Baby don't stop now
Oh, you can use me up
'Til it all runs out
Baby don't stop now
I'm all yours
I'm all yours, somehow
Baby don't stop now

Qu'est-ce que je disais. Bon, j'espère qu'elle le prendra pas pour elle tout de même. Parce que ça la foutrait mal. L'amour, c'est mal. Et je ne suis pas amoureux, je n'ai jamais connu l'amour, et tant mieux, que ça continue ainsi, c'est très bien comme ça. Parfait même je dirais.

Elle retire sa main mais je ne m'en préoccupe pas.

- Bouge, Mikeal.

De ça non plus. Je suis bien ici. J'veux rester là. J'veux dormir moi. Genre, se serait trop bien de taper un petit roupillon ici, là, comme ça. Je kifferais trop. Aller June, steuplait, j'ai pas assez dormi et t'es trop confortable !

Ha, non, elle m'écrase la joue. Je savais pas qu'elle avait autant de force cette petite. J'ai mal à la mâchoire. Elle me l'a broyée cette salope. Du coup, je suis obligé de me relever et de me frotter la joue. Je la fusille du regard. J'ai mal ! Genre, pourquoi en plus ? J'étais trop bien moi là tu vois. Et non, j'ai pas le droit de rester. Espèce d’égoïste, awai !

- Faut que je m'occupe.

Ouais euh, tu veux garder des mômes ? Genre, pourquoi tu me dis ça ? Je voulais pioncer moi, merde. On baise et on pionce ? Non, mauvaise idée je crois. J'ai ps envie d'avoir un nouveau broyage. J'vais avoir des bleus à la fin sur mon magnifique visage. Et je veux pas de bleus. C'est moche. Genre, trop. Je préfère être impeccable. Bon, je sais que de temps en temps j'ai des cicatrices, tout de même. Sauf que les miennes, elles sont cachées. Et je n'en dirais pas plus ! C'est depuis que j'ai vu Alexander que je repense sans arrêt à ces choses. Pourquoi ? J'ai un gros trou noir de cette soirée. J'ai fumée un joint, sans tabac. Et après, trou noir. J'me suis réveillé dans mon lit. Qu'est-ce qu'on a bien pu se dire, honnêtement ? Surtout pour que ça fasse remonter des choses comme ça, dans la partie consciente de mon cerveau que j'ai enfoui, année après année. C'était bien, quand c'était caché. Caché, très loin. Saleté d'Alexander.

Je me lève donc et prends la main de June. Je sais pas où on va. Mais on marche. Parce que maintenant, je suis de moins bonne humeur que tout à l'heure. Et je sais pas quoi faire. Du coup, je marche. J'ai envie de courir aussi. D'aller dans les champs. Pourquoi ? Je sais pas. C'est l'idée qui me vient. Aller dans les champs. Alors quand ils sont à portée de vue, je lâche la main de June et court vers eux. Un immense champ jaune. Je serais même plus visible là dedans en plus. Quand c'est mûr, les épis sont super grand. Les épis de tout. Et là, je sais pas ce que c'est. Et je m'en fiche. Je sais pas pourquoi je vais y aller. Je sais pas pourquoi.

Alors je me retourne, encore.

- Le premier arrivé !

Et je me remets à courir. Je crois que j'essaie d’échapper aux mauvais souvenirs qui ont décidé de me hanter aujourd'hui. Pourquoi ? Pourquoi ? Cassez vous, merde ! J'étais plus heureux avant ! La prochaine fois que je vois mon frère, je lui casse la gueule. C'est à cause de lui tout ça, tout ce qui m'est arrivé. Tout est de sa faute. Tout. Qu'il crève, merde ! J'arrive bientôt dans les champs, et je n'en ai rien à faire des apparences, alors je hurle en y pénétrant. Je hurle avec l'énergie du désespoir. Parce que je veux oublier tout ça. J'avais réussi. Comment ? Je sais, je veux fumer. Et être heureux. Dis moi June, tu veux bien me divertir ? June ? June ! T'es où ?! Je sais que t'es joueuse, je sais que tu m'as suivi dans ce champ, c'est obligé. Alors t'es où ?! Moi, je veux oublier tous mes malheurs.

- JUUUUUUUUUUUUUUUUNE ?!

Il ne dit rien et je souris. Je pensais qu'il aurait râlé. C'est de la provocation après tout, non ? Mais il ne réagit pas. Comme si.. j'avais gagné. Ca ne sonne pas comme ça dans sa tête, j'en doute bien, mais on fait tous en sorte de rapporter l'histoire à son avantage. C'est logique, et humain je suppose. Enfin, sorcier. Je me fou des moeurs humains.

- Te moque pas, c'est le matin. Et j'ai eu un mauvais réveil.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée. Je déteste me réveiller. Tout simplement. Je mets toujours des heures à m'endormir à moins d'avoir une bonne dose de drogue dans les veines - je me pique jamais - alors me réveiller.. se réveiller, ça veut pas seulement dire qu'on va devoir.. voir des gens.. et faire des trucs.. ça veut aussi dire que nos pensées vont encore venir nous torturer avec ce truc vicieux qui vous oblige toujours à vous fuir.
Je déteste vivre, finalement, je crois. Ou alors.. Je déteste juste..
Oh, j'm'en fou. Je me comprend pas moi même, c'est génial, et les oiseaux chantent. Qui se soucie encore de nos jours le niveau de compréhension de June Heylie Williams pour sa propre personne ?
Personne.

Il se met à chantonner. Je fais tout ce que je peux pour qu'il ne sente pas mon coeur tenter de se barrer de ma poitrine. Ca fait juste, super mal. Je suis qu'un jouet cassé, de toute façon, mais c'est comme planter des clous dans mon coeur bousillé. C'est inutile. Mais je ne trouve pas de raison pour qu'il s'arrête alors je subis sa voix légèrement rauque.
Il chante bien ce con.
Je chante jamais, et chanterait jamais plus, parce que c'est une des règles. Mais il arrive et se met à chanter une putain de chanson et j'attend, les yeux vagabonds. Ca pique. Voilà. Ca pique.


On dirait un garçon amoureux et j'ai envie de me foutre totalement de sa gueule. Mais.. ça sonnerait faux. Ca claquerait faux, dans l'air, tellement faux que j'aurais l'air d'une idiote avec tous ses sentiments dégoûtants sur le bout de la langue.
Mikeal serait donc.. amoureux ? Ahahahahhaha. J'y crois pas. Ou alors c'est un amoureux totalement refoulé qui assume pas. Du coup qui couche avec moi. Ou alors, il parle de moi. AHAAHAHAHAHAHHAHAHAHA.
Mes blagues resteront toujours aussi drôles.
Bref, je sais pas si il vient d'inventer ça, ou si c'est une vieille chanson. J'aime pas les vieilles chansons. J'ai l'impression qu'aujourd'hui est un best of des trucs que j'essaie de pousser dans une boîte dans les fins fond de mon crâne. Pourquoi ils veulent pas rester tranquille aujourd'hui ?

Il se lève donc, bien obligé par ma grandeur et ma puissance totalement supérieure à la sienne. Et il attrape la main. Je regarde le contact d'un air un peu étranger, parce que ça fait deux fois qu'il fait ça et que je ne comprends pas. Je sais pas non plus pourquoi je comprend pas, mais c'est un détail. Dis, O'Callaghan, pourquoi tu me prends la main ?
C'est oppressant.

Je le suis, donc, parce que ma main peut pas le suivre sans moi. On marche, et je sais pas où on va mais visiblement, on y va. Mes petits jambes font des milliers de pas pendant que les siennes en font un. C'est un peu frustrant parce que s'il accélère je vais trottiner à côté de lui, et ça va pas trop me plaire.
Et il se met à courir.
Pourquoi ?

- Le premier arrivé !

Franchement ? J'ai pas envie de jouer, mais juste pour gagner je m'élance, histoire de pas perdre deux fois.
Sauf qu'il a pas l'air de courir que pour le jeu. On dirait un garçon qui fit ses vieux démons. Honnêtement, j'adore voir les failles des autres. Dans un sens, ça me rassure, et puis ça les rends plus normaux, moins machines à tuer. Les gens qui n'ont peur de rien en fermant les yeux sont soit encore trop jeunes, trop transparents, soit ça va arriver. Faut pas s'en faire. Ou alors ils sont juste trop.. gentils.

Je cours aussi, du coup. Pour fuir comme pour rire. Ca provoque la plupart du temps un sentiment de vitesse magique. Mais c'est chiant, en robe. Je cours donc, et mon coeur s'emballe, jusqu'à ce que je pénètre dans les blés. Je vais pour ralentir quand je me prends les pieds dans quelque chose et m'éclate par terre. Mon genou prend juste trop cher et je pourrais déterminer à quel instant ma peau s'est déchirée.
Je me relève l'air de rien, au cas où je serais vue. Mais non.
Bien. Au moins une bonne chose.
Ma robe n'a rien. Ca, c'est exceptionnel. Je saigne du genou, forcément, je me suis pris un cailloux, c'est chiant, et ça coule le long de ma jambe. Je me concentre un peu - ça fait pas si mal - et tente de concentrer pendant une bonne minute jusqu'à ce que mon sang ne fasse qu'une bulle devant moi. Un truc qu'on pourrait gober.

- JUUUUUUUUUUUUUUUUNE ?!

Han, du coup on saura jamais qui a gagné.
Nul.
Oh, j'ai une idééée. Je tire un peu du sang de la plaie, tout doucement - ewww, ça pique ça ! - pour en avoir plus - dis comme ça, c'est effrayant - et me relève en enlevant la poussière de partout sur mon corps. Avançant un peu courbée pour ne pas qu'il me voit, je me glisse pas très loin de lui et me met à hurler. Pas un truc de fillette hein, un truc rauque comme si j'étais blessée.
Et j'explose la bulle dans mes mains. Je me courbe en deux sur mes jambes, j'ai les jambes pleines de sang, et je me trace vulgairement une marque sur le visage. Je laisse les larmes me monter au yeux - c'est pas très dur, dans un autre monde j'ai été une vraie femmelette - et je lève les yeux sur le dénommé Mikeal. J'fais un peu genre j'ai du mal à respirer - ça non plus, c'est pas dur, quand je fais des cauchemars je fais des crises de spasmophilie - et lâche deux ou trois mots ultra grossiers, les traits tirés par une douleur un peu imaginaire. Ouais bon ok, c'est totalement inventé.
J'attends bien quatre minutes d'un cinéma totalement stupide et gamin, je devrais être actrice d'ailleurs avant d'exploser de rire. Littéralement, parce que c'est trop drôle. Je ferme les yeux histoire que le sang reprenne .. forme ? Redevienne bulle, au centre de mes mains, et lâche, satisfaite.

- T'a vu, c'est marrant, hein ?

Moi, j'adore ça. C'est rare que mon pouvoir soit très très fun, il sert plutôt à tuer, et il fait ça tellement bien que j'insiste pas trop sur les autres parties.
J'suis d'un peu meilleure humeur du coup, et les fantômes du passé sont allés se faire foutre plus loin dans June. - Parler à la troisième personne ça fait relativiser, je vous jure. Je me relève une seconde fois, en espérant qu'il ne verra pas la pâle cicatrice sur mon genou prouvant ma maladresse tellement constante que ça me ferait taper la tête contre les murs parfois. Lui par contre.. je sais pas si il fuit toujours quelque chose ou pas. J'incline un peu la tête.

- Tu sais que quand.. les gens sont rattrapés un instant par ce qui les effraie, je peux les manipuler à ma guise ?

Parce qu'ils sont faibles. Parce qu'ils ont plus peur des autres choses que de moi, et ça marche tellement, tellement mieux. Il suffit de regarder dans les yeux, dire que ça ira, une main sur la joue, droit dans les yeux, et tu poses tes questions bourrées de don.
C'est génial. Le meilleur truc du monde.
Mais j'ai déjà assez de mes démons, vous savez.

Qu'est-ce qui te fais peur, Mikeal O'Callaghan ?

Parce que la vie est cruelle. Parce qu'on fait croire à tout le monde que tout va bien, alors qu'en vérité tout va mal. Parce que notre situation nous oblige à faire croire à tous ces mensonges. Parce qu'au fond de toi, tout au fond, tu aimerais être différent. Parce qu'on t'as dit qu'il fallait faire ça. Parce qu'on t'a battu quand tu ne le faisais pas. Parce que tu as peur des coups. Parce que tu as peur de tout. Parce que tu est trop gentil. Parce que tu as des démons en toi. Parce que tu voudrais les refouler. Parce que tu voudrais retrouver ta vie d'avant. Parce qu'avant, tu avais oublié. Parce que avant, tu étais heureux. Parce qu'avant, tu l'étais plus qu'aujourd'hui. Parce qu'avant, tu ne te souvenais plus. Et que tous ces souvenirs font mal.

Si j'étais un gosse, je pleurerais. Mais voilà, je n'en suis plus un. Et j'essaie de refouler ça, très loin dans ma tête. Alors je m'enfuis, physiquement, mais je sais qu'ils reviendront très vite à la charge. Parce qu'ils beaucoup plus présents qu'avant. Tout ça à cause de mon déchet de frère. Qu'est-ce qu'il m'a fait ce con ? Ou alors, qu'est-ce que je me suis fait ? Je n'en peux plus, vraiment. Je préférais quand j'avais tout oublié. Toute cette enfance, malheureuse. Même si c'est l'enfance de tous les sorciers noirs.

Thalia et moi, on aurait du échanger de parents, je suis sûr que ça nous aurait mieux convenu. Mais voilà, Alfred n'est que ma tante, je dois obéir à Cornelius et Alessia. Et parfois la vieille Adelaïde. Et ils m'en ont fait baver. Vraiment. Et personne d'autre que moi ne sait tous les malheurs que j'ai eu. Et maintenant, ils sont présents. Et je veux les oublier. Je veux les oublier.

Je cours. Je les fuis. Je me défoule. Je ne cours pas que pour m'amuser. Je prétends que ça l'est mais c'est tout. Mais certaines personnes ne sont pas dupes. Je me verrais, d'un point de vue extérieur, je saurais que quelque chose ne va pas. Ça se sent, ça se voit. Je veux hurler, je veux continuer de courir, je veux oublier.

J'entre dans ... Des blés. Voilà, des blés. Et ils me fouettent le visage, les bras. Mais je m'en fiche, j'ai mal, j'ai peur, je veux oublier. Je déprime presque. Je préfère la douleur physique, c'est plus facile à gérer. Alors ça ne me gène pas. Mais je m'aperçois que j'ai perdu June aussi. Et aujourd'hui j'ai décidé que c'était elle qui me remettrait d'aplomb. Alors je remet mon masque de bonne humeur, ou presque. Et elle débarque, du sang partout sur elle, des bruits affreux sortant de sa bouche, au début, je dois avouer que je prends peur, les yeux écarquillés pendant quelques secondes, puis je m'aperçois que tout ça n'est qu'un coup monté. Alors je la regarde, de haut, désapprouvant tout cela, ou presque. Et j'attends qu'elle finisse.

Son cinéma dure encore quelques minutes, pendant lesquelles je ne dis rien, pendant lesquelles je la laisse faire son show, tout simplement.

Le sang qui la couvre se rassemble en une grosse bulle, sous sa volonté. Intéressant. Ca doit être super bien de manipuler le sang. J'aimerais bien. Et j'en connais d'autres qui aimerait encore plus.

- T'a vu, c'est marrant, hein ?

Je lève un pouce en l'air, avec un sourire, pas très convaincu. J'aimerais ajouter un "Trop bien !" ironique mais j'ai la flemme. J'ai la flemme de parler, exactement. Par contre, je n'avais pas la flemme de courir, avec mes poumons de fumeur. La blague, je les crachais en arrivant dans le champ. Ou presque. Vous ne saurez jamais.

- Tu sais que quand.. les gens sont rattrapés un instant par ce qui les effraie, je peux les manipuler à ma guise ?

Je plante mes yeux dans les siens, pas du tout ravi. Plutôt en colère même. Une vague d'énergie monte en moi et je l'utilise. La télékinésie, c'est trop bien. Du coup, je propulse June loin de moi. Tu las sens ma colère June, tu la sens ? T'as pas eu l'impression qu'un poids arrivait dans ton ventre et te propulsait loin ? Parce que je l'aurais bien voulu là. Enfin, techniquement la vitesse j'arrive pas à le faire, donc j'ai juste voulu l'éloigner. D'ailleurs, les blés près de moi se sont aussi plié, comme si c'était un champ d'énergie qui était sorti de mon corps. C'est marrant. Mais je ne rigole pas, je suis loin de rigoler.

J'espère qu'elle le sent. Parce qu'elle a pas intérêt à essayer. Sinon je m'envole, loin, très loin. Voilà, c'est trop bien d'être télékinésiste, tu fais ce que tu veux avec tout ce que tu veux. Ou presque.

J'ai envie de me rapprocher d'elle, pour la menacer, mais en même temps, je veux rester loin, je veux pas qu'elle soit près. Pas après ce qu'elle vient de dire. Le pire ? C'est que je sais que je ne dois pas faire confiance aux gens. Qu'est-ce qui m'a pris ? Je ne suis pourtant pas naïf d'habitude. N'importe quoi Mike, vraiment. C'est une Croix. Croix, c'est le mal. Pourquoi je fricote avec elle ? C'est n'importe quoi.

J'ai envie de faire exploser des choses. Mais il n'y a que des blés ici. C'est nul de faire exploser des blés. Nul. Il n'y a aucun intérêt. Aucun. A part faire des sortes de confettis sauf qu'après t'en as plein les cheveux. Et c'est trop nul, voilà.

Je la fixe depuis tout à l'heure, je tends mon index vers elle, comme un adulte qui réprimerait un enfant.

- N'essaye pas. Ne me provoque pas, June Williams.

J'aurais aussi pu dire June Heylie Williams. Mais ça me paraissait trop. J'ai toujours pas envie de me rapprocher d'elle. J'aurais préféré qu'elle me fasse oublier. Pas qu'elle me provoque. Qu'est-ce qui m'a prit ? Honnêtement ? Voilà, maintenant, j'ai juste envie de me barre d'"ici. Loin, très loin. J'ai envie d'être seul. Et j'ai envie de d'autres choses aussi, mais je n'ai pas envie d'y penser. Il ne faut pas, sinon je vais être encore plus énervé que ce que je suis actuellement. Je regarde donc June avec un regard noir. Jamais elle ne s'excusera, je le sais. On est tous comme ça, trop de fierté. Mais moi non plus. On me provoque, je réponds, c'est tout. Je ne fais que me protéger. En même temps, ça veut dire que j'ai quelque chose à cacher. Mais on a tous une partie en soit qu'on veut garder secrète, non ? Moi, c'est presque toute ma vie. Donc je mens pour faire croire que je suis un homme heureux. Je mens pour me convaincre que je suis un homme heureux. Mentir, il n'y a que ça de vrai de toutes manières.

Mikeal n'est qu'un gros rabas-joie qui passé la première surprise casse tous mes délires. Oh, ça va, je sais bien qu'il sait faire l'enfant, pourquoi plus maintenant ? Je sais que je suis lunatique, et repousser ces trucs qui essaient de me bouffer c'est tellement habituel que j'y arrive bien je crois. Pas lui ?
Pas toi, O'Callaghan ?
Je lève les yeux au ciel une nouvelle fois. Il pourrait au moins sourire au lieu de lever son pouce. Juste ça quoi. Il doit avec quoi, vingt, vingt cinq ans ? Et déjà si blasé. C'est affligeant. Je suis peut être pire que lui, et je n'ai sans doute pas de meilleure raisons, mais au moins je sais réprimer ce côté de ma personne, ce qui n'est pas toujours facile. Et c'est déjà ça, croyez-moi.

Je suis subitement propulsée. J'ai l'estomac qui me monte dans la gorge et je m'explose le dos et une épaule contre des trucs durs, j'sais pas quoi, j'ai pas envie de regarder. Ma mâchoire claque contre le sol et je me mord la langue. Les yeux écarquillés je me relève, un peu sonnée. Abasourdie, je crache vite fait du sang. Je saigne aussi un peu du coude, et j'ai l'épaule éraflée. De toute façon y'en a déjà sur mes fringues, pas besoin d'utiliser quoi que se soit pour rien. Pour se fatiguer surtout. Je regarde les blés couchés.
Non mais sérieusement ? C'était.. C'était une putain de blague, une provocation bordel, je comptais pas entrer dans sa tête, je me fou de ce qu'il y a dans sa putain de tête il peut bien y cacher ce qu'il veut je m'en tape ! JE M'EN TAPE ! Il comprend plus les blagues ? Son sens de l'humour est resté dans la cuisine ?
Ou contre un mur peut être ? Ah, ça c'est sûr qu'il peut être drôle quand on finit par baiser. Génial, garçon.
J'ai le coeur qui bat ultra vite et j'ai un goût d'injustice total. Je sais bien ce que sont les sorciers noirs, ça tape quand ça va pas, mais J'AI RIEN FAIT. Comment tu peux être aussi susceptible ? Aussi imprévisible ? Je suis impulsive, ouais, mais.. mais pas à ce point.

Je souffle un bon coup pour pas que mon coeur lâche tellement que j'ai envie de hurler toute ma frustration, toute ma rage que j'aimerai évacuer. J'aimerai, par ailleurs, l'évacuer dans son beau visage.
Non, j'viens pas de dire ça.
Je porte une main sur mon visage où je sens pointer le sang qui formera un bleu. Je ferais des expériences sur moi même pour le virer plus tard.

- N'essaye pas. Ne me provoque pas, June Williams.

Je regarde son index tendu vers moi et me dis que quand même, je l'arracherai bien. Avec mes dents, s'il faut. Si j'étais influente, mes sentiments et émotions claqueraient des durites sur les autres et ça serait bien moche à voir. Mais c'est pas le cas.
Pas du tout le cas.
Je reste donc totalement loin de lui, du mépris plein les yeux. Je sais pas pourquoi je le prend aussi mal, vous voyez, je devrais être tellement habituée de m'en prendre plein la gueule que ça devrait plus rien me faire. Et bah voilà, ça me touche. J'suis désolée de l'avouer à ma propre personne parce que ça fait mal, ça pique à mort. Je sais pas pourquoi, vraiment, ça ne devrait pas. Mais depuis.. depuis cette putain de partie de Mario, et bien Mike c'est devenu une bouffée d'oxygène pour quelques heures, et si il voulait pas me laisser tranquille alors j'aurai espérer qu'il me laisse respirer.
Qu'il m'emmène rêver un peu plus loin.
Mais ma bulle d'oxygène, visiblement, c'est crevée, est devenue tellement toxique que je sens le sang pulser dans mon épaule et un goût acide glisser sur ma langue. Faudrait que je me calme mais forcément, il faut bien un jour laisser sortir quelques émotions. Je le fixe quelques secondes avant de siffler entre mes dents.

- Ne m'approche plus.

Haine, injustice, amertume, rancune, douleur, humiliation, incompréhension, blessure, tout ça fait un cocktail explosif et mon don d'ordonnatrice part comme une flèche vers Mikeal, avec comme fer une volonté toujours plus dure à plier. Je sais bien que je ne tiens pas mes ordres sur le long terme, et je me fou de ce qu'il va tenter de faire.
Autant, juste pour me montrer que lui aussi il m'en veut, d'avoir sans doute sois-disant voulu profiter d'une quelconque faille, il va essayer. J'espère qu'il pourra pas. J'espère sincèrement que la flèche s'est enfoncée assez profondément dans son coeur pour qu'il ne puisse pas la retirer sans finir à l'agonie. Mais j'suis jamais sûre de rien avec mes talents.
Oh, et puis je suis tellement rancunière. Tellement, tellement rancunière. Je sais pas d'où ça sort, et j'aimerai bien.. refouler ça des fois, parce que c'est dur à porter, surtout quand c'est envers vous-même. J'arrive pas à lâcher prise. J'arrive jamais à lâcher prise, et j'y arriverai jamais plus je crois.

On se regarde en chiens de faïence. Je calme coeur et respiration, les lèvres pincées. Ce que tu me fais ne devrais faire que m'effleurer. Mais ça.. Ouais, non. J'vais jouer au même jeu que tellement. Mentons.
Voilà, mentons ! Paraît que c'est le meilleur truc à faire. La meilleure chose pour pas se noyer. Alors comme ça, la bouée, c'est un mensonge ?
Ou un menteur ?

Je recule alors prudemment, au cas où il se re tape un délire et m'envoie m'éclater la tête contre un rocher. Tu sais quoi Mikeal ?
Tu me fais peur.

Je vois bien que ça va mal. Ça se voit, ça se sent même. Je suis loin d'être un empathe, j'en ai rien à foutre des sentiments des autres. Mais j'ai l'impression qu'avec elle, c'est différent. Comme si je l'appréciais déjà. Et ça rend tout plus compliqué. Et j'aime pas quand c'est compliqué. C'était mieux la première fois qu'on s'est vu. La première fois, la première rencontre. C'était sa prise de tête, c'était juste un énorme jeu. Et là, le jeu devient compliqué, comme si il y avait des sentiments, comme si je le faisais confiance. Mais merde, qu'est-ce qui m'arrive ? C'est n'importe quoi. Du grand n'importe quoi. J'ai envie d'exploser, de me taper la tête contre un mur, de me faire du mal, de lui faire du mal. De faire du mal à tout le monde. Je veux exorciser cette peine.

Mais pourquoi j'ai mal ? Pourquoi ? Ça n'a aucun sens. Et puis quand je la vois, se relever, blesser, ça me fait encore plus de peine. Pourquoi ? Habituellement, je n'en ai strictement rien à faire. Je veux dire, j'adore blesser les gens. Même avec mes collègues de Rosenrot qui sont comme "une seconde famille" même si ce n'est qu'une utopie, je ne ressentirais pas ça vis à vis d'eux. Si on me dit d'en exécuter un, je le ferais sans peine, de sang froid.

Et là, je suis torturé, à cause d'une fille que je ne connais pas. La voir blessée me blesse. Voir son regard méchant, qu'elle m'adresse, me blesse. Même si je ne laisse rien paraître. Parce que je la regarde avec les même yeux. Je bouillon,e de rage, de tristesse, de colère, de torture. Tous ses sentiments sont mélangés, ça bouillonne, ça veut sortir.

Si j'étais un gamin, je pleurerais.

J'aimerais bien être un gamin là. Parce qu'il peut s'enfuir et pleurer. Parce qu'on ne lui reproche pas trop de pleurer. Alors qu'un homme de vingt quatre ans, si. Voilà, je suis faible. C'est ma raison d'être. Le faible O'Callaghan. C'est bien comique.

- Ne m'approche plus.

L'ordre arrive en plein dans mon coeur. Ça fait encore plus mal. Je serre les dents, fronce davantage les sourcils. Serre les poings. Je te hais June. Je te hais. C'est à cause de toi tout ça. Ça partait bien, non ? Mais non, tu as décidé de me provoquer, quand j'allais mal. Et je suis plutôt impulsif. Surtout sur ce sujet, je n'arrive pas vraiment à mes contrôler. Alors tu en paies les conséquences. Voilà pourquoi on enfoui tout. Parce que sinon ça remonte à la surface et on va mal. Et les gens veulent creuser, ils veulent connaître nos faiblesses, et on essaye de les cacher, le plus possible. Donc on explose. J'explose.

On ne parle pas de mon passé, c'est interdit, c'est un sujet tabou. Je parle uniquement des expériences heureuses que j'ai pu avoir. Ou sinon, je ferais genre que rien ne m'atteint. Et ça, c'est facile quand je suis de bonne humeur. Un sourire sur les lèvres, un air décontracté et tout va bien. Mais voilà, aujourd’hui c'est le jour de déprime, de tristesse, et donc, de colère.

Son ordre me fait mal. Ça donne envie de s'approche, je tente un pas et j'en pâtis, autant physiquement que mentalement. J'ai l'impression d'être broyé de toute part. C'est horrible, je veux exploser. Je pousse un grognement, et saute. Haut, très haut. Je vous avait dit que j'adorais la télékinésie ?

Je suis donc à plusieurs centaines de mètres au dessus du sol. J'ai filé, à toute allure jusqu'ici. Et ça crève plus qu'il n'en parait. Je n'ai pas pris beaucoup de temps pour arriver ici, mais au moins, ça bouffe de l'énergie. C'est un peu le but de l'opération en même temps. Sauf que, j'ai toujours envie de m'approcher. C'est un besoin, un désir. Je ne sais pas ce qui se passe en moi, je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu. Complètement perdu. Tout ça à cause d'une femme.

Les femmes, sont des démons. Voilà. Je la repère, dans le champ. J'espère qu'elle n'a pas trop bouger. En tout cas, je redescends à tout vitesse. Arrivé un bas, un cratère se forme sous mes pieds. L'atterrissage fait mal. Comme quoi la colère nous empêche de bien nous contrôler. C'est pas bien, mais j'en ai rien à faire. J'ai atterri assez loin pour ne pas la blesser, cette fois.

Je me relève donc, la fixe avec un regard noir. Les mâchoires serrées, mes poings fermés, je m'avance d'un pas déterminé vers elle. Rien à foutre de son ordre, je m'approcherais autant que je voudrais, c'est tout. Je suis broyé, de toute part, mais ça m'est égal, je continue d'avancer, même si la pression se fait plus forte à chaque centimètre que je parcours. La distance diminue entre nous deux. Je marche d'un pas plus rapide que la normale.

Me voilà maintenant face à face avec elle. J'hésite un instant avant de faire le dernier pas qui nous sépare et l'attire dans mes bras. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, c'est un besoin. Pire que ça même. Je suis bien là, même si la pression est encore plus forte, même si j'ai l'impression que je vais mourir parce qu'elle est juste à côté, à cause de son putain d'ordre à la con. Je la serre contre moi. Une main dans ses cheveux, je la colle à moi. Un besoin je vous ai dit, c'est horrible les besoins de ce genre. Horrible. J'ai l'impression de mourir. June, je suis désolé. Mais ces mots ne sortiront jamais de mes lèvres. Par contre, j'espère juste qu'elle le comprendra. Honnêtement, je n'ai pas envie de me prendre des poings dans la gueule. Désobéir à son ordre suffit amplement comme blessure. Ça fait mal. June, j'ai mal, tu le sais ça ? Ça n'empêche pas que, je n'ai pas envie de partir. Même si je ne sais toujours pas pourquoi. C'est comme ça disons. Comme une attraction.


HRP : Ceci est le posyt le plus rapide que je n'ai jamais fait : 10 MINUTES BITCHES !

J'ai les dents tellement serrées que je me demande si je vais pouvoir ouvrir la mâchoire à nouveau un jour. Je sais pas comment réagir, à vrai dire, maintenant. Je bouillonne et visiblement lui aussi. Je crois que j'attend qu'il parte. Qu'il cède ou un truc du genre. Je déteste trop réfléchir parce que ça m'empêche d'agir normalement. Naturellement. Mais je crois qu'entre Mikeal et moi, dans l'instant, y'a plus rien de naturel. Juste une histoire de baise. Une histoire qui maintenant, fait mal.
J'aime pas quand ça fait mal. J'serais prête à tellement de choses pour ne plus rien ressentir ! Devenir une machine à tuer. Attendre.. un truc comme la soixantaine, et laisser le flux de tout ce que j'ai vécu me mettre à genou jusqu'à m'achever. Ouais. Devenir un monstre, un robot. Et pas supporter le regarder de ce gars là sur moi.

Il fait un pas vers moi. Pas un gros pas, du genre pour totalement me défier. C'est plus une tentative. Et faut croire que j'ai placé plus de volonté que jamais dans mon ordre, parce que ça m'arrache la tête de tenter de résister à ça. J'ai pas envie qu'il approche, pourquoi il essaie ? Je.. c'est absurde. Je sens immédiatement le poids de la fatigue me plier les épaules et je porte deux doigts à mes tempes où ça pulse. A peine levée que je devrais aller me recoucher. Pas que par fatigue.. par lassitude. J'ai l'impression de devoir, chaque jour, me battre. Y'a pas un jour ou je me lève, me recouche en me disant, " c'était une journée facile. " Ouais non. Pas de putain de journée facile par ici. Pas dans cette vie là. Faut croire que c'est pas pour June Williams ce genre de trucs. Nan, pas pour June Williams.

Puis.. Plus d'Mike.
Je cligne des yeux, sentant le poids sur moi s'envoler. C'est tellement plus simple ainsi ! Reste loin. Je sais pas pourquoi j'ai exigé ça, peut être parce que j'étais blessé. Mais ça me fatigue aussi de maintenir une telle volonté alors je me mettrais à le fuir.
J'ai pas envie de le fuir.
Puis subitement il revient. J'ai l'impression qu'il est trop prêt, encore, j'ai pas envie de le voir parce que ça me fait peur. Vous voyez ? J'ai peur qu'il approche, parce que j'ai pas envie d'avoir mal, j'ai pas non plus envie de reconnaître que j'ai mal. Reste loin. Simplement, reste loin.

Je regarde le sol qui s'est creusé sous ses pieds. Alors comme ça on peut voler avec la télékinésie ? J'aimerai bien, aussi. Y'a des tas de trucs qui je trouverais chouette à vrai dire. Il paraît qu'on est jamais content de ce qu'on a.. et bien ma foi, j'approuve cette idée. On devrait pouvoir choisir à l'adolescence. Un marché aux pouvoirs.

Et il s'approche.
En me fixant.
Je sens déjà la tension dans ma tête qui broie mon cerveau et bousille tout l'espoir que j'avais de passer une fin de journée normale, monotone et grisée. C'est toujours mieux que ça.
Il me planterait des vis dans le cerveau que ça ferait moins mal. Mais forcément je ne veux pas céder. Je comprend pas pourquoi il fait ça, mais j'espère surtout qu'il ne voit pas à quel point ça m'effraie. Mon coeur va exploser je crois. Sans doute qu'il va me retourner une droite, une gifle, ou m'envoyer débouler loin. J'ai tellement envie de reculer mais forcément je ne le fais pas.
Je serre les dents, au bord de l'implosion.

Il hésite.
Je serre les poings, m'apprêtant à recevoir un coup. Mais y'a rien qui vient. Si. Le torse de Mike qui se serre au mien subitement. La pression est insupportable dans mon cerveau, mais ça veut dire que je n'ai pas lâché.
Il doit sacrément galérer aussi pour faire ça. Sacrément, sacrément galérer. C'est comme se saigner les bras pour se faire mal. Se faire souffrir. Le pince les lèvres sans rien lâcher pourtant. Bras ballants le long du corps.

Puis je lâche tout. C'est comme un grand verre qui se casse, qui s'explose en mille morceaux dans l'éclat d'une volonté. Et je referme mes bras sur lui, le visage contre sa chemise sombre. J'ai les doigts qui tremblent encore, j'espère qu'il ne le voit pas. J'espère aussi qu'il ne sait pas que la blessure qu'il s'est infligé en faisant un acte aussi stupide, me retourne aussi avec lui.
J'arrive pas à comprendre pourquoi il a fait ça. Ou alors je comprend trop bien. C'est qu'une histoire d'incompréhension de toute façon, comme toujours. Je sais pas pourquoi ça arrive, aujourd'hui, avec lui, et ça me fait tellement peur ! J'ai l'impression d'être encore une enfant terrorisée sous sa couette. Ouais, j'en serais à cette âge là que je partirai en courant parce que je sais pas où ça va nous mener. J'espère qu'il part bientôt vous voyez.

Je me décolle de lui, doucement. J'ai pas envie, mais .. mais c'est ainsi. Une main s'attarde quelques secondes de trop sur son visage et je sais pas si je suis encore en colère contre lui ou pas. Puisque ma vie n'est qu'une oeuvre de vengeance, je devrais peut être me venger, mais j'ai pas envie. J'crois que..
J'sais pas. J'préfère avaler mes mots. J'aime pas l'idée qu'il se soit infligé ça. J'aime pas du tout ça et je souffle, le regard rivé sur le sol.

- Tu me dois rien, Mikeal. Quoi que tu fasses tu me dois rien.

Encore plus si tu viens de Rosenrot, tu comprends ? Parce que si tu .. si tu fais des trucs pareils, je serais obligée de le faire aussi, tu vois ? J'ai pas envie qu'on en arrive dans ce genre de trucs bizarres. Je..
Laisse moi au sol quand tu m'y lances, c'était bien aussi finalement, parce que maintenant je sais bien que si je te blesse profondément, ça va pas m'aller. Je.. ça pourra jamais plus aller si on me l'a pas demandé, si ça vient pas d'au dessus.
Merde.
C'était pas prévu.

I bleed for you

On m'a apprit à ne rien ressentir depuis que je suis petit. N'avoir aucun sentiment. Sauf que, chez moi, c'est trop dur. D'abord parce que la musique m'a permis d'avoir une porte de sortie. Et avec elle, je ressens des choses. Des choses qu'avec ma vie je n'éprouve pas, de la tristesse, mon coeur qui se gonfle, ma gorge qui serre... Je ne comprends jamais, mais pourtant c'est égrable.

Mais je sais aussi que les sentiments c'est mal, on est faible face à eux. Regardez les sorciers noirs, aucun sentiment n'est en eux, sinon ils ne opurraient pas faire le boulot, qui est de tuer, torturer, massacrer. Et moi, j'aimerais bien être un robot, tout comme eux.

C'est là que je me rends compte que j'aurais du juste ... Ecouter ma famille, et obéir. Du début, à la fin. Je ne serais pas dans cette position maintenant sinon. Les sentiments, c'est mal. Pourquoi j'ai du avoir une once de gentillesse en moi ? Pourquoi a-t-il fallu que je sois blessé par une éducation qui est censé te forger ? Qui est supposée te rendre fort, puissant, sans pitié. Non, moi, je suis juste brisé.

La pression s'allège, et je respire mieux. Je serre June plus fort contre moi. Ca fait du bien, je renifle ses cheveux, je suis bien là. Mais ça me torture en même temps. Pourquoi je fais ça ? Pourquoi je suis là, comme ça ? C'est quoi le but ? Il n'y en a pas. C'est quoi toute cette mascarade ? C'est quoi les mouvements de mon coeur ? C'est juste, du grand n'importe quoi. Et opurtant, j'ai envie de sourire, parce qu'elle me laisse être ici. Parce qu'elle ne m'a pas chassé à coup de pied dans le cul. Parce qu'elle aussi m'enserre.

Et moi, je suis encore plus perdu. Après tout, je n'ai jamais connu ça. J'y comprends rien. Rien du tout. Et pourquoi ai-je l'impression que personne ne pourra m'aider ? Pire encore, je ne pourrais en parler à personne. Même pas à Alfred. Thalia, encore moins. Et mon frère, je susi supposé le détester. Mais bizarrement, je susi sûr que c'est lui qui comprendrait le mieux ma situation.

Mais jamais, jamais je ne lui dirais ce que je ressens. Jamais je ne lui dirais que je suis un être capable de sentiments. Je ne veux avoir aucun lien avec mon frère, aucun. Je ne vexu pas lui ressembler. Je suis supposé être un sorcier noir, merde ! Un vilain. Un grand vilain.

Elle me pousse un peu, se détache de moi, alors je la laisse faire. Elle pose une main sur mon visage, et je ne sais toujous pas quoi faire. D'un côté j'ai envie de la prendre, de l'embrasser, de la regarder gentiment, lui disant que tout ira bien. D'un autre côté, j'ai peur de tout ça, je veux la rejeter presque, alors je laisse le contact, en la regardant dans les yeux, sans aucune émotion, car je suis juste, complètement perdu. Jusqu'à ce qu'elle retire sa main.

- Tu me dois rien, Mikeal. Quoi que tu fasses tu me dois rien.

Son regard est dirigé vers le sol. Et je ne sais pas quoi répondre. Non je ne lui dois rien. Et elle ne me doit rien non plus. C'est juste, une envie, un besoin.

Please, don't walk away.

Les bras pendants de chaque côté de mon corps, je ne bouge pas. Parce que je suis toujours aussi perdu. Après quelques secondes, minutes, qui paraissent être une éternité, je lui prends finalement la main, sans rien dire et me dirige vers l'orphelinat.

J'aime bien avoir sa main dans la mienne, je ne sais pas pourquoi. Je n'avais jamais agis comme ça avant. Jamais. Je n'avais jamais ressenti ça non plus. C'est vraiment, trop bizarre.

JE marche, tranquillement, sans rien dire. Je ne sais pas quoi dire de toutes manières, mon cerveau est vide. Je ne suis plus en colère, du moins, je crois pas. Je ne suis plus triste. Mais je ne suis pas complètement heureux non plus. Disons juste que là, je ne ressens rien. Si ce n'est peut être une once d'espoir. Car elle est là. Car elle ne m'a pas rejeté quand je l'ai pris dans mes bras.

Nous sommes à mi chemin, quand je décide de m'arrêter. Je pouce ma main sous son menton pour lui redresser la tête et passe mes lèvres sur les siennes. Rapidement. Un petit sourire apparait sur mes lèvres, tandis que je la regarde dans les yeux; rassuré, en quelque sorte.

Gêné, je ne sais pas pourquoi, je me retourne et continue ma marche, serrant sa main plus fort dans la mienne. Tout d'un coup, je m'allonge dans l'herbe. Là, juste comme ça, et je l'attrire avec moi. Je la prends dans mes bras, kl'attire contre moi, regardant le ciel.

Et je prends une cigarette. Parce que fumer, c'est mal.


We bleed the same blood.

You have to find a way to be alive.

J'ai toujours voulu être parfaite. La fille, parfaite. Le corps parfaitement taillé, un visage régulier avec des traits fins. Un style bien à moi qui me laisserait m'affirmer sans qu'on veuille me mette de côté. Jamais un seul écart d'humeur. Oh oui, c'était bien ça le deal : avoir une humeur toujours parfaitement constance. Un mélange de calme et d'énergie. Et j'y croyais. J'y croyais dur comme fer, et tout ce que j'avais à faire c'était faire attention à ce que je disais, faisais, et simplement prendre soin de moi. Je croyais que j'y arriverai, que je pouvais réussir à être parfaite.
Mais je ne le suis pas.

Et c'est pas la chose la plus simple du monde à accepter.
J'le voulais vraiment.

Il ne me répond pas. J'aime bien les gens qui savent respecter le silence et surtout qui essaient pas de le combler avec des milliards de paroles débiles. Je pourrais dire que c'est la race des sorciers qui savent ne pas piailler pendant des heures. Mais je sais que c'est surtout les parents sorciers noirs qui claquent des joues, projettent des gosses et les enferment pour tellement de raisons qu'ils finissent par se taire.
Quand j'étais petite, on m'enfermait dans le cagibi, près de la chaudière. J'suis claustrophobe à en crever. Merci les gars. Merci.. euh .. Tata ? J'm'en fou. J'ferais genre que j'ai pas peur si je me retrouve entre quatre murs beaucoup trop proches. J'ferais genre que je suis pas moi. J'aimais bien les jeux de rôle, petite. Je pouvais jouer à avoir des failles et des défauts amplifiés. Mais avec du recul, c'était juste moi.
C'est toujours moi.
Beaucoup trop, moi.

Il attrape ma main. Et à nouveau, c'est trop moi qui sourit à cause de ce contact. Je ne peux pas nier le fait que ça soit agréable, mais je l'assume pas, et ça bouscule trop de choses dans ma tête. Trop de valeurs que je comptais garder dans mon ventre, dans mon coeur et dans ma tête jusqu'à ma mort, mais qui s'évaporaient dans un sourire. Juste un sourire. J'adorerai le gommer de mon visage. M'arracher les lèvres pour ne plus jamais avoir envie de les étirer. Plus jamais.
C'est un peu ta faute, Mikeal. Et ça, c'est pas bon.

Il s'arrête subitement. J'ai peur, vous savez ? Comme quand je ne devais surtout pas faire quelque chose mais que je le faisais quand même. Et bien que j'y aille à reculons, on me traîne. Ce qui fait que je ne suis pas un robot me fou à genou, me traîne à ressentir trop de choses. C'est pas marrant. C'est pas habituel non plus, et.. et ça me tord le ventre. Honnêtement c'est tellement ancré en moi que ces émotions sont mauvaises et ne mènent qu'à de mauvaises choses que tout en moi les repousse.
Son pouce glisse sous mon menton et je suis obligée de vriller mes yeux dans ses prunelles claires. Nos lèvres s'effleurent, et je ne comprend pas pourquoi il fait ça. Faut-il vraiment une raison ? J'en voudrais une pour me rassurer. Mais une bien hein ! Du genre.. Parce que j'aimerai bien qu'on recouche ensemble ou, pour te provoquer, ou, parce que je suis empathe et que je sais très bien que tu ne sais pas quoi faire de ces sentiments. J'ai l'impression d'avoir trouvé un médaillon qui aide les téléporteurs. Je sais que ça peut être utile, tout ça. Mais pas pour moi.

Mais il ne s'attarde pas et je suis à nouveau. J'aime pas trop ça, suivre. Juste suivre. Mais je ne dis rien, regardant simplement mes pieds pour ne pas trébucher comme une débile. Il s'allonge dans l'herbe et m'attire près de lui. Je suis un peu mal à l'aise. Comme une adolescente qui ferait sa première fois. Voilà. C'est la première fois que je m'autorise à être un peu moins un monstre, un peu plus m.. moi ?
Mais ça cloche. Personne d'autre ne peut comprendre mais.. si je m'autorise à ressentir ça ? Vous voyez, le fait d'être bien avec quelqu'un ? Et bien si je le laisse venir, alors la culpabilité viendra aussi. Et j'ai pas les épaules assez solides pour continuer à marcher avec un tel poids. J'en suis incapable.

Alors j'ai le choix. Etre écrasée ou seule. Toujours plus seule.
Je serre les dents.
C'est pas facile, mais c'est quand même moins dur de ne dépendre de personne.

Il se met à fumer et j'entendrais presque son coeur battre. Ou je l'imagine, je ne sais pas trop. Est-ce que ça a de l'importance ? J'aimerai savoir si c'est réel ou pas. J'aimerai bien ouvrir les yeux. Ou mieux. J'adorerai qu'il lâche une phrase ultra blessante, un truc qui me remballe et me rappelle où je suis, et à qui j'ai affaire.
Et si malgré moi je tenterai de m'accrocher, j'aurais plus qu'à aller chercher corde et tabouret.

J'assume pas du tout les sentiments qui me bousillent le cerveau alors rapidement je me lève. C'est comme ça, j'pars tout le temps la première pour pas être laissée. Les gens partent et meurent autour de moi. Alors.. j'essaie de partir avant.
Sans mourir.
Mais je me glisse un instant au dessus de lui pour l'embrasser rapidement avant de monter dans les étages. Les sentiments plus mon don m'ont vrillé les tympans.